mardi 22 mars 2016

" Envoyée spéciale " de Jean Echenoz



C'est une sorte de roman d'espionnage où une jeune femme, blonde et apparemment très "légère" se fait enlever pour être préparée à une certaine mission (je ne veux pas trop dévoiler l'intrigue) ; nous suivons donc son "aventure", celle de son cher et tendre époux, vieille gloire de la chanson française, mais aussi celles des commanditaires de l'enlèvement, les protagonistes de ce dernier et tout un tas de "seconds rôles".

Le roman est complètement foutraque, c'est une parodie totalement ironique, parfois drôle, de roman policier (ou de la réalité ?).

Echenoz est tout le temps présent dans son écriture, avec ses commentaires et les explications des tenants et aboutissants, il nous implique et nous prend à parti.

On passe de la région parisienne à la Corée du Nord via la Creuse. Les scènes plus rocambolesques les unes que les autres se succèdent dans un style burlesque où l'on imagine bien Louis de Funès avec Bourvil en héros de la DGSE !

Première fois que je lis du Jean Echenoz...
Un peu surprise au départ par le ton et le style, vraiment très très "spéciale", j'ai eu du mal à rentrer dedans puis je me suis prise au jeu, même si ce n'est pas mon genre de lecture favorite. Un bon moment de lecture malgré tout si on est adepte du second degré (voire plus...).

dimanche 20 mars 2016

" Je vais bien, ne t'en fais pas " de Olivier Adam



Premier roman d'Olivier Adam, écrit en 1999, alors qu'il n'avait que 25 ans, "Je vais bien, ne t'en fais pas" est une histoire à la fois triste, mélancolique et pleine de simplicité.

Déjà, Olivier Adam écrit un roman social ; notre héroïne est jeune, n'a pas fait d'études et travaille comme caissière dans un supermarché.
Sa vie ne semble pas très folichonne, il n'y a pas beaucoup d'éclats de rire. Et entre deux rencontres sordides on se demande si il peut lui arriver de belles choses.
Elle vit dans le manque de son frère, qui a disparu deux ans plus tôt ; frère plus jeune qu'elle mais sur lequel elle se reposait totalement, sans lequel elle ne savait pas choisir un livre, une musique...
Elle reçoit régulièrement des cartes postales de ce dernier, peu de mots, juste une pensée... Mais cela la rassure de savoir qu'il va bien et elle garde espoir de le retrouver un jour.
De temps à autre elle rend visite à ses parents. Austères, ils ne se sont visiblement pas remis du départ de leur fils, et maladroitement ils tentent d'exprimer à leur fille tout leur amour, sans mot, simplement par une présence.

J'ai bien sûr vu le film tiré de ce roman et j'avoue que j'aurais aimé avoir lu ce livre avant, que ma lecture ne soit pas "gachée" par ce que je connaissais déjà de l'histoire.

Cependant je ne suis pas déçue et une fois de plus cet auteur me surprend et me donne ce que j'aime dans la lecture.

vendredi 18 mars 2016

❤️❤️❤️ "L'arbre du pays Toraja" de Philippe Claudel





Un homme, cinéaste, perd son meilleur ami. Il se retrouve ainsi entrainé dans tout un processus de pensées et de réflexion sur la vie, la mort, le temps, le corps, la maladie ... Tout en étant (bien) entouré par deux femmes magnifiques, son ex-femme et une voisine inconnue.



Le roman tire son titre des traditions des rituels funéraires de la tribu des Toraja qui vit sur une île d'Indonésie.
"... un arbre particulier. Remarquable et majestueux, il se dresse dans la forêt à quelques centaines de mètres en contrebas des maisons. C'est une sépulture réservée aux très jeunes enfants venant à mourir au cours des premiers mois. Une cavité est sculptée à même le tronc de l'arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d'un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l'arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l'arbre."
Les thèmes abordés par Philippe Claudel sont, je dirais, des thèmes assez "classiques". Cependant la manière qu'il a de les traiter est assez spécifique et suffisamment différente pour être vraiment intéressante.
Je dois avouer qu'après la lecture des deux premiers chapitres j'ai posé le livre avec une grosse boule d'angoisse logé dans le fond de mon estomac ; les questionnements qu'il nous impose sur la vie et la mort m'ont troublé et chamboulé. J'ai laissé une nuit passer sur le tourbillon dans ma tête et ai repris la lecture ....

Avec la mort de son ami notre héros se pose tout un tas de questions sur les origines de nos maladies et se met à chercher auprès de scientifiques et de médecins, des réponses à ses questions plus philosophiques que médicales.
"Quand donc tombons-nous gravement malades ? Quand tout va bien ou quand tout va mal ? [...] D'un désir non exprimé de voir se produire quelque chose ? D'une usure née de la production interminable du même refrain de l'existence ? D'une routine qui ferait baisser toutes nos gardes ? [...] Je me demande à ce propos si la maladie quand elle nous frappe peut être considérée comme une porte que nous lui ouvrons intentionnellement ou non. [...] Est-il envisageable que nous tombions malades lorsque nous acceptons de laisser prendre une place de plus en plus grande à la mort, que nous l'invitions en quelque sorte à nous envahir, à s'installer en nous, alors qu'auparavant, nous avions tout fait pour la circonscrire au-delà d'un périmètre qui nous paraissait être le seul champ possible de notre existence ?"

Il nous raconte le manque de son ami, de son amitié, de leurs échanges, de leurs mots ; de son texte il veut faire le tombeau de son ami
"le texte est devenu l'arbre du pays Toraja"
Au cours de ces recherches, il fait la connaissance d'une jeune chercheuse au CNRS qui, après qu'il lui ai exposé la raison de sa venue, lui fait un magnifique plaidoyer sur le corps, le corps de l'Homme, la relation à notre corps tout au long de notre vie. Ce corps que l'on chérit mais qui, impitoyablement, fini par nous lâcher, nous abandonner, nous trahir.

C'est assez rigolo car dans le roman précédent que j'ai lu, Camille Laurens nous faisait penser que le regard sur le corps des femmes mûres s'étiolaient et que le désir des hommes disparaissaient ; à l'inverse Philippe Claudel, ici, encense ce corps mûr (ou seulement celui de son ex-femme qu'il a toujours connu ??).
"Le corps des jeunes femmes fait songer à des pierres parfaites, polies, sans défauts, scandaleusement intactes. Celui des femmes possède le parfum patiné des jours innombrables où s'amalgament, sensuels, les moments de plaisir et ceux de l'attente. Il devient le velours assoupli des années."

De même Camille Laurens évoquait son désir sexuel ou d'écriture, qui pour elle n'allait pas l'un sans l'autre, que l'un ne pouvait pas exister sans l'autre et que pour pouvoir écrire elle a besoin de désir (sexuel) ; Philippe Claudel nous livre lui-aussi l'importance de la littérature dans la vie, sa vie (la notre ?) et il compare nos vies à un livre.
"Notre vie n'est en rien une figure linéaire. Elle ressemble plutôt à l'unique exemplaire d'u livre, pour certains d'entre nous composé de quelques pages seulement, propres et lisses, recouvertes d'une écriture sage et appliquée, pour d'autres d'un nombre beaucoup plus important de feuillets, certains déchirés, d'autres plus ou moins raturés, pleins de reprises et de repentirs. Chaque page correspond à un moment de notre existence et surtout à celle ou celui que nous avons été à ce moment là, et que nous ne sommes plus, et nous regardons, si jamais nous prend l'envie ou la nécessité de feuilleter le livre, comme un être tout à la fois étranger et paradoxalement étrangement proche.
La trame du roman, de l'histoire, est assez banale ; c'est une jolie histoire, sans plus. Cependant, comme je l'ai déjà dit, Philippe Claudel utilise cette trame pour faire ressortir des points importants de l'Existence et que probablement personne ne peut nier. Il a un vrai sens de l'écriture et surtout nous pousse à aller au delà du contenu de son écrit. Peut être suis-je à une bonne période de ma vie pour être très réceptive à ce genre de texte ?

mardi 15 mars 2016

"Celle que vous croyez" de Camille Laurens



L'histoire :

C'est l'histoire de Claire, une femme proche de la cinquantaine, divorcée, et qui, pour pouvoir séduire un homme, plus jeune, se crée un faux profil Facebook avec la photo d'une jeune femme, beaucoup plus jeune ....

Mon avis : 

Le roman de Camille Laurens nous est livré en trois parties plus l'épilogue, avec à chaque fois un narrateur différent mais que l'on "entend" seul ; c'est à dire que l'on a uniquement son point de vue.
C'est une forme très particulière de narration mais qui permet de bien voir le cheminement de chacun dans l'évolution de l'histoire.

Il y a beaucoup de psychologie, l'auteur joue avec nous, jusqu'au bout, jusqu'au dernier mot.
Le montage du livre est vraiment très bon, en particulier si l'on aime les choses compliquées et alambiquées, c'est intéressant cela amène à penser et voir l'histoire sous différents angles. Le vrai-faux mélange de réalité et de fiction (qui n'est pas sans rappeler l'excellent roman de Delphine de Vigan "D'après une histoire vraie") est très troublant et en particulier lorsqu'apparaît un troisième personnage prénommé Camille et écrivain de son état !!

Le thème principal est le désir, la sexualité chez la femme "ménopausée", le regard des hommes sur nous les femmes et le changement de ce regard avec notre vieillissement ... à l'opposé du regard que la société peut avoir sur l'homme et son vieillissement ; ce que l'on "autorise" (tolère) à un homme d'un certain âge que l'on "n'autorisera" (ne tolèrera) pas chez une femme du même âge ... encore aujourd'hui dans nos sociétés "occidentales".

Quoi qu'il en soit cela nous amène à une réflexion, ce qu'il en ressortira, je vous en laisse juge.
Et bien sûr j'ai beaucoup aimé ce livre !

mercredi 9 mars 2016

"Promesse" de Jussi Adler-Olsen

L'histoire :

Nous retrouvons, pour la 6ième année, Carl Mørck, Assad et Rose, les héros du "Département V" de la police de Copenhague dont le travail est de résoudre de vieilles affaires non résolues.
Carl Mørck est contacté par téléphone par un policier de l'île de Bornholm dans la mer Baltique partant à la retraite et qui veut lui confier une vieille affaire.
Vingt ans plus tôt, Alberte, une belle jeune fille de 19 ans est percutée par une voiture et retrouvée morte perchée dans un arbre.
Après que Rose l'ai poussé à se rendre sur place, il décide finalement de reprendre l'affaire, mais ne vont-ils pas réveiller de vieux démons ?

Mon avis :

Comme toujours un petit policier pour se relaxer fait toujours du bien, et spécialement pendant les vacances !
J'aime beaucoup cette série sur les "cold cases", chaque personnage a un caractère bien spécial et ses petits secrets ...
Dans ce roman on se balade sur une île de la mer Baltique, on se perd dans les milieux de la naturopathie et les sectes solaires, mais l'enquête est bien menée et on passe un bon moment.


"La cache" de Christophe Boltanski

La Cache

PRIX FEMINA

L'histoire :

Christophe Boltanski revient sur l'histoire de sa famille, depuis ses arrières-grands-parents qui ont quittés Odessa jusqu'à nos jours. Une famille d'artistes et d'écrivains, une famille "refermée" sur elle-même, qui a peur de tout et se suffit, qui vit comme dans un cocon comme si le monde passait juste devant leur porte sans jamais s'arrêter.
L'idée de départ est plutôt originale puisqu'il raconte l'histoire de la famille en partant de chacune des pièces de la maison familiale, petit schéma à l'appui.

Mon avis :

Bon, bon, bon, l'histoire pourrait être intéressante ... et en même temps encore une histoire d'une famille immigrée, une famille juive qui fuit les pogroms, encore une histoire d'une famille un peu particulière... mais finalement ne sommes-nous pas tous issus d'une famille avec sa propre histoire particulière, ses propres démons, ses propres secrets ?

Du coup pour rendre "son" histoire de famille intéressante, il faut faire un petit effort d'originalité, de narration, de style ... ce que l'auteur a tenté de faire avec ses chapitres ayant pour titre chacune des pièces de la maison.
Là, ça n'a pas fonctionné pour moi même si je suis allée au bout. Je ne me suis pas spécialement ennuyée, mais je n'y ai trouvé aucun intérêt, les personnages ne sont absolument pas attachants (parfois même énervants), et le style de récit est très lourd, trop lourd pour moi. C'est un cafouillis sans nom, ça part dans tous les sens et on n'est pas beaucoup aidé pour s'y retrouver. Je n'ai jamais compris ce que l'auteur faisait si souvent chez ses grands-parents (y vivait-il à l'année ou ne parlait-il que de ses visites régulières ? ) Impossible aussi de faire un arbre généalogique compréhensif avant presque la fin du livre, donc j'ai passé mon temps à me demander de qui on parlait, quels étaient les liens, qui faisait quoi et où ...

J'avais vu une interview de l'auteur que j'avais trouvé plutôt intéressante, la journaliste avait l'air très enthousiaste, et notamment en parlant de cette fameuse "cache" dans laquelle le grand-père se repli dès qu'un danger s'approche pendant la seconde guerre mondiale, et c'est ce qui m'intéressait, malheureusement on ne parle de cette fameuse cache que loin dans le livre et peu de temps.

Fallait-il vraiment donner le "prix Femina" à ce roman ? Est ce parce que Boltanski est un nom célèbre ou parce que l'on y parle de la seconde guerre mondiale. Personnellement je pense qu'il y a bien d'autres romans qui auraient mérités ce prix. Mais encore une fois ce n'est que mon avis personnel !!