Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

lundi 26 mars 2018

Un peu de Darrieussecq

Afin de préparer la venue de Marie Darrieussecq je me suis (re)plongée dans 3 de ses nombreux romans. Ayant lu "Truisme" deux fois je n'ai pas eu le courage de le lire une 3ème fois, surtout que je n'avais pas particulièrement aimé et notamment à la deuxième lecture.


J'ai donc commencé avec "Clèves", que j'avais déjà lu. L'histoire de Solange, une jeune fille adolescente qui devient femme (en ayant ses règles !) et qui découvrent la sexualité. Solange a des copines qui "l'ont fait", d'autres qui en parlent beaucoup et visiblement toute la vie de ces jeunes filles tournent autour de ça !! Le choix narratif ne m'a pas du tout plu, j'ai trouvé ce texte trop trash (pourtant je ne suis pas bégueule), je ne me suis pas du tout reconnu dans ces jeunes filles, j'ai été assez dérangée. Alors peut-être était-ce délibéré d'exagérer, de surjouer, d'utiliser un vocabulaire cru (comme les ados ?), en tout cas ça n'a pas fonctionné sur moi. Heureusement le livre est court et se lit très vite. Mais bien que ce soit une deuxième lecture je me suis rendue compte qu'il ne m'était pas resté grand chose de la première... et après cette deuxième lecture je ne vois toujours pas ce qu'il m'apporte. Peut-être une manière de montrer les amours (d')adolescents difficiles, féroces...


 Deux ans plus tard, Marie Darrieussecq retrouve l'héroïne de "Clèves" ; Solange a la trentaine, elle vit aux États-Unis où elle est actrice. Elle rencontre Kouhouesso un autre acteur, d'origine camerounaise, avec qui elle va vivre une aventure et dont elle va tomber amoureuse. Lui veut réaliser un film en Afrique, projet qui lui prend beaucoup de temps. Ensemble ils vont partir en France puis en Afrique car Solange a réussi à décrocher un rôle dans le film de son amant. On voit bien Solange tomber amoureuse, s'accrocher, devenir dépendante de cet homme, de cette relation ; alors que lui-même ne semble pas du tout être sur le même registre bien qu'attaché à elle. On la voit observer sa relation et presque deviner ce qu'il va en advenir.                                                                       J'ai beaucoup plus aimé ce roman là que j'ai trouvé plus "calme", reposé. Je me suis même demandé si c'était la même personne qui avait écrit ce livre (ayant lu les deux l'un derrière l'autre). J'ai aimé suivre Solange dans l'évolution de ces sentiments, son attachement, l'attente entre deux rencontres, puis la lente déliquescence de cette relation. J'ai senti beaucoup de solitude malgré un amour fort, un besoin de se fondre dans l'ordre, presque de disparaitre.



Apparemment ce livre là a été écrit après la naissance de son premier enfant. L'auteur nous parle de sa découverte d'être maman, la rencontre avec son bébé au fur et à mesure que le bébé grandit, et elle écrit, elle, sur ce qu'elle vit avec lui. Bon franchement ok on peut dire que c'est un joli texte à la gloire d'être maman, ou de son fils, je ne sais pas trop. Mais j'avoue que je me suis un peu ennuyée, j'ai trouvé ça un peu gnangnan, dégoulinant d'hormones maternels... Et pourtant j'aime les bébés, j'aime la naissance... bref un livre sur lequel je suis passée assez vite, dont il ne restera pas grand chose, j'en suis bien désolée.





Après avoir écrit ses articles j'ai rencontré Marie Darrieussecq, j'ai donc pu l'écouter parler de ses livres, de sa manière d'écrire, comment elle envisage un roman et comment elle lui donne vie.
Forcément rencontrer un auteur (en général) nous donne un avis plus "humain" sur lui, on comprend plus de chose et on ne veut pas être dur. Cependant, mon avis sur les livres lus n'a pas changé je n'ai donc pas touché à mes articles.
En revanche je pensais en avoir fini avec elle mais elle a réussi à me convaincre de lire 2 autres romans. On verra donc si ces futures lectures seront différentes.
Quoi qu'il en soit c'était une rencontre très riche, très intimiste (nous étions loin de la conférence publique), j'ai beaucoup aimé l'écouter, elle était très intéressante, convaincante.
A suivre...

jeudi 22 mars 2018

"Lulu, femme nue" et "Le chien qui louche" de Étienne Davodeau




Après "Les ignorants", qui m'a à la fois permis de renouer avec le roman graphique et de découvrir Étienne Davodeau, j'ai enchainé avec ces deux autres romans graphiques du même auteur (que nous avons rencontré dans notre librairie bien-aimée).

Dans "Lulu femme nue" nous sommes autour d'une table dans le jardin d'une maison, au milieu d'un groupe de copains ; quelque chose est arrivée à Lulu, nous ne savons pas quoi et une des personnes assises va commencer à raconter ce qu'elle sait, ce qui les a amené autour de cette table.
C'est assez étrange cette histoire de femme racontée par un homme, mais ça fonctionne, on suit le malaise de Lulu, on le comprend petit à petit.
Il y a peut-être un peu ce qu'on appelle "la crise de la quarantaine", mais surtout une grosse remise en question, une envie de se poser et de regarder sa vie, d'analyser, de savoir où on va. Ce n'est pas une histoire très facile ni drôle mais je la trouve très bien racontée, et avec ce deuxième roman j'apprécie de plus en plus le dessin.

Dans "Le chien qui louche" il y a Fabien, gardien au musée du Louvre, il est amoureux de Mathilde. Elle va lui présenter sa famille, deux frères bien lourdauds qui travaillent dans l'ameublement avec leur père. Bien entendu il se moque de Fabien, gardien assis sur une chaise toute la journée....
Et puis ils vont ressortir une vieille toile peinte par le grand-père du grand-père et demande à Fabien de la faire installer au Louvre !
Cette fois l'histoire est beaucoup plus drôle, nous sommes dans un comique de situation où Fabien ne sait pas refuser, dire non à ses "beaux-frères", et puis il y a d'étranges visiteurs dans ce musée, dont certains font partis d'une certaine république..... à vous de découvrir.

Très contente de m'être remise un peu dans le roman graphique, une autre manière d'aborder les choses, des histoires fortes, intéressantes, rapides à lire, et surtout facile à partager avec mon ado !

samedi 17 mars 2018

"Les ignorants" de Étienne Davodeau



Une fois n'est pas coutume je vous présente un roman graphique.
J'avoue ne pas être une très grande connaisseuse de la spécialité même si je l'apprécie de temps à autre.

Ici l'auteur décide de faire un "échange" de connaissance.
Son projet est de faire découvrir le monde de la BD à Richard Leroy, qui le reçoit, pendant que ce dernier lui explique le monde viticole.

Ainsi avec Étienne Davodeau nous découvrons tout le travail de la vigne au cours des longs mois qu'il passe près de Richard, avec la particularité que ce dernier fait du vin biodynamique. Il se refuse à utiliser des produits toxiques ou des machines qui écrasent, abîment la terre.
Richard est très proche de sa terre et elle a tout à voir avec le vin qu'il produit, pour lui on ne peut pas séparer l'un de l'autre et lorsque l'on va goûter son vin il vous emmène aussi sur le terrain.
Il n'a que quelques hectares et fait la majorité de son travail à la main, de même qu'il n'utilise pas de souffre pour la vinification, peu de vacances pour lui mais un travail qui le passionne.

Étienne lui fait lire de nombreuses BD, très différentes, afin qu'il puisse découvrir plusieurs mondes de ce genre apparemment tout à fait nouveau. Il l'emmène aussi dans des salons de BD, chez son éditeur et à la rencontre d'autres auteurs.

Pour moi, qui était assez "ignorante" sur ces deux thèmes, ce fut une belle découverte, qui m'a faite rêver de vignes, de sarments, de cuves, de vins... de soleil, de vert...
Donnée l'envie de prendre mon sécateur et de parcourir les vignes, courbée en deux, de ressentir la douleur physique d'un travail bien fait....
mais aussi donnée le goût et l'envie de découvrir d'autres romans graphiques.

Le jugement de l'objet en lui-même est plus compliqué, mais ce que je peux dire c'est que j'ai aimé l'histoire, j'ai aimé le texte, et j'ai plutôt bien accroché avec le dessin.
Le seul petit reproche que j'aurais est que le livre est entièrement en noir et blanc, mais c'est probablement aussi quelque chose qui "s'apprend" !

Futuropolis, 272 pages.

mercredi 14 mars 2018

❤️❤️ "Auschwitz et après - I - Aucun de nous ne reviendra " de Charlotte Delbo


"... Saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite 
l'horreur pas de frontière
Le saviez-vous
Vous qui savez."

En janvier j'avais lu et découvert "Je me promets d'éclatantes revanches" de Valentine Goby, qui nous dévoilait l'existence de Charlotte Delbo, son passage dans le camp de Auschwitz et sa production écrite après son retour. Cet essai m'avait énormément plu et touché et m'avait bien entendu donné envie de lire Charlotte Delbo.

Alors voilà j'ai commencé par ce premier récit où Charlotte Delbo ouvre les portes du camp et nous restitue des moments de "vie" dans ce camp.
Elle nous parle de la réalité du quotidien, des souffrances intimes, extrêmes, des pensées, du mental. Elle ne sait même plus pourquoi on tient, pourquoi on est encore vivant.
Alors que la mort serait si douce, si libératrice ; mais non elle ne veut pas être sur cette si "petite civière", la main qui tombe, portée par ses camarades, non ce rire des SS cet après-midi, non, ... elle ne peut pas encore mourir.

Il y a des passages sur la soif, le froid, l'attente.... on perçoit presque plus une lassitude que la peur, comme une acceptation tout en pensant à l'avenir, et en gardant une rage folle au fond, tout au fond, peut-être ce qui permet de garder la lumière allumée, la flamme vacillante mais toujours présente.

Il y a des textes courts, des poèmes, des dialogues, des descriptions, des ressentis...

Servi par une écriture fluide, douce, magnifique, ce récit est extrêmement puissant, fort, touchant, perturbant, d'une réalité glaçante.
Charlotte réussit à nous pousser à l'intérieur des barbelés, et même si jamais, jamais nous ne pourrons vraiment comprendre ce qu'ils ont vécu, elle nous approche si près que l'on pourrait se brûler.

Ce témoignage est une richesse immense pour le devoir de mémoire et je suis assez surprise de ne le découvrir que maintenant. Il est je crois d'une importance capitale que ces textes restent vivants, connus, sus, pour espérer que plus jamais.

Les éditions de minuit, Documents, 181 pages.

mardi 13 mars 2018

"Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu" de Jacques Weber



Jacques Weber n'a bien entendu plus besoin d'être présenté ; acteur, scénariste, écrivain, il aime les mots et surtout il aime les partager, que cela soit sur scène ou dans ses livres.

Dans cet essai il nous transmet sa passion, son amour, pour Flaubert. Le Flaubert de "Madame Bovary", mais pas seulement.
Le Flaubert que nous ne connaissons pas, celui des lettres enflammées qu'il écrit à ses maitresses, de ses échanges avec ses contemporains, le Flaubert volcanique, impétueux, gras, de mauvaise foi, un Flaubert vivant, jouisseur, au langage fleuri.

Ainsi Jacques Weber nous livre des moments de la vie ordinaire de Gustave pour nous parler de lui, pour nous le dévoiler différemment, il y a
Gustave l'ermite qui s'enferme des heures pour écrire,
Gustave l'épicurien qui s'encanaille dans les rues de Paris, un Paris retourné, éventré par le baron Haussmann,
Gustave l'ami de George Sand, le postier de Hugo,
Gustave l'amant...

Et au milieu de cette vie ordinaire Jacques Weber nous donne à voir un peu aussi de lui-même, de son intimité ; il y a des moments où l'on ne sait plus trop bien de qui il est question, c'est délicieusement troublant.

Jacques Weber a joué Gustave sur scène, il a lu ses correspondances, il le connait, il l'aime et il donne envie de (re)découvrir ce Flaubert là.

J'ai eu la chance de le rencontrer (Weber pas Flaubert (faut-il le préciser ?)), l'homme parle aussi bien qu'il écrit, passionnant et fascinant. Une simplicité, une chaleur, un enthousiasme que l'on reçoit tout naturellement.
On voudrait l'écouter des heures, le regarder vivre ses mots.

Une belle rencontre, un beau moment, une magnifique lecture

Fayard, 232 pages.


jeudi 8 mars 2018

"Le voile de Téhéran" de Parinoush Saniee



Téhéran, fin des années 60, Massoumeh, 16 ans, est une lycéenne brillante, promis à un bel avenir, mais malgré un Iran qui se modernise sa famille reste très traditionnelle et religieuse.
Ainsi lorsque ses frères découvrent qu'elle entretien une relation épistolaire avec un jeune homme, c'est le drame.
Leur seule solution est de marier Massoumeh.
Et finalement de tractation en tractation elle épousera Hamid qui se révèlera être un fervent communiste révolutionnaire qui la poussera à reprendre ses études mais ne s'occupera pas beaucoup d'elle, trop pris par ses convictions et engagements politiques.
"Un jour, ma famille voulait me tuer sous prétexte que j'avais échangé quelques mots avec un homme que je connaissais depuis deux ans, sur lequel je savais beaucoup de choses, que j'aimais et que j'étais prête à suivre au bout du monde, et le lendemain elle prétendait m'obliger à coucher dans le même lit qu'un étranger dont j'ignorais tout et qui ne m'inspirait que de la terreur."
(un bien bel exemple d'absurdité totale .... de mon avis)

En traversant la vie de Massoumeh nous traversons l'Histoire de l'Iran, du régime du Shah à celui des islamistes. La vie change et en particulier celle des femmes.

Massoumeh, sans être engagée, se bat pour subvenir aux besoins de sa famille, pour rester indépendante malgré une présence familiale masculine très lourde. Et notamment ses frères qui veulent tout lui imposer, l'obliger, comme si elle n'avait pas d'esprit critique valable.

Dans ce récit autobiographique l'auteur nous montre bien la dangerosité des régimes totalitaires, l'engagement politique, l'islamisation, la difficulté de "sauver" ses propres enfants d'idées extrêmes.
Mais malgré tout elle nous montre aussi une lumière, un espoir. 
En se battant on peut y arriver, et surtout j'ai aimé sa manière de parler à ses enfants, sur l'ouverture d'esprit, sur l'importance de ne pas suivre bêtement mais de se faire sa propre opinion, de lire, de se renseigner et de ne pas avoir peur de changer d'avis, et écouter l'autre aussi, ses arguments et ses idées... tellement, mais tellement, d'actualité.
"...Je voudrais tellement que tu ne te fondes que sur tes réflexions personnelles, tes propres convictions, que tu pèses le pour et le contre de chaque option par des lectures et des enseignements, et qu'ensuite tu en tires toi-même tes conclusions et prennes ta décision en tout indépendance ! L'idéologie pure est un piège, elle engendre des préjugés et des à-priori, elle fait obstacle à la réflexion et aux opinions personnelles. Et surtout, elle transforme les gens en fanatiques incapables de faire la part des choses."
Un livre très agréable à lire, comme une grande saga, pas toujours rigolote.
Un défaut, l'édition pas très scrupuleuse et du coup beaucoup trop de coquilles dans l'impression... mais ça c'est du détail technique.

POINTS, 607 pages.

samedi 3 mars 2018

"Et vous avez eu beau temps ?" de Philippe Delerm



Philippe Delerm revient avec sa spécialité qui est "l'instantané littéraire".
Il reprend des petites phrases du quotidien, entendu à la ville à la campagne, dans la rue ou en famille, ou même tiré d'un film et il  donne son avis, discute, débat, explique (?) ...

Le second titre est "la perfidie ordinaire des petites phrases", et en effet il reprend près de 68 phrases.
Certaines sont en effet assez perfides, d'autres moins.

Je dois dire que je n'ai pas été très emballée par ce livre car malheureusement pour moi beaucoup beaucoup trop de textes étaient inintéressants voire ennuyeux...
J'avais aimé "La première gorgée de bière", là j'avoue que ça m'a barbé...
A lire d'un trait ou par petits bouts... l'effet fut le même.
Peut être une lassitude de la forme.

Bien entendu cela reste bien écrit, on ne peut pas lui enlever ça.

Seuil, 159 pages.