"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
mardi 13 mars 2018
"Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu" de Jacques Weber
Jacques Weber n'a bien entendu plus besoin d'être présenté ; acteur, scénariste, écrivain, il aime les mots et surtout il aime les partager, que cela soit sur scène ou dans ses livres.
Dans cet essai il nous transmet sa passion, son amour, pour Flaubert. Le Flaubert de "Madame Bovary", mais pas seulement.
Le Flaubert que nous ne connaissons pas, celui des lettres enflammées qu'il écrit à ses maitresses, de ses échanges avec ses contemporains, le Flaubert volcanique, impétueux, gras, de mauvaise foi, un Flaubert vivant, jouisseur, au langage fleuri.
Ainsi Jacques Weber nous livre des moments de la vie ordinaire de Gustave pour nous parler de lui, pour nous le dévoiler différemment, il y a
Gustave l'ermite qui s'enferme des heures pour écrire,
Gustave l'épicurien qui s'encanaille dans les rues de Paris, un Paris retourné, éventré par le baron Haussmann,
Gustave l'ami de George Sand, le postier de Hugo,
Gustave l'amant...
Et au milieu de cette vie ordinaire Jacques Weber nous donne à voir un peu aussi de lui-même, de son intimité ; il y a des moments où l'on ne sait plus trop bien de qui il est question, c'est délicieusement troublant.
Jacques Weber a joué Gustave sur scène, il a lu ses correspondances, il le connait, il l'aime et il donne envie de (re)découvrir ce Flaubert là.
J'ai eu la chance de le rencontrer (Weber pas Flaubert (faut-il le préciser ?)), l'homme parle aussi bien qu'il écrit, passionnant et fascinant. Une simplicité, une chaleur, un enthousiasme que l'on reçoit tout naturellement.
On voudrait l'écouter des heures, le regarder vivre ses mots.
Une belle rencontre, un beau moment, une magnifique lecture
Fayard, 232 pages.
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