"... Saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite
l'horreur pas de frontière
Le saviez-vous
Vous qui savez."
En janvier j'avais lu et découvert "Je me promets d'éclatantes revanches" de Valentine Goby, qui nous dévoilait l'existence de Charlotte Delbo, son passage dans le camp de Auschwitz et sa production écrite après son retour. Cet essai m'avait énormément plu et touché et m'avait bien entendu donné envie de lire Charlotte Delbo.
Alors voilà j'ai commencé par ce premier récit où Charlotte Delbo ouvre les portes du camp et nous restitue des moments de "vie" dans ce camp.
Elle nous parle de la réalité du quotidien, des souffrances intimes, extrêmes, des pensées, du mental. Elle ne sait même plus pourquoi on tient, pourquoi on est encore vivant.
Alors que la mort serait si douce, si libératrice ; mais non elle ne veut pas être sur cette si "petite civière", la main qui tombe, portée par ses camarades, non ce rire des SS cet après-midi, non, ... elle ne peut pas encore mourir.
Il y a des passages sur la soif, le froid, l'attente.... on perçoit presque plus une lassitude que la peur, comme une acceptation tout en pensant à l'avenir, et en gardant une rage folle au fond, tout au fond, peut-être ce qui permet de garder la lumière allumée, la flamme vacillante mais toujours présente.
Il y a des textes courts, des poèmes, des dialogues, des descriptions, des ressentis...
Servi par une écriture fluide, douce, magnifique, ce récit est extrêmement puissant, fort, touchant, perturbant, d'une réalité glaçante.
Charlotte réussit à nous pousser à l'intérieur des barbelés, et même si jamais, jamais nous ne pourrons vraiment comprendre ce qu'ils ont vécu, elle nous approche si près que l'on pourrait se brûler.
Ce témoignage est une richesse immense pour le devoir de mémoire et je suis assez surprise de ne le découvrir que maintenant. Il est je crois d'une importance capitale que ces textes restent vivants, connus, sus, pour espérer que plus jamais.
Les éditions de minuit, Documents, 181 pages.
C'est une réédition de livres publiés dans les années 1970. En fait,je me demande si je n'ai pas déjà lu les trois il y a presque trente ans j'étais très jeune et les trois bouquins que j'ai en tête ne m'ont jamais quittés depuis (il faudra que je vérifie, les livres étaient et sont encore dans la bibliothèque de mes parents, je sais exactement où ...).
RépondreSupprimerC’est exactement ça !!
RépondreSupprimerJe comprends que ces textes soient restés en toi...