"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
lundi 22 avril 2019
"Shanghaï-la-juive" de Michèle Kahn
1938, Walter Neumann est un jeune journaliste autrichien qui après la "nuit de cristal" fut libéré de Dachau. Il saisit cette occasion pour partir à Shanghaï qui se trouve être le seul endroit où il peut se rendre sans visa.
C'est ainsi qu'il arrive avec des centaines d'autres juifs dans la grande ville chinoise tenue par les japonais. Il y a un comité d'accueil des réfugiés mais il refuse de vivre là où on l'assigne et veut se débrouiller par lui-même. Son objectif étant de gagner vite beaucoup d'argent pour pouvoir partir vivre aux États-Unis.
Mais c'est sans compter la seconde guerre mondiale qui démarre en Europe, et de plus en plus de juifs débarquent à Shanghaï.
Walter tient absolument à pouvoir exercer son métier, et notamment en mémoire de son père.
Les logements sont insalubres et le travail difficile à trouver mais Walter est plutôt débrouillard, il sait utiliser sa tête, et ses mains, il sait faire de bonnes rencontres et surtout entretenir les relations.
Quelques européens vivaient déjà à Shanghaï, des français, des allemands, des russes.... c'est ainsi qu'il se reconstitue petit à petit une famille. Il devient aussi très ami avec une chinoise et apprend à parler la langue locale.
Il se frotte au luxe indécent, aux mafieux de tout ordre...
Il trouve un travail, un petit logement, construit doucement sa vie... mais voilà que les japonais décident de parquer tous les migrants arrivés après 1937 dans ce qui devient en fait très vite un ghetto, car ces migrants ne sont que les juifs d'Europe de l'Est qui ont fui le nazisme.
Cependant les japonais refusent d'appliquer la solution finale de leurs alliées.
A la fin de la seconde guerre mondiale tout va à nouveau changer, et Walter ne sait plus trop si il veut toujours aller aux États-Unis, alors que maintenant ce sont les communistes qui menacent Shanghaï et qu'il faut de nouveau "fuir". Il choisira Hong-Kong, car finalement la Chine est devenue sa seconde nature.
C'est une histoire romanesque très forte qui m'a fait découvrir un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas encore été à Shanghaï et pourtant j'ai l'impression de m'y être baladée au gré des pages, une Shanghaï ancienne, du temps des coolies et des jolies robes.
Je me suis laissée prendre au rythme de l'histoire, des aventures de Walter qui ne lâche jamais rien malgré des épreuves pas toujours faciles.
Le Passage, 517 pages.
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