"Lorsqu'on peut, on doit."
Ce récit est celui de Benoit Cohen qui part à la rencontre de Mohammad un réfugié afghan accueilli par sa mère, chez elle, dans son immeuble particulier du centre de Paris, au pied de la Tour Eiffel.
Je ne vais pas vous refaire le récit de la vie de Mohammad avant d'arriver en France, mais sachez que ce très jeune homme à déjà beaucoup vécu lorsqu'il débarque à Paris, il a aussi beaucoup été déçu, trahi, et malgré tout il continue de croire en la vie. Il n'a jamais eu peur de travailler, d'aider ses parents, sa famille, mais malheureusement dans son pays d'origine la religion et la guerre sont les nerfs du pouvoir.
Ce récit est bouleversant de sincérité.
D'abord parce que ce n'est pas l'histoire d'un réfugié, mais bien celle de Mohammad.
Ensuite parce qu'il est écrit par Benoit Cohen, avec un grand respect, et une délicatesse rare.
Il fait le pendant de son propre "exil" aux USA. Il est parti en le choisissant, avec de l'argent, un visa, et en étant accueilli et bienvenu. Ce qui bien entendu met en lumière l'histoire de Mohammad.
"Mohammad et moi avons tous les deux quitté notre pays et vivons en terre étrangère. J'avais envie de changer d'air, lui sauvait sa peau. Il n'avait pas d'autre option, moi si. J'ai pu choisir mon pays d'adoption, lui non. Il n'avait pas d'argent, moi si. Je me suis tout de suite senti chez moi, lui non. Toute la différence tient en un mot : Welcome."On découvre aussi la grande solidarité qui existe en France et c'est grâce à deux associations créées par des jeunes que Mohammad a pu non seulement être accueilli par Marie-France, mais aussi faire les études dont il rêvait.
Il y a Singa, qui est un mouvement international qui vise à créer du lien entre des personnes réfugiées et des personnes qui veulent les accueillir.
Et Wintegreat qui redonne vie aux projets professionnels de ces personnes réfugiées.
Il faut lire ce livre pour découvrir ces deux magnifiques initiatives, je trouve dommage de ne pas entendre plus souvent parler de ces idées/projets qui sont positifs et très encourageants.
Même si j'ai conscience que la rencontre de ces trois personnes a un côté un peu exceptionnel, elle existe et peut exister encore, et surtout elle redonne foi en l'Homme, en l'amour, dans le respect et la bienveillance, c'est pourquoi j'ai fais de ce livre un coup de coeur.
Car il m'a ému, touché, rassuré. Un récit qui devrait être lu par tous.
"Ce manque de nuances me fait forcément passer pour plus bête que je ne le suis. Quand on parle une langue étrangère, on est moins sûr de soi, plus vulnérable, moins rapide, plus timide, en retrait. On devient une autre personne."
"L'idée que son existence puisse être autre chose que l'accomplissement des tâches du quotidien est révolutionnaire. Il est pourvu d'une conscience, une conscience infinie, il comprend qu'il a en lui un champ d'exploration illimité. [...] À partir d'aujourd'hui, il commence un voyage à l'intérieur de son propre corps, de son esprit. Il a le droit d'être heureux, et réalise que même la tristesse peut lui apporter du réconfort s'il ne se contente pas de la subir mais l'analyse."
"Plus ça va, plus on est dans un système administratif, juridique, concentré sur l'humanitaire et le sécuritaire. Il faut remettre en cause ce paradigme. Il faut remplacer le discours qui consiste à dire : «Les réfugiés, ce groupe homogène, qui fait ci ou ça....», par : «J'ai rencontré Ahmed, il a un projet et je vais essayer de l'accompagner...». Plutôt que de dire qu'on doit accueillir toute la misère du monde, ce qui est décourageant et contre-productif, on présente des individus et une action à dimension humaine."
"Chérir la différence de nos enfants et la vie qu'ils choisissent vers leurs bonheurs."
"Il faut leur expliquer que Dieu ne contrôle pas tout, c'est à nous de prendre nos vies en main. Une fois qu'ils auront compris ça, libre à eux de pratiquer n'importe quelle religion, mais au moins, ils auront eu le choix."Flammarion, 276 pages.
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