dimanche 1 avril 2018

"Le pingouin" de Andreï Kourkov



Victor vit seul avec son pingouin dépressif - Micha - qu'il a adopté au zoo de Kiev (ce dernier n'avait plus les moyens de nourrir toutes ses bêtes...).
Il est journaliste sans emploi et s'ennuie.
Mais bientôt le patron d'un grand quotidien lui demande un travail assez particulier, il doit écrire la nécrologie de personnes encore vivantes, ce sont ses "petites croix". Il va commencer par choisir des noms au cours de ses lectures de journaux, puis petit à petit son patron va lui remettre des listes de noms avec chacun une partie spécifique à inclure. Victor est assez bon dans son travail et il écrit de très belles nécrologies mais lorsque ses "chroniqués" commencent à mourir il se demande dans quelle mesure il est responsable.

Peu à peu autour de Victor apparaissent des personnages secondaires un peu mystérieux, il y a l'homonyme du pingouin, Micha, avec sa fille Sonia, puis un policier avec lequel il ira fêter le nouvel an dans sa datcha.

De drôles de rencontres, un peu de mystères, comme une lenteur extrême dans le monde de Victor pendant qu'autour de lui tout va très vite.
Il y a des coups de feu, des morts, des disparitions, la mafia....

Nous sommes dans une Ukraine post-URSS où les règles sont parfois bien étranges, où on ne sait plus trop qui fait la loi, où il faut se réapprendre et faire confiance, mais comment et à qui ? C'est parfois glaçant...

C'est totalement absurde et en même temps le message est là, nous vivons dans un monde de fou, est-il possible de s'adapter à tout ?
J'ai aimé cette extravagance qui peu à peu devient l'ordinaire et le normal.
C'est très bien écrit et très agréable à lire.
Très envie de découvrir d'autres romans de cet auteur... à suivre
"Ne voulant pas le bousculer, il resta encore assis une vingtaine de minutes à méditer sur le passé récent et à envisager l'avenir. Sa vie lui semblait paisible, malgré l'épisode alarmant qui lui avait valu de passer le réveillon terré dans la datcha de Sergueï. Tout allait bien pour lui, du moins en apparence. À chaque époque sa "normalité". Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s'inquiéter, l'avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence. Car pour eux, comme pour Victor, l'essentiel était et demeurait de vivre, vivre à tout prix."
Liana Levi Piccolo, 274 pages. (j'ai beaucoup aimé le format du livre qui tient bien dans la main et est très agréable à tenir et donc à lire, ce qui à l'heure du numérique a de son importance !)

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