Marguerite est une jeune fille qui vit à Auvers-sur-Oise chez son père le Docteur Gachet. Elle aime la peinture et souhaite vivre de son art, vivre libre...
Mais en cette fin de XIXème siècle, le poids de la famille, le carcan dans lequel vivent les femmes, sont lourds, trop lourds pour Marguerite qui rêve d'autonomie, d'émancipation féminine, de liberté. On voudrait la marier au fils du pharmacien, on souhaiterait qu'elle reste bien sage dans son coin et remplisse son devoir d'épouse, de mère et de maitresse de maison...
Toutefois c'est sans compter sur l'amour qu'elle va découvrir avec Vincent (Van Gogh), cet homme discret, solide, travailleur, déterminé, venu se faire soigner par son père et dont les tableaux vont bouleverser Marguerite.
Dans ce roman JM Guenassia revisite la fin de la vie de Van Gogh avec de nouvelles informations qui, à priori, rendraient plus qu'improbable son suicide. Le "bon" docteur Gachet n'était finalement peut-être qu'un cupide profiteur et beaucoup de tableaux attribués à Van Gogh seraient des faux ou des copies.... Saurons-nous jamais démêler le vrai du faux, mais les questions soulevées sont plutôt intéressantes et méritent réflexion.
L'auteur utilise donc ces présomptions pour construire son histoire, aussi il intercale de nombreuses coupures de presse et des lettres de l'époque.
Marguerite est une jeune fille attachante, mais le personnage de Van Gogh est un peu terne, de manière générale les personnages manquent de profondeur, au bout du compte on a l'impression d'avoir survolé l'histoire et de ne pas avoir été aussi loin qu'on l'aurait souhaité... je suis restée sur ma faim même si j'ai bien aimé.
"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
mercredi 26 octobre 2016
"La succession" de Jean-Paul Dubois
Paul, français, de nom grec (Katrakilis), d'origine russe vit à Miami où il pratique de manière professionnelle la cesta punta c'est à dire la pelote basque pour laquelle il s'est passionné étant enfant.
Il est issu d'une famille "spécial" avec un fonctionnement un peu scabreux et dont il aimerait ne pas recevoir tous les héritages.
Lorsque l'histoire démarre il ne lui reste plus que son père médecin en France ; mais après le décès de ce dernier, Paul va devoir rentrer et s'occuper de ses funérailles et de ses affaires, c'est ainsi qu'il va découvrir un père qu'il ne connaissait pas...
Dit comme ça l'idée de départ est plutôt intéressante et bonne, et en tout cas a eu un effet attractif sur moi.
Dans la première partie l'auteur nous pose les fondations de l'histoire avec beaucoup d'humour (noir et caustique), de l'absurde et de l'auto-dérision. On aime ... ou pas. Moi ça m'a plu !
Néanmoins vient ensuite une partie bien ennuyeuse et un peu longue sur la cesta punta, qui, il faut bien le dire, ne me passionne pas du tout. Et c'est seulement à la fin que la partie la plus intéressante sur le père (et certaines de ses pratiques) est abordée, de ce fait elle est bien trop courte et pas assez approfondie ce qui m'a gêné et manqué.
Donc, bilan mitigé pour ce livre, je ne peux pas chaleureusement le recommander mais je ne peux pas non plus dire qu'il ne faut pas le lire ! À vous de voir... (Sorry Françoise :))
lundi 10 octobre 2016
❤️❤️❤️ "Petit pays" de Gaël Faye
"Petit pays" est l'histoire de Gabriel, et avec lui celle du Burundi et du Rwanda.
Gabriel est né au Burundi d'un papa français et d'une maman réfugiée rwandaise, il vit à Bujumbura au Burundi et a 11 ans, lorsqu'en 1993, éclate la guerre au Rwanda avec le génocide des Tutsis.
Gaël Faye m'a totalement envouté par son écriture, son récit.
Il nous décrit une Afrique magnifique où l'on a envie de se précipiter pour siroter des fanta à l'ombre des magnolias ou des manguiers, tout en écoutant la musique des oiseaux et des insectes. Malheureusement petit à petit ces douces chansons sont remplacés par les bruits de kalachnikovs et des coups de machette.
Avec Gabriel on découvre un enfant qui ne veut pas quitter son monde pour entrer dans celui violent des adultes, un enfant qui voudrait fermer les yeux et ne pas voir, vivre l'horreur humaine. Un enfant qui voit s'effondrer sa famille, sa mère partie à la recherche d'éventuels survivants.
Et la guerre les rattrape, et il faut fuir le Burundi.
Le petit Gabriel devenu adulte revient en arrière au pays de son enfance, de l'innocence.
J'ai énormément aimé ce livre, son histoire, son style. L'auteur nous emporte dans son monde de poésie, de jolies mots et de belles phrases malgré un sujet difficile et douloureux.
Je recommande vivement !
"Tu causes, tu causes, mais je connais l'envers du décor, ici - quand tu vois la douceur des collines, je sais la misère de ceux qui les peuplent. Quand tu t'émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux. Tu as fui la quiétude de ta France pour trouver l'aventure en Afrique. Grand bien te fasse ! Moi je cherche la sécurité que je n'ai jamais eue, le confort d'élever mes enfants dans un pays où l'on ne craint pas de mourir parce qu'on est ..."
"A l'OCAF, les voisins étaient surtout des Rwandais qui avaient quitté leur pays pour échapper aux tueries, massacres, guerres, pogroms, épurations, destructions, incendies, mouches tsé-tsé, pillages, apartheids, viols, meurtres, règlements de comptes et que sais-je encore. Comme maman et sa famille, ils avaient fui ces problèmes et en avaient rencontré de nouveaux au Burundi - pauvreté, exclusion, quotas, xénophobie, rejets, boucs émissaires, dépression, mal du pays, nostalgie. Des problèmes de réfugiés."
"Et quand il riait, Alphonse, la joie repeignait les murs du petit salon de Mamie."
"Il était comme nous, comme moi, un simple enfant qui faisait comme il pouvait dans un monde qui ne lui donnait pas le choix."
"J'ai fini par accepter son état, par ne plus chercher en elle la mère que j'avais eu. Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie."
Grasset, 216 pages.
samedi 8 octobre 2016
"L'héritier" de Roselyne Durand-Ruel
Cette histoire, ce roman d'apprentissage, est celui de Sin Ming un jeune chinois de Shanghai qui à la fin des années 70 va quitter la Chine à la nage depuis Canton pour rejoindre Macau puis Hong Kong où son oncle Liu l'attend. Le père de Sin Ming a tout prévu, tout organisé pour que son fils puisse quitter ce pays où il n'a aucun avenir, il sacrifie sa famille afin qu'un seul puisse s'en sortir et peut-être plus tard les en sortir !
Sin Ming partira d'abord aux États-Unis afin de faire son éducation autant théorique que sociale. Après plusieurs années il retournera à Hong Kong où son oncle l'attend afin d'en faire son héritier, lui qui n'a pas eu d'enfant.
Mais pour Sin Ming tout ne sera pas si simple, tout en étant chinois et après avoir fait ses études en Occident, il a du mal à mêler, faire co-exister, ses deux cultures qui l'ont construit et façonné.
Un grand thème abordé dans ce roman est celui de "la Face" que les chinois doivent conserver et ne jamais perdre, ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour "elle".
L'histoire est plutôt sympa et l'on suit la vie de Sin Ming avec intérêt, un peu comme un roman policier dont on devine assez rapidement la suite. L'écriture est pour moi assez inégale, avec de très bons passages et d'autres assez moyens.
Mais comme je viens d'arriver à Hong Kong j'y ai découvert beaucoup de choses intéressantes sur la Chine et son histoire, et plus particulièrement HK, c'était d'ailleurs la raison de l'achat de ce roman !
"Vi" de Kim Thuy
Lorsque Vi, "précieuse, minuscule", nait à Saigon, le 17ème parallèle sépare déjà le Vietnam Nord du Sud. Son père est issu d'une riche famille jouissant d'une vaste demeure mais la guerre de réunification va les déposséder et les obliger à fuir, en bateau.
Vi fuit son pays natal avec sa mère et ses frères, après un séjour dans un camp de Malaisie ils émigreront au Canada pour refaire leur vie.
Son frère ainé Long va prendre les choses en main et la place du père.
Mais Vi va s'occidentaliser et vivre à "sa" manière, ce qui ne plaira pas toujours à sa famille.
Dans des chapitres très courts et en nous faisant parcourir le monde, Kim Thuy nous emmène sur les eaux tranquilles de la vie de Vi.
Son écriture est toujours aussi douce, calme, bien que ce qu'elle nous raconte ne le soit pas toujours.
J'ai bien aimé ce livre car il est rapide et très facile à lire et l'on passe un bon moment, cependant il s'agit malgré tout d'une énième histoire de réfugié vietnamien sans grande originalité.