mardi 30 avril 2019

"Une vie avec Alexandra David-Néel" de Fred Campoy et Mathieu Blanchot


En 1959 Marie-Madeleine Peyronnet entre au service d'Alexandra David-Néel qui a déjà 90 ans.
Ensemble elles s'installent à Digne dans la maison de l'exploratrice.
Tout en racontant les dix années qu'elle a passé auprès de la vieille femme, Marie-Madeleine revient sur des instants de l'histoire de la grande aventurière, son enfance, son mariage et bien sur ses voyages et son fils adoptif.
C'est un mélange de l'histoire d'Alexandra mais aussi de ce que vit Marie-Madeleine à ses côtés, l'attachement qu'elle éprouve pour cette femme d'une si grande intelligence et avec un caractère très fort, parfois très difficile. Mais il faut dire qu'à 90 ans passés Alexandra souffrait beaucoup dans son corps, ce qui ne l'a pas empêché de faire une demande de passeport à 100 ans !!

Alexandra a passé plus de 15 ans en Chine et au Tibet mais aussi en Inde, première femme européenne bouddhiste elle a énormément étudié la religion mais aussi le sanskrit pour lire les textes. Une femme intelligente, érudite et qui n'avait absolument pas froid aux yeux.

J'ai aimé le dessin, la narration avec des va-et-vient mais aussi le fait que cela soit tourné vers Marie-Madeleine, son expérience auprès de cette grande personne qu'était Alexandra, son vécu et son ressenti. Cette rencontre a totalement orienté le sens de sa vie qu'elle a entièrement dévouée à Alexandra.
 "Sans entrer dans de grandes considérations, on peut juger de la différence existant entre l'idée primordiale de la religion de nos pays et du bouddhisme.... Tandis que l'une dit au malheureux étreint par la douleur : « résigne-toi, courbe le front »... L'autre lui crie : « combats la souffrance, cesse d'être la victime de ta propre stupidité, tes erreurs et tes préjugés sont les divinités des ténèbres sur l'autel de qui tu immoles le meilleur de ta vie...apprends à connaitre la nature des choses qui t'environnent, à te connaitre toi-même et la connaissance te fera libre et heureux»"
Pour les "fans" je vous recommande aussi les lectures de "Voyage d'une parisienne à Lhassa" et de "Dans les pas d'Alexandra David-Néel, du Tibet au Yunnan".

Grand Angle.

dimanche 28 avril 2019

"Of mice and men" de John Steinbeck


Nous sommes dans les années 1930 en Californie pendant la Grande Dépression ; deux hommes vont de ferme en ferme pour louer leurs bras et tenter de se constituer un petit pécule. Ils n'ont qu'un rêve, avoir leur petit lopin de terre à travailler, quelques animaux dont des lapins, et vivre tranquillement.

Mais voilà, la vie n'est pas si facile pour Georges et Lennie.
Lennie est un géant, qui possède une force démesurée et une cervelle de moineau, il n'est pas méchant mais pas malin non plus, alors Georges est là pour le protéger de lui-même mais aussi du reste du monde.

Lorsque qu'ils arrivent dans cette nouvelle ferme on sent la tension qui monte, que quelque chose va se produire, le récit est parfaitement mené et nous accroche, on ne peut plus lâcher le livre.

Je n'avais pas encore lu ce livre qui est pourtant un grand classique et je suis ravie de l'avoir fait, enfin, et en anglais, grace à mon fils qui l'a étudié récemment.
La lecture dans la langue originale apporte beaucoup même si cela n'a pas toujours été facile, mais j'ai été transportée dans ce milieu agricole, d'hommes, de travail difficile, où chacun doit se battre pour sa peau.

Une magnifique histoire d'amitié, de fidélité et en même temps tellement déchirante.
Un texte court mais lourd de sens.

Penguin Books, 121 pages.

lundi 22 avril 2019

"Shanghaï-la-juive" de Michèle Kahn


1938, Walter Neumann est un jeune journaliste autrichien qui après la "nuit de cristal" fut libéré de Dachau. Il saisit cette occasion pour partir à Shanghaï qui se trouve être le seul endroit où il peut se rendre sans visa.

C'est ainsi qu'il arrive avec des centaines d'autres juifs dans la grande ville chinoise tenue par les japonais. Il y a un comité d'accueil des réfugiés mais il refuse de vivre là où on l'assigne et veut se débrouiller par lui-même. Son objectif étant de gagner vite beaucoup d'argent pour pouvoir partir vivre aux États-Unis.
Mais c'est sans compter la seconde guerre mondiale qui démarre en Europe, et de plus en plus de juifs  débarquent à Shanghaï.
Walter tient absolument à pouvoir exercer son métier, et notamment en mémoire de son père.

Les logements sont insalubres et le travail difficile à trouver mais Walter est plutôt débrouillard, il sait utiliser sa tête, et ses mains, il sait faire de bonnes rencontres et surtout entretenir les relations.
Quelques européens vivaient déjà à Shanghaï, des français, des allemands, des russes.... c'est ainsi qu'il se reconstitue petit à petit une famille. Il devient aussi très ami avec une chinoise et apprend à parler la langue locale.
Il se frotte au luxe indécent, aux mafieux de tout ordre...
Il trouve un travail, un petit logement, construit doucement sa vie... mais voilà que les japonais décident de parquer tous les migrants arrivés après 1937 dans ce qui devient en fait très vite un ghetto, car ces migrants ne sont que les juifs d'Europe de l'Est qui ont fui le nazisme.
Cependant les japonais refusent d'appliquer la solution finale de leurs alliées.

A la fin de la seconde guerre mondiale tout va à nouveau changer, et Walter ne sait plus trop si il veut toujours aller aux États-Unis, alors que maintenant ce sont les communistes qui menacent Shanghaï et qu'il faut de nouveau "fuir". Il choisira Hong-Kong, car finalement la Chine est devenue sa seconde nature.

C'est une histoire romanesque très forte qui m'a fait découvrir un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas encore été à Shanghaï et pourtant j'ai l'impression de m'y être baladée au gré des pages, une Shanghaï ancienne, du temps des coolies et des jolies robes.

Je me suis laissée prendre au rythme de l'histoire, des aventures de Walter qui ne lâche jamais rien malgré des épreuves pas toujours faciles.

Le Passage, 517 pages.

jeudi 18 avril 2019

"L'empreinte" de Alexandria Marzano-Lesnevich



Alexandria fait des études de droit car elle veut devenir avocate, comme ses parents.
Depuis toujours elle est contre la peine de mort et c'est pourquoi elle choisit de faire un stage dans un cabinet d'avocats en Louisiane spécialisée dans la défense des condamnés à mort.

Le premier cas auquel elle se trouve confronté va changer sa vie, c'est celui de Ricky Langley qui a assassiné le 7 février 1992 le petit Jeremy Guillory âgé de 6 ans.
Ricky Langley n'a pas encore trente ans mais a déjà été arrêté pour pédophilie.
Pour Alexandria c'est un choc qui la renvoie à sa propre histoire.

Ce récit est une alternance entre un compte-rendu journalistique/enquête sur l'histoire de Ricky Langley, comment il est arrivé à l'assassinat de Jeremy, ses trois procès, et l'autobiographie de l'auteur, sa rencontre avec un pédophile, dans sa famille.
Elle manie parfaitement ce va-et-vient entre les deux récits et les rapprochements qu'elle peut faire entre les deux.

C'est un texte troublant, d'une très grande intelligence.
On y découvre les failles de deux familles (je ne peux m'empêcher de noter qu'il n'y a qu'une lettre de différence entre ses deux mots), le poids du secret, des non-dits, l'absence de reconnaissance de la vérité.
Mais aussi les faiblesses de tout un système, de notre société.
Peut-être que les différentes prises en charge ont évolué aujourd'hui, j'ai envie d'y croire, mais malheureusement on découvre tous les jours que le silence est encore très lourd.

Mais ce livre n'est pas noire -pas totalement- car Alexandria voit la possibilité d'une résilience, d'un retour à la vie, ce qui ne veut pas dire oublier ou cacher, au contraire, dire, parler, informer .

Un livre dérangeant mais nécessaire ; une écriture simple, direct.

Éditions Sonatine, 471 pages, Traduction de Heloïse Esquié.

mardi 16 avril 2019

"Taqawan" de Eric Plamondon


"Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu'on traite de bâtard toute sa vie pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même oeil que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu'on traite de sauvages durant quatre siècles ?"
Le 11 juin 1981 quelques 300 policiers de la Sureté du Québec débarquent dans la réserve de Restigouche pour empêcher les indiens Mig'maq de pêcher les saumons dans la rivière sous prétexte qu'ils en ramassent trop.

Sur la base de ce fait historique l'auteur nous raconte l'histoire d'Océane, une jeune adolescente indienne qui à la suite de ces évènements sera violentée, menacée, enlevée ; elle sera secourue et accueillie par un garde forestier, un vieil indien solitaire et une jeune institutrice française.

Les chapitres sont très courts, parfois il ne s'agit que d'un paragraphe, mais chacun a son importance pour la compréhension de l'histoire mais surtout de la grande Histoire.
Avec un retour très lointain aux sources, à l'arrivée des peuples indiens sur ces territoires, puis bien plus tard celle des français et des anglais on comprend mieux toute la complexité de la situation, mais aussi l'hypocrisie des peuples blancs et l'injustice faite aux peuples indiens.
Ces peuples millénaires nomades à qui l'on a tout pris, à qui on ne laisse que quelques kilomètre-carré pour survivre.

Il y a l'origine des mots, l'origine des légendes.
Il y a une incompréhension avec les Québécois qui veulent leur liberté par rapport au Canada mais qui sont eux-même incapables de comprendre le besoin de liberté des Indiens.
Il y a ces réserves qui ressemblent plus à des camps, fermés,  où on déverse de l'alcool, de la drogue, où l'on prend les filles et maintenant cette histoire de saumon....

Un texte rapide, incisif, qui va droit au but.
Je découvre cet auteur canadien grâce à mon amie Sophie "des livres et des books", c'est une très belle découverte. Un style qui change, un livre qu'on dévore d'une traite et qui fait réfléchir.... notamment à la migration des peuples, sujet finalement toujours très d'actualité.
"C'est un drôle de concept, la terre natale. Ce sont de drôles de concepts, le territoire, la culture, la langue, la famille. [...] Mais d'où vient cette incroyable force collective qui mène le monde depuis toujours : défendre son territoire, son identité, sa langue ? D'où vient cette nécessité, comme innée, depuis le fond des âges, qui veut que l'espèce humaine se batte et s'entretue au nom d'un lieu, d'une famille, d'une différence irréductible ? Pourquoi mourir pour tout ça ?" 

Le livre de poche, 224 pages.

jeudi 11 avril 2019

"Là où les chiens aboient par la queue" de Estelle-Sarah Bulle


Nous sommes dans les Antilles françaises, en Guadeloupe et l'histoire nous est contée par la narratrice qui a interrogé son père et ses deux tantes pour connaître l'histoire de sa famille, les Ezechiel.

Au travers de leurs trois voix, nous rencontrons Hilaire (le grand-père), issu de famille d'esclaves, qui épousa Eulalie, une beke, avec qui il eut 3 enfants.

L'ainée c'est Antoine - de son "nom de brousse" pour éloigner les mauvais esprits - elle est belle, a beaucoup de caractère et veut être libre et indépendante. Elle quitte donc Morne-Galant -sa cambrousse natale- pour s'installer à Pointe-à-Pitre où elle souhaite avoir son propre petit commerce, comme sa mère. Et plus tard elle partira elle aussi pour Paris, la France ! Antoine c'est la débrouillarde un peu mystique.

Après Antoine, il y a Lucinde, la préférée. Elle prendra la suite d' Antoine pour veiller sur son petit-frère, mais elle aussi finira par quitter Morne-Galant et Pointe-à-Pitre et s'installera à Paris.
Le dernier, c'est Petit-Frère, le père de la narratrice qui suivra ses soeurs puis s'engagera dans l'armée pour pouvoir partir encore plus loin.

En suivant l'histoire de cette famille on suit aussi une partie de l'histoire de la Guadeloupe.
La narratrice est née en France et par la voix de sa famille elle essaie de reconstituer et de comprendre ses origines. La vie dans la campagne et toutes les difficultés rencontrées, en particulier après la mort de la mère. La place, immense, que prend la famille élargie, famille qui demande sans compter, qui exige tout le temps, et Hilaire qui dit oui à tout et tout le temps, au mépris du bien-être de ses enfants.
Et puis le premier exil à Pointe-à-Pitre, la misère qui côtoie les riches, les blancs. L'arrivée du béton, des immeubles que l'on construit pour entasser les familles, les centres commerciaux qui détruisent les petits commerçants, et bien sur des révoltes contre l'homme blanc, contre l'administration.
Alors on croit que l'herbe est plus verte ailleurs et ce sont les différents grands départs pour la capitale, où le béton est encore plus présent, mais aussi le racisme, mais il faut malgré tout se faire une nouvelle vie et s'accrocher.

Un premier roman très bien construit dans une langue colorée, chatoyante, qui nous faire vibrer les sens. J'ai aimé les personnages et en particulier la tante "Antoine" que l'on sent vivante, drôle, mais aussi intelligente et profonde. C'est aussi une vraie découverte de l'histoire de cette île et de l'histoire récente de ses habitants.
Auteur à suivre...

Liana Lévi, 283 pages.

mercredi 10 avril 2019

« Auschwitz et après - II - Une connaissance inutile » de Charlotte Delbo


"Je reviens 
                                 d'au-delà de la connaissance
                                      il faut maintenant désapprendre 
                          je vois bien qu'autrement
                          je ne pourrais plus vivre."


Après avoir lu "Je me promets d'éclatantes revanches" de Valentine Goby, j'avais commencé à lire et découvrir Charlotte Delbo avec "Auschwitz et après - I - Aucun de nous ne reviendra" qui est le premier tome d'une série de documents qu'elle écrivit plusieurs années après son retour des camps de la mort.

"Une connaissance inutile" est le deuxième livre de cette série.
Charlotte Delbo nous y parle d’amour, d’amitié, de peurs, de soutien, d’entraide jusqu’à la libération.

L'amour avec son mari qui fut arrêté avec elle mais tué peu de temps après son arrestation. Elle lui écrit des poèmes magnifiques.

L'amitié car dans les camps on ne survit pas seul, on survit en groupe. Souvent les groupes se font par pays d'origine, parfois lorsque l'on est arrivé dans le même convoi, parfois simplement aussi parce qu'on ne se comprend pas avec les autres femmes. Des liens forts de solidarité, pour partager, se soutenir, parfois même s'amuser.
Alors Charlotte nous parle de ses compagnes, comment elles se partagent une cigarette (échangée contre un quignon de pain), comment certaines disparaissent....
Lorsqu'elle se meurt de soif, une chaîne d'amitié s'organise pour qu'elle puisse boire dans la rivière.
Charlotte réussit même à récupérer un exemplaire du Misanthrope, elle l'apprend par coeur, et avec ses compagnes elles vont, pour elles-même, mettre en scène la pièce.

Elles vont aussi partir "en voyage" à Berlin dans le camp de Ravensbruck où elles devront travailler dans un atelier à coudre des vestes pour l'armée allemande.

Et jusqu'à la fin de la guerre, et surtout la libération, le départ enfin !

Encore une fois Charlotte Delbo nous touche par ses récits, la simplicité de son écriture, la beauté de ses mots.
Il y a des textes plus ou moins longs et des poèmes, toujours.
On ne peut rester indifférent à un tel témoignage, si vrai, sans fausse-pudeur.

"Je l'aimais
parce qu'il était beau
c'est une raison futile

Je l'aimais
parce qu'il m'aimait
c'est une raison égoïste

Mais
c'est pour vous
que je cherche des raisons
pour moi je n'en avais pas
Je l'aimais comme une femme aime un homme
sans mots pour le dire"

Les Éditions de Minuit, Documents, 187 pages.



lundi 1 avril 2019

« Une femme en contre-jour » de Gaëlle Josse




Mais qui est Vivian Maier ?
Une femme énigmatique, seule, et une très grande photographe, totalement méconnue.

Un jour un homme achète une boîte en carton dans laquelle il ne trouve finalement pas ce qu’il cherchait mais, petit à petit, en fouillant à l'intérieur, il y découvre un petit trésor.
Des centaines de photos et des milliers de pellicules non-développées.

Mais qui a pris toutes ces photos ?
Un nom fini par surgir, Vivian Maier !

Dans ce texte, très joli, Gaëlle Josse nous emmène à la découverte de cette femme étrange et secrète, au passé non moins mystérieux, presque insaisissable.
Une enfance difficile pour cette jeune femme américaine aux origines françaises. Le couple de ses parents n'étaient pas pétri d'amour ni pour eux ni pour leurs enfants. Elle finira par s'éloigner totalement de sa famille, et s'occupera des enfants des autres tout en continuant à prendre des photos, de tout, tout le temps, même si elle n'a plus les moyens de faire développer les images qu'elle prend. Elle se met souvent elle-même en scène, on la découvre alors habillé simplement, ne souriant jamais.

Elle ne sait pas qu'elle a un vrai talent, qu'elle aurait pu exposer, vivre de son art. Pourquoi n'a-t-elle jamais montré ses photos ?

Jamais déçue par Gaëlle Josse, encore un roman qu'on lit avec délectation, une douceur dans le texte et le choix des mots, un plaisir subtil, délicat, fin. Un plaisir de la lecture, un plaisir de la découverte, et de la rencontre, tout simplement merci !

"En attendant, l'histoire de Maria se répète, bégaie et joue un air qui revient comme une ritournelle grinçante. Mère et fille abandonnent leur village, les clarines des brebis et des vaches, la découpe acérée des sommets, le bleu étourdissant du ciel, les fleurs sauvages des sentiers, pour aller retrouver la brique rouge, les rues nerveuses, l'air traversé par les hurlements des sirènes et alourdi des fumées d'usine."
"Je pense à deux autres figures créatrices. Camille Claudel, Séraphine de Sentis. Sculpture, peinture. Toutes deux, marginales, s'enfoncent dans la folie, niées, ignorées. Elles font peur, comme font peur les chemins d'absolu, les chemins trop solitaires. Elles finiront leur existence dans le dénuement, enfermées, abandonnées, privées de leur art."

À propos du livre que l'on vient de lire, l'auteur nous dit :
"C'est une entreprise vertigineuse de se pencher au-dessus du gouffre d'une vie, de tenter de déchiffrer un destin dans ses contre-jours, dans ses détours, dans ses impossibles et se points de suspension. C'est lancer un tamis dans le fleuve et ramener à la surface tessons, clous rouillés et pierres aurifères. C'est déchiffrer toute cette moisson. C'est écouter une voix perdue par-delà la rumeur du temps et tenter d'en percevoir l'écho." 
"De Vivian Maier, on ne possède que quelques jalons, des traces légères, souvent déroutantes, et une oeuvre. Forte, vibrante, immense. Passionnément humaine. Ancrée. Et du silence. Du vide et des interrogations."
"Le travail de Vivian Maier me renvoie, de façon frontale, impérieuse, à ce que je poursuis en écrivant. Faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystère, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe. Assemblage unique, pour chacun, de chair et de rêves. Au détour d'une phrase, parfois, surgit notre nudité. Qui va nous faire face dans le miroir ? Quels anges déchus et quelles enfances oubliées ?"
Pour finir, je vous recommande vivement d'aller faire un tour sur le site officiel de Vivian Maier ICI, admirer ses photos, la lumière, les perspectives et mises en scène, c'est incontestable, elle avait un talent fou !!!

Notabilia, 150 pages.

Gaëlle Josse est une auteur que j'aime particulièrement, vous pouvez retrouver l'article sur "Noces de neige", "Une longue impatience" et "Les heures silencieuses".