GRAND PRIX DU ROMAN DE L'ACADEMIE FRANCAISE 2017
Un roman à plusieurs voix où l'on retrouve pêle-mêle un militaire africain qui a pris place dans l'ambassade américaine de Tripoli, un policier spécialisé dans le terrorisme, une journaliste française, un jeune africain de la banlieue, une étudiante française, un patron de la drogue toujours en banlieue, une immigrée, un diplomate-avocat turc, un diplomate français, un financier fils d'algérien immigré, une adolescente tunisienne et un archéologue.
L'archéologue est le seul qui dit "je", tous les autres sont racontés (à priori par l'archéologue).
Les histoires se mêlent, s'emmêlent et s'entremêlent, en passant de la France - ce pays où tout va mal, en perdition totale - à la Libye via la Turquie, Malte, la Tunisie ; nos protagonistes voyagent, complotent, s'organisent, se trahissent.
Au départ j'avoue que j'ai eu un peu de mal à suivre et puis petit à petit on rentre dans l'histoire, on se laisse happer par les personnages et l'engrenage de l'histoire où il est question bien sur de traffic de drogues, d'armes et d'antiquités mais tout cela pour cacher un autre traffic, celui des hommes qui partent pour le djihad, celui des hommes qui reviennent pour faire leur guerre sainte en France.
Un roman basé sur une réalité, notre réalité.
Il y a des rappels de ce que nous avons vécu, connu, et puis il y a la fiction qui n'est jamais bien loin mais qui aurait tout aussi bien pu être réelle.
On suit la montée en puissance des engagements de chacun, la bascule.
Il y a tout de même une petite note d'espoir, tout le monde n'est pas "fichu".
Une histoire intéressante servie par une écriture travaillée et agréable.
C'est dense, puissant.
Mon tout petit bémol peut-être serait l'histoire personnelle de notre archéologue et de son lien particulier à Rim la jeune adolescente qu'il a recueilli. J'avoue toujours me sentir mal à l'aise dans ce genre de relation où finalement on ne sait pas trop bien ce qu'il en est mais l'âge des protagonistes me pose problème.
"Hagards, hébétés, brûlés par le soleil et le sel mais tremblants de froid, giflés à chaque instant par des paquets de mer, les voyageurs se sont blottis les uns contre les autres. Ils chiaient tous dans leurs culottes. La peur. L'odeur de la merde était devenue plus forte que celle de la mer. Beaucoup essayaient encore de croire qu'ils allaient bientôt quitter leur radeau en caoutchouc et poser le pied sur la terre d'Europe, ce n'était qu'une question de patience. Il fallait encore un peu de courage. Certains priaient à voix haute. Tous ceux qui ne pleuraient pas."
"L'homme que j'avais en face de moi était armé d'un pouvoir de vie et de mort dans un monde qu'il simplifiait à l'extrême, aussi déterminé à tuer qu'à mourir. Très à l'aise, apparemment, dans cette violence binaire."
"Il avait soufflé au commandant Moussa l'idée de vendre sur le marché parallèle des statues ou des mosaïques de Leptis Magna. L'État islamique débitait et écoulait chaque jour des pièces du patrimoine syrien et irakien en même temps qu'il dynamitait des sites prestigieux sous le regard de ses caméras de propagande."
Grasset, 458 pages.
Ca fait un moment que je tourne autour de celui-là mais je n'arrive toujours pas à me convaincre ...
RépondreSupprimerC’est pas mal, une bonne lecture, un bon moment. Ça se lit assez vite.
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