"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
jeudi 13 décembre 2018
"Mille petits riens" de Jodi Picoult
Ruth est africaine-américaine, elle est sage-femme dans l'hôpital de sa ville depuis plus de 20 ans.
Elle a un garçon, brillant lycéen, qu'elle élève seule, son mari est décédé en mission en Afghanistan il y a déjà plusieurs années.
Ruth vient d'un milieu pauvre, sa mère est femme de ménage dans une riche famille (blanche) new-yorkaise, mais Ruth a voulu faire des études et à force de conviction et de persévérance elle a réussi à se hisser dans la classe moyenne, où elle n'est entourée que de blancs....
Un jour Ruth prend son service, un bébé est né peu de temps auparavant, elle va donc à sa rencontre pour s'en occuper. Le contact avec les parents lui semble étrange mais elle fait son travail sans se formaliser et plus tard sa chef vient l'informer qu'elle ne peut plus s'occuper de ce bébé car les parents ne souhaitent pas que des personnes africaines-américaines s'approchent de leur famille...
Trois jours après sa naissance le petit Davis décède et bientôt Ruth est mise à pied, puis en garde à vue et accusée de meurtre ....
Davis était un petit garçon né dans une famille de suprématistes blancs qui ont décidé d'attaquer Ruth pour le meurtre de leur enfant.
L'histoire nous est racontée à travers les voix de trois personnages ; Ruth, évidemment, qui est notre personnage principal, Turk qui est le père suprématiste et Kennedy qui sera l'avocate de Ruth.
On pourrait penser encore une histoire de racisme.... mais non, enfin si bien sûr, mais l'histoire est plutôt bien montée. L'auteur soulève des questions intéressantes, en particulier du côté des blancs qui se disent et se pensent non-racistes, elle met le doigt sur des phrases, des (fausses?) idées, qui peuvent sembler non-racistes mais sont finalement mal-perçues. Tout est une question de vécu, de quotidien, d'empathie.
L'auteur met en place le contexte, l'histoire qui va amener à l'arrestation de Ruth puis son procès.
Il y a encore du chemin a faire en terme de tolérance, d'acceptation de l'autre et de la différence, et pas seulement en ce qui concerne la couleur.
Un très bon roman, long, mais que l'on dévore.
Actes Sud, 581 pages.
C'est le genre de sujet qui m'interesse !
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