"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
mercredi 7 novembre 2018
"Jézabel" de Irène Némirovsky
Ce roman, écrit en 1936, démarre par le procès d'une femme, Gladys Eysenach, qui a tué un jeune homme supposé être son amant. Les témoins défilent, puis le jury se retire et plus tard rend son verdict.
Le livre se poursuit en nous racontant la vie de Gladys, son enfance, ses rencontres, ses amants, sa fille....
Petit à petit le caractère de cette femme nous est dévoilé sans que jamais on ne sente de jugement de la part de l'auteur. C'est une simple constatation de ce que fut sa vie. C'est une femme belle, très belle et qui vit dans et avec le regard des autres, surtout celui des hommes.
Plaire est un besoin physique, comme respirer ; alors inévitablement vieillir est une étape insoutenable.
Bien entendu si on lit ce livre au premier degré on voit une femme imbue d'elle-même et peu intéressée par son entourage, et en effet la relation à sa fille le prouve assez.
Mais on peut malgré tout lire aussi la fragilité féminine, le regard d'une femme sur elle-même, sur son vieillissement, la peau qui se fripe, qui perd de son éclat, le regard des hommes qui se tourne vers de plus jeunes demoiselles...
Ce livre a aussi un côté féministe, il reste très moderne et d'actualité.
Il y a une sorte d'injustice à ce que l'homme vieillissant est regardé avec plus de respect alors que la femme vieillissante est méprisée....
Gladys est une femme fragile, pleine d'angoisse et de contradiction, et même si son caractère est excessif elle exprime très bien, il me semble, ce que chacune d'entre nous peut avoir un jour pensé ou ressenti.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a touché. Il a parfois fait résonance en moi, sur la vie, la vieillesse, la féminité. Même si le plus souvent on peut trouver que Gladys est franchement très égoïste -voire même horrible- je me suis malgré tout attachée à elle.
Et bien entendu il est magnifiquement écrit par une auteur dont la prose ne nous déçoit jamais.
Le Livre de Poche, 218 pages.
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