"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
mardi 21 janvier 2020
"Le consentement" de Vanessa Springora
"Le consentement" c'est le livre dont tout le monde parle en ce moment, et pour cause, son auteur raconte comment à l'âge de 14 ans elle a vécu une histoire d'amour avec un écrivain connu de l'époque Gabriel Matzneff âgé lui de 50 ans.
Vanessa à cette époque vit seule avec sa mère, le père est terriblement absent.
Au cours d'un diner Vanessa rencontre G.M qui pose sur elle un regard qui la fait se sentir femme.
Et puis cet homme se met à lui faire une cour assidue par lettres, elle en tombe évidemment très amoureuse.
Vanessa Springora raconte très bien l'emprise que cet homme prend peu à peu sur elle, comment la jeune fille qu'elle était se sent exister et vivante dans les yeux de cet homme tout en "sentant" que quelque chose n'est pas tout à fait à sa place.
La montée du pouvoir de l'homme sur l'adolescente se fait insidieusement, parce qu'il n'est pas qu'un pédophile mais aussi un manipulateur puissant.
Et pourtant petit à petit elle découvre aussi ses faiblesses d'homme malade, son besoin de jeunesse, sa peur de la déchéance du corps...
Cette relation va durer un temps, jusqu'à ce que Vanessa réalise qu'il a (eu) d'autres maitresses, qu'elle n'est pas unique, et surtout qu'il est aussi friand de petits garçons qu'il va retrouver aux Philippines.
Et une fois libérée de cette homme il faudra des années et des années à cette jeune femme pour se (re)construire, faire confiance à un homme, à l'amour et au sexe.
C'est un livre très bien construit et qui fait froid dans le dos notamment quant à l'absence de réaction de l'entourage proche de la jeune fille mais aussi de celui de l'écrivain.
Beaucoup de discussion et de débat autour de cette histoire, mais je crois que c'est très simple, il y a eu une époque où les personnalités célèbres pouvaient faire tout ce qu'elles voulaient, et même en le clamant haut et fort, leur célébrité les a clairement rendu intouchables, il y a tellement d'histoires comme celle-là que c'est indéniable.
Aujourd'hui la parole des victimes se fait entendre, et on ne peut qu'espérer que cela pousse notre société à refuser cette complaisance.
Un livre important, qui enferme cet auteur dans ce qu'il a été, comme lui-même a enfermé toutes ses petites victimes dans ses propres livres.
Grasset, 216 pages. Janvier 2020
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