Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

mardi 27 février 2018

❤️❤️❤️ "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre


PRIX GONCOURT 2013

C'est la fin de la première guerre mondiale et encore dans les tranchées, Edouard et Albert font connaissance d'une manière assez particulière mais qui va les lier l'un à l'autre pour toujours.

Albert est un pauvre garçon, élevé par une maman seule, il n'est pas très courageux ni vaillant même si c'est plutôt un bon gars qui voudrait bien vivre une petite vie tranquille, pépère.

Edouard est né avec une cuillère en argent dans la bouche mais pas comme son père l'aurait voulu. Edouard est un artiste, un sensible, il est différent et il profite de cette fin de guerre pour "disparaitre" et ne pas retourner chez lui.

Albert va s'occuper de lui, le suivre, l'écouter, et ensemble ils vont monter une terrible arnaque.

En parallèle, il y a la famille d'Edouard, avec Madeleine sa soeur et Mr Marcel Péricourt, son père, industriel et banquier.
Madeleine va faire un étrange mariage, avec un homme beau mais sans scrupule qui lui aussi profitera de l'après guerre pour monter une arnaque encore plus terrible. Cet homme est étroitement lié au passé d'Albert et d'Edouard et surtout à leurs malheurs.

Magistralement organisé et écrit, ce roman (que vous avez surement déjà tous lu !) est en même temps un message d'espoir (avec Albert), de tentative de reconstruction après cette terrible guerre.
Les malversations organisées sont terribles et en même temps on se prend d'amitié en particulier pour ce couple farfelu que forme Edouard et Albert.
Henri Pradelle lui est nettement moins excusable et plus facilement détestable.

J'ai beaucoup aimé ce roman, je me suis attachée à Albert qui bien que simple est d'une gentillesse incroyable et semble très doux. Je n'arrive pas à quitter cette atmosphère très particulière que l'auteur a su créer et dans laquelle je me suis glissée sans aucune difficulté.

Un livre bien agréable après les deux précédents.

J'ai hâte de voir le film et de lui le deuxième roman.

Albin Michel, 576 pages.

lundi 26 février 2018

"La Jeune Épouse" de Alessandro Baricco



Une famille étrange où l'on trouve le Père, la Mère, le Fils, la Fille, l'Oncle et Modesto le majordome.
Dans cette famille débarque la Jeune Épouse que l'on attendait plus, que l'on avait même un peu oublié.
Le Fils n'est pas là, il a été envoyé en Angleterre pour les affaires et avec aussi le secret espoir qu'il rencontre une autre jeune femme...
La Jeune Épouse s'installe donc dans cette famille et attend son promis.
Chaque membre de cette curieuse maisonnée va prendre en charge un petit bout "d'éducation" de la toute jeune fille, et ceci en révélant certains secrets les concernant. Et ceci jusqu'au retour du fils ... ou pas...

Un peu comme un conte, cette histoire farfelue n'apporte pas vraiment grand chose, je n'ai pas bien compris le but de l'auteur, qui pour la deuxième fois en peu de temps me déçoit quelque peu (cf Novecento : pianiste )

Le narrateur change sans avertissement, presque au milieu des phrases, tout à coup c'est le personnage dont il est question qui se met à être le narrateur lui-même, et puis parfois l'auteur s'invite aussi dans son texte, ce qui parfois me plait m'a plutôt ennuyé ici car pas tellement bien fait.

La narration est dense, touffu, parfois lourde. J'avais par moment les mêmes sensations d'atmosphère qu'en lisant "Belle du Seigneur" (que je n'avais pas aimé...), sensations probablement liées aussi au fait que l'auteur reste lui-même très éloigné de ses personnages.

Bref un livre plutôt bizarre que je n'ai pas spécialement aimé...

Folio, 251 pages.

"La servante écarlate" de Margaret Atwood



Les États-Unis, une secte "chrétienne" a pris le pouvoir et contrôle tout le pays.
La femme est devenue une "denrée rare" bien contrôlée.
En effet, dans cet dystopie, la reproduction est devenue une affaire bien compliquée car à cause des déchets toxiques, radioactifs, à cause de la pollution, il est de plus en plus difficile de voir naitre un enfant sain, non malformé.
Ainsi les femmes sont catégorisées, entre autre on trouve les Épouses qui sont celles qui ont le plus de pouvoir car respectueuse de la foi d'État, mais comme elles ne peuvent pas nécessairement se reproduire elles ont des "servantes écarlates" qui sont là pour palier à leur manque et donc leur fournir un enfant. On retrouve aussi les "Marthas" qui gèrent l'entretien de la maison. Il y a bien sur des sous catégories et le pire du pire, les vieilles et les séniles qui sont envoyées sur des îles où elles doivent s'occuper des déchets toxiques...
Bref la femme n'est vraiment pas à son avantage même si ce n'est pas évident pour tous les hommes.

Notre héroïne, Defred, est une servante écarlate qui vit donc chez un couple pour leur donner un enfant. Elle fait partie de la première génération des servantes écarlates, celles qui ont le souvenir "d'avant", qui ont eu une autre vie. Ainsi Defred se remémore son mari Luke, sa fille qu'elle a eu avec lui, mais aussi sa meilleure amie Moira et sa mère. Tout son entourage a "disparu" lorsque le coup d'état a eu lieu, elle ne sait pas où se trouvent ses proches.

Ce roman dystopique a été écrit au milieu des années 80 et cela se ressent bien, il a un peu "vieilli" et pas forcément en bien. Pour moi il perd de sa crédibilité car peu adapté à ce que l'on connait dans notre monde aujourd'hui.

J'ai eu du mal à rentrer complètement dans l'histoire, j'ai été gênée par un certain décalage dans la temporalité entre la vie d'avant de Defred et sa vie actuelle qu'elle nous raconte.

Le thème reste intéressant et pousse à la réflexion, car même si depuis que ce roman a été écrit la condition de la femme a positivement évolué dans certain pays, elle reste malheureusement très en deçà du tolérable pour une grande majorité d'entre elles, et certaines avancées médicales et techniques ont malheureusement amené à un traitement très proche de la servante écarlate.

Donc bilan mitigé car thème très intéressant mais dont le traitement a malheureusement mal vieilli. Mais très curieuse de découvrir la série faite à partir du livre.

Pavillions Poche, Robert Laffont, 511 pages.

mercredi 14 février 2018

"L'amour après" de Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon


"Je me fous de mon âge. Ce sont les images de ma jeunesse qui m'affolent. J'ai vu la mort déjà. Des images trop nettes, des corps et des corps. Je sais qu'on meurt seul. Et je n'ai jamais compris pourquoi les yeux restent ouverts."

Marceline ne voit presque plus rien, elle a 89 ans et à défaut d'explorer le monde elle explore son appartement et retrouve une vieille valise qu'elle n'avait plus ouverte depuis de très (trop) nombreuses années.
Elle l'appelle sa "valise d'amour", et la (re)découvre avec nous ; retrouvant des lettres, des petits mots, qui la font voyager dans le temps au gré de ces histoires d'amour.

J'avais découvert Marceline Loridan-Ivens en juillet 2016 avec son magnifique récit sur sa déportation avec son père. Ce livre m'avait bouleversé tant son écriture était vraie, puissante, troublante ("Et tu n'es pas revenu").

Elle renoue ici avec un court récit, un peu différent, peut être un peu moins puissant mais avec malgré tout certains passages extrêmement forts et saisissants.

Je ne suis pas certaine qu'il soit vraiment sujet de l'amour après, c'est à dire après la déportation, mais plutôt de ses histoires d'amour, de sa façon à elle de pouvoir aimer ou pas, de qui pouvoir aimer, et comment.
C'est une femme blessée, meurtrie, cassée, qui a découvert le corps, la nudité, dans l'humiliation et la violence dans les camps de concentration, il faut donc tout réapprendre.
Elle le dit elle-même, sa manière de vivre "l'amour" diffère des autres femmes qui ont vécu la même chose qu'elle ; chacune sa façon de réagir, de vivre, de ressentir.

Pour moi derrière l'amour, il y a surtout l'attachement avec la confiance, et puis il y a une furieuse envie de vivre, de combattre la mort vécue si fort, si jeune.
"Francis est mort il y a quelques années maintenant, sans avoir trouvé la paix. L'ai-je trouvé moi ? Non, je ne la cherche pas, elle ne viendra pas, elle m'est impossible. Seuls comptent la quête, le mouvement, le sens. Et j'ai su jalonner ma vie de gens et de combats qui m'apaisent." 
Un récit pas toujours facile à lire dans sa construction, elle s'adresse à nous, puis à une tierce personne ou nous lit un morceau de lettre mais c'est court, on avance vite.
Si il n'y en avait qu'un à lire je recommanderais plutôt "Et tu n'es pas revenu".
"Et subitement je réalise qu'il manque quelque chose. Dans toutes ces lettres, il n'est jamais question de ma déportation. Je n'en parle pas et les autres non plus."
"J'ai décliné plusieurs demandes, je vivais des histoires en sachant que je n'irais pas au bout, je faisais l'amour librement mais sans ressentir plus que la première fois, il n'y avait pas non plus de distorsion en moi, pas de peur, mon corps restait secondaire, il se conformait à ce que l'on attendait de lui, tandis que ma tête rêvait d'un prince charmant et se disait, en l'attendant : s'offrir c'est désobéir."
"Il m'a fallu du temps pour comprendre que le plaisir vient du fantasme, puis de l'abandon. J'avais peur de l'abandon, c'était l'une des pires choses au camp, se relâcher, abandonner la lutte de chaque jour, flirter avec volupté vers l'idée que tout vous est égal, et devenir une loque qui n'attend plus que la mise à mort. Il m'a fallu faire taire la mauvaise voix en moi, celle qui parle la langue du camp, qui est chargée de son inhumanité, qui nous dédouble sans cesse, moi et bien d'autres qui ont connu le même sort."
"Je remets la lettre à l'intérieur. Autant qu'elle y reste, que la survivante que j'ai réchauffée de ma vie, de mes amours, de mes voyages, reste là entre les pages, le visage crispé de peine, les livres sont fait pour ça, nous empêcher d'oublier."
"Comment dire à un homme : surtout ne pas se jeter sur moi, j'aime pas me déshabiller, j'aime pas me laver, j'ai toujours pris sur moi, la sexualité m'importe et en même temps je m'en fous. Comment dire ce que soi-même on peine à comprendre ?"
Grasset, 157 pages.

dimanche 11 février 2018

"Mécaniques du chaos" de Daniel Rondeau




GRAND PRIX DU ROMAN DE L'ACADEMIE FRANCAISE 2017

Un roman à plusieurs voix où l'on retrouve pêle-mêle un militaire africain qui a pris place dans l'ambassade américaine de Tripoli, un policier spécialisé dans le terrorisme, une journaliste française, un jeune africain de la banlieue, une étudiante française, un patron de la drogue toujours en banlieue, une immigrée, un diplomate-avocat turc, un diplomate français, un financier fils d'algérien immigré, une adolescente tunisienne et un archéologue.

L'archéologue est le seul qui dit "je", tous les autres sont racontés (à priori par l'archéologue).
Les histoires se mêlent, s'emmêlent et s'entremêlent, en passant de la France - ce pays où tout va mal, en perdition totale - à la Libye via la Turquie, Malte, la Tunisie ; nos protagonistes voyagent, complotent, s'organisent, se trahissent.

Au départ j'avoue que j'ai eu un peu de mal à suivre et puis petit à petit on rentre dans l'histoire, on se laisse happer par les personnages et l'engrenage de l'histoire où il est question bien sur de traffic de drogues, d'armes et d'antiquités mais tout cela pour cacher un autre traffic, celui des hommes qui partent pour le djihad, celui des hommes qui reviennent pour faire leur guerre sainte en France.

Un roman basé sur une réalité, notre réalité.
Il y a des rappels de ce que nous avons vécu, connu, et puis il y a la fiction qui n'est jamais bien loin mais qui aurait tout aussi bien pu être réelle.
On suit la montée en puissance des engagements de chacun, la bascule.
Il y a tout de même une petite note d'espoir, tout le monde n'est pas "fichu".

Une histoire intéressante servie par une écriture travaillée et agréable.
C'est dense, puissant.

Mon tout petit bémol peut-être serait l'histoire personnelle de notre archéologue et de son lien particulier à Rim la jeune adolescente qu'il a recueilli. J'avoue toujours me sentir mal à l'aise dans ce genre de relation où finalement on ne sait pas trop bien ce qu'il en est mais l'âge des protagonistes me pose problème.
"Hagards, hébétés, brûlés par le soleil et le sel mais tremblants de froid, giflés à chaque instant par des paquets de mer, les voyageurs se sont blottis les uns contre les autres. Ils chiaient tous dans leurs culottes. La peur. L'odeur de la merde était devenue plus forte que celle de la mer. Beaucoup essayaient encore de croire qu'ils allaient bientôt quitter leur radeau en caoutchouc et poser le pied sur la terre d'Europe, ce n'était qu'une question de patience. Il fallait encore un peu de courage. Certains priaient à voix haute. Tous ceux qui ne pleuraient pas."
"L'homme que j'avais en face de moi était armé d'un pouvoir de vie et de mort dans un monde qu'il simplifiait à l'extrême, aussi déterminé à tuer qu'à mourir. Très à l'aise, apparemment, dans cette violence binaire."
"Il avait soufflé au commandant Moussa l'idée de vendre sur le marché parallèle des statues ou des mosaïques de Leptis Magna. L'État islamique débitait et écoulait chaque jour des pièces du patrimoine syrien et irakien en même temps qu'il dynamitait des sites prestigieux sous le regard de ses caméras de propagande." 

Grasset, 458 pages.

mercredi 7 février 2018

"Les loyautés" de Delphine de Vigan



Il y a Hélène, enseignante de SVT au collège, une femme fragilisée par son enfance, sa maltraitance, mais aussi une femme forte qui sait "voir" et reconnaître la souffrance, même lorsqu'elle n'est pas visible, une femme qui écoute ses propres convictions et son ressenti.
C'est elle qui va repérer Théo et se battre pour lui.

Il y a Théo, un ado de 12 ans et demi, qui vit une semaine chez sa mère, une semaine chez son père. Il fait ses bagages tous les vendredis pour changer de maison, de parent, d'environnement. Sa mère ne veut même plus prononcer le nom de son père, elle fait un rejet total, elle ne sait pas regarder son fils correctement car elle est trop centrée sur elle-même.
Le père, lui ne gère plus rien, comme si il n'était même plus dans ce monde.
Et Théo boit, il boit pour oublier, pour se donner du courage.

Il y a Mathis, le copain, l'ami fidèle de Théo, celui qui est toujours là, qui accompagne, qui aide, soutien, partage. Une belle amitié d'adolescent, une loyauté sans limite, mais jusqu'où ?

Il y a Cécile, la mère de Mathis, une femme au foyer un peu perdue, mélancolique. On ne sait pas trop ce qui la tourmente, elle non plus d'ailleurs, jusqu'à ce qu'elle découvre un terrible secret, un secret qui concerne son mari. Doit-elle rester loyale envers celui qu'elle a épousé, doit-elle lui parler, le confronter ?

Oui il est beaucoup question de loyauté, celle d'une épouse, celle d'une mère, d'un père, d'un ami, d'une enseignante. Jusqu'où doit-on/peut-on être loyal ? Sans trahir, sans mettre en danger ....
La loyauté envers le(s) parent(s), la protection de celui que l'on aime malgré tout.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui est assez sombre, rude, mais qui soulève beaucoup de questions.
Delphine de Vigan sait mettre le doigt là où ça fait mal, elle sait enfoncer les clous et nous réveiller.
Oui nous avons le jugement un peu facile dans notre société, oui nous ne savons plus nous regarder et nous écouter.
Et si nous étions plus attentifs, plus proches, moins centrés sur nous-même. Et si avant de porter un jugement, nous étions plus ouverts aux attitudes et comportements en laissant une porte ouverte, une chance à l'autre avant de le mettre dans sa petite case et de décider qui il est.

Les thèmes sont forts, les personnages sont justes, elle m'a touchée, elle a éveillé en moi beaucoup de choses, confirmer aussi des idées.

J'ai le sentiment qu'il est de bon ton de critiquer de manière négative les romans de Delphine de Vigan, en tout cas c'est ce que je lis beaucoup dans la presse, ce que j'entends beaucoup à la radio, et à cause de cela j'ai failli ne pas lire ce livre.
Je suis bien contente d'être passée outre (merci Valérie H.) et je trouve les critiques assez injustes et pas toujours très objectives, in my opinion !

JC Lattès, 206 pages.

mardi 6 février 2018

❤️ "L'enfant perdue" de Elena Ferrante


Et voilà le quatrième et dernier tome de la très célèbre saga napolitaine où l'on retrouve, non sans plaisir, les familles de Lila, Elena ainsi que tous leurs amis/ennemis/connaissances depuis l'enfance.

Nous avions laissé Lila s'installer avec Enzo de retour dans leur quartier natal et créant une entreprise d'informatique; pendant que notre narratrice (re)tombait dans les bras de son amour de jeunesse, Nino au détriment de son mariage et de sa vie de famille.

Tout en continuant sa carrière d'écrivain, Elena vit sa vie amoureuse passionnément, elle voyage énormément et passe de moins en moins de temps auprès de ses filles. Elle se pose beaucoup de questions sur les priorités qu'elle doit se donner, sur ce qu'elle veut/doit faire.
Les relations avec sa famille vont beaucoup pâtir de ses décisions.

Pendant ce temps Lila développe son entreprise tout en étant toujours à couteaux tirés avec la famille Solara.

Les relations des uns et des autres continuent d'évoluer avec le temps, l'âge, les enfants qui grandissent, mais aussi l'Italie, le monde, la politique.

Je ne peux évidemment pas trop en dire et ne peux pas résumer ce dernier volume, je ne voudrais surtout pas gâcher le plaisir de lecture des uns et des autres.
Simplement nos deux héroïnes vieillissent, et à la fin nous revenons au début du premier roman, là où tout a commencé, lorsque Rino le fils de Lila appelle Elena pour lui dire que sa mère a disparu, et c'est à ce moment qu'elle décide de raconter leur histoire.

J'aime évidemment, je l'ai dévoré.
J'aime m'attacher à ces deux femmes si différentes et en même temps si humaines, ses deux amies qui s'aiment et pourtant se jalousent, s'envient, jusqu'à se faire du mal, parfois, et pourtant toujours là l'une pour l'autre.
J'aime cette vie de quartier, une époque bien particulière, ces femmes qui viennent de si loin et font tout jusqu'au bout.
Nous ne ferions pas tous les mêmes choix, ou ne prendrions pas les mêmes décisions mais c'est ce qui rend nos personnages si vrais, si touchants.

Bref je ne peux que recommander la lecture de la fin de cette sage, une page se tourne, je suis triste de quitter mes amies napolitaines mais heureuse de les avoir connues 😊

Gallimard, 550 pages.

dimanche 4 février 2018

"Underground Railroad" de Colson Whitehead



PRIX PULITZER - FICTION 2017

La guerre de Sécession n'a pas encore eu lieu, le nord est abolitionniste pendant que le sud des planteurs est toujours largement esclavagiste et raciste.
Le chemin de fer clandestin était un réseau de routes clandestines utilisées par les esclaves pour quitter le sud et (re)trouver la liberté au nord. 

Dans ce roman Colson Whitehead a fait de ses réseaux de vrais chemins de fer souterrains, avec des gares et des chefs de gare - qui étaient les personnes en charge d'accueillir et cacher les esclaves.

Et pour nous raconter cette histoire nous suivons Cora, une jeune femme noire née dans une plantation de coton de Géorgie qui va utiliser ce fameux chemin de fer souterrain pour tenter de se sauver et rejoindre le nord libre.

Cora est une jeune femme vive, intelligente et en colère. Sa mère l'a abandonné lorsqu'elle était petite pour se sauver, elle n'a jamais été retrouvé par le célèbre chasseur d'esclave mis sur traces. Ridgeway va donc poursuivre Cora pour se venger de la mère qu'il n'a jamais pu rattraper. Tout au long du périple de Cora il y a des amitiés, de l'espoir, de l'amour même, mais aussi de la sauvagerie, de la trahison, rien n'était simple en ces temps-là, dans ces régions...

L'écriture (ou la traduction) n'est pas de la grande littérature mais au-delà de ça le thème abordé par Colson Whitehead est assez fort. En nous racontant l'histoire de cette jeune femme qui veut trouver sa liberté, il nous replonge dans l'horreur de la traite des noirs, des négriers, de ces hommes et femmes arrachés à leur terre, leur pays pour être transformés en bête de travail, en esclave. Mais aussi l'horreur de la violence, des mauvais traitements, de la considération que peut avoir une partie du genre humain sur une autre, comme ça, juste pour une couleur de peau différente.
On nous parle aussi des essais thérapeutiques faits sur ces populations noires libres, le contrôle de leur reproduction, tout en leur faisant croire qu'ils sont égaux. 

Je n'avais, je crois, jamais lu de livre aussi fort sur les conditions de l'esclavage, sur la réduction de ces hommes et de ces femmes à des conditions pire qu'animal...
Dans "No Home" l'auteur nous parlait aussi de l'esclavage et de la traite des nègres, mais je n'avais pas ressenti une telle violence.

Sans forcément s'attacher énormément aux personnages j'ai malgré tout ressenti une forte empathie et j'ai eu besoin de faire tout mon possible pour rester en retrait afin de me protéger de toutes ces horreurs et abominations.

Finalement depuis tout temps l'homme a toujours été son pire ennemi, et il ne s'arrête pas. 

Albin Michel, 398 pages.