lundi 22 octobre 2018

❤️ "Dix-sept ans" de Éric Fottorino

C'est une histoire sur la quête des origines, la force et le poids des secrets de famille, des non-dits ; sur le temps qui passe et le manque de communication.

Tout commence lorsque Lina, 75 ans, convoque ses trois garçons pour leur révéler un secret trop longtemps enfoui dans son coeur et qui maintenant l'étouffe. Les deux plus jeunes, François et Jean, sont émus et soutiennent leur mère, tandis que Éric, 58 ans, est pétrifié et ne peut absolument pas réagir, dans un premier temps.

Mais cette révélation lui fait ouvrir les yeux sur sa mère et sur la relation qu'il entretient avec elle. Depuis de trop nombreuses années il ne la voit quasiment plus, il pense qu'il ne l'aime plus, ou pas assez, dans sa tête une petite phrase "Je ferai comme si tu étais morte."
Il se retrouve face à son histoire et commence un chemin initiatique à l'envers. Il doit retourner à sa naissance à lui pour enfin essayer de connaître et découvrir celle qui est sa mère.

Éric nous emmène de La Rochelle, à Bordeaux en passant par Nice, on quitte un océan pour une mer(e), un ciel bleu pour un autre, il recherche ses racines, il remonte dans le temps pour (re)connaître et comprendre sa mère, ses pères, ses oncles et sa grand-mère. Un chemin qui encore une fois en dit long sur les ressentis de chacun et l'interprétation des évènements.

Une magnifique histoire d'amour, touchante et émouvante dite comme une urgence, une pulsion.
De jolis mots, de belles images, on aime, on adore, ces phrases simples et sincères.
Finalement on se fiche de savoir quelle est la part de romanesque et de biographique, le tout est un plaisir littéraire et émotionnel.
"Je n'ai gardé de cette petite aucune image, rien qu'un vide immense. Irréparable et désespérant. Je pourrais douter que ce moment a vraiment existé. La seule chose qui m'est restée, c'est la violence."
"Petit garçon, lorsque Lina me disait : «Tu es né à Nice, je comprenais que j'étais né anis.» 
"Pourtant, sans le savoir, ma mère et mes pères, adoptif ou naturel, portaient en eux les germes de toutes les haines qui avaient ensanglanté le mois de juillet : les séquelles de la colonisation, l'intolérance religieuse, l'antisémitisme français, le rejet des basanés."  (Lorsque notre héros arrive à Nice c'est le mois de décembre, cinq mois après les attentats du 14 juillet...)
"Les secrets trop bien gardés sont comme des cartouches dans un stylo d'enfant. Quand ils éclatent, une encre sombre s'écoule et ça ressemble à du sang."
"Tu ne m'aimais jamais assez puisque je t'aimais toujours trop." 
Gallimard, 263 pages.

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