Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

mercredi 29 avril 2020

❤️❤️❤️ "La peste" de Albert Camus



"... l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. "


Il y a quelques années j’ai trouvé chez un bouquiniste de rue un exemplaire de la Peste, édité au cours des années 60, je le gardais précieusement de côté mais depuis quelques mois je l’avais ressorti pour le mettre en haut de ma Pile-à-Lire et finalement au vu de la situation je me suis dit qu’il était temps.


Chroniquer « La peste » n’est vraiment pas aisé…
Je me sens toute petite face à ce monument de la littérature et je trouve difficile de devoir écrire à son sujet. J’ai beaucoup repoussé ce moment me demandant même si cela était nécessaire ; mais c’est un livre que j’ai lu, un livre qui m’a beaucoup plu donc je vais en parler, le plus humblement possible, et sûrement très mal, pardonnez-moi d’avance !


Oran, des rats meurent, dans les immeubles, dans les rues, des dizaines puis des centaines et rapidement les hommes sont touchés. On n’ose prononcer ce mot affreux de « peste » mais c’est bien d’elle dont il s’agit.

"Par conséquent, il importe peu que vous l'appeliez peste ou fièvre de croissance. Il importe seulement que vous l'empêchiez de tuer la moitié de la ville."

Et puis la ville est mise en confinement, elle est fermée, on ne peut plus ni entrer ni sortir, c’est le début de l’exil. 


On suit le docteur Rieux, qui pourrait aujourd’hui être associé à un lanceur d’alerte, car il comprend vite de quoi il s’agit et se bat avec la préfecture pour faire appliquer les règles strictes liées à une épidémie.
Petit à petit le nombre de malades et surtout de morts va augmenter et la ville va devoir s’organiser pour gérer cette situation au mieux. Les écoles sont réquisitionnées, ainsi que les stades, tout espace qui peut être utilisé pour être transformé soit en hôpital soit en lieu de quarantaine.
La résistance ( ! ) se met en place aussi autour du Docteur Rieux, notamment avec Tarrou et Rambert qui se battront jusqu’au bout pour aider leurs prochains.


Bien sûr Camus a écrit ce livre peu de temps après la seconde guerre mondiale et tout le monde sait qu’il fait une belle analogie entre la peste et le nazisme. On peut retrouver assez facilement les parallélismes et associations d’idées qui sont d’ailleurs souvent très intelligentes et surtout très bien représentés.
Cependant, sans le savoir, il a aussi écrit une vraie belle description d’une épidémie, voire même d’une pandémie si l’on compare Oran à notre humanité. 
Certains passages sont tellement d’actualité que c’en est troublant. Il y a tant de situations que l’on peut appliquer à ce que notre monde vit aujourd’hui, tant de situations que nous comprenons tous, malheureusement.


J’ai énormément apprécié ce livre, pour sa lecture à deux niveaux, pour la finesse de l’auteur, celle de Rieux et de ses amis Tarrou et Rambert dont les motivations initiales sont assez différentes mais qui finalement se rejoignent dans leur humanité.
 Je me suis attachée à ces personnages (malgré l’absence cruelle des femmes …)

"C'est que rien n'est moins spectaculaire qu'un fléau et, par leur durée même, les grands malheurs sont monotones. Dans le souvenir de ceux qui les ont vécues, les journées terribles de la peste n'apparaissent pas comme de grandes flammes somptueuses et cruelles, mais plutôt comme un interminable piétinement qui écrasait tout sur son passage."  
"Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés, comme on dit, parce qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement. Ils avaient encore, naturellement, l'attitude du malheur et de la souffrance, mais ils n'en ressentaient plus la pointe." 
"... l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. "
"Rieux secoua la tête avec son mouvement habituel, et dit que c'était l'affaire de Rambert, que ce dernier avait choisi le bonheur et que lui, Rieux, n'avait pas d'arguments à lui opposer. Il se sentait incapable de juger de ce qui était bon ou de ce qui était mal en cette affaire."
"Tarrou avait perdu la partie, comme il disait. Mais lui, Rieux, qu'avait-il gagné ? Il avait seulement gagné d'avoir connu la peste, et de s'en souvenir, d'avoir connu l'amitié et de s'en souvenir, de connaître la tendresse et de devoir un jour s'en souvenir. Tout ce que l'homme pouvait gagner au jeu de la peste et de la vie c'était la connaissance et la mémoire. Peut-être était-ce cela que Tarrou appelait gagner la partie ? "
"... et pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser."  
Gallimard, 332 pages. 1947

samedi 18 avril 2020

"Crazy brave" de Joy Harjo




Avec ce court récit je découvre Joy Harjo qui est une poétesse et musicienne américaine d’origine amérindienne, de la tribu et de culture creek.

Dans ce texte  elle nous livre son histoire de sa naissance jusqu’à ses vingt ans, lorsqu’elle décide de prendre sa vie en main et découvre qu’elle aime la poésie.

Quatre parties nommées selon les quatre points cardinaux, s’ouvrant chacune sur un poème qui nous donne le mot clé d’une partie de sa vie ; il y a le commencement, l’ennemi(s), le dénouement et la délivrance.
  
Ses débuts n’auront pas été faciles entre un père alcoolique et absent, un beau-père violent, une grossesse très jeune… mais elle a toujours su vivre selon son instinct, son système d’alarme et respecter le plus profond de son âme. Elle a fait ses choix et les a assumés.

Âme qui revêt une importance toute particulière lorsqu’elle se mêle à sa culture amérindienne très forte.
L’autre monde y est très présent, ainsi que l’âme et ses voyages.

C’est un livre un peu particulier et j’aurais des difficultés à en parler sans avoir un échange, je ne suis pas certaine d’avoir perçue toutes les subtilités et je suis restée un peu en dehors malheureusement.
Il y a de très très beaux passages qui m’ont beaucoup touché mais j’ai aussi ressenti une certaine distance et froideur dans le texte. 
J’ai particulièrement aimé les poèmes et surtout les petits « contes » qui se trouvent au milieu et qui sont un autre moyen de se raconter, je les ai trouvé plus fort, plus plein d’émotions. 


❀❀❀
"En vérité, chacun de nous est seul, devant ses gouffres de tristesse..."
"Lors de sa venue au monde, chaque âme est accompagnée. Généralement, c'est un ancêtre avec lequel l'enfant partage des traits de caractère et des dons particuliers."
"Vers l'âge de treize ans, j'en ai eu assez de tous ceux qui se servaient de la Bible pour prouver la supériorité des Blancs et imposer la domination des femmes par les hommes, et je ne supportais plus l'interdiction de danser ni les mises en garde contre les prophéties et les visions."
"Je préférais voir en Dieu un bien-aimé plutôt qu'un homme blanc colérique et déterminé à détruire tous ceux qui ont de l'imagination."
"Nous étions tous des «Peaux-Rouges», embarqués dans un même voyage et en pleine métamorphose, confrontés aux mêmes traumas liés à la colonisation et à la déshumanisation. Nous étions la preuve vivante du combat de nos ancêtres. " 
 ❀❀❀
Globe, 163 pages. Janvier 2020
Traduction de Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski.

lundi 13 avril 2020

❤️❤️❤️ "La panthère des neiges" de Sylvain Tesson




Dans ce récit, Sylvain Tesson nous livre ses observations et pensées lors d’un voyage qu’il a fait au Tibet, sur le haut plateau de Chang Tang au pied du mont Kunlun. Un voyage un peu particulier car invité par Vincent Munier, photographe animalier, il partait se mettre à l’affût de la panthère des neiges. Avec Munier et Tesson,  Marie, cinéaste-animalière (et fiancée de Munier) et Léo aide de camp de Munier - après avoir abandonné sa thèse de philo. Quel drôle d’équipage !

Les voilà à plus de 4000 m d’altitude dans une nature sauvage, aride, gelée mais tellement vivante. Vivante de tous ces animaux qui déambulent à peu près librement -malheureusement les braconniers font tout de même partis de cette réalité.
Il y a des gazelles, des ânes sauvages, des renards, des loups, des yacks, des kiangs, des pikas, des chirous, des chèvres bleues, de multiples oiseaux du plus petit au plus gigantesque tels les vautours et aigles royaux…
Partir en hiver, car c’est l’hiver que les panthères sont en rut, qu’elles sortent, qu’on a une chance de les apercevoir…

Ainsi en étant à l’affût, ils sont contemplateurs, observateurs, témoins de cette force de vie magnifique !
Le plaisir est presque plus dans l’attente, l’attente décuple la joie du moment de l’apparition.


Un livre qui parle de montagne, d’animaux, de contemplation, d’attente, de patience, de philosophie : la vie.
Que fait l’homme, quelles traces laisse-t-il ? Un livre pour ouvrir les yeux ?
Il y a l’aventure physique, géographique mais aussi cette aventure du questionnement sur l’humain, la vie.

Une très belle analyse de l’Homme en tant qu’être humain qui veut tout et son contraire, qui est un éternel insatisfait, lui-même ne se met pas en dehors de cet être humain là, ce n’est pas un jugement des autres mais bien de la nature humaine.
Une critique qui à lire aujourd’hui, au moment où nous vivons le confinement, est assez intéressante. En espérant que notre mémoire ne nous joue pas de mauvais tour à la sortie de cette crise….

Un livre court, mais dense, très dense.
Ce fut pour moi un voyage lent, progressif, j’ai pris le temps de relire des phrases entières, plusieurs fois.
D’en recopier…parce que la langue est belle, finement maniée, utilisée.

Je découvre cet auteur avec son écriture si belle et si simple à la fois ; le vocabulaire est précis, imagé, il sait stimuler notre imaginaire, on voit, ressent, entend…. On y est !


C’est un livre qui pendant sa lecture m’en a remémoré de très beaux, tel « Voyage d’une parisienne à Lhassa » de l’extraordinaire Alexandra David-Néel, ou encore « Sur les pas d’Alexandra… », le très beau « Funérailles célestes » de XinRan ainsi que le récit de Paolo Cognetti « Sans jamais atteindre le sommet ». Tous ces livres qui nous font voyager dans le monde et près de nos âmes.

"L'affût est un pari : on part vers les bêtes, on risque l'échec."
"la montagne était immobile, l'air pur, l'horizon vide. D'où un troupeau aurait-il débouché ? "
"Il célébrait la grâce du loup, l'élégance de la grue, la perfection de l'ours. Ses photos appartenaient à l'art, pas à la mathématique. "
"...je m'étais dit qu'il était fort dommage d'affubler du même nom de chasseur l'homme éventrant le mammouth d'un coup d'épieu et le monsieur à double menton distribuant sa volée de plombs à un faisan obèse, entre le cognac et le chaource. "
"On pouvait d'échiner à explorer le monde et passer à côté du vivant."
 "Alors l'inétendu s'étendit, l'ineffable connut le décompte, l'immuable s'articula, l'indifférencié prit des visages multiples, l'obscur s'illumina. Ce fut la rupture. Fin de l'Unicité !"
 "Avec Munier je commençais à saisir que la contemplation des bêtes vous projette devant votre reflet inversé."
"...l'une des traces du passage de l'homme sur la Terre aura été sa capacité à faire place nette."
" C'étaient des totems envoyés dans les âges. Ils étaient lourds, puissants, silencieux, immobiles : si peu modernes ! Ils n'avaient pas évolué, ils ne s'étaient pas croisés. Les mêmes instincts les guidaient depuis des millions d'années, les mêmes gènes encodaient leurs désirs. Ils se maintenaient contre le vent, contre la pente, contre le mélange, contre toute évolution. Ils demeuraient purs, car stables. C'étaient les vaisseaux du temps arrêté. La Préhistoire pleurait et chacune de ses larmes était un yack. Leurs ombres disaient : "Nous sommes d'ici et de toujours. Vous êtes de la culture, plastiques et instables, vous innovez sans cesse, où vous dirigez-vous ?""
"Aussitôt que nous l'apercevions [la bête], une paix montait en nous, un saisissement nous électrisait. L'excitation et la plénitude, sentiments contradictoires."
" Le cheminot défend le cheminot. L'homme se préoccupe de l'homme. L'humanisme est un syndicalisme comme un autre." 
Gallimard, 167 pages. Octobre 2019.

jeudi 9 avril 2020

"Les Rougon-Macquart" de Emile Zola - "La Fortune des Rougon"



Dans mon adolescence j’avais lu quelques romans de Zola et même si je n’ai pas exactement en mémoire les histoires et le texte, je me souviens en revanche très bien des sensations.
Je me souviens que j’avais aimé la langue avec laquelle on me racontait l’histoire, j’avais aimé – plus que ça même- l’ambiance dans laquelle je me trouvais, j’avais aimé les péripéties et aventures si vraies et je m’étais attachée aux personnages dont j’ai encore certain en mémoire….
Cela fait un petit moment que je souhaitais me (re)plonger dans cette gigantesque œuvre littéraire, et pour me motiver je m’étais offert le premier tome de la Pléiade de Zola !

Alors voilà, j’ai attaqué les Rougon-Maquart avec « la Fortune des Rougon », ce n’est surement pas le meilleur mais il a le mérite de poser les bases de la famille et de comprendre d’où l’on part.
Nous sommes à Plassans petite commune du Sud de la France, les quartiers sont bien séparés en fonction de la classe sociale des habitants et certains auraient bien envie d’évoluer et de changer de quartier. 
Le livre démarre au moment du coup d’état de décembre 1851 par Louis Napoléon-Bonaparte qui met fin à la deuxième République et va être à l’origine du Second Empire sous lequel se déroule toute cette saga familiale.

Pour mémoire, Adélaïde Fouque – dite Tante Dide – est à l’origine de cette grande famille, elle a d’abord épousé Rougon avec lequel elle a eu un fils Pierre, puis elle a eu pour amant Macquart qui lui donnera Antoine et Ursule. Bien entendu les demi-frères/sœur ne vont pas s’entendre.
Pierre et son épouse Félicité n’auront de cesse toute leur vie de tenter de devenir riche, tous les moyens sont bons mais c’est seulement à un âge tardif et donc à l’occasion de se coup d’état qu’ils vont enfin voir leurs vœux se réaliser et notamment grâce à l’aide de leur fils ainé, Eugène, qui se trouve à Paris et leur envoie des informations sur l’évolution de la situation et l’attitude à avoir.

L’histoire de cette famille est traversée par ce coup d’état et les rebelles révolutionnaires qui ne veulent pas abandonner leur chère République, mais aussi par la très jolie histoire d’amitié amoureuse entre Silvère (un neveu de Pierre Rougon) et Miette. Ces deux jeunes adolescents sont miséreux mais forts, vifs et ambitieux avec toute leur naïveté enfantine.

Dans ce premier roman Emile a mis en branle l’histoire de la famille Rougon-Macquart, nous pouvons déjà dessiner son arbre généalogique.
J’ai adoré me replonger dans cette époque si bien écrite et si bien rendue, je ne sais pas ce qui fait que dans l’écriture de Zola je me sens chez moi, je me sens bien et avide de savoir.
Je vais patienter un peu avant de lire le suivant mais j’ai déjà hâte de m’y remettre !


La Pléiade, 312 pages. 1871

mardi 7 avril 2020

"Petits secrets, grands mensonges" de Liane Moriarty




Dans la petite ville côtière de Pirriwee c’est la fin de l’année et les enfants de 5 ans se préparent à faire leur rentrée de Janvier en classe de maternelle.
Lors de la matinée d’accueil un petit incident entre eux va mettre le feu aux poudres dans les relations des adultes.

Parmi les personnages principaux que l’on suit, il y a la belle, magnifique, Céleste, épouse du richissime et non moins splendide Perry - souvent absent pour son travail -,  et mère des jumeaux Max et Josh.


Madeline est divorcée de Nathan avec qui elle a eu Abigaël, et heureusement mariée à Ed qui lui a donné deux enfants, Fred et Chloé.


Jane, plus jeune, vient d’emménager dans la ville, seule, avec son petit garçon Ziggy et semble cacher un lourd passé. 


Dès le début on comprend qu'un terrible drame est arrivé, qu'il y a un mort, mais nous ne découvrions qu'à la fin de qui il s'agit et ce qu’il s’est passé ; tout le roman nous plonge dans les intrigues de cette petite communauté jusqu’au dénouement finale.


Il est question de violences conjugales, d’abandon, de divorce, d’infidélité, de jalousie, bref tout ce qu’il faut pour avoir son lot de drames.
On se croirait presque revenu dans Wisteria Lane. 

Soyons clair ce n’est pas de la grande littérature, mais un très bon roman qui nous prend et qui nous fait tourner les pages, vite, vite, vite.
Un bon moment de détente en particulier en confinement sous la pluie !



Le livre de poche, 572 pages. Septembre 2016
Traduction de Béatrice Taupeau.

jeudi 2 avril 2020

"Boy Diola" de Yancouba Diémé






Dans ce premier roman, Yancouba Diémé raconte l’histoire de son père entre son village natal en Casamance au Sénégal et sa vie d’adulte et de famille en région parisienne.

« Boy Diola » est le surnom de ces jeunes hommes qui quittent leur village et leur forêt pour aller à Dakar - en ville - trouver du travail, c’est un surnom à la fois moqueur et affectueux.
Diola, c’est le peuple de riziculteur d’où vient Apéraw, le père de l’auteur. Mais dans les années 50 le niveau de pluie diminue fortement et atteint gravement ces agriculteurs, d’où un départ des jeunes pour la ville.

Une fois à Dakar Apéraw fera de multiples petits boulots avant de s’embarquer sur un bateau direction Marseille puis Paris. 

Une vie nouvelle commence pour lui en banlieue bien sûr, à l’usine évidemment. 

Il fera venir de Casamance sa première épouse, puis une seconde ; neuf enfants naitront de ses unions et rempliront la maison. 

Malgré son ardeur au travail Aperaw subira les aléas de la vie, avec perte d’emploi, huissier, maladie.


Très pudiquement Yancouba Diémé nous livre l’histoire de son père, celle de sa famille et par conséquent celle de toute une génération d’africain venu chercher du travail en France. Tout en nous racontant son histoire personnelle il nous parle aussi de la grande, celle de l’immigration africaine, il nous parle d’exil, de départ, de familles qui restent au village, et puis il y a les retours avec leur lot de joie et de tristesse car il manque toujours quelqu’un.
C’est une histoire de transmission familiale, d’origine et puis d’adaptation. 

La partie sur l’administratif, sur le « numéro 44 » m’a particulièrement touchée ; en effet Aperaw ne connaît pas sa date de naissance et cependant en France il faut cette date, pour tout, tout le temps, il ne comprend pas pourquoi on veut le réduire à un numéro, alors il décide d’être le « numéro 44 ».


"On nous a ramassé pour venir travailler en France."
"Le temps de avant-avant échappe à la datation. Il trouve sa raison d'être dans l'oubli."
"Nous venons par devoir, par respect, pour la transmission, nous sommes vos enfants, vos frères." 

Flammarion, 188 pages. Août 2019.

mercredi 1 avril 2020

"Le Père Goriot" de Balzac






En ces temps étranges, et surtout grâce à Titiou Lecoq que j’ai écouté sur le podcast Lebookclub, Louie Media, j’ai tout à coup eu une furieuse envie de relire le Père Goriot qui m’avait laissé un goût amer et peu de bons souvenirs dans ma jeune adolescence. 
Titiou Lecoq a su aiguiser ma curiosité au point que je me suis précipitée pour relire ce classique sitôt le podcast écouté.

J’ai (re)découvert avec un plaisir étonnant la pension Vauquer et tous les protagonistes de cette histoire.
Finalement le jeune Eugène Rastignac est un bon garçon, peut-être un des personnages le moins frivole. 

Le fameux bon père Goriot est tellement « amoureux » de ses filles qu’il accepte tout, jusqu’au pire, et même s’il semble un peu « idiot », il sait en fait très bien de quoi il retourne et n’est pas si naïf qu’il pourrait paraître.

J’ai tellement aimé plonger dans cette époque que j’aurais voulu connaître, entendre le bruit des sabots et des calèches sur les pavés, ces histoires de sous qui me fascinent, de mariages, plus ou moins arrangés et d’amants et maitresses dont tout le monde connaît les moindres petites anecdotes. 

Bon on doit tout de même avouer que la place de la femme n’est pas jolie jolie et l’image rendue est assez légère ; on dirait que toutes sont des inconsistantes, des écervelées…

Je me suis attachée aussi au personnage rugueux et rustre qu’est la dame Vauquer, malgré son manque de bienveillance et sa dureté elle est pour moi un personnage central, et tenir une pension à cette époque ne devait pas être une mince affaire. 

Et c’est mal mais le coquin de Vautrin est tout de même assez intéressant, la proposition qu’il fait à Rastignac est très habile et maligne, il aura tout de même hésiter le bougre…

Et les lettres, ah les lettres envoyées à la mère et aux sœurs, un régal, on ne peut tellement pas imaginer écrire de telles lettres de nos jours, et pourtant …. 

Bref un moment de lecture intense qui me donne envie de replonger vite dans un autre « classique » 


Le Livre de Poche, classiques.