lundi 1 avril 2019

« Une femme en contre-jour » de Gaëlle Josse




Mais qui est Vivian Maier ?
Une femme énigmatique, seule, et une très grande photographe, totalement méconnue.

Un jour un homme achète une boîte en carton dans laquelle il ne trouve finalement pas ce qu’il cherchait mais, petit à petit, en fouillant à l'intérieur, il y découvre un petit trésor.
Des centaines de photos et des milliers de pellicules non-développées.

Mais qui a pris toutes ces photos ?
Un nom fini par surgir, Vivian Maier !

Dans ce texte, très joli, Gaëlle Josse nous emmène à la découverte de cette femme étrange et secrète, au passé non moins mystérieux, presque insaisissable.
Une enfance difficile pour cette jeune femme américaine aux origines françaises. Le couple de ses parents n'étaient pas pétri d'amour ni pour eux ni pour leurs enfants. Elle finira par s'éloigner totalement de sa famille, et s'occupera des enfants des autres tout en continuant à prendre des photos, de tout, tout le temps, même si elle n'a plus les moyens de faire développer les images qu'elle prend. Elle se met souvent elle-même en scène, on la découvre alors habillé simplement, ne souriant jamais.

Elle ne sait pas qu'elle a un vrai talent, qu'elle aurait pu exposer, vivre de son art. Pourquoi n'a-t-elle jamais montré ses photos ?

Jamais déçue par Gaëlle Josse, encore un roman qu'on lit avec délectation, une douceur dans le texte et le choix des mots, un plaisir subtil, délicat, fin. Un plaisir de la lecture, un plaisir de la découverte, et de la rencontre, tout simplement merci !

"En attendant, l'histoire de Maria se répète, bégaie et joue un air qui revient comme une ritournelle grinçante. Mère et fille abandonnent leur village, les clarines des brebis et des vaches, la découpe acérée des sommets, le bleu étourdissant du ciel, les fleurs sauvages des sentiers, pour aller retrouver la brique rouge, les rues nerveuses, l'air traversé par les hurlements des sirènes et alourdi des fumées d'usine."
"Je pense à deux autres figures créatrices. Camille Claudel, Séraphine de Sentis. Sculpture, peinture. Toutes deux, marginales, s'enfoncent dans la folie, niées, ignorées. Elles font peur, comme font peur les chemins d'absolu, les chemins trop solitaires. Elles finiront leur existence dans le dénuement, enfermées, abandonnées, privées de leur art."

À propos du livre que l'on vient de lire, l'auteur nous dit :
"C'est une entreprise vertigineuse de se pencher au-dessus du gouffre d'une vie, de tenter de déchiffrer un destin dans ses contre-jours, dans ses détours, dans ses impossibles et se points de suspension. C'est lancer un tamis dans le fleuve et ramener à la surface tessons, clous rouillés et pierres aurifères. C'est déchiffrer toute cette moisson. C'est écouter une voix perdue par-delà la rumeur du temps et tenter d'en percevoir l'écho." 
"De Vivian Maier, on ne possède que quelques jalons, des traces légères, souvent déroutantes, et une oeuvre. Forte, vibrante, immense. Passionnément humaine. Ancrée. Et du silence. Du vide et des interrogations."
"Le travail de Vivian Maier me renvoie, de façon frontale, impérieuse, à ce que je poursuis en écrivant. Faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystère, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe. Assemblage unique, pour chacun, de chair et de rêves. Au détour d'une phrase, parfois, surgit notre nudité. Qui va nous faire face dans le miroir ? Quels anges déchus et quelles enfances oubliées ?"
Pour finir, je vous recommande vivement d'aller faire un tour sur le site officiel de Vivian Maier ICI, admirer ses photos, la lumière, les perspectives et mises en scène, c'est incontestable, elle avait un talent fou !!!

Notabilia, 150 pages.

Gaëlle Josse est une auteur que j'aime particulièrement, vous pouvez retrouver l'article sur "Noces de neige", "Une longue impatience" et "Les heures silencieuses".
 
 
 
 

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