"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
lundi 28 mai 2018
"Kwaï" de Vincent Hein
Vincent Hein a le souvenir de soirées passées calé contre son père à regarder des films, et parmi ses films il y a le célèbre "Pont de la rivière Kwaï" tiré du livre éponyme de Pierre Boulle.
Ayant habité plusieurs années en Asie il n'a pas pu s'empêcher d'aller en Thaïlande pour voir ce fameux pont.
C'est ainsi qu'il nous raconte son voyage depuis Bangkok jusqu'à Kanchanaburi, où se trouve le pont, dans un petit hôtel tenu par une thaï et un suisse.
Bien entendu le lieu, hautement touristique, est finalement un peu décevant. Il y a le village, la rivière, le pont, la gare, les petits restaurants, le cimetière, le musée et le hellfire pass - l'endroit le plus meurtrier le long de la construction de la voie ferrée.
Ses sites n'ont, en eux-même, rien d'extraordinaire, mais ils sont l'occasion pour l'auteur d'un retour en arrière dans sa propre histoire ainsi que dans l'Histoire.
Il revient sur son enfance, son père et son grand-père mais aussi sur les lieux mythiques qu'il a déjà visité comme un camp de concentration en Allemagne ou le camp 731 au Japon - l'occasion de rappeler que Mengele n'était pas le premier médecin de l'horreur et que Ishii Shiro le médecin de ce camps fit lui aussi d'atroces expériences sur des hommes, des femmes et des enfants.
L'horreur n'a pas de limite...
Les descriptions que Vincent Hein fait du site de Kanchanaburi sont très justes, on retrouve bien l'ambiance tropicale, chaude et lourde, le bruit des insectes... Pour l'avoir visité j'ai bien retrouvé mes propres sensations.
C'est un très beau récit, court, écrit dans un style riche et agréable qui nous permet de suivre l'auteur avec plaisir dans ses divagations historiques et géographiques.
Et puis il nous donne envie de découvrir d'autres écrivains voyageurs dont il parle très bien tout en éveillant notre curiosité.
Un bon moment de lecture.
PHÉBUS, 140 pages.
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