dimanche 28 août 2022

"L'évaporée" de Fanny Chiarello et Wendy Delorme ❤️❤️❤️

 



“Je sais qu’on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes. Et que l’expérience de chaque être en ce monde est une solitude vraiment irrémédiable.”


Un texte, 4 mains, 2 amoureuses.

Une rencontre incroyable entre deux autrices.

Ensemble elles ont construit cette histoire, une histoire d’amour, une histoire de couple, une histoire universelle.

Fanny Chiarello est Jenny, qui un matin, au réveil, ne trouve plus sa fiancée Eve. 

Son absolu est parti, sans mot, sans explication, elle s’est évaporée en laissant un trou béant dans sa vie, c’est une chute vertigineuse pour Jenny.

Wendy Delorme est Eve, l’évaporée, celle qui est partie, qui a fui. 

Elle est retournée dans son nid, son cocon.

Chapitre après chapitre, les deux autrices se répondent, nous suivons ces deux femmes, ces deux amoureuses dans leur cheminement.

Je ne connaissais pas Fanny Chiarello, elle m’a éblouie.

J’avais lu Wendy Delorme (Viendra le temps du feu), elle m’a définitivement conquise. 

Une écriture douce, tendre, poétique

Des phrases justes, belles et touchantes.

Mon coeur est bouleversé.


Cambourakis, août 2022.

“Vous ne saurez jamais ce qui s’est réellement passé. Vous ne pouvez pas accéder à des zones de son esprit qu’elle-même, peut-être, ne maîtrise pas totalement.”


“Parfois je me rappelle brusquement que nous ne sommes pas la même personne et je tremble tant je suis intimidée de me tenir face à toi, un être indivis, extérieur à moi et que je peux toucher.”


“Je vois des individus multiplier compromis et concessions pour convenir à quelqu’un et je me dis qu’ils pourraient tout aussi bien composer avec quelqu’un d’autre, quitte à consentir d’autres types de contorsions. Je ne saurais pas faire ça. Dès lors que quelqu’un ne m’agrée pas ou inversement, je sors. L’amour n’est pas censé nous aliéner, ce n’est pas une série d’ajustements comme quand on monte une porte de placard et qu’il faut desserrer un peu ici et resserrer un peu là. Je veux être entière face à une autre qui soit tout aussi entière que moi.

- Résultat tu es seule. Tes désirs d’absolu t’empêchent de vivre, Jenny”


“On ne peut pas s’empêcher de donner du sens au monde qui nous entoure. Et pour donner du sens au monde qui nous entoure on se raconte des histoires.”


mercredi 24 août 2022

"Ce que nous désirons le plus" de Caroline Laurent

 



Au cours de l’écriture du roman à quatre mains avec Evelyne Pisier (Et soudaint, la liberté), Caroline Laurent s’était liée d’une forte amitié avec cette femme combattante, puissante, féministe ainsi qu’avec son époux Olivier D. 

A la sortie de “l’affaire” et du roman de Camille K, ses croyances, ses rêves et ses espoirs se sont effondrés.

Découvrir ce secret, cette faiblesse de la femme admirée, et l’abomination de l’homme ami, a tout remis en question.

Dans ce texte magnifique, Caroline Laurent nous raconte les mois qui ont suivi la révélation, comment elle a touché le fond pour pouvoir rebondir enfin.

Un véritable chemin initiatique, long et douloureux.

Caroline Laurent se livre, se dévoile, elle va au fond des choses, c’est intime et profond. Mais surtout c’est beau, très beau. 

L’écriture est à la fois poétique, enragée, ciselée.

Les mots sont directs, puissants, touchants.

Une intimité qui fait mal, mais on sent bien que les mots, l’écriture font revivre et nettoient.


Les Escales, août 2022



lundi 22 août 2022

"Cher connard" de Virginie Despentes

 



Une jeune blogueuse féministe balance un #metoo sur un écrivain.

Cet écrivain twitte sur une actrice vieillissante aperçue à la terrasse d’un café.

Ladite actrice envoie une lettre à ce cher connard.

Débute une relation épistolaire qui sera l’occasion d’aborder pas mal de sujets sociétaux.

Bien sûr le féminisme (sous différentes formes), le patriarcat, les agressions et violences faites aux femmes, mais aussi la notoriété, les addictions, le confinement, les réseaux sociaux. 

Des idées qui ouvrent des pistes de réflexion vraiment intéressantes. 

J’aime quand un livre m’oblige à réfléchir, à penser, à voir plus loin que le bout de mon nez.

Ne pas juger hâtivement et toujours travailler, triturer, tordre, tourner son raisonnement afin d’en observer toutes les facettes. 

J’apprécie l’intelligence, même si elle me montre le manque que je peux en avoir et mes lacunes, mais cela me stimule, me bouge, m’oblige, et ce texte est intelligent.

On ne m’impose rien mais on me pousse à regarder certaines situations et à les considérer sous différents angles, rien n’est figé, rien n’est si simple, rien n’est plat.

Je dois avouer qu’il s’agit de mon premier livre de Virginie Despentes, et je l’ai vraiment savouré.

Le petit plus pour moi est qu’elle cite le titre du livre de Wendy Delorme qui avait été un coup de cœur pour moi “Viendra le temps du feu”. 😋

Donc une belle lecture, envie de la partager, envie d’en discuter.


Grasset, août 2022.


mercredi 17 août 2022

"Zizi Cabane" de Bérengère Cournut

 



Une histoire de famille, une histoire de noms, une histoire d'eau...

À la fin de cette lecture, une sensation d'absolu

Absolu coup de coeur, 

Absolue sincérité, justesse, place.

Bercé par une écriture magique et poétique ce texte redonne une place à la joie, à la vie, aux sensations et ressentis.

Absolue beauté,

Ça coule et s'écoule sans limite, sans fin, à l'infini....

Énergie absolue, éternellement renouvelée, qui nous ravive et nous éveille.

Je me sens pleine, remplie d'amour et de douceur,

Absolu(ment) conquise,

Absolu(ment) privilégiée

Lisez, lisez, sans retenu

Tombez dans l'absolu.


Le Tripode, août 2022 

(un merci particulier aux éditions Le Tripode qui nous offre des textes originaux, hors du temps et du commun, qui nous font vibrer au-delà de l'attendu et à Astrid Jourdain pour cette couverture absolument divine)

dimanche 14 août 2022

« Les Innocents » de Mahir Guven

 

Cela faisait quelques mois que je regardais ce livre en me disant qu’il fallait que je trouve le temps de le découvrir enfin. 

J’avais déjà tellement aimé le premier roman de Mahir Guven, « Grand Frère ». 



Noé est en garde à vue pour homicide involontaire ; au cours de cette garde à vue il est passé à tabac par un policier et sombre dans les souvenirs de sa vie, de son enfance, de ce qui l’a amené à cet instant là. 



Petit garçon breton, il grandit dans la difficulté des vies à côté. 

Son meilleur ami, Gabriel, est un réfugié kurde ; ils grandissent ensembles, face aux obstacles de leurs vies respectives, de l’adolescence, de la société marginalisante. 



Un petit chef d’œuvre !!



Analyse de notre société, regard plongeant sur les hommes, sur la majorité. 

Il y est aussi beaucoup question de Bretagne 😉

J’affectionne particulièrement la façon dont Mahir Guven nous livre son texte, cette manière subtile de dire les choses, de les amener. Il y a une originalité, quelque chose de différent. 


Encore une fois j’ai aimé, j’ai adoré, j’ai plongé avec Noé dans sa mémoire, dans la VIE !


Grasset, mars 2022.