Nous retrouvons la famille Trotter qui évolue en même temps que son pays au gré des aléas de la vie quotidienne et de l'histoire politique de l'Angleterre de 2010 à 2018.
Toute une décennie qui passe par la cohabitation, les émeutes de 2011, la liesse des Jeux Olympiques et bien sur le référendum qui amène au Brexit.
Lorsque nous reprenons le cours de la vie des Trotter, Benjamin vit depuis quelques mois dans un moulin, il ne travaille plus et tente de devenir écrivain. Sa conscience politique mettra beaucoup de temps à s'éveiller, ce n'est pas quelque chose qui l'intéresse, mais lorsque la question de quitter l'Europe va se poser, son intérêt va rapidement évoluer.
Pendant ce temps sa soeur Loïs vit toujours à York où elle est bibliothécaire, sans être vraiment séparée de son mari elle ne vit pas dans la même ville que lui, toujours obsédée par ses vieux démons, à savoir l'attentat dans un Pub où elle était présente à la fin des années 70 avec son amoureux de l'époque.
Sa fille Sophie est universitaire, spécialisée dans l'histoire de l'Art, elle va enfin rencontrer quelqu'un mais les divergences politiques sont parfois cruelles dans un couple.
Et puis il y a Doug le vieux copain d'école de Benjamin, un journaliste politique reconnu et qui régulièrement rencontre Nigel le responsable de la communication du 10 Downing Street, leurs échanges réguliers sont assez bien vus et plutôt amusants vu de l'extérieur.
De nombreux autres personnages apportent une vision plus précise sur la société et l'on se rend compte que les magouilles politiques et la langue de bois sont décidément les mêmes quelque soit le pays.
La vision des hommes politiques et de la politique en général est assez critique et parfois sarcastique mais comment en vouloir à nos personnages !
L'approche du référendum augmente les tensions, les discussions, et même au sein des familles et des couples les désaccords se font de plus en plus ressentir, et on voit très bien comment les politiques et les gens du "peuple" n'ont pas la même lecture des évènements ni les mêmes attentes.
Et puis il y a ceux qui cherchent à profiter de toutes situations... ceux qui n'ont aucun scrupule et ne pensent qu'à leurs propres bénéfices.
Bref un roman passionnant qui se dévore grâce à la fluidité de l'écriture, et une excellente traduction.
Gallimard, 545 pages.
Traduction de l'anglais par Josée Kahoun.