Une petite douceur, un petit bonbon sucré qui se dévore en quelques heures, et on se lèche les doigts pendant un petit moment de tout le sucre qui reste !
Timothée de Fombelle est l'auteur connu et reconnu de roman-jeunesse (Tobie Lolness, Vango...), pour la première fois ici il s'adresse aux adultes.
Il est difficile de "raconter" ce livre.
C'est un récit sur une tentative de retour en enfance, il y a des souvenirs mais pas seulement, il y a aussi ce petit quelque chose qui est plus de l'ordre du ressenti que de la mémoire, quelque chose qui vit dans notre chair et dans notre corps.
Timothée de Fombelle regarde le petit garçon qu'il a été, il se laisse conter son enfance, ce pays perdu dans lequel on se propulse grâce à une odeur, une image, une voix...
C'est beau et tendre, plein de poésie et de douceur.
On comprend finalement très bien pourquoi il écrit des romans pour les "enfants", cet enfant en lui qu'il a du mal à quitter, à laisser pour se tourner vers le monde des adultes.
Une jolie petite histoire qui fait du bien.
"Et quand, en découvrant un hiver une lettre de fiancé qu'il lui avait écrite au retour de captivité, je lus ces mots : « Je vous ai dit que toute ma vie serait consacrée à assurer votre bonheur et que je serais très difficile en cette matière, je ne veux pas pour vous d'un petit bonheur médiocre, à quatre sous, je veux un bonheur total, rayonnant, incommensurable. Je veux que vous viviez dans la gaité, dans la confiance, je veux que vous n'en croyiez pas vos yeux », quand j'ouvris, alors qu'ils avaient déjà tous les deux disparu depuis longtemps, cette lettre écrite à vingt ans, je ressentis le tremblement de terre que provoque en nous la parole tenue toute une vie."
"L'enfant est une île. Il ne sait et ne possède rien. Il devine des forces immenses sous les bandelettes qui serrent son corps. Pour lui, le lendemain n'existe pas. Le passé a déjà disparu. L'enfant commence par être cet instant suspendu, désarmé, qui jaillit comme un bouchon au milieu de la mer et regarde autour de lui." " - Oui. J'étais dans les rochers. Ils m'avaient l'air plus grands l'année dernière. Elle sourit sans me regarder. - C'est toi qui grandis. Aujourd'hui je me souviens exactement de ces mots. Et c'est vrai qu'en grimpant sur mon rocher, je me suis senti soudain différent. Une autre ligne à ajouter peut-être dans le cahier des jours où l'enfance m'a quitté."
"Mais au début, il n'y a que la sensation. Le monde vient cogner contre lui et l'enfant le laisse entrer."
"Je n'ai pratiquement pas de mémoire, et pourtant il y a un endroit où tout cela reste vivant. L'enfance n'habite pas la mémoire. Elle habite notre chair et nos os. [...] Elle est tout ce qui reste à ceux dont on dit qu'ils n'en ont pas eu. Je sens encore bouger en moi le corps de l'enfant."Il est des souvenirs que parfois on partage d'une certaine manière, et celui qui vient en particulier pour moi, j'ai la chance de pouvoir toujours en parler avec ma grand-mère. J'ai pu lui expliquer l'importance de ce vieux meuble en bois qu'elle a relégué ailleurs dans la maison mais qui pour toujours, pour moi, sera "le meuble à cadeaux" !
"Mais alors que la magie du tiroir sud reposait sur des objets tous anciens, périmés ou dépareillés, le tiroir supérieur, lui, encore plus large et plus fragile, n'était plein que d'objets extraordinairement neufs. Une paire de chaussons dans son sachet, une valisette écossaise sous film transparent, une souris mécanique dans sa boîte. Le ravitaillement se fait sûrement par une trappe au fond du tiroir à l'aide de minuscules fourgons postaux tirés par des hannetons."L'ICONOCLASTE, 117 pages.
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