vendredi 1 mai 2020

"Et soudain, la liberté" de Caroline Laurent et Évelyne Pisier





Caroline Laurent est éditrice et lorsqu’Évelyne Pisier lui envoie un manuscrit elle est tout de suite emballée. Les deux femmes se rencontrent pour travailler sur le livre, malheureusement avant que ce travail ne puisse s’achever Évelyne décède, mais Caroline ne peut abandonner tout ce qui a déjà été fait et surtout elle veut raconter cette histoire romanesque d’Évelyne et de sa mère, au travers d’une amitié construite en quelques mois, Caroline veut rendre hommage à cette femme au destin incroyable.

Evelyne est née au Vietnam, au temps de l’Indochine, puis elle a vécu en France à Marseille, et à Nouméa. Son père était un homme raciste, dur, violent, intolérant, elle a grandi en admirant cet homme, jusqu’à ce qu’elle pense par elle-même, jusqu’à ce qu’elle remarque les incohérences de son discours et le machisme qui l’étouffait.
Sa mère s’est battue contre son mari, avec les armes qu’elle a pu utiliser, elle était féminisme dans l’âme, ou tout simplement femme, femme défendant ses droits, sa vie, sa liberté. 

En grandissant Evelyne s’engage, elle part à Cuba avec un groupe de jeunes communistes (dont Bernard Kouchner son futur mari), elle tombe littéralement sous le charme de Fidel Castro avec qui elle vivra une aventure amoureuse incandescente, mais l’homme est encore plus amoureux des femmes en général et de son pays en particulier, Evelyne fera sans doute le bon choix en décidant de rentrer en France où elle retrouvera Bernard, ce jeune médecin ambitieux et plein d’espoir.

Un livre brillant, plein d’amour, de découverte. On voit les paillettes dans les yeux de Caroline Laurent.
La violence colonialiste m’a profondément bouleversée et fait encore réaliser et comprendre beaucoup de choses, elle parle très bien de cette époque et de l’aveuglement de certains hommes. 
Le féminisme qui apparaît aussi, la force de certaines femmes grâce auxquelles nous avons bien avancé, mais qui me fait réaliser aussi tout ce qui est malgré tout encore bien ancré dans les cellules d’hommes et parfois de femmes… Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines.

Deux petites choses m’ont gênées, la première est l’absence de Marie-France mais qui sera expliquée à la fin et qui est tout à fait compréhensible, la deuxième ce sont les intrusions de l’auteur qui m’ont surprise au départ et qui finalement m’ont fait encore plus aimé et le livre et l’auteur 😊. Ce qui me déplaisait est devenu ce qui m’a enthousiasmé !
J’ai aimé l’élan de l’auteur et sa passion se partage aisément, elle glisse un peu d’elle, un peu de sa propre mère, et je sais que depuis elle a écrit ce livre que l’on sent poindre entre les lignes, je suis tellement impatiente de pouvoir le découvrir.


Une belle découverte, une auteur à suivre !! 

"Simplicité du principe; régissent depuis toujours la société : les femmes sont inférieures aux hommes. Les premières cédaient naturellement aux seconds leur nom, leur patrimoine, leur corps, leurs ambitions."
"La déflagration. Une conscience est là face à vous qui vous dit : tu n'es pas qu'un fait biologique, de la position d'Autre tu peux devenir Essentiel toi aussi, mais méfie-toi, tu es ta propre ennemie, tu as gouté à ce confort qui fait de toi l'esclave de ton maitre. Pour être libre, tu devras accepter l'errance de la liberté; pour exister, tu devras accepter de renverser l'existence. Tu seras seule." 
"Ce que l'Amant, le gaulliste, lui donnait, c'était exactement ce qu'André ne pouvait se résoudre à lui offrir : de la liberté. Les femmes n'étaient pas des sous-hommes. Pas des enfants, pas des mineures ! Mona ne voulait plus qu'on lui dise quoi faire ou penser."
"Je ne vais pas vous parler de Dieu, de religion ou de pénitence. Ce que je vois, et qui m'inquiète, c'est que vous avez treize ans et qu'on vous demande d'agir comme une adulte. Les péchés de vos parents ne sont pas les vôtres. Les actions de vos parents ne sont pas les vôtres. Il faut que vous pensiez à vous. À votre avenir. À ce que vous voulez faire, à celle que vous voulez devenir. Cessez de vivre leur vie à la place de la vôtre. "
 

Les escales éditions 448 pages (Pocket 478 pages). Août 2017

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