mardi 17 septembre 2019

"Soif" d'Amélie Nothomb



J'avais décidé de ne plus trop lire les livres d'AN mais ayant lu des bribes de ce dernier opus ma curiosité a été fortement aiguisée....
AN se met dans la peau de Jésus Christ et prend sa voix. Depuis la fin du procès de JC, jusqu'à la passion, la crucifixion et la résurrection.
Bien entendu c'est très perturbant (d'essayer) d'accepter de rentrer dans ce jeu (je) là. Est-ce d'avoir été élevée dans une famille catholique ou de toucher à une "icône" de notre tradition culturelle ?
Quoi qu'il en soit c'est une lecture extrêmement intéressante une fois que l'on a accepté le postulat de départ.

Au cours de ces dernières heures, Jésus revient sur certains grands moments de sa vie, ainsi on les lit avec "son" point de vu, son ressenti.
On découvre un Jésus humain, avec des pensées pas toujours positives, un amour parfois défaillant ou déficient pour ses acolytes, un Jésus amoureux, un Jésus fils de sa mère et protecteur.
AN n'est pas tendre avec lui, elle nous le dépeint comme n'importe quel être humain avec ses faiblesses, ses imperfections. La relation à son père (Dieu) est aussi très curieuse. La manière dont il voit Pierre, Judas ; son omniscience qui lui permet de savoir ce que les uns et les autres vont dire, faire, écrire.

Le titre de la soif est très bien expliqué, j'aime beaucoup l'idée que Jésus donne de la soif, son lien à Dieu et à la foi.

AN démonte le principe essentiel de tout (bon) chrétien qui est "aime ton prochain comme toi même"; comment Jésus peut-il enseigner ce principe si il n'est pas capable de s'aimer suffisamment pour se "sauver" de la crucifixion .... Un bon débat philosophique en perspective !

Mon seul petit bémol sur ce livre est le ton et le vocabulaire employés qui sont pour moi beaucoup trop contemporains et qui parfois m'ont gênée pour adhérer à l'idée du texte.

Un livre dérangeant,
forcément,
mais exaltant,
assurément !

Un point de vue original, à ne pas prendre au premier degré, mais à réfléchir et penser.

"Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques. Ils se trompent. Il suffit d'avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut. Et l'instant ineffable où l'assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d'eau, c'est Dieu.[...] Tentez cette expérience : après avoir durablement crevé de soif, ne buvez pas le gobelet d'eau d'un trait. Prenez une seule gorgée, gardez-la en bouche quelques secondes avant de l'avaler . Mesurez cet émerveillement. Cet éblouissement, c'est Dieu"
"Aime ton prochain comme toi-même. Enseignement sublime dont je suis en train de professer le contraire. J'accepte cette mise à mort monstrueuse, humiliante, indécente, interminable : celui qui accepte cela ne s'aime pas." 

Albin Michel, 152 pages.

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