Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

lundi 23 décembre 2019

"Une bête au paradis" de Cécile Coulon




Le Paradis c'est le nom de cette ferme dans un coin de campagne, loin de la ville ; une ferme où vivent ensemble des êtres blessés, abimés par leur vie.
Emilienne est la grand-mère, la ferme lui appartient, c'est elle qui gère d'une main de fer tout son petit monde.
Blanche et Gabriel sont les petits-enfants élevés par leur grand-mère après la mort de leurs parents.
Louis est le commis, recueilli par Emilienne après que son père se soit cogné sur lui une fois de trop.

Gabriel est le "petit", fragile, faible, qui a très mal vécu le décès de ses parents, et garde un trou noir au fond de son âme, ou plutôt un arbre de tristesse qui sera toujours là et dont il faut tailler régulièrement les branches.

Blanche a hérité du caractère fort, sauvage, violent de sa grand-mère ; il n'y a pas grand chose qu'elle craigne. Elle travaille dur, a les doigts crochus, la peau rugueuse, elle aime sa terre et sa ferme.
Et puis elle aime aussi Alexandre, le beau jeune homme du village, qui vit dans une maison triste et sans vie avec ses parents.

Louis est un peu le demi-fou de la maison, il observe de loin, ne dit rien, c'est l'amoureux éternellement repoussé, après avoir fui le couple toxique de ses parents il a reporté toute sa tendresse et son affection sur Emilienne et Blanche, mais il ne fait pas parti de la famille et reste l'employé.

Ce petit monde évolue entre la ferme, l'école et le village jusqu'à ce qu'Alexandre décide de partir pour faire ses études en ville.

Enfermé dans ce huis clos au coeur de cette ferme, on a du mal à respirer, et bien que l'on soit à la campagne, l'air est lourd, épais. J'avoue que j'avais peur pendant la lecture, peur de ces gens qui semblaient inhumain tellement leurs émotions sont violentes.

L'ambiance générale du roman est assez glauque, il n'y a pas beaucoup d'espoir et de lumière.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé ce livre, mais je ne peux pas dire non plus que j'ai aimé car je me suis sentie assez mal.

J'ai aimé la ferme, le travail dur et physique, Louis qui passe le balai et ramasse les miettes, j'ai aimé ces petites choses du quotidien, j'ai aimé la vue, l'étang, les poules et les vaches, le grenier. J'ai aimé le marché, j'ai aimé Gabriel et sa maison carré, et Aurore, j'ai presque aimé Louis et sa petite folie.

Sans trop en dire (et c'est difficile donc attention divulgachage à partir de là) même si je comprends la douleur de Blanche et la trahison, je n'ai pas tellement cru à la fin, et surtout à cette pirouette du retour et de la trahison d'Alexandre, je ne sais pas, c'était trop. Je crois que jusqu'à ce retour j'ai plutôt bien aimé le livre mais ensuite j'ai été perdu.
Et pourtant j'aime les livres qui parle de la terre, de la difficulté de ce travail souvent ingrat, de la campagne, des animaux....
Donc petite retenue pour moi mais lisez ce livre et donnez moi votre avis !

L'Iconoclaste, 346 pages. Août 2019

vendredi 20 décembre 2019

"Les Indifférents" de Julien Dufresne Lamy




Après la lecture de "Jolis, jolis monstres" qui m'avait bouleversée, j'ai décidé de continuer à découvrir Julien Dufresne Lamy. Il y a eu "Boom" il n'y a pas longtemps et voici maintenant le troisième.

Justine est une ado de 13 ans lorsque sa mère la sort de son internat pour l'emmener vivre dans le bassin d'Arcachon, elle doit quitter son Alsace natale, son père, toute sa vie.
Arrivée dans le Sud-Ouest elle fait rapidement la connaissance de Théo, pour le père de qui sa mère travaille. Théo l'intègre au groupe qu'il forme avec ses amis d'enfance Léonard et Daisy, les Indifférents.
Justine va grandir et s'épanouir auprès de ses nouveaux amis, elle va découvrir une nouvelle vie, une vie de petits bourgeois dans une ville où tout le monde se connait et respecte les plus forts.

Dès le début du roman on comprend qu'un drame va se produire, c'est là, sous nos yeux, on devine sans savoir, on est fébrile, on a peur.
Peur car ils sont jeunes, fou(gueux), carnassiers, amoureux ; peur car on s'attache à ce petit groupe, peur car on ne veut pas que cela arrive.

Entre les chapitres où Justine se raconte, de très courts chapitres s'insinuent, lentement, sûrement, et nous distillent à petites doses les détails sur le drame vers lequel l'histoire tend.

C'est un roman à la fois tendre et cruel sur l'adolescence, l'amitié et l'amour. Les relations entre les garçons et les filles sont très bien rendues, on sent la tension, une ambiance presque toujours comme sur un fil de rasoir permanent, tout peut basculer à tout moment dans un sens ou un autre.
L'adolescence a ce côté franc et violent, sans concession et pourtant si fragile aussi. Et pour ne pas souffrir il faut une (bonne) carapace ou faire souffrir en premier.

C'est aussi une critique de la petite bourgeoisie locale, des privilèges accordés aux riches, des petits arrangements entre "amis", que ce soit les riches entrepreneurs, l'administration, la justice...
Il y a le poids des secrets, des non-dits, le mensonge et la veulerie pour le côté "adulte".

Malgré le soleil, les vacances et la plage Julien Dufresne Lamy ne nous montre pas une jolie face de l'être humain mais ses penchants les plus vils.
Encore un très bon moment de lecture grâce à cet auteur dont je ne doute plus, on est tenu en haleine jusqu'au bout.

Belfond, 346 pages. Février 2018

mercredi 18 décembre 2019

"Les gratitudes" de Delphine de Vigan



C'est l'histoire de Michka, une vieille dame qui perd ses mots et doit vivre dans un EHPAD.
Autour d'elle il y a Marie, une jeune femme qui lui rend visite régulièrement et qui est très proche d'elle ; et puis Jérôme l'orthophoniste qui vient deux fois par semaine pour l'aider non pas à retrouver ses mots mais à les perdre moins vite.
C'est un roman court qui tourne autour de ces 3 personnages, Michka en est le centre et petit à petit on déroule les vies des uns et des autres.

Je dois être honnête c'est une déception pour moi.
On m'avait parlé de ce livre avec des trémolos dans la voix et les yeux embués de larmes ; mais ça n'a pas fonctionné sur moi, est-ce mon petit coeur qui se durcit ? Suis-je en train de perdre toute sensibilité ?
Même si je suis capable d'être touchée par Michka, si j'entends et comprends le propos (la vieillesse, la mort, la perte du langage et implicitement de la mémoire, le lourd passé (abandon, guerre, ....)), cette femme qui tout en se dégradant (en vieillissant !) attend la mort avec une dernière obsession, retrouver deux personnes qui ont été importantes pour elle, j'ai trouvé que c'était un peu trop poussif et attendu, il n'y a pas de surprise.
Bien que le livre soit agréable à lire grace à son style fluide et délicat, il y a cependant beaucoup de bons sentiments et les personnages peu nombreux sont finalement peu développés, c'est dommage, j'aurai voulu en avoir plus sur chacun d'eux.

Habituellement j'aime ce qu'écrit cette auteur et je n'aime pas trop dire du mal des livres mais je ne peux pas non plus mentir, et pour celui-là il n'y a pas eu la rencontre attendue... Dommage.

Sur un thème un peu similaire j'aurai envie de vous recommander un livre de Frederique Deghelt "La grand-mère de Jade" que j'ai trouvé plus profond et plus crédible.


JC Lattès, 173 pages. Mars 2019

lundi 16 décembre 2019

"La maison" de Emma Becker




Je démarre le livre, et déjà très vite, je me dis que cette fille n'est pas ordinaire, voire même, à mon sens, plutôt rare...

Dès les premières pages je pense : elle est probablement un peu nymphomane,
et puis en fait, non, pas du tout,
elle a une sexualité assumée, pleine, entière, vibrante, sans tabou et sans limite. 
Et sans être vulgaire ni glauque.
Pour elle toute rencontre avec un homme est d'abord analysée comme un potentiel érotique, comme une éventualité de baise, elle dissocie le plaisir des chairs et "l'amour".

❀❀❀

Emma Becker décide de vivre une expérience et de s'installer dans une maison close afin de découvrir le métier de prostituée, de pute, oui.

Les conditions dans lesquelles cela se fait sont néanmoins très particulières, car elle décide de partir à Berlin où le métier est légal et reconnu. Et donc un peu plus protégé.
Sauf que le premier endroit qu'elle teste s'avère être un échec ; les conditions ne sont pas très bonnes, les filles ne sont pas traitées correctement ni respectées, elle ne s'y sent pas en sécurité, ce qui est un point essentiel pour faire ce métier dans de bonnes conditions.
La deuxième maison sera la bonne, elle y sera heureuse, même si ce n'est pas tous les jours faciles.

❀❀❀

Emma Becker nous parle d'abord un peu d'elle, de qui elle est avant de nous expliquer sa démarche, son choix, sa fascination pour ces putes qui sont avant tout des femmes.

Une fois qu'elle s'installe dans "la Maison" elle nous raconte les conditions de travail, les bons jours et les mauvais, elle nous parle de ses collègues, pourquoi elles sont là, ce qu'elles font dans la vie, leurs histoires.
Et bien sûr les clients sont importants, ils sont la clé de voûte de la maison, de ce qui s'y passe.

Dans cette Maison il y a différentes chambres, chacune a son âme particulière. Il y a les chambres préférées, celles qui sont délaissées, il y a du mauve, du rose, du pastel, des miroirs, de grands lits....
Ce livre est fait de très beaux portraits de femmes, tout en nuance, en douceur et surtout dans le respect, malgré le côté peu reluisant du métier, peu reluisant pour nos sociétés qui jugent.

❀❀❀

Je ne veux pas dire que ce livre me fait aimer la prostitution, surtout qu'ici celle dont on parle n'a rien à voir avec la prostitution de rue, violente, sale, effrayante, rarement choisie ou consentie, mais ce livre est profondément féministe.
C'est un livre sur la liberté de la Femme, la liberté des choix, l'absence de jugement.
Ici Emma Becker nous parle de femmes,
d'être une femme,
d'aimer la chair,
le plaisir au plaisir.
Elle nous parle de femmes fortes

❀❀❀

On peut le dire, au départ c'est vraiment un sujet très casse-gueule, mais Emma Becker ose le pari, elle prend le risque. Un risque littéraire mais aussi un risque privé, c'est pour moi une force incroyable d'avoir publié ce roman, d'avoir tout raconté.
Je reconnais que j'étais initialement très sceptique et que je n'avais pas tellement envie de lire ce livre, mais lors de son passage dans "la grande librairie" elle m'a étonné, elle a éveillé ma curiosité, ce qu'elle disait avait du sens et en même temps était perturbant. J'ai eu envie de comprendre mieux son sujet.
Cette jeune femme assume ce qu'elle est, ce qu'elle ressent, ce qu'elle veut, et pour ça elle est admirable. Elle est tout simplement libre. Et elle le crie haut, et fort.

C'est un livre perturbant, un livre qui bouscule, qui pousse les limites.
Je ne suis pas comme elle, comme beaucoup de femmes, et oui certains passages m'ont choqués, pourtant je suis loin d'être bégueule.
Je ne peux pas dire que j'approuve totalement la démarche, qui reste très partiale et est très peu représentative de la condition des prostituées de manière générale, il suffit de le savoir avant d'entamer la lecture. Il faut prendre ce livre pour ce qu'il est, une expérience un peu folle, et probablement très exceptionnelle, et non pas un témoignage des conditions de vie des prostituées.

À découvrir sans peur et sans oeillères !


Flammarion, 371 pages. Août 2019

lundi 2 décembre 2019

"Vie de David Hockney" de Catherine Cusset




Je dois reconnaitre qu'avant de commencer ce livre je ne connaissais pas du tout David Hockney.
Catherine Cusset m'a ouvert la porte de sa vie, de la naissance d'un peintre, d'un artiste dans notre monde contemporain, un artiste toujours là, un artiste qui a connu la célébrité et la renommée de son vivant.
C'est un livre court mais que j'ai lu assez lentement finalement, car à tout moment j'avais besoin d'aller voir les oeuvres citées, décrites, racontées. J'avais besoin de regarder ces formes et ses couleurs.

Je suis donc partie à la rencontre de cet artiste, de cet homme, amoureux, passionné, vivant.
Un homme qui est passé entre les mailles du filet de la mort depuis tant d'années. Un homme qui a beaucoup perdu, traversé les années sida. Un homme vivant dans le milieu artistique homosexuel. Un homme touchant.

Une très jolie découverte servie par la très belle plume de Catherine Cusset qui sait raconter avec douceur une vie entière, belle et triste à la fois.

La lecture c'est aussi aller dans des milieux que l'on ne connait pas, la lecture nous pousse encore une fois à nous ouvrir, à découvrir, apprendre, la lecture est un voyage dont je ne me lasse jamais.

Gallimard, 181 pages. Janvier 2018

samedi 30 novembre 2019

"Ce que tu as fait de moi" de Karine Giebel

Avec ce roman je découvre Karine Giebel que je ne connaissais pas mais que je vais certainement continuer à découvrir.
Ce thriller psychologique nous emmène dans les bas-fond de l'âme humaine, dans les pires distorsions des relations amoureuses, et même plutôt passionnelles.
Il y a de la perversité, de la dépendance, de l'obsession, de la manipulation.

Je ne peux pas trop en dire,  mais tout démarre à la Direction Départementale de la Sécurité Publique, dans deux salles d'interrogatoire.
Dans la première se trouve Richard Ménainville le commandant de la brigade des Stups et dans la seconde Laëtitia Graminsky lieutenant dans cette même brigade ; tout au long de la nuit chacun raconte sa version des faits dans une synchronie parfaite et troublante.

C'est un roman fracassant qui m'a beaucoup perturbée, j'ai trouvé la psychologie des personnages très bien faite et très bien travaillée, on voit et on sent monter le drame, petit à petit, sans que rien ne puisse se faire pour l'empêcher.
On voit l'enlisement comme dans des sables mouvants, il n'y a aucune porte de sortie, en tout cas il ne semble pas.

Un livre sous tension, qu'on ne lâche pas, et en même temps oppressant.
Attention âme sensible s'abstenir, il y a de la violence, de la perfidie, de la dépravation...

J'ai cependant deux petits bémols, il y a un mécanisme de répétition très bien fait entre les deux personnages principaux qui va peut-être un peu trop loin à mon avis pour rester crédible, et je n'ai pas hyper adhéré à la fin et au dernier développement psychologique.... peut-être que c'était trop pour mon petit coeur vulnérable.
Mais ceci n'a aucunement gâché mon plaisir de lecture, et maintenant que j'ai découvert Karine Giebel j'y retournerai ! Ça reste un livre impressionnant !!

Belford, 552 pages. Novembre 2019.

lundi 25 novembre 2019

"Ceux que je suis" de Olivier Dorchamps



Le père de Marwann vient de mourir et une de ses dernières volontés est d'être enterré au Maroc, son pays de naissance.
Marwann et ses frères sont tous les trois nés en France et ne comprennent pas cette demande de leur père. Ils ne pourront jamais se rendre sur sa tombe, et leur mère non plus ; leur vie est ici à Paris ou à Clichy où ils ont grandi.
Le Maroc, ils ne l'ont connu que petits, pendant les vacances d'été, mais depuis quelques années ils ne s'y rendent plus trop. Chacun a son travail et mène sa vie.

Alors pour Marwann faire ce voyage à l'envers, avec son père, le ramener dans son pays natal, c'est le moyen de partir à la découverte de son histoire, l'histoire de la famille.

Ce premier roman est très réussi car le thème abordé n'est pas très facile, et surtout a déjà été traité de nombreuses fois.
Olivier Dorchamps parvient à nous entrainer dans la complexité des familles multiculturelles, la difficulté à trouver sa (bonne) place au sein de sa famille proche et élargie mais aussi au sein d'une société qui a encore du mal à gérer la pluriculturalité que ce soit ici ou ailleurs.
Et cette différence doit aussi apprendre à se gérer entre les générations, c'est à dire ceux qui ont quitté un pays pour s'installer ailleurs et commencer une nouvelle vie, et leurs enfants qui eux n'ont rien quitté, mais toujours vécu au même endroit et se sentent chez eux là où ils sont nés, ont grandi, ont été à l'école. Il faut se battre contre les préjugés, les délits de "sale gueule"...

Et puis le décalage avec les "cousins", la famille restée au pays, cette famille qui croit que ceux qui sont partis sont riches, doivent toujours rapporter des "cadeaux"...

O. Dorchamps décrit magnifiquement cette jolie famille marocaine, le regard des enfants qui se fait parfois dur, mais qui est aussi souvent tendre et surtout très reconnaissant.

C'est un roman d'une grande justesse, qui analyse avec finesse et sensibilité les différents décalages. Dans cette histoire il s'agit d'une famille franco-marocaine mais la situation pourrait s'adapter à toutes les autres configurations possibles. J'y ai vu tellement de parallèles avec tellement d'histoires croisées au gré de mes voyages et de mes rencontres.
On retrouve toujours cette ambivalence, pas toujours facile à vivre, pas toujours facile à expliquer et à comprendre.

Un joli premier roman qui mérite d'être découvert, un auteur à suivre !
"[...] ma mère en était sortie dans une belle djellaba neuve, turquoise, brodée de motifs floraux. [...] Mon père aussi portait une djellaba, brune, rayée de gris avec un liseré doré. Fouad était en jean et chemise rouge, beau comme la jeunesse le permet instantanément. Ils suscitaient sur leur passage les regards moqueurs de la foule des samedis matin. Cela m'avait d'abord irrité, puis j'avais réalisé que ces passants se demandaient sans doute comment on pouvait éclairer la vie d'autant de couleurs, eux qui oscillent du gris de la semaine au bleu marine des week-ends bon ton, et j'avais éprouvé un orgueil immense pour ma famille [...]" 
"Si mes parents on quitté le Maroc, c'était pour commencer une nouvelle vie, pas pour prolonger celle qu'ils avaient ici." 

Finitude, 253 pages. Août 2019

lundi 18 novembre 2019

❤️❤️ "Murène" de Valentine Goby



Mais quel roman !
J'ai eu beaucoup de mal à m'y mettre car le thème me faisait peur, disons-le m'effrayait, mais ayant une très grande confiance en Valentine Goby j'ai fini par me jeter à l'eau (sans mauvais jeu de mots) et je ne le regrette absolument pas. Il faut dire que les qualités narrative et d'écriture de Valentine Goby ne sont plus à démontrer, et entre nous je ne comprends pas bien pourquoi un tel roman n'a pas figuré en bonne place sur les listes des "grands prix" littéraires de la rentrée (mais ceci est un autre sujet/débat).

Alors ce roman !
Ce roman c'est l'histoire de François, un jeune homme de 22 ans, qui en cet hiver très froid de 1956, a  un accident qui va le laisser amputé de ces deux bras. François va passer des mois à l'hôpital pour soigner ses brûlures ainsi que ses moignons.
Puis viendra le temps du retour à la maison, sans bras.... il faut tout réapprendre, il faut tout accepter avec une immense humilité, et surtout il faut imaginer une nouvelle vie car à 22 ans on a toute la vie devant soi.
Mais François est un jeune homme fort, vivant, qui va se battre pour trouver son nouveau chemin.
Il fourmille d'idées pour essayer de faire le plus de choses par lui-même, et petit à petit il va renaître à cette nouvelle vie.
Une visite dans un aquarium va le mettre face à une murène, cet être laid mais qui se déplace dans l'eau sans nageoire dorsale, qui se propulse grâce à tout son corps ; alors ça y est, François a trouvé, il va devenir murène !
Il va donc apprendre à nager, et découvrir une association de sportifs handicapés, c'est le début des premiers tournois, championnats et puis bientôt peut-être des Jeux Olympiques, qui sait ?!

C'est un roman difficile car il y a la souffrance physique du brulé, il y a la souffrance morale de la perte, perte d'un membre mais aussi de toute une vie qui ne sera pas, la souffrance des parents impuissants... mais il y a aussi et surtout une renaissance, une métamorphose, une acceptation, la résilience.
C'est un livre plein d'espoir, de joie, d'attente, de désir, de croyance.

On perçoit tout le travail de recherche qui a été fait en amont, la masse d'informations ingurgitée et qui nous est subtilement rendu ; j'ai tellement appris en lisant ce roman.

C'est un livre qui m'a beaucoup perturbé car en réalité c'est pour moi totalement inimaginable de vivre sans bras, pendant toute la lecture je n'arrêtais pas de voir tout ce que je fais avec mes bras, tous les jours tout au long de la journée, et je crois que je ne suis pas prête de ne plus y faire attention, on ne réalise pas combien ils sont précieux.
J'ai été tellement admirative de la force de ce jeune homme, et j'y ai cru, j'ai adhéré à 100% à cette histoire incroyable.

Je veux vraiment dire ici un grand merci et un grand bravo à Valentine Goby, je suis éblouie et fascinée par son travail.

(et merci à Valérie H de mon club lecture qui m'a "poussé" vers cette lecture 😉)


Actes Sud, 380 pages. Août 2019

samedi 16 novembre 2019

"Avant que j'oublie" de Anne Pauly


Dans ce premier roman très réussi, Anne Pauly se dévoile en nous livrant une partie de son intimité à un moment difficile de sa vie.
Son père vient de mourir, il faut préparer les obsèques, la cérémonie à l'église, vider la maison et faire son deuil.

Avec un style très juste et sans auto-apitoiement elle nous raconte les derniers instants à l'hôpital, la maladie et la fin de la vie du père ; ce père dont il faut faire le deuil et qu'il faut laisser partir.
Pourtant ce père a fait endurer à sa famille une vie teintée d'alcool et de violence, et malgré tout aussi d'amour et de reconnaissance. En tout cas de son point de vue à elle, car pour le frère il ne reste que la violence et l'amertume.

Avec une pointe d'humour, de la tendresse et de la finesse on passe les étapes ; il faut vider la chambre de l'hôpital, rencontrer les Pompes Funèbres, passer par la préparation de la cérémonie à l'église avec des personnes toujours très bienveillantes de la paroisse, jusqu'au petit frichti à la maison où l'on ne parle même plus du défunt, parfois sarcastique le ton est également parfois piquant, ironique et sans complaisance.

Mais lorsque l'on vide la maison de ses parents c'est aussi le moment de replonger dans ses souvenirs, de découvrir des choses que l'on ne soupçonnait pas, cela pourrait être le temps des regrets, et nécessairement il y en a mais c'est cela qui fait avancer, car c'est indécent certes mais la vie continue pour les autres.

Verdier, 144 pages. Août 2019.

jeudi 14 novembre 2019

❤️ "Baïkonour" de Odile d'Oultremont



En Bretagne, Anka, une jeune femme qui travaille dans un salon de coiffure, vient de perdre son père, marin-pêcheur, disparu alors qu'il était seul à bord de son bateau, le Baïkonour.
Bateau dont Anka a toujours rêvé de devenir un jour le capitaine.
Depuis qu'elle est toute petite elle aime la mer, la pêche, le bateau, et rêve d'accompagner son père lors de ses sorties. Elle aussi veut devenir marin-pêcheur mais ses parents ne sont pas de cet avis là, c'est bien trop dangereux...

Marcus est un homme libre, indépendant.
Ayant été "abandonné" par sa mère enfant, il a vécu seul avec son père, un fainéant de première classe qui n'a jamais rien fait de sa vie.
Mais Marcus est volontaire, actif et ne veut se reposer que sur lui-même. Il est grutier, et là-haut, au sommet de sa grue il se sent encore plus libre, seul, mais libre, il n'a besoin de personne...

Les chemins de ces deux êtres plein d'émotions vont se croiser, de haut, de loin... puis peut-être un peu plus près.
Chacun d'eux a son univers pour se sentir vivant, la mer bleue et immense, la hauteur et le silence.

Des personnages particulièrement attachants qui nous emmènent par la main, avec délicatesse, dans leur solitude, dans leur obsession, dans la beauté de leur liberté.
Un roman remarquablement bien écrit qui sait toucher notre sensibilité à l'endroit juste.
Juste, pour voir la beauté des douleurs de ces êtres blessés, la beauté de leur liberté, de leur désinvolture face aux aléas de la vie qui les poussent à continuer comme ils le veulent eux, dans leur esprit.

Cette liberté, l'expression de cette liberté et de cette indépendance m'ont marqué. J'ai aime, tellement, leur vision de leur propre vie, cette facilité pour eux à se laisser toucher par la simplicité.

Je découvre Odile d'Oultremont avec ce roman et suis impatiente de pouvoir lire son premier roman qui, si il est du même acabit, me plaira nécessairement 😊


Les éditions de l'Observatoire, 219 pages. Juin 2019

mercredi 6 novembre 2019

❤️❤️❤️ "Boom" de Julien Dufresne-Lamy




"Tu es parti avec ma tranquillité."

Tim(othée) et Étienne sont amis
Depuis 3 ans
Une amitié forte, belle
Comme elle peut l'être à l'adolescence
Mais voilà
Timothée meurt
Et Étienne se retrouve tout seul

Un texte court, fort, intense
Un roman sur l'amitié
                 sur l'adolescence
                 sur le deuil

Ça fait boom dans le coeur
Des phrases simples
       des mots justes

Encore une fois la plume de Julien Dufresne-Lamy
a fait briller mes étoiles
a illuminé mon esprit
par sa sobriété, sa délicatesse et sa beauté.

C'est décidé je vais lire tout de cet auteur qui en deux livres a su me conquérir
A lire absolument, ainsi que mon coup de coeur de la rentrée 2019 "Jolis, jolis monstres".

Actes Sud Junior, 110 pages. Avril 2018

mardi 5 novembre 2019

"Surtensions" de Olivier Norek


Troisième enquête de la brigade de l'inspecteur Coste qui démarre en (sur)tension et ne nous lâche plus !
Un enlèvement, des prisonniers, un casse de bijouterie, un mercenaire, un pédophile, une équipe corse et bien sur Coste et ses acolytes.

Je n'ai pas lu les deux premières aventures de cette bande de flic et je découvre cet auteur qui se trouve être lui-même de la partie puisqu'il est lieutenant de police au SDPJ 93.
Cela explique certainement que l'on soit plongé dans l'enquête et que pas une seconde on ne se pose de questions, on suit les enquêteurs dans leurs investigations mais aussi dans leurs doutes, leurs émotions. C'est criant de vérité, j'ai eu l'impression de regarder un film tellement j'ai été prise dans l'histoire. Je ne peux pas trop en dire car avec un roman policier il vaut mieux l'aborder en en sachant le moins possible.

Ce qui est certain c'est que plusieurs malfrats vont se retrouver liés, que les rouages de la justice et des tribunaux sont mis à mal ainsi que la résistance de policiers pourtant endurcis.
Bref un très bon polar, comme je les aime. Je vais donc me précipiter pour lire les deux premiers de cette petite série et continuer à suivre cet auteur, car non seulement il sait de quoi il parle mais en plus il l'écrit et le raconte très bien !
Une lectrice de polar heureuse 😊

Pocket, 473 pages. Mars 2017

lundi 4 novembre 2019

"Bienvenue au club" et "le Cercle fermé" de Jonathan Coe



Ayant lu récemment "le coeur de l'Angleterre", qui reprend les personnages principaux de ce diptyque initial, je me suis dit que je pouvais me rafraichir la mémoire, et du coup j'ai réalisé que j'avais bien lu le premier volet il y a de nombreuses années mais que bien qu'étant en possession du second je ne l'avais pas encore découvert.

Je me suis donc replongée avec plaisir et délectation dans l'Angleterre des années 70 pour commencer et j'ai refais la connaissance de Benjamin Trotter, cet adolescent un peu coincé, timide, réservé (?) aimant la littérature et la musique autour duquel gravite un certain nombre de personnages dont Philip Chase, le meilleur copain avec lequel il veut créer un groupe de musique et qui partage sa passion de l'écriture ; Doug Anderton le fils du syndicaliste Bill Anderton, réputé dans la région et pro-actif notamment dans l'entreprise locale de voiture (dans laquelle le père de Benjamin travaille aussi) ; Sean Hardy est le trublion de service qui ne rate pas une occasion de faire des blagues, pas toujours très drôle. Claire et Cicely sont les filles du lycée à côté qui intéressent beaucoup les garçons...
Benjamin a aussi un petit frère Paul, très intelligent et qui n'a pas froid aux yeux, et une grande soeur Loïs.
Nous suivons donc cette petite troupe jusqu'à la fin du lycée pour le premier roman.
Dans le deuxième nous les retrouvons quelques années plus tard, ils sont mariés, ont des enfants et un travail... mais leurs liens sont toujours aussi forts et les ramènent souvent à leurs années lycée.
Tony Blair est maintenant au pouvoir et la guerre en Irak menace.
C'est l'heure des bilans, la quarantaine sonne et on remet en question sa vie personnelle et/ou professionnelle. On fait un petit bilan sur son histoire alors que l'Histoire de l'Angleterre elle-aussi avance.

Cette saga nous donne une belle image de l'Angleterre des années 70 jusqu'au début des années 2000, en suivant cette multitude de personnages on pénètre dans toutes les couches de la société anglaise et surtout on vit les questionnements, les conséquences, la politique locale et à plus grand niveau. C'est aussi une belle histoire d'amour, et de très belles amitiés qui survivent aux années qui passent.

Une traversée passionnante de plus de 30 années, emmenée avec fluidité par la plume de Jonathan Coe qui ne passe rien à ses personnages. C'est drôle, caustique, satirique, tellement bien mené. Je me suis régalée ☺️

"Bienvenue au club" Folio, 537 pages.
"Le cercle fermé" Gallimard, 537 pages.
Traduction de Jamila et Serge Chauvin.

dimanche 27 octobre 2019

"Le coeur battant du monde" de Sébastien Spitzer



Charlotte cherche du travail.
Nous sommes à Londres en 1851, son homme est parti chercher fortune en Amérique et elle attend un enfant. Mais alors qu'elle se rend à un rendez-vous pour une offre d'emploi elle se fait violemment agresser. C'est le docteur Malte qui va la récupérer, la soigner...

Pendant ce temps, Engels rend visite à son fidèle ami, le Maure, qui l'a sollicité pour qu'il lui vienne en aide de manière urgente. Le Maure a fait une erreur et a mis enceinte la nounou de ses enfants....
Il faut donc se débarrasser de cet enfant.

Le Maure n'est autre que Karl Marx, marié à Jenny la Rouge, une baronne issue d'une très grande famille allemande ; ils ont ensemble déjà 3 filles et un garçon et Karl est très occupé à écrire SON livre, il ne travaille pas et c'est son ami Engels, lui aussi allemand et issu d'une riche famille d'industriel, qui le fait vivre et l'entretien.

C'est Charlotte qui élèvera Freddy, le fils caché du Maure, comme s'il était sien. Leur vie est difficile, misérable mais Charlotte fera tout pour que son petit garçon ne manque de rien et en grandissant c'est lui qui prendra soin d'elle.

Puis vient le temps de la guerre de Sécession en Amérique ce qui entraine une grande crise économique et industrielle dans les faubourgs de Manchester car le coton, matière première indispensable, n'arrive plus....

Encore une fois Sébastien Spitzer mêle très habilement l'Histoire et le romanesque en nous plongeant dans une Angleterre miséreuse où la voix des ouvriers commence à se faire entendre et où les indépendantistes irlandais trouvent aussi une place.
On découvre un Karl Marx intellectuellement travailleur mais incapable d'entretenir sa famille, il passe son temps à écrire son grand livre tout en étant merveilleusement soutenu par son épouse qui lui consacre sa vie et a tout abandonné pour lui. Ce qui fait qu'elle se bat bec et ongles pour qu'il réussisse et que rien n'entache sa réputation. Son ami et compagnon politique Engels est lui aussi très fortement impliqué dans la vie intime de Karl Marx, il est d'un soutien absolu pour lui.

Ce deuxième roman ne m'a peut être pas autant touché que le premier (Ces rêves qu'on piétine), mais c'est tout de même un très bon livre qui m'a beaucoup plu. L'écriture est toujours aussi belle et agréable et l'art de conter toujours présente. C'est tellement agréable de lire un livre où l'on sent que l'auteur prend plaisir à nous raconter une histoire.
Donc un écrivain que je continuerai à suivre avec plaisir.

Albin Michel, 445 pages. Août 2019.

mardi 22 octobre 2019

"Girl" de Edna O'Brien


Girl c'est cette jeune fille qui nous raconte son histoire.
Sa terrible histoire.
Elle commence par une nuit effroyable, avec l'enlèvement de dizaines de jeunes lycéennes par la secte musulmane Boko Haram.
L'école est mise à sac, les filles, transportées dans des camions, sont séparées en petits groupes. Elles traversent la forêt et rejoignent des campements de djihadistes.
Aucune jeune fille n'est épargnée, elles sont violées, battues, maltraitées. Elles deviennent esclaves, elles se doivent de suivre la doctrine religieuse de leurs assaillants.

Après un temps notre conteuse est mariée à un combattant, rapidement elle a un enfant, une petite fille, Babby.
Lorsqu'enfin elle réussit à se sauver au cours d'une attaque, elle doit se débrouiller pour apprendre à survivre, réapprendre à vivre par elle-même et pour elle-même. Le retour à la réalité tant désiré n'est pas si facile que ça.

Je me suis un peu perdue dans la temporalité de ce texte mais probablement comme ces jeunes filles qui n'avaient plus la notion du temps. Ni celle de la géographie d'ailleurs.
J'ai eu du mal à vraiment m'attacher aux personnages, j'avais l'impression de regarder tout ceci se dérouler de loin.
Cependant j'ai apprécié le traitement fait sur le retour, et sur toute l'ambiguité que cela provoque, la difficulté pour l'entourage mais aussi et surtout pour celle qui revient. Revenir alors que le temps a passé, revenir en étant suspecte, revenir pour voir que tout a changé, revenir sans être plus jamais la même.

Un roman qui reste fort même si j'en suis restée un tout petit peu éloignée.

Sabine Wespieser Éditeur, 250 pages. Septembre 2019
Traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat

samedi 19 octobre 2019

"Rien n'est noir" de Claire Berest


Qui ne connait pas Frida Kahlo ? Ne serait-ce que de nom ?
Je reconnais que je n'en savais pas grand chose avant d'entamer la lecture de ce livre, en dehors des grands lignes bien sûr.

Frida donc, cette jeune fille pleine de vie, heureuse, amoureuse et qui à 18 ans à peine est percutée par un tramway alors qu'elle est dans un bus avec son amoureux.
Son corps est brisé ainsi que sa vie. Elle faisait partie des premières filles à étudier à la preparatoria, elle voulait devenir médecin.... mais après l'accident tout change. Elle passe des mois allongée, d'abord à l'hôpital puis chez elle dans son grand lit à baldaquin.
Alors elle commence à peindre, parce qu'elle souffre, elle peint.

Et puis lorsque enfin elle se remet debout elle va à la rencontre du grand peintre Diego Rivera, un célèbre muraliste, le peintre le plus célèbre du Mexique, un homme gigantesque, éléphantesque, son crapaud monstrueux, un homme à femmess jamais rassasié.
Elle est folle amoureuse de cet homme, elle réussit à s'en faire aimer et à l'épouser.
Leur vie commune sera très mouvementée, souvent douloureuse, surtout pour Frida, qui ne vit et respire que pour son homme.
Et puis sont corps se rappelle trop souvent à elle, elle si jeune et pleine de vie mais elle est freinée dans ses élans pourtant passionnés.
Elle est tellement vivante, colorée, brutale, forte...

Ce texte de Claire Berest est lumineux.
On sent tout l'amour que l'auteur a pour Frida Kahlo, sa jubilation de nous parler de l'artiste, son enthousiasme.
Il y a un rythme qui nous entraine et nous fait tourner les pages, on sent la vie qui avance vite, trop vite, on sent le sourire et l'éclat de l'auteur (que l'on retrouve effectivement dans les interviews).

Un livre exaltant mais sombre et pourtant "rien n'est jamais noir" !!
"Moi je ne me bats pas, Diego ? Je passe la moitié de ma vie à l'hôpital à me faire charcuter comme si j'étais un bout de viande sur l'étal d'un boucher ! Je ne suis pas malade, je suis brisée ! À Paris, j'ai cru que j'allais mourir. J'ai mal partout, j'ai mal tout le temps. Je ne parviens pas à imaginer ce que c'est que de ne pas ressentir de douleurs dans le dos, dans les mains, dans les jambes, dans le ventre. Je n'ai pas de pieds, j'ai des sabots, on m'a déjà enlevé des orteils, je boite ; dans les cabarets, je ne peux plus que regarder les autres danser. Je ne compte plus mes fausses couches. Quatre, cinq, six ? Et tu me dis que je ne me bats pas ? Je vis avec toi depuis dix ans, et tu oses dire que je ne me bats pas !"
Stock, 282 pages. Août 2019

mercredi 16 octobre 2019

"Liquide inflammable" de Robert Bryndza




Alors que la détective en chef Erika Foster fait draguer le fond d'une ancienne carrière inondée à la recherche d'une mallette remplie de drogue, les plongeurs remontent aussi un sac en plastique dans lequel se trouvent les ossements de ce qui était apparemment une toute jeune fille.
Très vite les ils se révèleront être ceux de Jessica Collins une enfant de 7 ans disparu il y a plus de 25 ans.
Erika va se battre pour récupérer cette enquête et tout faire pour retrouver le meurtrier de la jeune fille.
Pour la famille c'est un choc d'apprendre cette terrible nouvelle.
La mère vit toujours dans l'ancienne maison familiale, seule, avec le fantôme de sa petit fille. Le père, lui, a refait sa vie et a eu deux autres enfants. Il y a aussi la soeur et le frère ainés de Jessica qui ont du grandir dans l'ombre de leur petite soeur disparue.

Un bon policier qui nous emmène dans les tréfonds de l'âme humaine, dans les secrets des familles, avec des rebondissements, et juste ce qu'il faut de passion romantique et de blessures profondes.
C'est le troisième roman qui met en scène la DCI Erika Foster, une excellente détective, qui voit dans cet épisode sa soeur débarquer avec ses 3 enfants. Elle doit aussi faire avec l'ancienne détective qui avait mené l'enquête à l'époque de la disparition et qui ne s'est jamais vraiment remise.

Je me suis plongée dedans pour n'en sortir qu'une fois la dernière page tournée.
C'est simple, ça tient la route, et surtout ça détend !!

Editions Belford noir, 416 pages. Septembre 2019.
Traduction Chloé Royer

dimanche 13 octobre 2019

"Bitna, sous le ciel de Séoul" de J.M.G Le Clezio



Bitna est une jeune femme originaire d'une famille de marchand de poissons de la région du Jeolla-Do dans le sud de la Corée-du-Sud. Elle est venue à Séoul pour faire ses études, mais après une expérience décevante et traumatisante chez une tante, elle décide de s'installer seule.
Elle manque d'argent et cherche donc du travail en plus de ses heures à l'université.
C'est ainsi, en trainant dans une librairie, qu'elle trouve un travail ; elle doit raconter des histoires à une jeune femme, Salomé, qui est assez lourdement handicapée à cause d'une maladie évolutive et incurable.

De petites histoires en petits contes Bitna fait rêver et oublier son quotidien à Salomé, mais elle raconte aussi un peu d'elle-même, un peu de sa vie, très vite le réel et l'imaginaire vont se mêler.

Je dois reconnaître que j'allais un peu à reculons dans ce livre qui finalement m'a totalement happée.
J'ai été très surprise de découvrir sous la plume de J.M.G Le Clézio un monde sud-coréen très fort et très bien représenté. C'est comme si une jeune femme coréenne avait écrit ce roman.
Et pour avoir vécu dans cette ville de Séoul je me suis totalement retrouvée dedans.
J'ai beaucoup aimé cette jeune femme Bitna, même si je la trouve parfois étrange ; mais c'est ce côté étrange que j'ai aimé aussi, la limite du réel et de l'imaginaire nous emmène dans un monde presque parallèle, on vogue et on rêve avec les deux jeunes femmes.

Bref une très belle surprise pour moi !

Stock, 217 pages. Avril 2018

jeudi 10 octobre 2019

"Le Ghetto intérieur" de Santiago H. Amigorena


Vicente Rosenberg, juif originaire de Pologne, a émigré en Argentine en 1928 pour y trouver un meilleur avenir.
Il y rencontre celle qui deviendra sa femme et la mère de ses enfants, Rosita.
Il travaille dans un magasin de meuble pour son beau-père.
Sa vie est paisible, il est amoureux, heureux, et a deux bons amis qui ont émigré en même temps que lui.

Mais voilà qu'en Europe le nazisme se déchaine, la guerre fait rage et Vicente s'inquiète pour sa famille. Pour sa mère notamment, qui est bientôt enfermée dans le ghetto de Varsovie, et pour son frère qui est avec elle.

Vicente a quitté l'Europe pour découvrir autre chose, mais aussi probablement pour fuir une condition, celle d'être juif dans une Europe largement antisémite, fuir aussi sa mère, il me semble, trop présente.
Lorsque les lois antisémites sont déclarées il demande à sa mère de venir le rejoindre, mais elle ne veut pas abandonner ses deux autres enfants, il propose mais sans trop insister.
J'ai aimé ce point de vu, un peu nouveau (bien que déjà abordé dans les Déracinés), des juifs qui sont loin et n'ont pas à subir l'ire nazi. Nécessairement nait une culpabilité de ce que vit le peuple juif et dont on est éloigné, et d'un coup Vicente qui ne se sentait pas particulièrement juif ne devient plus que juif, il n'est plus rien d'autre qu'un juif. J'ai trouvé l'approche de cette question vraiment très intéressante et particulièrement bien traitée.
Mais cela entraine chez Vicente une entrée en le silence, la culpabilité le ronge au point qu'il ne peut plus prononcer un mot, et ce n'est pas que cela, il ne fait plus rien dans sa famille, il ne s'occupe plus ni de sa femme ni de ses enfants.
Et c'est là où j'ai un petit peu de mal à comprendre le processus, il culpabilise d'avoir en quelque sorte abandonné sa famille en Europe (bien que non responsable de l'antisémitisme ambiant) et cette culpabilité fait qu'il abandonne sa propre famille ici, là, celle avec laquelle il vit. Il abandonne sa femme et ses enfants en étant totalement absent à lui-même et à ses proches. L'histoire est vraie puisqu'il s'agit de celle du grand-père de l'auteur, mais j'avoue ne pas avoir réussi à avoir d'empathie pour lui. Au début oui, mais lorsqu'il se renferme totalement sur lui et tourne le dos à ses proches là je reconnais que je n'y arrivais plus.

Je reste donc indéterminée sur ce roman et ne peux malheureusement pas partager les avis dithyrambiques.
En revanche c'est un très beau texte, merveilleusement écrit même si j'y ai trouvé quelques longueurs.
Un roman qui mérite d'être lu et découvert malgré mon avis mitigé.
"À partir de ce triste mois de mars 1941, Vicente allait éprouver une double haine de lui-même : il allait se détester parce qu'il s'était senti polonais et il allait se détester davantage encore parce qu'il avait voulu être allemand. Il allait éprouver une double haine de lui-même que jamais le fait de se sentir juif n'allait soulager. « Pourquoi jusqu'aujourd'hui j'ai été enfant, adulte, polonais, soldat, officier, étudiant, marié, père, argentin, vendeur de meubles, mais jamais juif ? Pourquoi je n'ai jamais été juif comme je le suis aujourd'hui - aujourd'hui où je ne suis plus que ça. » Comme tous les Juifs, Vicente avait pensé qu'il était beaucoup de choses jusqu'à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait était une seule chose : être juif. "
"Être juif, pour lui, n'avait jamais été si important. Et pourtant, être juif, soudain était devenu la seule chose qui importait.  « Mais pourquoi je suis juif ? Pourquoi, aujourd'hui, je ne suis que ça ? Pourquoi je ne peux pas être juif et continuer d'êtretout ce que j'étais auparavant ? »"
" ...les nazis ne tuaient pas les Juifs parce qu'ils étaient polonais, vieux, inutiles, blonds, mariés, célibataires, boiteux ou parce qu'ils avaient mauvaise haleine : ils les tuaient parce qu'ils étaient juifs. En 1941, être juif était devenu, grâce à ceux qui cherchaient à les exterminer, la condition fondamentale de millions de personnes qui, comme Vicente, n'avaient jamais accordé une grande importance à cette caractérisation, à cette appartenance mi-religieuse, mi-ethnique, et trois quarts n'importe quoi. En 1941, être juif était devenu une définition de soi, qui excluait toutes les autres, une identité unique : celle qui déterminait des millions d'êtres humains - et qui devait, également, les terminer."
"Vicente avait été un homme installé : quarante ans, marié, deux filles et un fils, des amis, un magasin qui marchait, une ville qui ne lui était plus étrangère. Il avait été un homme comme plein d'autres hommes, heureux et malheureux, chanceux et malchanceux, vif, fatigué, présent, absent, souvent insouciant, parfois passionné, rarement indifférent. Il avait été un homme comme tant d'autres hommes, et soudain, sans que rien n'arrive là où il se trouvait,  sans que rien ne change dans sa vie de tous les jours, tout avait changé. Il était devenu un fugitif, un traître. Un lâche. Il était devenu celui qui n'était pas là où il aurait dû être, celui qui avait fui, celui qui vivait alors que les siens mouraient. Et à partir de ce moment-là, il a préféré vivre comme un fantôme, silencieux et solitaire."
P.O.L, 191 pages. Mai 2019


mardi 8 octobre 2019

"Les simples" de Yannick Grannec







Au bord de la Loup dans le pays de Vence, au bout du chemin du chef de Dalmas, en haut de la colline, se trouve le monastère de Notre-Dame du Loup où vivent des moniales.
Ces soeurs sont notamment connues pour leur hôpital et l'utilisation et la connaissance qu'elles ont des simples - les plantes médicinales.
Pour quelques heures de lecture on pénètre à l'intérieur de ce couvent pourtant fermé au public, et on y fait la connaissance de tout un système, une organisation très précise.
Il y a les Soeurs de choeur qui sont les moniales vouées à la prière, issues de familles riches qui ont pu leur donner une dot - aussi appelées les Marie, et les converses en générale d'origine modeste et qui assurent les travaux domestiques - qu'on appelle les Marthe.
Au-delà de cette hiérarchie simple une autre plus complexe est établie avec à sa tête la mère abbesse, ici Mère Marie-Vérane, puis la prieure et les soeurs discrètes dont la chancelière, la tourière et la cellérière, chacune ayant un rôle bien défini. Il y a aussi la circateure, la réglementaire, la chancelière, la préchantre, l'intendante.....
Dans ce monastère logent aussi des jeunes filles pensionnaires, de jeunes apprenties, de futures moniales.
À hôpital les soeurs ont pour habitude de prendre soin de la population locale, mais uniquement des femmes et des enfants ; elles vendent aussi quelques produits "pharmaceutiques" de leur fabrication ce qui leur permet un petit revenu, ces privilèges qu'elles ont obtenu après avoir soigné François 1er font des envieux et des jaloux et notamment en la personne de Jean de la Soline l'évêque local qui aimerait bien mettre la main sur les petits bénéfices des louventines.
Il envoie donc son jeune vicaire Léon de la Sine accompagné du vieux Dambier pour inspecter ce monastère et tenter de trouver une faille pour les faire plier.
L'arrivée du jeune Léon va provoquer une série d'évènements où la nature humaine ne se manifestera pas sous sa meilleure forme - et en particulier pour un milieu religieux...
Des querelles vont naitre et les jalousies longtemps cachées et tues seront exposées au grand jour.
Nous sommes en 1584, l'hérésie et la sorcellerie encourent une mort certaine souvent précédée de torture.

J'ai retrouvé avec un immense plaisir la plume de Yannick Grannec qui a un vrai talent pour dépeindre et décrire une ambiance, une époque.
J'ai été transporté au XVIème siècle dans cette campagne et cette abbaye, je me suis attachée à certaines nonnes tandis que d'autres m'ont révoltée.
Mais c'est affaire de relations humaines et dans humain il y a faille et faiblesse.

J'ai trouvé très intéressant de découvrir le fonctionnement du monastère, son fonctionnement interne mais aussi ses relations avec les hommes extérieurs et les autres hommes de dieu....
Une époque où la religion avait main-mise sur beaucoup de choses de la vie, une époque où la femme n'était pas grand chose.

Une fiction qui emporte et qui transporte, un vrai plaisir !
"Aux grands, la charge ; aux petits, le devoir"

Éditions Anne Carrière, 442 pages. Août 2019

lundi 7 octobre 2019

"La cage dorée" de Camilla Läckberg




Fay est mariée à Jack avec qui elle a une petite fille, Julienne.
Jack est riche, beau brillant, tout lui réussi.... et il délaisse sa femme qui se sent seule, moche, grosse, abandonnée, faible.
Jusqu'au jour où Jack annonce à Fay qu'il la quitte et qu'elle se retrouve seule, vraiment, sans le sou...
Alors Fay va mettre au point sa vengeance, et rien ne l'arrêtera jusqu'à ce qu'elle y arrive.
Elle est soutenue par sa meilleure amie Chris et par Kirsten une femme elle-aussi maltraitée par son mari et qui recueille Fay.

Nous sommes loin des enquêtes d'Erika et Patrick, que j'aime énormément.

Nous suivons Fay dans sa quête de vengeance tout en faisant quelques aller-retour dans son passé pour essayer de mieux la connaître.
Je reconnais avoir dévoré ce roman parce que l'écriture de Camilla Läckberg est très prenante et je me suis laissée prendre dans l'histoire. En revanche, il est vrai qu'il faut rester large d'esprit parce qu' il y a quelques facilités dans l'histoire.
Fay qui est une femme brillante réussit à monter une entreprise en moins de 3 ans et à se faire beaucoup beaucoup d'argent... les personnes qui l'aident sont très généreuses et prêtes à tout pour l'aider.
Bon clairement il y a des choses qui ne sont pas crédibles, mais si on veut juste passer un bon moment de lecture facile sans prise de tête et ben c'est parfait.

Attention, ici les hommes sont méchants, violents, menteurs, ils trompent leur femmes, les frappent....
Un roman soi-disant féministe, mais je ne trouve pas le personnage de Fay très complaisant, elle est elle-même pas toujours jolie, jolie dans ses actes et hormis accepter qu'elle a vécu une enfance très difficile on a tout de même du mal à croire à la réalité de son personnage.
Mais voilà parfois on a besoin d'un bon roman à l'eau-de-rose, ou d'un thriller/policier "facile".
Donc pour conclure si vous avez quelques heures à passer calé dans un bon fauteuil, sous la couette, ou sur la plage, sans vouloir vous prendre la tête ce roman est parfait !!

Actes Sud, 343 pages. Avril 2019

vendredi 4 octobre 2019

"Jour de courage" de Brigitte Giraud


"Autodafé était un mot que les élèves découvraient, et sur lequel Mme Martel voulait qu'ils réfléchissent. Un mot dont elle leur avait prié de noter l'étymologie et dont elle avait expliqué que c'était une cérémonie expiatoire par laquelle les tribunaux de l'Inquisition avaient fait exécuter leurs jugements, le plus souvent par la destruction de personnes ou d'objets par le feu. Une définition pointilleuse que chacun s'était mise dans la tête pour le jour du contrôle, mais qu'ils avaient oubliée aussitôt. Sauf Livio" 
Livio est en terminale et doit présenter un exposé devant sa classe en cours d'histoire, le thème est l'autodafé.
Il a choisi de parler du premier autodafé commis par les nazis à Berlin en 1933 sur la bibliothèque de Magnus Hirschfeld, un médecin qui avait créé un institut pour la recherche sexuelle. Dans cet institut on pouvait trouver des laboratoires, des cabinets de consultation et bien sûr une abondance d'ouvrages littéraires, médicaux ou psychologiques en lien avec la sexualité.
Et lorsque l'on parle de sexualité on parle d'homosexualité. Et Livio en profite pour faire de manière discrète mais indéniable son coming-out devant sa classe et sa petite amie.

La majorité du roman se situe dans la salle de classe avec l'exposé de Livio et surtout toutes les diversions qu'il fait au cours de son discours.
C'est un roman court mais intense, un roman sur l'intolérance mais aussi la solitude, la solitude quand on se sent différent, la solitude à l'école parmi ses camarades et la solitude au sein de sa propre famille.
C'est mon troisième roman en un mois avec la mise en scène de jeunes garçons adolescents de 16/17 ans (l'âge de mon fils), c'est perturbant de voir tout ce qu'il peut se passer dans la tête d'un adolescent, toutes les émotions par lesquelles ils passent.
J'ai aimé que ces romans me poussent à la réflexion, à la compréhension, ouvrent mon esprit à autre chose, même si parfois ça fait un peu peur.
"On avait l'impression que Livio riait intérieurement et que la prise de parole était en train de le changer. Il découvrait le pouvoir de mots et l'emprise qu'il pouvait avoir sur son auditoire. C'est lui qui dirigeait, lui qui décidait, de ce qu'il omettait ou pas, ce qu'il soulignait ou non, ce qu'il assénait comme une vérité ou comme une hypothèse à vérifier, et c'est aussi  pour cela que leur professeure tentait l'expérience. [...] pour que chacun comprenne que la voix haute est un outil de pouvoir, et même une arme. Celle qu'utilisent les hommes d'État et les dictateurs pour manipuler le peuple, cela commence toujours par l'art du discours, les mettait-elle régulièrement en garde."
Flammarion, 156 pages. Août 2019

lundi 30 septembre 2019

"La chaleur" de Victor Jestin


C'est l'été, il fait chaud, très chaud.
Un camping où les jeunes s'amusent, font la fête le soir sur la plage, se draguent.
Et puis il y a Léonard, 17 ans, qui ne se joint pas aux autres et qui une nuit arpente le camping et en arrivant au parc pour enfants assiste à la mort d'Oscar qui s'étrangle avec une balançoire. Il ne fait rien pour le sauver, le regarde droit dans les yeux, le regarde mourir.

Le lendemain c'est la dernière journée de vacances, Léonard doit repartir avec ses parents, mais la journée est longue, s'étire... Plusieurs fois il se dit qu'il doit parler, à la mère d'Oscar, à ses parents, à Luce, aux gendarmes... mais à chaque fois il n'y arrive pas. Léonard ne sait pas pourquoi il agit ainsi.

La journée est chaude, lourde. On la vit avec Léonard, dans sa tête, l'ambiance s'épaissit, s'alourdit, l'orage approche.
Les relations entre les adolescents sont compliquées, il y a les jeux de séduction, de pouvoir, de sexe.

Léonard a-t-il tué Oscar ? Est-il responsable ?

Ce premier roman, qui se lit d'une traite, est terriblement perturbant ; l'atmosphère est extrêmement bien rendue, on sent l'air poisseux, la chaleur lourde dans le chant des grillons, les questions qui tournent dans la tête de Léonard, le cerveau qui s'embrume.

C'est flippant de voir l'écart entre la raison et l'inconscience, au moment du passage à l'acte et ensuite.
Brrrrr j'en tremble encore.... et pas sûr d'avoir saisi le message.


Flammarion, 139 pages. Mai 2019

vendredi 27 septembre 2019

"Les choses humaines" de Karine Tuil


Jean Farel est un journaliste/présentateur politique de télé depuis plus de 30 ans, il s'est construit seul ce qui le rend intransigeant ; il est ambitieux et ne veut laisser sa place à aucun prix bien qu'il ait déjà atteint les 70 ans. La vieillesse et la mise à l'écart le terrorise.
Il est marié à Claire Farel, une franco-américaine, essayiste et féministe, 30 ans plus jeune que lui.
Ensemble ils ont un fils unique, Alexandre, brillant étudiant à Standford en Californie.

Cette famille va être bouleversée, renversée, écrasée, par une accusation de viol. Accusation qui survient juste après l'affaire Weinstein  et en plein #metoo et #balancetonporc.

Karine Tuil nous décrit avec finesse et précision le milieu journalistique de la télé, le pouvoir, la peur de vieillir et d'être évincé. Encore une fois elle ne cache rien de ses personnages et en fait des être humains complets avec leurs qualités, leurs défauts et surtout leurs questionnements ....

C'est un roman qui parle de viol, de sexe, de consentement, mais aussi de zone grise.
Un roman qui parle très bien de notre société mais sans simplification, elle nous montre parfaitement l'ambiguité des situations, les rouages de la justice, l'ambivalence des personnages.
Un roman qui fait beaucoup beaucoup réfléchir, il n'y a pas de parti pris mais l'exposition d'une histoire, de faits, de ressentis, et honnêtement, c'est perturbant.
Que l'on se mette à la place de chacun des personnages et nos émotions, nos impressions changent et évoluent, pour ça ce roman est brillant.

Mais cette ambivalence fait un peu peur, on voudrait que les choses (humaines) soient plus simples que ça...
Ce que Karine Tuil pointe du doigt est la complexité de l'humain et des relations, la complexité du jugement mais aussi des émotions ressentis, des moments vécus.
Ce qui est effrayant c'est que chacun est sincère, et pourtant chacun voit sa vie détruite.
Un livre remarquable qui pousse à la réflexion. Une fois la dernière page tournée on ne peut pas le quitter comme ça, on a besoin d'y penser, d'en parler, de discuter.

Gallimard, 342 pages. Juin 2019

mercredi 25 septembre 2019

"Le ciel par-dessus le toit" de Nathacha Appanah




Dans ce court roman, l'auteur met en scène Loup, un jeune garçon de 17 ans pas tout à fait comme les autres, qui se retrouve en prison après avoir pris une voiture sans permis pour retrouver sa soeur et provoqué un accident.
Sa mère, Phénix, a élevé ses deux enfants seule, après une enfance difficile qui lui a fait fuir sa famille.
Paloma la soeur de Loup a fini par partir elle-aussi, fuir l'oppression, le poids de cette famille.
Les deux femmes sont obligées de reprendre contact pour aider Loup.

L'écriture de Nathacha Appanah est fine, jolie, on dirait de la dentelle et pourtant ce qu'elle raconte est sombre, en peu de mots elle arrive à nous en dire tellement, elle manie parfaitement l'art de la suggestion.
Mais malheureusement c'est aussi pour moi mon petit bémol, j'ai eu la sensation d'être observatrice derrière un voile, d'assister à des scènes auxquelles je n'ai finalement pas réussi à m'attacher. Je suis restée trop "loin" des personnages, et je le regrette bien car tout était là pour me plaire.

Ce roman reste un livre magnifiquement écrit avec beaucoup de poésie.

Gallimard, 125 pages. 2019

"le bal des folles" de Victoria Mas



1885, la Salpêtrière est un lieu d'enfermement, enfermement de femmes, de femmes "folles".
Mais ce mot de "folle" englobe beaucoup de définitions.... la plus simple étant ⟨toute femme qui dérange⟩.
De la femme adultère à la prostituée, de l'hystérique à la mélancolique, celle dont on a honte, celle qui ne doit pas entacher un nom...
Bien entendu ce sont souvent les hommes qui font enfermer ces femmes, les maris, les pères, les frères....
Dans ce célèbre hôpital parisien, le docteur Charcot officie, et notamment il hypnotise. Alors son cours du vendredi est toujours plein, d'hommes, bien sûr.
Et une fois par an il organise le bal de la mi-carême, bal auquel le tout-Paris voudrait assister car y sont "exposées" les aliénées de l'hôpital.

Des destins de femmes se croisent, se télescopent, s'entrelacent... et particulièrement Louise la jeune adolescente amoureuse et ingénue, Thérèse l'ancienne prostituée qui tricote et a trouvé un refuge dans cet asile, Geneviève la fidèle et dévouée infirmière et Eugénie la fille de bonne famille, la rebelle.

Une description très fine de l'époque, de Paris, on entend le bruit des sabots sur les pavés, on voit les moustaches et les chapeaux, les tenues des femmes, les rues le long de la Seine, on entre très facilement dans ce très beau premier roman et on se laisse happer par l'histoire.
J'ai beaucoup aimé l'histoire et me suis attachée aux personnages, j'ai même maintenant envie de croire aux esprits...😉

Un premier roman tout à fait réussi, une auteur à suivre !

Albin Michel, 251 pages. Août 2019


dimanche 22 septembre 2019

"Sale gosse" de Mathieu Palain




Le sale gosse c'est Wilfried, dont l'histoire est le fil conducteur du roman.
Il n'est pas tout seul, il y en a d'autres, des "sales gosses", et aussi des éducateurs, des juges, des parents.

Ce roman nous parle des enfants mal-traités, mal-aimés, abandonnés ; des enfants qui doivent apprendre à vivre et à se construire malgré des blessures profondes, des enfants qui volent, qui violent, qui agressent, qui se prostituent, qui se droguent.

Ces enfants là ne vivent plus chez leurs parents, ils sont en famille d'accueil ou en foyer ou encore dans des "prisons" pour jeunes.

Et avec eux -autour d'eux - il y a les éducateurs, les assistants sociaux, les psychologues, qui font tout pour les aider, les soutenir, les pousser ; pour qu'ils changent de vie, pour qu'ils changent leur vision de la vie....
Combien d'enfants perdus pour un de sauvé ?

Un roman qui nous plonge au coeur de la misère affective, au coeur de l'insécurité liée à l'absence de cocon familial.
Un premier roman très bien construit, que j'ai dévoré en une journée, qu'on lit presque comme un documentaire ;  je me suis attachée à ces gamins et surtout je suis extrêmement admirative du boulot fait par les travailleurs sociaux, un boulot pas facile au quotidien et qui doit être difficile de laisser à la porte de sa maison en rentrant le soir.


L'Iconoclaste, 350 pages. Août 2019

vendredi 20 septembre 2019

"Les déracinés" de Catherine Bardon


"Regarde-les donc bien ces apatrides,
toi qui as la chance de savoir où sont ta maison
et ton pays [...]. Regarde-les bien, ces déracinés, 
toi qui as la chance de savoir de quoi tu vis
et pour qui, afin de comprendre avec humilité à quel
point le hasard t'a favorisé par rapport aux autres. Regarde-les
bien, ces hommes entassés à l'arrière
du bateau et va vers eux, parle-leur, 
car cette simple démarche, aller vers eux, 
est déjà une consolation."
Stefan Zweig, Voyages

"Les déracinés" c'est l'histoire de 30 années de vie d'Almah et Wilhelm qui démarre avec leur rencontre à Vienne en Autriche en 1932.
Ils sont jeunes, ils sont beaux, insolents de vitalité, et devant eux, un bel avenir à construire. Ils sont très amoureux et ne veulent pas voir ce qui se passe autour en Allemagne mais aussi en Autriche jusqu'à ce que cela devienne inéluctable et que leur judéité les conduise à l'exil.
Ce sera un long, très long voyage pour arriver à leur destination finale, la République Dominicaine, où le dictateur en place, Trujillo, accorde des visas à des émigrés juifs afin de bâtir un kibboutz dans le nord de l'île et d'y installer une nouvelle communauté juive.
Comment Almah et Wilhelm vont-ils parvenir à vivre sur cet île, loin de leur famille, de leur pays, loin des rêves qu'ils avaient pour eux-mêmes ? Comment une communauté peut-elle naître de rien au bout du monde, loin de ses racines ? Peut-on justement se créer de nouvelles racines ?

Ce premier roman très dense explore tout un pan de l'Histoire par le biais de ce couple et de cette future famille que l'on suit avec tendresse tout au long de leur vie.
Pour ma part c'est une découverte, encore, que cette communauté de juifs qui ont été envoyés en République Dominicaine. Était-ce une expérimentation en vue de la création d'un état d'Israël, ou réellement une volonté de sauver des vies ?
On réalise encore plus à quel point des gens, à cause de leur religion/origine, ont été déplacés sans que l'on ne tienne compte de leurs désirs, des liens avec leur famille.
Les déracinés est un mot très fort mais qui représente bien ce que ces familles ont vécu.

Je découvre aussi la République Dominicaine et un peu de son histoire, la violence de la dictature, encore et toujours, mais aussi la chaleur, le sourire, la bienveillance des dominicains.

C'est un roman fleuve dans lequel on se jette et lorsqu'on relève la tête on ne peut qu'être bouleversé par ce couple magnifique et la vie qu'ils ont mené.
J'ai particulièrement aimé le personnage d'Almah, une femme forte et tendre à la fois, une femme heureuse, gaie et déterminée.

Un très beau premier roman.

Les escales, domaine français, 608 pages. Mai 2018

mardi 17 septembre 2019

"Soif" d'Amélie Nothomb



J'avais décidé de ne plus trop lire les livres d'AN mais ayant lu des bribes de ce dernier opus ma curiosité a été fortement aiguisée....
AN se met dans la peau de Jésus Christ et prend sa voix. Depuis la fin du procès de JC, jusqu'à la passion, la crucifixion et la résurrection.
Bien entendu c'est très perturbant (d'essayer) d'accepter de rentrer dans ce jeu (je) là. Est-ce d'avoir été élevée dans une famille catholique ou de toucher à une "icône" de notre tradition culturelle ?
Quoi qu'il en soit c'est une lecture extrêmement intéressante une fois que l'on a accepté le postulat de départ.

Au cours de ces dernières heures, Jésus revient sur certains grands moments de sa vie, ainsi on les lit avec "son" point de vu, son ressenti.
On découvre un Jésus humain, avec des pensées pas toujours positives, un amour parfois défaillant ou déficient pour ses acolytes, un Jésus amoureux, un Jésus fils de sa mère et protecteur.
AN n'est pas tendre avec lui, elle nous le dépeint comme n'importe quel être humain avec ses faiblesses, ses imperfections. La relation à son père (Dieu) est aussi très curieuse. La manière dont il voit Pierre, Judas ; son omniscience qui lui permet de savoir ce que les uns et les autres vont dire, faire, écrire.

Le titre de la soif est très bien expliqué, j'aime beaucoup l'idée que Jésus donne de la soif, son lien à Dieu et à la foi.

AN démonte le principe essentiel de tout (bon) chrétien qui est "aime ton prochain comme toi même"; comment Jésus peut-il enseigner ce principe si il n'est pas capable de s'aimer suffisamment pour se "sauver" de la crucifixion .... Un bon débat philosophique en perspective !

Mon seul petit bémol sur ce livre est le ton et le vocabulaire employés qui sont pour moi beaucoup trop contemporains et qui parfois m'ont gênée pour adhérer à l'idée du texte.

Un livre dérangeant,
forcément,
mais exaltant,
assurément !

Un point de vue original, à ne pas prendre au premier degré, mais à réfléchir et penser.

"Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques. Ils se trompent. Il suffit d'avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut. Et l'instant ineffable où l'assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d'eau, c'est Dieu.[...] Tentez cette expérience : après avoir durablement crevé de soif, ne buvez pas le gobelet d'eau d'un trait. Prenez une seule gorgée, gardez-la en bouche quelques secondes avant de l'avaler . Mesurez cet émerveillement. Cet éblouissement, c'est Dieu"
"Aime ton prochain comme toi-même. Enseignement sublime dont je suis en train de professer le contraire. J'accepte cette mise à mort monstrueuse, humiliante, indécente, interminable : celui qui accepte cela ne s'aime pas." 

Albin Michel, 152 pages.

lundi 16 septembre 2019

"Un coeur pur" de Jérôme Abranel


Lorsqu'Etienne décède c'est son ancien voisin Sam qui se retrouve en charge de la liquidation de sa maison, c'est à dire la vider et la vendre. Aux funérailles de l'homme ne sont présents, en dehors de lui, que Pierrette sa femme de ménage et une mystérieuse femme qui quitte l'endroit avant que Sam n'ai le temps de lui poser des questions.

Sam ne conserve pas grand chose de son ami, hormis des carnets et les clés d'une maison qu'il louait sur l'île de Groix.
En se rendant sur cette île Sam va découvrir qui était réellement son ami Etienne, d'où il venait et quel homme il était, un coeur pur...

Ainsi en alternant la lecture des carnets d'Etienne on découvre aussi la vie de Sam, ancien parisien venu s'installer à Nantes la tête pleine de rêves et de projets.

Ce premier roman se lit assez rapidement car on est vite pris par les histoires de chacun de ces deux hommes, l'alternance est bien faite et pousse notre curiosité à continuer.
C'est une histoire pleine de douceur, d'empathie, de bienveillance.

Mon petit bémol est plutôt sur le style littéraire qui est parfois un peu poussif et lourd, on sent que l'auteur veut bien faire, mais parfois la simplicité est ce qu'il y a de mieux. La deuxième partie du roman est nettement supérieure, ce qui me laisse penser qu'il faudra suivre cet auteur sur son prochain roman.

Je tiens à remercier l'auteur qui m'a contactée pour que je lise son livre, je lui sais gré de sa confiance.

Librinova, 196 pages.

"Le coeur de l'Angleterre" de Jonathan Coe




Nous retrouvons la famille Trotter qui évolue en même temps que son pays au gré des aléas de la vie quotidienne et de l'histoire politique de l'Angleterre de 2010 à 2018.
Toute une décennie qui passe par la cohabitation, les émeutes de 2011, la liesse des Jeux Olympiques et bien sur le référendum qui amène au Brexit.

Lorsque nous reprenons le cours de la vie des Trotter, Benjamin vit depuis quelques mois dans un moulin, il ne travaille plus et tente de devenir écrivain. Sa conscience politique mettra beaucoup de temps à s'éveiller, ce n'est pas quelque chose qui l'intéresse, mais lorsque la question de quitter l'Europe va se poser, son intérêt va rapidement évoluer.
Pendant ce temps sa soeur Loïs vit toujours à York où elle est bibliothécaire, sans être vraiment séparée de son mari elle ne vit pas dans la même ville que lui, toujours obsédée par ses vieux démons, à savoir l'attentat dans un Pub où elle était présente à la fin des années 70 avec son amoureux de l'époque.
Sa fille Sophie est universitaire, spécialisée dans l'histoire de l'Art, elle va enfin rencontrer quelqu'un mais les divergences politiques sont parfois cruelles dans un couple.
Et puis il y a Doug le vieux copain d'école de Benjamin, un journaliste politique reconnu et qui régulièrement rencontre Nigel le responsable de la communication du 10 Downing Street, leurs échanges réguliers sont assez bien vus et plutôt amusants vu de l'extérieur.

De nombreux autres personnages apportent une vision plus précise sur la société et l'on se rend compte que les magouilles politiques et la langue de bois sont décidément les mêmes quelque soit le pays.
La vision des hommes politiques et de la politique en général est assez critique et parfois sarcastique mais comment en vouloir à nos personnages !
L'approche du référendum augmente les tensions, les discussions, et même au sein des familles et des couples les désaccords se font de plus en plus ressentir, et on voit très bien comment les politiques et les gens du "peuple" n'ont pas la même lecture des évènements ni les mêmes attentes.
Et puis il y a ceux qui cherchent à profiter de toutes situations... ceux qui n'ont aucun scrupule et ne pensent qu'à leurs propres bénéfices.

Bref un roman passionnant qui se dévore grâce à la fluidité de l'écriture, et une excellente traduction.


Gallimard, 545 pages.
Traduction de l'anglais par Josée Kahoun.

mardi 10 septembre 2019

❤️❤️❤️ "Jolis jolis monstres" de Julien Dufresne-Lamy


"Jolis jolis monstres" est un roman qui nous parle de l'univers des drag-queens aux États-Unis des années 80 à nos jours.

James et Victor se croisent dans un pub, le premier, une cinquantaine d'année, afro-américain, est client, le second, petit jeune de 23 ans, d'origine mexicaine, est le barman.
Dans une première partie ils vont se raconter jusqu'à cette première rencontre, puis dans la seconde on les suit après, ce qu'ils deviennent ensemble.

Chacun raconte l'autre dans un tutoiement qui donne une vigueur et une énergie au texte incroyable.

James fut Lady Prudence du temps de sa splendeur, il n'a pas démarré à NY mais c'est là qu'il a fait sa vie de drag-queen, il nous dit toutes les difficultés qu'il a rencontré mais aussi ses joies et ses bonheurs.
Victor est un jeune homme, marié, déjà papa mais qui sent ce besoin confus, mystérieux et intense de devenir une drag-queen.

Ces deux personnages sont tellement attachants et touchants, ils sont restés avec moi et ne me quittent  plus. Avec eux on découvre ce milieu si particulier mais qui a bien changé en 40 ans.
L'arrivée du sida, la fermeture des clubs, et puis aujourd'hui l'hypermédiatisation avec les émissions de télé-réalité.

Beaucoup de personnages valsent autour de nos deux protagonistes principaux, chacun a sa particularité, chacun nous émeut, chacun nous attendrit mais nous enflamme aussi.

Il y a de la musique, de la danse, la fête et les rires, mais aussi de la violence, le rejet, l'incompréhension et la maladie.

C'est un livre qui renverse tous les codes, en tout cas les miens, il m'emmène dans un lieu que je ne connais pas et que j'ai aimé découvrir, il casse des tabous et des préjugés, il ouvre notre esprit à la différence.

Remarquable et bouleversant, encore une preuve que la lecture est une ouverture sur le monde, sur l'autre, sur nous. Un livre qui m'a rendu heureuse de lire, encore une fois !

❉ Dans ce livre on retrouve des personnages qui ont réellement existé, à la fin il y a des photos, mais vous pouvez aussi voir le documentaire "Paris is burning" sur Netflix de Jennie Livingston.
"« Monstres », ça revient toujours. C'est drôle quand on y pense. Certains répètent inlassablement qu'on est des monstres. Des fous à électrocuter. Alors que d'autres pensent que l'on est les plus belles choses du monde."
"...Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. C'est vrai que nous sommes les plus jolis monstres du monde."
Belfond, 416 pages.