mardi 29 mai 2018

"Le secret du mari" de Liane Moriarty



À Sydney, Cécilia est l'épouse et la mère parfaite ! Présente et active dans sa maison, elle est aussi parent volontaire dans l'école catholique de ses trois filles tout en étant organisatrice de réunion Tupperware. Sa vie est bien remplie, elle est admirée et admirable.

À Melbourne, Tess travaille avec son mari Will sa cousine Felicity. Tous les trois ensemble ils ont monté une entreprise qui fonctionne bien. Liam son petit garçon de 6 ans rencontre quelques problèmes  à l'école avec un autre enfant, mais au-delà de ça leurs vies tournent bien.

Rachel travaille à mi-temps comme secrétaire dans l'école des filles de Cécilia, elle est veuve et grand-mère et sa vie tourne autour de son petit-fils adoré Jacob.

Mais voilà, la vie de Cécilia va basculer lorsqu'elle va découvrir le secret de son mari. Celle de Tess va l'amener à Sydney et toutes les trois, avec Rachel, vont sans le vouloir se trouver liées.

Un super roman de plage à suspens plutôt bien organisé, un vrai page-turner (comme on dit), on se prend au jeu et on ne lâche plus le bouquin jusqu'au moment de tourner la dernière page.

Alors c'est sur que ce n'est pas de la grande littérature mais un très bon livre pour passer un bon moment sans se prendre la tête !

Attention pour les quelques messieurs qui liraient cet article je pense que c'est plutôt un livre "de fille" 😋😋😋😋

Le Livre de Poche, 498 pages.

lundi 28 mai 2018

"Kwaï" de Vincent Hein


Vincent Hein a le souvenir de soirées passées calé contre son père à regarder des films, et parmi ses films il y a le célèbre "Pont de la rivière Kwaï" tiré du livre éponyme de Pierre Boulle.
Ayant habité plusieurs années en Asie il n'a pas pu s'empêcher d'aller en Thaïlande pour voir ce fameux pont.
C'est ainsi qu'il nous raconte son voyage depuis Bangkok jusqu'à Kanchanaburi, où se trouve le pont, dans un petit hôtel tenu par une thaï et un suisse.
Bien entendu le lieu, hautement touristique, est finalement un peu décevant. Il y a le village, la rivière, le pont, la gare, les petits restaurants, le cimetière, le musée et le hellfire pass - l'endroit le plus meurtrier le long de la construction de la voie ferrée.
Ses sites n'ont, en eux-même, rien d'extraordinaire, mais ils sont l'occasion pour l'auteur d'un retour en arrière dans sa propre histoire ainsi que dans l'Histoire.

Il revient sur son enfance, son père et son grand-père mais aussi sur les lieux mythiques qu'il a déjà visité comme un camp de concentration en Allemagne ou le camp 731 au Japon - l'occasion de rappeler que Mengele n'était pas le premier médecin de l'horreur et que Ishii Shiro le médecin de ce camps fit lui aussi d'atroces expériences sur des hommes, des femmes et des enfants.
L'horreur n'a pas de limite...

Les descriptions que Vincent Hein fait du site de Kanchanaburi sont très justes, on retrouve bien l'ambiance tropicale, chaude et lourde, le bruit des insectes... Pour l'avoir visité j'ai bien retrouvé mes propres sensations.

C'est un très beau récit, court, écrit dans un style riche et agréable qui nous permet de suivre l'auteur avec plaisir dans ses divagations historiques et géographiques.
Et puis il nous donne envie de découvrir d'autres écrivains voyageurs dont il parle très bien tout en éveillant notre curiosité.

Un bon moment de lecture.

PHÉBUS, 140 pages.

jeudi 24 mai 2018

"Le Bureau des Jardins et des Étangs" de Didier Decoin



Katsuro, l'époux de la jeune Miyuki, excellent pêcheur de carpes, est le fournisseur [officiel] des étangs sacrés de la cité impériale ; mais il vient de se noyer dans la rivière Kusagawa et voilà que des émissaires viennent informer son épouse que le Bureau des Jardins et des Étangs souhaitent une nouvelle livraison.
Afin d'honorer la mémoire de son époux, et de vivre encore un peu près de lui, Miyuki décide de faire ce long voyage jusqu'à la cité de Heiankyō et de livrer les dernières carpes pêchées par son mari.
Elle part donc seule, à pied, la palanche sur les épaules, avec seulement les huit plus belles dernières carpes. Elle va traverser les montagnes et les forêts, croiser des brigands, des mères maquerelles, des moines, des monstres aquatiques.... Un long périple pour arriver jusqu'à la ville sacrée et remettre ses poissons.
À l'arrivée elle aura affaire à Nagusa Watanabe le vieux directeur du Bureau des Jardins et des Étangs qui lui demandera un service un peu particulier.
Puis ce sera le long chemin du retour jusqu'à Shimae son village d'origine.

L'histoire est au départ plutôt attrayante, un thème assez typique du Japon et de cette culture asiatique, l'ensemble est intéressant et bien écrit évidemment [nous avons tout de même affaire à un sacré écrivain], mais il y a une lourdeur tout au long du roman qui se fait ressentir et qui nuit à la lecture et au plaisir.
L'auteur a travaillé, beaucoup travaillé son sujet [12 ans d'écriture] et en fait cela se ressent beaucoup trop. C'est comme si il avait voulu mettre tout ce qu'il sait, tout ce qu'il a appris sur le Japon, sur cette époque en particulier, et ça rend un texte étouffant, parfois indigeste.

Lorsque je lis j'aime apprendre et découvrir des choses, mais là j'avais l'impression de lire une thèse sur le Japon et d'être le professeur qui doit noter.
C'est bien dommage parce que l'idée originale est plutôt chouette et certains passages sont vraiment très bien. Et puis je n'ai pas du tout aimé la fin...
Il n'aurait finalement peut-être pas fallu prendre autant de temps pour écrire ce livre, et le décharger un peu.

Stock, 385 pages.

dimanche 20 mai 2018

❤️❤️ "Nagasaki" de Éric Faye



Shimura-san est un quinquagénaire célibataire, il vit à Nagasaki où il est météorologue.
Sa vie est assez bien rythmée et organisée jusqu'au jour où il pense que certaines denrées disparaissent de son réfrigérateur. Ce n'est pas flagrant, c'est très subtil et il lui faut mesurer la hauteur du jus de fruit dans la bouteille pour constater qu'en effet la quantité diminue dans la journée.
Sauf que comme il vit seul cela lui pose problème. Il décide donc d'installer dans sa cuisine, face à son réfrigérateur, une webcam et depuis son bureau il aperçoit une femme vaquer dans sa cuisine, c'est ainsi qu'il appelle la police et découvre que cette femme vit dans sa maison depuis de nombreux mois.

Éric Faye s'est inspiré d'un fait divers paru dans les journaux japonais en 2008 pour écrire cette petite histoire.
C'est un petit bonbon qui se lit en cadeau tellement l'écriture de l'auteur est douce, agréable et surtout nous plonge dans la vie de cet homme japonais mais aussi de cette femme qui n'ayant plus rien décide de s'abriter chez cet homme. Éric Faye décrit particulièrement bien l'atmosphère japonaise, le ressenti, il donne une âme à cette histoire. Il donne aussi une vie à cette femme qui ne voulait pas être clocharde, une vie à cet homme seul, un questionnement sur la perte de l'emploi, sur la solitude.

J'ai beaucoup aimé ce texte très simple mais qui en peu de mot m'a poussé dans cette ambiance, ces traditions, cette lenteur que j'aime du Japon.

J'AI LU, 95 pages.

jeudi 17 mai 2018

"Dans le jardin de l'ogre" de Leïla Slimani



Adèle, journaliste, est l'épouse de Richard, chirurgien, et la mère de Lucien un petit garçon de 3/4 ans.

Adèle a un problème, avec son corps, avec les hommes ; c'est comme une drogue il lui faut avoir des relations sexuelles fréquentes, avec n'importe qui, et parfois dans une violence assez extrême. En somme elle souffre de nymphomanie - exagération pathologique des désirs sexuels.

Nous nous retrouvons face à cette jeune femme complètement déconnectée de sa vie, qui n'existe que par et pour ses pulsions.
Elle réussit à créer l'illusion auprès de son mari, de son entourage, elle joue son rôle presque parfaitement. Mais elle en paie le prix fort.

Je ne sais pas si elle ressent un trop plein d'émotions ou si à l'inverse elle ne ressent rien... ce qui est certain c'est qu'elle est malheureuse, elle est en profond désarroi et s'inflige des souffrances à la limite du supportable. Elle m'a, parfois, donné envie de mourir.

Dans ce premier roman de Leïla Slimani, on retrouve le même style clinique, froid, incisif, direct qui nous permet de rester à distance ; distance essentielle pour pouvoir avancer dans le livre.
Difficile d'avoir de l'empathie pour cette femme, difficile de comprendre ses raisons, de comprendre ce qui l'anime... elle-même semble perdue et ne pas savoir où elle va et ce qu'elle fera, elle ne maitrise absolument rien de sa vie.

Je n'arrive pas à savoir ce que je pense de ce livre. Ce n'est pas un livre que j'aime ou que je n'aime pas.
C'est un livre qui dérange, qui pousse dans ses derniers retranchements, en tout cas en tant que femme il m'a beaucoup perturbé. Je pense que cette femme est malade, en effet, ses tendances sont "hors norme", elle fait peur et je n'aurais certainement jamais voulu être à sa place.
Mais au bout du compte je ne comprends pas bien l'intérêt de cet histoire, le message (y en a-t-il un ?)... je ne suis pas sure que ce livre m'ait apporté quelque chose d'autre que le dégoût, l'écoeurement, l'incompréhension...

Je commence à me poser des questions sur cette auteur qui jusque là renvoie une image de la femme qui oscille entre la nymphomane, la folle assassin d'enfants, et la mère nigaude...

Pas certaine de retenter l'expérience...

Folio, 228 pages.

dimanche 13 mai 2018

❤️❤️❤️ "Dans les pas du fils" de Renaud et Tom François avec Denis Labayle



Tom a 16 ans, il ne travaille plus à l'école, passe beaucoup de temps à fumer (et boire) avec ses copains. Il vit à Biarritz avec sa mère, son père étant lui à Paris.
Les relations entre les deux hommes sont extrêmement compliquées, violentes et agressives.
Alors après un énième rendez-vous avec l'école Renaud décide de partir avec son fils, de l'emmener traverser le Kirghizstan à dos de cheval pendant 3 mois.

Ce voyage initiatique a pour but de faire comprendre à l'adolescent que son père n'est pas son ennemi, qu'il est là pour lui et qu'il ne doit pas gâcher sa vie, c'est lui qui en a le contrôle.

Ce récit est le témoignage de ce père et ce fils qui ont fait ce voyage en 2014, une histoire bouleversante d'émotion, de vérité, de partage, de don de soi.

D'un point de vue purement aventure/voyage, les deux hommes font des rencontres incroyables dans un pays pauvre, loin de tout et dont les éléments ne sont pas toujours favorables à une vie facile. Malgré la barrière du langage ils arrivent à tisser de vrais liens avec les hommes et les femmes qu'ils croisent au gré de leur pérégrination, il y a aussi quelques mauvaises rencontres mais heureusement elles sont plus rares. L'accueil des paysans kirghizes est incroyable et bien qu'ils vivent dans le plus grand dénuement ils sont toujours prêts à offrir, à accueillir ces deux inconnus qui voyagent à cheval.

Les paysages qu'ils traversent sont époustouflants de beauté et l'on assiste petit à petit à l'émerveillement de l'adolescent devant la beauté du monde, il se sensibilise à la nature, à ce qui l'entoure.
Le lien que Tom crée avec son cheval surprend également son père qui ne le croyait pas capable de prendre aussi bien soin d'un animal.

Et puis bien entendu on voit l'évolution de la relation du père et du fils, une relation incroyable, un père (un héros) qui fait tout pour son fils et malgré les rebuffades du jeune mâle, il persiste.

Cette relation est tout simplement magnifique, et voir ce jeune garçon se transformer en homme, le voir se raisonner, devenir plus mature, plus humain encore, c'est un pur bonheur.

Un livre à lire, à découvrir et à offrir !!

Pocket, 250 pages.

NB: Au retour de leur voyage Renaud, qui était en contact avec une journaliste, a fait paraitre un article sur leur aventure dans le monde du 30 aout, "la chevauchée initiatique" a inspiré Laurent Mauvignier pour son livre "Continuer". Il y a eu bien sûr quelques échanges de courtoisie...

samedi 12 mai 2018

"Vers la beauté" de David Foenkinos



Antoine Duris est professeur aux Beaux-Arts, à Lyon, et un jour il décide de tout lâcher, il part à Paris où il réussit à se faire embaucher comme gardien de musée à Orsay.
Il se retrouve gardien dans une salle consacrée à une exposition temporaire sur Modigliani, grand bonheur pour lui puisqu'il avait fait sa thèse sur ce peintre.
Bien qu'il ne veuille plus avoir de relations humaines avec quiconque il noue une relation particulière avec Mathilde Mattel la DRH du musée qui l'a embauché. Et grâce à elle il va revenir sur ses pas, sur son histoire et sur les raisons qui l'ont amené là.

Le roman est coupé en trois parties principales avec des retours dans le passé, notamment pour expliquer la situation d'Antoine.
On découvre qui est Camille et le rôle qu'elle a dans cette histoire.

Malheureusement je vais rejoindre l'avis de mon amie Sophie M.
Je trouve cette histoire très mal ficelée, les personnages sont très peu crédibles et ce qui aurait pu être le point fort du roman est abordé de manière très légère et trop courte pour pouvoir être suffisamment traité. Ça donne une histoire baclée, où les liens entre les personnages principaux sont tellement peu croyables que tout perd de son intérêt.
Les ficelles sont trop grosses, le style d'écriture est lourd, bourré de poncifs, sans parler des annotations ridicules qui n'ont aucun intérêt hormis nous donner l'impression qu'il est derrière notre épaule en train de nous demander si "elle n'a pas bonne celle-là".
Faut vraiment arrêter de se regarder écrire !

J'aurais presque pu faire un copié-collé de la critique que j'avais faite pour son livre précédent "Le mystère Henri Pick" qui m'avait déjà largement fâchée.

La petite note positive c'est que la lecture est facile et du coup rapide, ouf !

Cette fois donc c'est sûr c'est un écrivain que je vais mettre de côté.
Dommage

Gallimard, 222 pages.

mardi 8 mai 2018

"L'affaire Mayerling" de Bernard Quiriny



"Les villes se droguent à la construction. Les grues innombrables sont des seringues ; le béton, une drogue. Plus la ville se pique, mieux elle se sent. Et pourtant, c'est par là qu'elle meurt."
Un nouvel ensemble immobilier se construit à Rouvières, le Mayerling, résidence cossue dans parc ombragé. Très vite tous les logements sont vendus/loués ; mais voilà très vite aussi d'étranges choses vont se produire et chaque occupant aura son petit (gros) lot d'ennuis.
Bientôt tout s'emballe et quelques propriétaires décident d'entrer en guerre contre l'immeuble qui les malmène.

Ce livre est mené comme un enquête policière pour tenter de découvrir ce qui a bien pu se passer dans cet immeuble.
Il se présente sous forme de courts petits articles, chacun avec une thématique particulière, et qui nous conduit petit à petit à comprendre l'évolution de la situation.

Nous sommes bien sûr dans l'absurde - plus que dans la science-fiction - mais c'est un moyen (ironique) de nous sensibiliser à la surexpansion immobilière.

L'auteur démarre son récit par une analyse des publicités pour les nouveaux programmes immobiliers, j'avais l'impression qu'il était dans ma tête tellement il écrit tout ce que je ressens à chaque fois que j'en regarde une, il y a toujours du soleil, des fleurs, des arbres magnifiques dans le jardin, une jolie maman blonde avec une poussette et un enfant qui sourit, des gens qui parlent devant l'entrée dans une entente qui semble tout à fait cordiale, oui en effet ça fait rêver !!
Puis il continue avec les noms de ces ensembles immobiliers, on a envie de rire, bien sûr ! Le clos de..., les Terrasses de ..., Jardins de..., Villa.... des noms de rêve, enfin qui vendent du rêve et ça s'arrête là !
Vient ensuite les noms des compagnies, toutes avec des acronymes pas possible.... et tout cela est tellement vrai...
Je connais un tout petit peu ce milieu de la construction immobilière et je trouve que l'auteur tombe très juste, y compris lorsque tout part à vau-l'eau et même si il est volontairement dans l'exagération la plus totale il est parfaitement crédible.

Bien entendu il y a un message et il est très clair, on bétonne les villes à tout va, on construit dans les villes, dans les campagnes, jusqu'où ? quelle est la limite ?
C'est assez surprenant d'avoir lu ce livre juste après celui de Éric Faye et Christian Garcin (Dans les pas d'Alexandra David-Néel) où eux-aussi s'alarmaient de l'hyperconstruction dans les villes chinoises et les campagnes.

Un livre original, bien construit 😂 (sans mauvais jeu de mots), un sujet actuel et qui nous concerne tous.
Un auteur belge que je ne connaissais pas, mais que je trouve assez intéressant.

Rivages, 271 pages.

lundi 7 mai 2018

"L'Archipel du Chien" de Philippe Claudel



"La littérature peu permettre de toucher en profondeur les êtres car elle laisse la pensée suivre son cours et l'invite à prendre son temps." Philippe Claude, Page nº189

Il y a cette île, la seule habitée sur l'Archipel du chien, située en Méditerranée.
Sur cette île vivent des pêcheurs, ils vivent une vie tranquille, au soleil, certains habitants fabriquent un bon vin, les enfants vont à l'école, il n'y a pas beaucoup de touristes et justement le Maire a un projet, il veut construire des thermes !

Mais voilà, un jour la Vieille - l'ancienne institutrice - en promenant son chien sur la plage, trouve trois cadavres de jeunes hommes noirs. Bientôt 7 personnes seront au courant et décideront (ou pas) de la marche à suivre.
Il y a, en plus de la Vieille, le Maire, le Docteur, Amérique (fabricant de vin), Spadon (un pêcheur), l'Instituteur et le Curé.
C'est un vrai combat de fourbes où chacun cherche et voit son intérêt, entre les pro-actifs que rien n'arrête, ceux qui ne disent rien mais finalement consentent (de bons hypocrites), il n'y en a finalement qu'un seul qui va s'indigner (après coup) et tenter de trouver une réponse altruiste. Il en paiera le prix fort.

Philippe Claudel nous montre à quel point "le pouvoir politique s'oppose au souci humanitaire" notamment au travers du Maire et de l'Instituteur.
Il y a les faits, il y a ce que l'on accepte de voir ou de croire...

On assiste petit à petit à la destruction de l'humanité par manque d'humanité !
Un petit conte qui laisse à penser, à réfléchir, sur ce que nous faisons chacun en tant qu'homme mais aussi sur notre société, ses fonctionnements, nos acceptations.
On retrouve tous les défauts de l'être humain en passant de la vénalité, à la corruption, à l'aveuglement, l'intolérance, le mensonge, la trahison, la culpabilité ...

J'aime beaucoup Philippe Claudel qui nous pousse toujours à la réflexion sans forcément nous donner son idée ou une solution. Son texte est toujours très agréable à lire, cependant ce livre est très noir et je n'ai pas tellement vu de petite lumière d'espérance.
Ça fait mal et ça fait peur.

"[...] Je vais disparaître. Je vous avais promis de n'être que la voix. Rien d'autre. Tout le reste est humain et vous concerne. Ce n'est pas mon affaire. Le temps a passé sur l'île mais n'a rien arrangé. Ce n'est pas son rôle. Ovide a écrit que le temps détruit les choses, mais il s'est trompé. Seuls les hommes détruisent les choses, et détruisent les hommes, et détruisent le monde des hommes. Le temps les regarde faire et défaire. [...] "
Stock, 280 pages.

 #LarchipelDuChien #NetGalleyFrance

mercredi 2 mai 2018

"Dans les pas d'Alexandra David-Néel, Du Tibet au Yunnan" de Éric Faye et Christian Garcin



Éric Faye et Christian Garcin sont écrivains mais aussi de grands explorateurs et ensemble ils ont décidé de faire ce voyage dans les pas de cette très grande aventurière que fut Alexandra David-Néel presque un siècle après elle.
Ils sont partis de Pékin pour aller en train jusqu'à Lhassa puis de là ont voyagé à rebours du périple d'Alexandra qui en son temps mis près de 4 mois pour parcourir à pieds plus de 1800km à travers plaines, cols et montagnes enneigées.

Tout en retrouvant les traces d'Alexandra, Éric Faye et Christian Garcin découvrent aussi et surtout un nouveau Tibet, une nouvelle Chine. Quelques similitudes restent avec 1924 mais "malheureusement" la modernisation est arrivée jusque dans les montagnes himalayennes, jusqu'au temple du bouddhisme.
La question qu'ils se posent est de savoir si la culture tibétaine reste intacte, si les traditions perdureront, est-ce que la civilisation moderne n'est pas en train de détruire tout ça.

Mais ce qui m'a frappé aussi c'est que tout en voyageant au fin fond de la Chine et du Tibet les deux auteurs constatent partout cette frénésie de construction, partout où ils vont leurs yeux se posent sur des chantiers, des buildings, des ponts, des routes se construisent, la nature est défigurée, la pollution est partout avec des déchets qui envahissent tout.
Ce constat fait peur, ce constat fait mal.
Reste-t-il un endroit vierge d'humanité et de ce qui l'accompagne ?

Déjà, "Alexandra David-Néel, en 1919, avait conscience qu'elle explorait la Chine à temps : « Vraiment, il est bon d'être né maintenant, plutôt que cent, ou même seulement cinquante ans plus tard, la Terre devient bien laide sous la main des "civilisés".»"

Quelle vision au début du siècle dernier...! si elle pouvait voir ce que devient le monde, elle regretterait probablement d'avoir vu si juste.

Et comme un des auteurs le dit si bien, nous aimerions bien pouvoir "aller voir" comment c'était, ce que cela faisait :
"Parfois, pourtant, j'échangerais volontiers un peu de ma vie contre un moment à l'autre bout du temps, ne serait-ce que pour apercevoir Alexandra cheminant, la mine sévère, suivie du fidèle Aphur, de leur coolies et de leurs bêtes de bât, crottés, trempés, éreintés. Oui, j'échangerais sans barguigner un morceau de cette vie pour m'enchinoiser dans le Qinghai de 1921 et me laisser réveiller sur le coup de 5 heures, dans le froid de gueux du petit matin, par le mugissement des conques."
 Oui, ils nous donnent envie de voyager, même encore aujourd'hui, malgré les "civilisés" qui envahissent tout, ils nous donnent envie parce qu'ils nous montrent le beau qui reste à voir, aussi parce qu'ils nous donnent l'envie d'être plus attentif à ce qui nous entoure, à notre planète.

Je me suis plongée avec un plaisir immense dans ce témoignage, ce récit de voyage ; le plaisir de repartir sur les routes de Chine et du Tibet mais aussi sur les pas d'Alexandra.
Si ce n'est déjà fait je vous recommande vivement la lecture du livre qu'elle a écrit après cette incroyable aventure, "Voyage d'une parisienne à Lhassa".

Stock, 308 pages.

#DansLesPasD'alexandraDavidNéel #NetGalleyFrance

mardi 1 mai 2018

❤️❤️ "Correspondance 1946-1959" de René Char et Albert Camus



Albert Camus et René Char se rencontrent après la guerre lors de la sollicitation du premier des poèmes du second pour sa collection "Espoirs" éditée chez Gallimard.
Très vite les deux hommes se lient d'amitié, ils essaient de se rencontrer le plus souvent possible, travaillent sur beaucoup de projets communs, ils deviennent même voisins à Paris et dans le sud de la France.

Au cours de leurs années d'amitié ils échangent quelques 200 lettres réunies dans ce livre et qui nous montrent l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre mais aussi le profond respect du travail de chacun voire l'admiration.

Certaines lettres n'ont que peu d'intérêt mais nous permettent de suivre l'évolution de leurs rencontres et de leur travail grâce aux notes très instructives (et nombreuses...) de Franck Planeille.

Une correspondance qui donne envie de (re)lire Camus, de découvrir la poésie de Char, une correspondance qui rend aussi nostalgique du temps où l'on s'écrivait des petits mots ou de longues lettres, sur du papier tout simplement, avec un stylo.

Beauté de cette amitié, des mots, de la profondeur de leur déférence commune, mais aussi de la simplicité chez de si grands hommes.

Gallimard, 250 pages.