dimanche 30 septembre 2018

"Babylone" de Yasmina Reza


Elisabeth, la soixantaine, organise chez elle une petite fête de printemps où elle invite ses amis, sa soeur et ses voisins du dessus.
Yasmina Reza tire de cette rencontre une petite satire de la société et en profite pour se moquer des marottes des uns et des autres. Chaque personnage étant une caricature de ce qu'il représente.
La soirée se termine, Elisabeth et son mari vont se coucher, mais voilà que leur voisin du dessus revient, il a commis l'irréparable et sollicite leur aide.
Il s'en suit toute une aventure entre Elisabeth et son voisin, Jean-Lino.

L'auteur en profite pour nous raconter des souvenirs sans intérêts de l'héroïne, elle nous parle de personnage dont on ne comprend pas vraiment la raison d'être.

Bref, je n'ai pas aimé ce roman qui n'a ni queue ni tête et est totalement insignifiant pour moi. Je n'ai éprouvé aucune sympathie pour les personnages ni pour ce qu'il se passe. Ce fut une lecture laborieuse car je n'avais pas l'envie d'avancer.
Ce qui sauve ce livre c'est l'écriture qui est bien travaillée, mais honnêtement j'ai du mal à comprendre le prix Renaudot de ce roman

Je ne comprends pas non plus le titre.... Il est fait référence une fois à Babylone dans le texte, est ce que cela en justifie le titre, je me pose la question. Mais peut-être suis-je tout simplement inculte ?!
"Dans un couple, a-t-elle dit, chacun doit s'efforcer de faire honneur à l'autre. Ce qu'on donne à voir de soi rejaillit sur ce que les gens vont penser de l'autre."
"N'avoir personne c'est n'avoir même pas soi-même. Quelqu'un qui vous aime vous délivre un certificat d'existence (ou de consistance). Quand on se sent seule on ne peut pas exister sans une petite fable sociale." 
Folio, 219 pages.

mercredi 26 septembre 2018

"Ne m'appelle pas Capitaine" de Lyonel Trouillot



Aude, une jeune fille issue d'une riche famille des beaux quartiers de Montagne Noire à Port-au-Prince, décide de prendre des cours de journalisme par correspondance.
Dans ce cours on lui demande de faire un reportage écrit sur un quartier de sa ville.
Elle choisit Morne Dédé, un quartier devenu pauvre après la fin de la dictature.
Grâce à son oncle Antoine elle part rencontrer le "Capitaine", un vieil homme qui vit seul dans une grande maison.
Tous les oppose, elle, la jeune femme, très blanche, très riche, qui ne connait rien à la vie et à ses difficultés, lui, le vieux, noir, pauvre, qui a vécu la pauvreté et la violence ; "une pimbêche et un vieux con".

Leurs rencontres deviennent rapidement un lieu de confidence pour lui, une ouverture sur la réalité pour elle, un rapprochement entre eux, une découverte ...
Petit à petit le "Capitaine" va se livrer, se raconter et elle va regarder sa famille et sa vie d'un autre oeil.

Il y a aussi autour du "Capitaine" beaucoup de petits jeunes qui gravitent et qui s'intéressent eux aussi à Aude.

C'est un livre court, intelligent, habile, qui nous emporte avec délice dans la vie haïtienne.
Des personnages beaux, attachants, une langue magnifique.

Je retrouve avec plaisir la chaleur des caraïbes et la plume de Lyonel Trouillot.

Actes Sud, 148 pages.

"En me garant, une pensée pour Nahoum. Peut-être, sans avoir la réponse à sa question, aurais-je dû au moins me poser la question : qu'avait-il dans ce que nous avions ? Moi, j'avais cette idée de moi qui me sortait de l'ordinaire. J'étais moi et une autre que je pouvais devenir. Peut-être un geste aurait-il suffi... Un adjectif de couleur."
"Si tu ne peux pas entendre ça, ne reviens pas. Avec ta boîte à lunch, ta petite voiture. Tes fausses vertus. La charité bien ordonnée que ta mère a dû t'enseigner. Ton Dieu, peut-être, avec lequel tu mènes une conversation personnelle qui ne t'engage à rien en ce qui concerne les autres. De là où tu viens, les autres n'existent que lorsque vous avez quelque chose à leur prendre."
"Pour la première fois entre le vieux con et la pimbêche, entre lui, bateau échoué et moi, feuille volante, le temps d'un café et de quelques phrases, il passait quelque chose de doux, un partage ou une bienveillance."  

jeudi 13 septembre 2018

"Impuretés" de Philippe Djian



Sur cette colline ne se trouvent que des villas luxueuses avec son contingent de starlettes, séducteurs, écrivains... mais surtout avec beaucoup de drogue, d'alcool et de sexe.
C'est dans ce milieu qu'évolue Evy un adolescent de 14 ans qui se remet à peine de la mort de sa soeur. Lisa, 18 ans, s'est noyée dans un lac suite à une soirée étrange et en présence de son frère. Celui-ci restant mutique sur le sujet est soupçonné du pire par une grande majorité de son entourage.
Cet ado, complètement paumé, doit essayer de continuer à grandir, entre une mère dépressive, ex-star de cinéma qui tente de faire son come-back et un père écrivain, ancien junkie et non moins paumé que son fils.
La mère est tour à tour méfiante, insensible, accusatrice mais jamais mère avec son propre fils, elle est beaucoup trop occupée à s'occuper de sa petite personne pour être capable de voir la détresse de son fils.
Le père, lui, est encore tellement jeune dans sa tête qu'il ne gère rien du tout et encore moins l'arrivée de son propre père, psychanalyste à la retraite, qui essaie de tout gérer....

Bref tout part à la dérive et les ados de son monde fou n'ont pas grand chose à quoi se raccrocher ; ils découvrent le sexe, l'alcool et la drogue à un âge beaucoup trop jeune et surtout de manière assez violente.

Philippe Djian nous jette dans ce milieu sordide, clinquant et brillant de l'exterieur, mais une fois que l'on est à l'intérieur on a juste la nausée en permanence....

Je ne suis pas sûre de pouvoir dire que j'ai aimé ce livre, je l'ai trouvé très dérangeant et glauque.

Gallimard, 352 pages.

lundi 10 septembre 2018

" 14 juillet " de Éric Vuillard



Le 14 juillet ! Cette fameuse date que nous connaissons tous, et pour cause c'est le jour de la Révolution Française ! Une belle date qui nous permet à nous aujourd'hui de vivre notre vie, et de fêter cette date aux sons des feux d'artifices et des bals populaires.
Mais ce jour-là, des hommes, et des femmes se sont sacrifiés, malgré leur peur, ils ont été au bout de leurs idées, au bout de leurs convictions pour que nous puissions avoir notre liberté.

Alors Éric Vuillard rend hommage à ces hommes et à ces femmes en racontant leur histoire, ce jour-là, il donne vie aux invisibles qui croulent sous les impôts, ceux à qui on veut encore baisser le salaire alors que le coût de la vie ne fait qu'augmenter. Oui la France est endettée mais le roi, la reine et la cour vivent dans le luxe et dépensent sans compter...

Il nomme donc ces gens du peuple, il leur donne vie, métier, famille, il nous montre la prise de la Bastille de leur point de vue, de leur vécue.
Tout en nous faisant un récit historique il ajoute du romanesque pour combler les trous, en racontant des histoires, les histoires de ces petites gens.

Dans ce court texte on retrouve le style d'Éric Vuillard de "L'ordre du jour", précis, net, incisif.

J'ai aimé le côté historique de l'historique, je me suis prise au jeu de cette pièce qui se jouait devant moi, je me suis prise à la ferveur populaire, au ras-le-bol général, et j'ai suivi pas à pas cette journée incroyable.
Et parce que finalement je ne connaissais pas si bien que ça l'enchaînement qui a mené à cette journée et son déroulé.

Actes Sud Éditions, 208 pages.

❤️ "Le livre que je ne voulais pas écrire" de Erwan Larher



"Le livre que je ne voulais pas écrire" se trouve être aussi le livre que JE ne voulais pas lire...
Par peur, par superstition...
Je ne voulais pas être poussée dans des scènes d'horreurs, poussée à larmoyer sur des émotions qu'on m'obligerait à ressentir, je voulais me protéger, faire comme si tout cela ne me concernait pas (et ne me concernerait jamais), alors non je ne voulais pas lire ce livre.

Et puis, retour de vacances, rentrée littéraire, je découvre le dernier Boualem Sansal, je ne sais pas du tout de quoi il s'agit et petit à petit, bien malgré moi il m'emmène autour du 13 novembre, alors une fois son livre refermé j'ai de nouveau posé les yeux sur "Le livre que je ne voulais pas écrire [lire]" qui trônait en bonne place sur ma table de nuit.

Courage, fuyons... euh non, lisons !

Erwan Lahrer est écrivain, il est aussi fan de musique et notamment de rock et le soir du 13 novembre il était au Bataclan pour écouter Eagles Of Death Metal en concert, et ce soir là il était seul, et ce soir là il a été blessé, et ce soir là sa vie a changé.
Il ne voulait pas écrire ce livre, il ne voulait pas témoigner, il ne voulais pas en rajouter, mais ses amis on réussit à le convaincre de poser des mots sur son histoire, cette histoire, de partager en tant qu'écrivain.

Alors Erwan nous raconte, à sa façon, ce que lui a vécu le soir du 13 novembre, parmi tant d'autres histoires. Il nous raconte simplement, librement, sans pudeur ni retenu. Il est honnête avec nous, avec lui-même, avec son entourage. Il ne se prend pas pour un héros, ni tellement pour une victime. Il était là au mauvais endroit au mauvais moment...

Le livre est un récit/témoignage où l'auteur se parle, il utilise la deuxième personne du singulier pour écrire son histoire et entre deux chapitres il y a une alternance avec des textes de ses proches qui racontent eux aussi comment ils ont vécu cette soirée, cette nuit. Cette alternance nous fait revivre la soirée heure par heure quasiment mais sans pathos. Cela nous permet aussi de voir le petit décalage qu'il peut y avoir entre les histoires, les ressentis des uns et des autres. Nous sommes tous tellement différents face à un évènement...

Je ne regrette pas cette lecture et bien au contraire je remercie l'auteur et l'amie qui m'a poussé à le lire. Malgré l'horreur absolue Erwan Larher m'a rassuré et m'a donné de l'espoir, deux choses que je croyais totalement impossible après un tel évènement.

J'ai aimé la reconnaissance qu'il a vis à vis du personnel médical et hospitalier, une reconnaissance malheureusement pas toujours assez appuyée.

Si vous êtes un peu frileux comme moi face à ce "sujet", n'hésitez plus, allez-y !
D'autant plus que le choix narratif est surprenant et tout à fait adapté.

Un coup de coeur pour cette manière si particulière de traiter ce sujet, sans grandiloquence et exagération.

"De la colère. Du courage. Des combats à mener. Contre ce qui asservit et désespère. Déshumanise. Est-il indispensable de le faire les armes à la main ou peut-on espérer gagner en montrant l'exemple, en semant, en partageant ? Comment faire vaciller les diviseurs, les affameurs, les spéculateurs ? C'est à eux qu'il faut t'attaquer, Iblis. À ceux qui nous montent les uns contre les autres. Attaque-toi à l'ignorance et à ceux qui nous maintiennent dedans. Aux écrans. À l'esprit de concurrence et de compétition. Au veau d'or. Attaque-toi aux ronds-points, aux zones commerciales, aux pesticides. Attaque-toi à l'égoïsme, à la pingrerie. Attaque toi aux pédophiles et aux conducteurs qui tournent sans clignotant. Fais-nous découvrir Ibn Khaldoun, Abd El-Kader et Oum Khalsoum. Parce que là, en tirant sur des humains à terre, en tirant dans le dos, tu n'as pas vengé tes frères tombés en Syrie, tu as servi les desseins de ceux qui font bénéfices des tensions communautaristes en Europe. Toujours chercher à qui profite le crime, qui se cache derrière Lee Harvey Oswald et Jack Ruby. Sinon, pour les décideurs de chaque camp, ceux qui alimentent dans nos villes la fabrique des monstres, tu n'es qu'un risque à prendre, une marge d'erreur, un dommage collatéral. Un pion qui ôte la vie à d'autres pions pendant que rois et reines de chaque côté de l'échiquier dorment en sécurité à l'abri de leurs tours."
Quidam éditeur, 260 pages.

mercredi 5 septembre 2018

"La mise à nu" de Jean-Philippe Blondel



Louis Claret, professeur d'anglais, est invité au vernissage d'un de ses anciens élèves.
Il est divorcé et ses deux filles sont parties depuis bien longtemps vivre leurs vies.
Cette rencontre sera l'occasion pour lui de faire un bilan sur la sienne, de vie, sur ce qu'il a fait ou plutôt n'a pas fait.
Une relation étrange va se nouer avec son élève peintre, une relation de plus en plus intime et qui va déranger son entourage.

Personnellement je n'ai pas du tout accroché avec ce roman qui m'a profondément ennuyé, pas vu ou pas compris ce que l'auteur voulait nous dire ou nous faire comprendre.
Si vous avez des avis différents je suis preneuse.

Buchet Chastel, 250 pages.

mardi 4 septembre 2018

" Le braconnier du lac perdu " de Peter May




Dans ce dernier opus de la trilogie irlandaise de Peter May, nous retrouvons notre héros, Fin Macleod, qui est revenu vivre sur son île natale de Lewis dans les Hébrides après avoir quitté sa femme et la police suite à un tragique accident.
Sur Lewis il a retrouvé son amour de jeunesse, Marsali.

Il est engagé pour faire la chasse aux braconniers qui pillent les eaux tranquilles des domaines de pêche. Le premier braconnier étant Whistler son ami d'enfance qui vit seul comme un ermite.

Une nuit, après un terrible orage, ils retrouvent ensemble au fond d'un loch, l'avion d'un autre ami d'enfance disparu depuis 17 ans et à son bord se trouve un cadavre.

Fin va replonger dans ses années de jeunesse et tenter de démêler l'écheveau de haine, amour et trahison qui lie ses anciens camarades. Il va se retrouver confronté à ses vieux démons et surtout à ses anciens amours.

Plus qu'une enquête c'est une plongée dans un univers où les paysages, comme les protagonistes, sont violents, rudes et beaux à la fois. C'est une terre déjà lointaine qui subit les assauts du temps et où l'homme doit encore faire avec la nature.

Comme pour les deux premiers, j'ai beaucoup aimé cette histoire qui mêle le policier mais aussi un peu de voyage, avec la découverte de l'Irlande et en particulier de ces îles qui me semblent fascinantes et tout à fait propices pour vivre des aventures mystérieuses.

voir aussi "L'île des chasseurs d'oiseaux", et "L'homme de Lewis"

Babel noir, 361 pages.