"Ce soir, Louis n'est pas rentré. Je viens d'allumer les lampes dans le séjour, dans la cuisine, dans le couloir."
Louis a 16 ans ; il est parti, il a fugué, il a quitté sa mère et sa famille.
Va commencer pour Anne, sa mère, une longue attente, l'attente du retour de ce fils tant aimé.
C'est juste après la seconde guerre mondiale, le début des années 1950, la Bretagne
Anne va chercher son fils, découvrir qu'il s'est embarqué sur un navire, il est devenu marin, comme feu son père.
Elle va attendre le retour de son bateau, le retour de son fils.
Une alternance de chapitre où l'on découvre la vie d'Anne, où l'on vit l'attente avec elle, et de lettres qu'elle écrit à Louis, lettres où elle lui raconte le festin qu'elle va lui préparer pour son retour, la fête qu'elle va organiser.
On vit la douleur d'Anne, on tremble avec elle, on est en équilibre sur ce fil de la raison où à chaque instant cette mère peut tomber dans la folie, tant le manque de son fils lui est cruel.
Elle fait de son mieux pour continuer à vivre une vie "normale" avec son mari et ses deux autres enfants, mais c'est dans sa chair, dans son âme, Louis n'est pas là, Louis lui manque, chaque jour un peu plus, comme une longue torture, un long cri de douleur.
C'est le premier roman que je découvre de Gaëlle Josse, une réussite absolue dans la description des émotions de cette mère à laquelle on ne peut pas manquer de s'identifier.
C'est une histoire dans laquelle on se glisse tout doucement, avec confiance, on se laisse porter par les mots et les phrases de Gaëlle Josse, toujours dans la simplicité et la beauté.
La beauté des moments, la beauté des sentiments.
J'ai terminé la lecture de ce livre les yeux baignés de larmes, larmes d'émotions de l'histoire, mais aussi larmes d'émotions des mots.
A LIRE ABSOLUMENT !
"Car toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout, d'un front chaud, d'un toussotement, d'une pâleur, d'une chute, d'un sommeil agité, d'une fatigue, d'une plainte, d'un chagrin. Elles s'inquiètent dans leur coeur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige, et ne cède jamais. Elles se hâtent et se démultiplient, présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant sorti un jour de leur flanc."
" Lorsque tu reviendras, mon fils, mon fils parti voyager sur la peau du monde, mon fils coureur de mer, ce sera une fête."Les Editions Noir Sur Blanc, 190 pages.