jeudi 11 avril 2019

"Là où les chiens aboient par la queue" de Estelle-Sarah Bulle


Nous sommes dans les Antilles françaises, en Guadeloupe et l'histoire nous est contée par la narratrice qui a interrogé son père et ses deux tantes pour connaître l'histoire de sa famille, les Ezechiel.

Au travers de leurs trois voix, nous rencontrons Hilaire (le grand-père), issu de famille d'esclaves, qui épousa Eulalie, une beke, avec qui il eut 3 enfants.

L'ainée c'est Antoine - de son "nom de brousse" pour éloigner les mauvais esprits - elle est belle, a beaucoup de caractère et veut être libre et indépendante. Elle quitte donc Morne-Galant -sa cambrousse natale- pour s'installer à Pointe-à-Pitre où elle souhaite avoir son propre petit commerce, comme sa mère. Et plus tard elle partira elle aussi pour Paris, la France ! Antoine c'est la débrouillarde un peu mystique.

Après Antoine, il y a Lucinde, la préférée. Elle prendra la suite d' Antoine pour veiller sur son petit-frère, mais elle aussi finira par quitter Morne-Galant et Pointe-à-Pitre et s'installera à Paris.
Le dernier, c'est Petit-Frère, le père de la narratrice qui suivra ses soeurs puis s'engagera dans l'armée pour pouvoir partir encore plus loin.

En suivant l'histoire de cette famille on suit aussi une partie de l'histoire de la Guadeloupe.
La narratrice est née en France et par la voix de sa famille elle essaie de reconstituer et de comprendre ses origines. La vie dans la campagne et toutes les difficultés rencontrées, en particulier après la mort de la mère. La place, immense, que prend la famille élargie, famille qui demande sans compter, qui exige tout le temps, et Hilaire qui dit oui à tout et tout le temps, au mépris du bien-être de ses enfants.
Et puis le premier exil à Pointe-à-Pitre, la misère qui côtoie les riches, les blancs. L'arrivée du béton, des immeubles que l'on construit pour entasser les familles, les centres commerciaux qui détruisent les petits commerçants, et bien sur des révoltes contre l'homme blanc, contre l'administration.
Alors on croit que l'herbe est plus verte ailleurs et ce sont les différents grands départs pour la capitale, où le béton est encore plus présent, mais aussi le racisme, mais il faut malgré tout se faire une nouvelle vie et s'accrocher.

Un premier roman très bien construit dans une langue colorée, chatoyante, qui nous faire vibrer les sens. J'ai aimé les personnages et en particulier la tante "Antoine" que l'on sent vivante, drôle, mais aussi intelligente et profonde. C'est aussi une vraie découverte de l'histoire de cette île et de l'histoire récente de ses habitants.
Auteur à suivre...

Liana Lévi, 283 pages.

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