vendredi 10 mai 2019

"Pain amer" de Marie-Odile Ascher


Marina est une jeune fille de 18 ans, heureuse, elle est amoureuse et se prépare à faire des études de littérature anglaise, la vie lui sourit malgré les difficultés rencontrées depuis la seconde guerre mondiale, mais voilà qu'en octobre 1947 ses parents décident que toute la famille doit quitter Nice et "rentrer" au pays.

Oui, parce que Marina est la fille de deux russes blancs qui ont quitté leur pays dans les années 20 au moment de la révolution bolchevique. Les parents de Marina se sont rencontrés en France, ils ont fait toute leur vie en France, ils ont eu 7 enfants et se sont installés depuis maintenant plus de dix ans à Vence. Mais le rêve d'un retour "à la maison" ne les lâche plus depuis que Boris, un des frères de Vladimir le père, a annoncé qu'il allait profiter, avec son épouse, de l'opportunité offerte par Staline de retourner dans son pays.

La propagande est dithyrambique, vous choisissez votre ville, le pays vous donnera un travail, un appartement, des bons pour partir en vacances, et du pain ! Comment refuser une telle proposition lorsque l'on se morfond de ses origines....

Mais pour Marina c'est toute sa vie qu'elle laisse derrière elle lorsqu'elle monte dans le train, c'est Marc son fiancé, ce sont Anne et Juliette ses deux meilleures amies, c'est son entrée à l'université, ce sont tous ses rêves et ses espoirs.
Et la déconvenue sera amère, violente, désespérante.

L'objectif est Odessa, le départ se fait en train de Nice, d'abord l'Allemagne, la Pologne et enfin l'URSS. Plus la famille avance dans son voyage, plus les conditions de transport deviennent archaïques et rudes. C'est l'hiver la famille a du mal à trouver de quoi se chauffer, de quoi se nourrir, de quoi boire....
Marina prend en charge ses frères et soeurs, elle se sacrifie et nous raconte au quotidien la descente aux enfers de sa famille, et comment petit à petit ils vont tenter de s'intégrer dans cette nouvelle vie où ils doivent lutter à chaque instant pour survivre sans pouvoir compter sur quiconque et en se méfiant de tous.

Un roman historique très intéressant, passionnant même. J'ai aimé suivre Marina et sa famille, j'ai souffert avec eux et on voit bien comment petit à petit un pays, un "chef" prend le dessus sur toutes les vies, sur toutes les pensées... Un roman troublant sur une période bien sombre de l'Histoire de la Russie, pardon de l'URSS.

Un premier roman réussi et très bien documenté.

Éditions Anne Carrière, 424 pages.

4 commentaires:

  1. Merci Emilie, pour ce commentaire détaillé au sujet de mon premier roman, Pain amer, je viens de le découvrir, c'est la jolie surprise de' ce dimanche! Merci mille fois.

    RépondreSupprimer
  2. Merci à vous pour ce roman que j’ai beaucoup aimé, et merci pour votre message ��

    RépondreSupprimer
  3. Moi aussi j'ai beaucoup aimé ce roman... très émouvant poignant voire révoltant...des conditions de vie abominables tant de rêves et d espoirs déçus que ce soit d abord pour Marina et ensuite ses parents... terrible déchirure pour cette jeune fille et sa famille. Bravo Marie Odile ce fut un plaisir de vous lire...et avec le recul je suis ravie de ne pas avoir vécue à cette horrible période de l histoire !! Votre récit me fait parfois penser aux terribles et nombreux témoignages sur les camps nazis et les goulags...j en ai encore froid dans le dos...votre roman m a beaucoup marquée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci chère lectrice pour ce chaleureux témoignage, précieux pour moi, il est de ceux qui m'encouragent à continuer mon chemin d'écriture. Marie-Odile.

      Supprimer