mardi 14 janvier 2020

"Diên Biên Phù" de Marc Alexandre Oho Bambe



Pendant la guerre du Vietnam, Alexandre, le narrateur, a rencontré à Hanoï, Maï Lan, avec qui il vit une aventure amoureuse forte et passionnée.
Malheureusement pour eux, à la fin de la guerre, Alexandre doit retourner dans son pays, et Maï Lan ne peut pas le suivre.
Alexandre est jeune mais déjà (mal) marié à Mireille qui l'attend patiemment en France.
Ce retour est doublement difficile pour lui, car il quitte l'amour de sa vie mais aussi, Diop, un soldat sénégalais qui lui fait découvrir l'amitié avec un grand A.

Vingt ans plus tard Alexandre décide de tout quitter pour retourner sur les traces de son amour fantôme, et s'installe à Hanoï.
C'est pour lui l'occasion de revenir sur les années de guerre, sur sa belle amitié, son mariage raté et surtout cet amour pour son étoile vietnamienne.

Pendant ces années Alexandre n'a cessé d'écrire des poèmes pour Maï Lan, comme il le faisait déjà du temps où ils vivaient leur amour à Hanoï ; ainsi dans le roman s'intercalent les poèmes d'Alexandre et le récit de sa vie.

Ce texte est magnifique, plein de douceur, de beauté, même s'il est aussi très triste et mélancolique.
C'est un premier roman très réussi où l'on sent le côté slameur de l'auteur, dans la poésie et la rythmique.
J'ai beaucoup aimé la description de la relation amicale qui nait entre Alexandre et Diop, et la suite de cette amitié après la guerre.
J'ai trouvé plus dur l'histoire de son mariage et de cet amour perdu, mais c'est une époque.

Un très joli premier roman à découvrir, et un auteur à surveiller et suivre.

"Diop était un conteur hors pair. Après l'épisode du pont, nous nous étions rapprochés. Je me sentais redevable, un peu. Et je réalisais que nous ne nous étions jamais vraiment parlé. Avant. Je voulais savoir pourquoi il avait risqué sa vie pour moi. «Je n'ai pas réfléchi, tu ne l'aurais pas fait, toi? - Non, enfin, je ne sais pas, je ne pense pas, ça te choque ? - Non. - Tu ne regrettes pas ton geste ? - Non, tu sais, ce qui compte pour moi, c'est d'essayer d'être un meilleur homme chaque jour, pas par rapport aux autres, mais en mon âme et conscience. - Mais nous sommes en guerre, Diop, comment peut-on être meilleur homme, d'ailleurs comment rester un homme en temps de guerre ? -L'honneur, Alexandre, l'honneur ! - Ne me dis pas que tu crois à toutes ces conneries, cette propagande ! - Je ne te parle pas de l'honneur de la France, je te parle de toi, de moi, de nous tous ici, de notre honneur d'hommes, d'humains !»"
"Liberté, égalité, fraternité. Je m'étais engagé pour ces valeurs et pour faire honneur à mon père qui avait combattu et était mort pour la France. Nous n'étions pas au service de la liberté, mais de l'oppression. Et il n'y avait nulle égalité dans nos rangs, nul égard pour nous. Les «nègres». Les autres. Enfin si, nous étions égaux devant la mort, et nous mourions en soldats. Nous aussi. Au combat. Pour la France ou l'idée que nous en avions." 

Sabine Wespieser Éditeur, 220 pages. Mars 2018.

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