mercredi 3 juillet 2019

"Sans jamais atteindre le sommet" de Paolo Cognetti


" Qui a vu le mont Kailas du haut de la cime inviolée de la Montagne de Cristal ? "

L'auteur de "Le garçon sauvage" et de "Les huit montagnes" nous fait partager ces carnets de voyage dans l'Himalaya.
En 2017, pour ses 40 ans, il décide de partir avec des amis ; l'expédition doit atteindre Shey Gompa "le monastère de Cristal" en partant du lac Phoksundo, et doit durer un mois. Ils sont au nord-ouest du Népal sur la terre du Dolpo en bordure du Tibet.
Un mois de marche à des altitudes extrêmes, un mois au bout du monde, un mois en relisant le livre qui l'a poussé jusque là.
Le livre c'est "Le léopard des neiges" de Peter Matthiessen qui fit lui-même ce voyage, Paolo Cognetti marche sur ses traces tout en relisant son texte, certaines choses n'ont pas changé, sont immuables, c'est beau.
Sans jamais atteindre les sommets ils franchiront pourtant des cols à plus de 5000 mètres d'altitude, une difficulté particulière pour l'auteur qui à partir de 3000 mètres ressent déjà des effets négatifs sur son organisme.

Paolo Cognetti sait nous raconter la montagne, les paysages incroyables qu'il traverse, les gens qu'il rencontre, il nous donne envie de le suivre, d'être dans son ombre et de partager avec lui ses moments. On ne croise pas de léopard mais des chèvres, des oiseaux, des chiens... peut-être une réincarnation ?

J'aime l'idée de cette longue marche dans la haute montagne sans pour autant essayer de grimper au sommet, d'atteindre les dieux, j'aime la simplicité face à l'immensité, j'aime ces villages traversés et découvrir ces peuples qui vivent si haut.
J'ai aimé aussi avoir dans un coin de la tête le voyage d'Alexandra David-Néel que je vous recommande vivement "Voyage d'une parisienne à Lhassa".

Un livre qui nous transporte loin, très loin, dans l'infini.

"Mais il ne fut pas bon prophète quand il écrivit, à propos de Saldang : « Un jour les hommes se lasseront de tirer une si maigre subsistance de ces hauts plateaux glacés et les derniers vestiges de l'ancienne culture tibétaine disparaîtront au milieu des pierres et des ruines. » Il faisait erreur : ce ne seraient pas les mauvaises récoltes qui causeraient leur perte - c'était le lot des montagnards depuis toujours. Je corrigeai donc son propos : « Un jour les hommes construiront une route directe pour la Chine, des camions remplis de marchandises et de passagers clandestins traverseront la région, des baraques de toutes sortes surgiront le long de la vallée, le lit de la rivière ne sera plus qu'une décharge, et les derniers vestiges de l'ancienne culture tibétaine disparaîtront au milieu des immondices et des téléphones portables. »"
"Qui a vu le mont Kailas du haut de la cime inviolée de la Montagne de Cristal ? Trouve la réponse dans ces montagnes russes : parce que tu perdras tout ce que tu as cru gagner, dis-toi que le sentier est bien plus précieux que le sommet. Trouve un sens dans chaque pas. Dans cette concentration."

La cosmopolite Stock, 160 pages.
Traduit de l'italien par Anita Rochedy.

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