vendredi 4 octobre 2019

"Jour de courage" de Brigitte Giraud


"Autodafé était un mot que les élèves découvraient, et sur lequel Mme Martel voulait qu'ils réfléchissent. Un mot dont elle leur avait prié de noter l'étymologie et dont elle avait expliqué que c'était une cérémonie expiatoire par laquelle les tribunaux de l'Inquisition avaient fait exécuter leurs jugements, le plus souvent par la destruction de personnes ou d'objets par le feu. Une définition pointilleuse que chacun s'était mise dans la tête pour le jour du contrôle, mais qu'ils avaient oubliée aussitôt. Sauf Livio" 
Livio est en terminale et doit présenter un exposé devant sa classe en cours d'histoire, le thème est l'autodafé.
Il a choisi de parler du premier autodafé commis par les nazis à Berlin en 1933 sur la bibliothèque de Magnus Hirschfeld, un médecin qui avait créé un institut pour la recherche sexuelle. Dans cet institut on pouvait trouver des laboratoires, des cabinets de consultation et bien sûr une abondance d'ouvrages littéraires, médicaux ou psychologiques en lien avec la sexualité.
Et lorsque l'on parle de sexualité on parle d'homosexualité. Et Livio en profite pour faire de manière discrète mais indéniable son coming-out devant sa classe et sa petite amie.

La majorité du roman se situe dans la salle de classe avec l'exposé de Livio et surtout toutes les diversions qu'il fait au cours de son discours.
C'est un roman court mais intense, un roman sur l'intolérance mais aussi la solitude, la solitude quand on se sent différent, la solitude à l'école parmi ses camarades et la solitude au sein de sa propre famille.
C'est mon troisième roman en un mois avec la mise en scène de jeunes garçons adolescents de 16/17 ans (l'âge de mon fils), c'est perturbant de voir tout ce qu'il peut se passer dans la tête d'un adolescent, toutes les émotions par lesquelles ils passent.
J'ai aimé que ces romans me poussent à la réflexion, à la compréhension, ouvrent mon esprit à autre chose, même si parfois ça fait un peu peur.
"On avait l'impression que Livio riait intérieurement et que la prise de parole était en train de le changer. Il découvrait le pouvoir de mots et l'emprise qu'il pouvait avoir sur son auditoire. C'est lui qui dirigeait, lui qui décidait, de ce qu'il omettait ou pas, ce qu'il soulignait ou non, ce qu'il assénait comme une vérité ou comme une hypothèse à vérifier, et c'est aussi  pour cela que leur professeure tentait l'expérience. [...] pour que chacun comprenne que la voix haute est un outil de pouvoir, et même une arme. Celle qu'utilisent les hommes d'État et les dictateurs pour manipuler le peuple, cela commence toujours par l'art du discours, les mettait-elle régulièrement en garde."
Flammarion, 156 pages. Août 2019

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