Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

Affichage des articles dont le libellé est littérature française. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est littérature française. Afficher tous les articles

jeudi 2 septembre 2021

❤️❤️❤️ " 907 fois Camille" de Julien Dufresne-Lamy

 



Mais comment faire pour vous parler de ce livre ? Il faudrait peut-être ne rien dire hormis « Lisez-le », ou écrire tout un livre pour en parler.

 

 

Julien Dufresne-Lamy nous raconte son amie Camille ; Camille qui a pour père « Dodo la Saumure » notamment rendu célèbre au moment de l’affaire DSK, mais qui est surtout un proxénète notoire. 

 

 

Comment grandir comme une petite fille puis une jeune femme quand on vit entouré de « l’aura » d’un tel père, dans ce clan de femmes constitué de la grand-mère paternelle, de tantes, demi-sœurs… toutes reliées à cet homme, qu’ici je ne jugerai pas car je ne veux même pas lui donner cette importance. 

Mais pour Camille ?

 

 

Ce texte est d’une bienveillance absolue, on sent l’amitié sincère et pleine, le profond respect de la femme, des femmes. 


Julien se livre, tout en pudeur ; il est d’une très grande sensibilité, son intelligence émotionnelle est infinie, il me donne de l’espoir, il me donne envie de croire encore. Il doit savoir écouter, les femmes en particulier car il les connaît, bien, il est rempli d’humanité.

 

 

On retrouve la question de l’identité, celle qui raconte d’où l’on vient, cette question si importante, pour tous et pour chacun ; et puis le jugement, qui ne devrait pas exister et être tout simplement remplacer par ce regard altruiste que Julien porte sur son amie, et tous les autres.

 

 

Je me sens toute petite, remplie d’humilité face à ce livre, simplement lisez-le, vraiment.


Plon, 2021


samedi 28 août 2021

❤️❤️❤️ "Les Contreforts" de Guillaume Sire

 


Il était une fois une famille qui vivait dans un château fort près des Corbières dans le sud de la France.

 

Dans cette famille ancestrale, il y a Léon, le père, un grand costaud exalté et un peu naïf ; la mère, Diane, qui porte à bout de bras tout son petit monde ; Clémence, 17 ans, est une bricoleuse de génie qui rafistole avec intelligence son château fabuleux, et Pierre, 15 ans, sensible et délicat, braconne dans les forêts alentour tout en vénérant sa sœur.

 

Malheureusement cette foutraque citadelle est en piteuse état et les Testasecca n’ont pas le moindre sou pour empêcher la dégradation et l’effondrement à venir. 

Et autour d’eux rodent les hyènes prêtent à profiter, à abattre, à couper leur tête pour s’enrichir.


L’expropriation se profite... mais cette famille un peu déjantée et hors norme n’a pas dit son dernier mot, ils feront tout pour sauver leur château de toujours, pour rendre honneur à leurs vaillants et célèbres ancêtres, c’est une guerre sans merci qui va se jouer.

 

Un roman magique, lumineux, déroutant ; une fresque familiale romanesque et excentrique, une balade hors des sentiers battus, un réel plaisir de lecture. 

 

Guillaume Sire m’avait conquise avec « Avant la longue flamme rouge », avec ce roman il sait à nouveau nous emporter dans un univers rocambolesque, tragique et passionné. 

 

On aime, on adore !!!


Calmann-Levy, 2021

vendredi 20 août 2021

"Géantes" de Murielle Magellan

 



Murielle Magellan nous propose un roman très original. 

Se succèdent les parties du roman et celles du journal intime.

 

 

Le roman est un conte où Laura une jeune femme simple et sans histoire se met à grandir après qu’un événement l’ait poussé sur le devant de la scène. 

Dans le journal intime, l’autrice relate sa rencontre avec Andreï Makine sur le plateau de La Grande Librairie ; il lui dit à cette occasion une phrase qui va pousser à la réflexion et la faire digresser jusqu’à ce que la boucle soit bouclée. 

 

 

Le roman est un vrai conte philosophique sur la place de la femme dans notre société, son évolution et sans doute ses retombées.

Il n’y a pas d’attaque contre les hommes, c’est fin et réfléchi.

 

 

Le journal intime reprend ce thème en s’appuyant notamment sur le vieillissement, mais il y a aussi de l’amour, la filiation et un peu de mysticisme et de spiritualité. 

 

 

C’est un roman troublant, féministe, subtil et délicat.

 

 

ÉNORME COUP DE CŒUR !!!


Mialet Barrault, 2021




jeudi 19 août 2021

"Ultramarins" de Mariette Navarro

 



Un premier roman étonnant, rempli de mystère, de velouté, de troubles… 

 

 

Un cargo au départ du Havre est en route pour les Antilles ; la capitaine en acceptant une demande particulière de son équipage les (nous) fait pénétrer dans un univers sibyllin.

 

 

C’est un moment en suspension, un huis-clos marin déconcertant, prenant.

 

On fait un pas de côté, on se pose, on arrête le temps et on écoute le cœur battant de la machine, la moiteur, le silence et le calme. 

 

À dévorer en toute quiétude, dans le doux bercement de la houle, au-dessus des abysses et de l’immensité.

 

Énorme coup de cœur de cette rentrée car j’ai été surprise par ce texte et cette écriture si belle. 

Un roman qui nous sort de notre zone de confort et nous raconte une histoire étrange. Un style délicat, sensible qui nous touche, nous happe. 


Quidam Éditeur, 2021

dimanche 27 juin 2021

"Les suppliciées du Rhône" de Coline Gatel

 



Un bon petit polar pour se détendre, j’ai toujours aimé ça !

 

 

Lyon 1897, les corps livides de très jeunes filles sont retrouvés dans les rues de Lyon ; elles sont atrocement mutilées après avoir subi un avortement par césarienne. 

 

Félicien Perrier et Bernard Lecuyer deux étudiants du célèbre médecin Alexandre Lacassagne, sont nommés pour constituer une équipe d’experts ; c’est le début de la médecine légale. Accompagnés de l’intrigante Irina, journaliste polonaise, ils vont mener l’enquête qui les mènera dans les bas-fond de la ville des soyeux. 

D’un bouge d’opiomanes, à l’hôpital d’indigents, des faiseuses d’anges à la bourgeoisie montante, des pentes de la Croix-Rousse aux quais brumeux où se trouve la morgue flottante, cette drôle équipée va aller de surprise en surprise. 

 

 

Chacun de nos protagonistes a ses démons cachés ; petit à petit ils vont se dévoiler à nous et livrer leurs secrets.

Une plongée historique dans la ville et dans l’histoire de la criminologie.

Un polar prenant qui nous tient jusqu’au dénouement effrayant et inattendu. 

Le Livres de Poche, 416 pages. 

jeudi 24 juin 2021

❤️❤️ "L'isle ou la mémoire du sable" de Jean-Marie Quéré

 

 


Je dois tout de suite avouer que ce livre est un gros coup de cœur, tant pour l’histoire que l’écriture. Il m’a touchée au cœur car c’est un livre rempli d’amour. On y parle d’enfance, de souvenirs, de mémoire, de transmission. 

 

 

 

C’est l’histoire d’une famille qui, tous les étés, part s’installer pour camper dans un pré à Belle-île-en-mer ; toute l’année est rythmée par l’attente de ce grand départ, l’émoi et l’excitation montent au fil du temps qui passe et des petits indices qui indiquent que ce jour approche. 

 

 

C’est l’histoire d’un petit garçon qui aime cette île, sa beauté, sa nature ; ce petit garçon qui le temps de l’été vit au rythme de la marée, du soleil et des averses. C’est une ode à cette île tant aimée, une ode aux souvenirs familiaux. 

 

 

Ce texte court, très poétique, nous emmène tendrement dans les souvenirs de cet enfant devenu grand, dans ce qu’il a gardé de son lien sauvage et brut à la nature, ce lien qui le ramène au lien familial, à la transmission transgénérationnelle. 

La transmission voulue et choisie mais aussi la transmission qui se passe de mot, la transmission des émotions juste par une présence ; ce lien discret, ténu mais puissant qui se tisse de génération en génération. 

La fin est particulièrement belle, à la fois mélancolique et pleine d’espoir ; la vie passe mais l’amour lui reste et se transmet d’une main à une autre…

 

 

 

J'ai aimé plonger dans la simplicité des années 1960-70, la description des voyages, de la préparation avec les petits détails comme la grande boîte qui apparait dans la cuisine et à laquelle on se cogne tout le temps mais qui signifie que bientôt on va la remplir pour partir. 

J'ai aimé la façon dont cette famille découvre ce pré et s'y installe.

J'ai aimé ce petit garçon qui apprécie, déguste, jouit de chaque instant, chaque moment. 

J'ai aimé son enthousiasme lorsque sa grand-mère vient enfin leur rendre visite sur leur île.

Tout est beau, fait rêver, donne envie. 

Ce genre de lecture toute simple qui réchauffe le coeur et fait sourire.


Les Découvertes de la Luciole, 157 pages. 2021

jeudi 20 mai 2021

"Ritournelle" de Dimitri Rouchon-Borie

 

RITOURNELLE


Pour ce deuxième roman de Dimitri Rouchon-Borie, la maison d'édition Le Tripode a repris un texte déjà publié en 2018, inspiré d’un fait divers. 

 

 

En assistant à leur procès, nous découvrons l’engrenage infernal qui a amené trois hommes 

à commettre l’irréparable.

 

 

Mais plus que ça c’est la bêtise et le désœuvrement qui se mettent en scène devant nous, impuissants témoins de l’absurdité de ce drame. 

 

 

Trois hommes se retrouvent dans un bar, l’ennui, l’alcool, leur vie (de merde) qui n’en est pas une, la famille protectrice qui n’existe pas, la violence quotidienne, permanente et c’est l’engloutissement, le dérapage, le piège qui se referme sur une barbarie sans nom.

 

 

Le style est totalement différent du roman précédent, ici les phrases sont courtes, on est dans le rythme du procès, des interrogatoires menés par le juge, c’est comme une pièce de théâtre, une tragédie.

C’est poisseux, gluant, il n’y a pas d’excuse, ni explication, juste la folie du mécanisme de la spirale diabolique. 

 

 

Je suis contente d’avoir aimé ce texte car j’avais été bouleversé par le démon de la colline aux loups et j’avais peur de la déception ; malgré la différence de style l’écriture est toujours là. Et même si le sujet est difficile, il est un témoignage d’une certaine réalité.



Le Tripode, 155 pages. Mai 2021

lundi 19 avril 2021

❤️❤️❤️ "Et ces êtres sans pénis !" de Chahdortt Djavann

 


Ce nouveau texte de Chahdortt Djavann est inclassable, totalement anti-conformiste.

Elle y met beaucoup d’elle, se livre à nous, totalement, profondément, intimement, dans ce qui la compose et la détruit. 

 

 

 

Elle nous raconte des histoires de femmes, de femmes iraniennes ; elle nous parle de son pays d’origine, de l’Iran, si beau, si plein de culture, de traditions, de paysages, un pays avec une grande Histoire. 

Mais aujourd’hui ce qui se vit dans ce pays est dramatique, terrifiant, effroyable ; les femmes y sont niées, massacrées, rabaissées, elles sont la cause de toutes les misères et faiblesses des hommes…

 

 

Alors encore une fois, elle raconte, elle dit, l’Iran, elle dit la Femme. 

Plusieurs parties se succèdent dans ce texte ; il y a l’auteur, il y a ces femmes et il y a la dernière partie, un rêve, une utopie, un fantasme (?), veut-elle nous donner l’envie d’y croire, croire qu’une solution existe, qu’une issue est possible, que tout n’est pas perdu ? 

 

Je dis merci à la vie d’être née femme

Je dis merci à la vie d’être née en France

Je dis merci à Chahdortt Djavann de nous ouvrir les yeux encore une fois, 

De nous rappeler qu’en Iran, dans le monde, des femmes sont encore, aujourd’hui, chaque jour, entravées, humiliées, battues, fracassées…

 

 

 

Pour toutes ces femmes je veux me lever, 

pour toutes ces femmes cette littérature doit exister, 

pour toutes ces femmes il faut continuer à lire les témoignage, à écrire

 pour toutes ces femmes il faut élever nos fils, continuer d’avancer et de garder l’espoir fou qu’un jour plus aucune ne sera brisée, privée de liberté, juste parce qu’elle est un être sans pénis.


Grasset, 225 pages. 2021




lundi 22 mars 2021

❤️❤️❤️ "L'homme-chevreuil, sept ans de vie sauvage" de Geoffroy Delorme

 




Un enchainement de bonnes lectures, très différentes cela dit. 


Cette fois je me suis plongée dans une forêt de Normandie, j’ai suivi ce jeune homme qui a décidé de vivre auprès de ses amis les chevreuils. 

Un récit qui ne me semblait pas du tout être mon genre de lecture, et pourtant, quel délice, quel bonheur de découvrir la vie sauvage de nos forêts, de regarder les chevreuils et d’apprendre leurs habitudes, découvrir leur intelligence et leur capacité d’adaptation, d’observation et de résilience. 

 

 

J’ai aimé m’engouffrer dans la forêt, apprendre le nom des plantes, comment se nourrir, survivre dans la nature, mais ce que j’ai aimé le plus ce sont les histoires de rencontres et d’échanges, oui vraiment d’échanges, avec ces chevreuils qui tous portent le nom que leur a donné Geoffroy Delorme. 

 

 

C’est aussi un appel, un cri du cœur, car nous détruisons nos forêts, et avec, l’habitat et la source d’alimentation de nombreuses espèces qui vivent en paix. Il est temps de s’arrêter, d’observer, de comprendre et de RESPECTER ! 

 

 

Un récit hors norme, une vraie histoire d’amitié.

Un livre passionnant, émouvant et drôle.

N’attendez plus, lisez-le !!! 

Les Arènes, 252 pages. Février 2021

"Ce manque de considération des forestiers pour la forêt et ses habitants me désole profondément. Une forêt, c'est avant tout une communauté d'arbres qui accueille d'autres communautés végétales et animales. Lorsque l'équilibre sylvestre est ébranlé, ce sont toutes les communautés qui sont fragilisées. La forêt, c'est le reflet de la vie : complexe, mystérieuse, changeante. Elle offre à ses habitants ressources, protection, ombrage, réconfort, beauté et, surtout, elle est d'une grande importance biologique. Je peux vivre avec les chevreuils et les autres animaux sauvages non pas parce que j'applique une science mais parce que j'ai pénétré leurs secrets en comprenant l'une des oeuvres les plus magnifiques de la nature : la forêt. On n'apprend pas une langue en traduisant mot à mot. On apprend une langue grâce à la subtilité de son langage, au mode de vie des habitants du pays la parlent, sans rien comparer à ce que l'on connaît de sa propre langue. J'ai la chance de vivre avec les animaux sauvages, car je ne traduis pas la nature, je la parle.

samedi 20 mars 2021

❤️❤️❤️ "Viendra le temps du feu" de Wendy Delorme

 



J’ai de la chance en ce moment, encore un énorme coup de cœur pour ce livre qui m’avait attiré avec sa superbe couverture (peinture de @Karine Rougier). 

 

 

C’est un pays totalitaire où depuis que le Pacte National a été signé plus aucun civil ne peut passer la frontière, si tu pars tu ne reviens plus. 

L’argent n’a plus cours ; la population dispose d’avoirs pour le logement, la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, les divertissements, en fonction de la contribution que l’on apporte (production/reproduction). 

C’est un pays où les livres n’existent plus, les médias sont sous contrôle, la mémoire numérique a été effacée, la police veille.

Le monde ancien n’est plus, le sud est dévasté par la sécheresse, le nord par la montée des eaux, les mers sont acides et la pollution est à son paroxysme. Alors pour continuer à vivre dans son petit Eden ce pays garde ses frontières, farouchement, férocement. 

 

 

Ce sont des voix qui nous racontent, des voix de femmes, mais aussi un homme. 

Des voix qui se rebellent, des voix qui luttent, des voix qui veulent retrouver la liberté. 

Eve, Louise, Rosa, Grâce, Raphaël…et tous ceux que l’on n’entend pas.

Ils veulent vivre, libres ; libres d’être qui ils sont, libres d’aimer qui ils veulent, libres d’écrire, de lire, de rêver, libres de vivre.

 

Un livre fortement engagé, qui reprend toutes les thématiques brûlantes actuelles notamment autour du changement climatique, de la montée des extrêmes, des migrants mais aussi de la différence, du rejet de l’autre, des corps, des sexes, de l’amour.

 

 

Une dystopie pleine de poésie, d’amour et de rage, une histoire de sororité et de partage, un livre éblouissant, à lire, à réfléchir, à partager !!

 

 

            « Et j’ai compris alors ce qu’il voulait me dire. Je ne l’ai jamais vu mais je sais son histoire, celle des hommes comme lui. Nous la connaissons tous, nous qui vivons ici, même ceux qui comme moi n’ont jamais vu l’ailleurs. Il est né quelque part où l’on meurt de soif, de faim, ou par les armes, a traversé la mer et d’autres terres encore, puis le fleuve de nuit, ou bien la montagne. Il a dû tout laisser, ou on lui a tout pris. Il n’a plus que son corps, les vêtements qu’il porte, ses souvenirs, sa vie. Le reste a disparu. Je revois son regard, il avait cet air las de qui a cru pouvoir nouer contact humain.» 

 

 

            « Les outils du langage viennent fixer ce qu’ils peuvent de l’expérience humaine. Souvent, c’est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu’ils tentent de décrire, que le rythme qu’ils prennent à l’oreille qui entend, sans même qu’on les prononce. Car les mots qu’on écrit présentent ceci d’étrange qu’ils s’égrènent en musique résonnant seulement pour l’être qui les lit. Et c’est cette musique silencieuse et secrète qui dessine le mieux la forme de ce qu’ils disent. »

 

 

            « Il n’ya pas d’ailleurs. Nulle part où se rendre. Notre espèce prisonnière d’une planète moribonde, et qui espère survivre juste un peu plus longtemps, me donnait la nausée. »

 

 

          « La librairie : lieu dédié aux livres, où on peut les feuilleter, en faire l’acquisition pour les emmener chez soi, les adopter comme siens, écrire dans les marges, en souligner des phrases, les relire quand on veut, en faire la lecture à la personne aimée, les prêter, les donner. N’importe quel livre. »

 

 

            « Les Autres ne discutent pas les cadres de perception qu’on leur a inculqués. Ne cherchent pas d’ailleurs. Ils n’ont jamais dû fuir. Ils ne s’inquiètent pas de trouver la justesse, quérir la vérité. Ce sont tous ceux qui laissent l’histoire s’effacer, qui veulent oublier, ou refusent de voir, ou bien ne sont jamais venus jusqu’à l’idée que le présent n’est pas un donné, état de fait, mais bien la conséquence d’une longue chaîne d’actions, de discours, d’évènements. Que rien ne va de soi, rien n’est évident, et rien ne devrait rester inquestionné. Ils pratiquent le mépris de manière si usuelle qu’ils ne le voient même plus, ou bien ils pensent vraiment que certaines vies humaines valent mieux que d’autres. Ils se sont mutilés de leurs organes psychiques, et leur champ d’empathie se restreint à leurs seuls semblables identiques. Ils se pensent au centre et organisent le monde de manière concentrique, ravalant au néant toute manière d’exister qui n’est pas sous leur dogme, pourchassant tous les êtres ayant commis le crime de venir d’ailleurs, ou bien de s’excentrer en pensant autrement. Ils s’approprient la terre pour piller les ressources d’autres peuples du monde en les laissant exsangues, repoussant par la suite hors de leurs frontières les exilés venus des régions dévastées. »

 

Cambourakis, 265 pages. Mars 2021

dimanche 28 février 2021

❤️❤️❤️ "Arène" de Négar Djavadi

  


Benjamin Grossman vient des quartiers de l’est parisien, il a grandi seul avec sa maman mais aujourd’hui il compte parmi les têtes pensantes de la très grande firme BeCurrent qui diffuse des séries par centaines et touche des millions d’abonnés. Sa vie est régie par ce monstre imposant.

 

 

Un soir où il rend visite à sa mère, dans ce quartier populaire, il perd son portable…

Le lendemain circule sur tous les réseaux sociaux une vidéo montrant une flic bourrant de coups de pied le cadavre d’un adolescent sur le quai, près d’un camp de migrants.

De là toute une série d’actions s’enchainent et c’est le buzz, la révolte gronde, on ne cherche plus à savoir comment et pourquoi ce jeune garçon est mort mais comment punir la policière et tout ce qu’elle représente.

 

On suit plusieurs personnages comme des atomes qui virevoltent dans tous les sens et finissent par se télescoper. On ne peut s’empêcher de penser aux battements d’ailes du papillon qui provoquent un cyclone de l’autre côté de la planète, ici les agissements des uns et des autres sont très bien représentés dans ce qu’ils provoquent, dans leurs conséquences. 

 

 

L’analyse des caractères est très fine, intelligemment construite. Les séquences s’enchainent de manière fluides, judicieuses ; on est happé, pris dans les filets de cette histoire. 

 

 

C’est un roman percutant, dense, hyper intéressant ; il y a beaucoup de références, beaucoup d’avis et d'allusions. Plusieurs sujets sont abordés, parfois juste sur quelques lignes, mais c’est là, et c’est bien dit.

J'ai notamment aimé le passage sur les médicaments, l'alcool et les joints, j'ai aimé les passages sur la ville de Paris avec un peu d'histoire et de découverte, j'ai aimé la plongée dans ce milieu ultra moderne et hypocrite de la grande entreprise américaine où il y a beaucoup de paraitre, on y parle de flics, de voyous, mais aussi de gens simples qui voudraient juste vivre leur vie, et bien sur il y a l'islam, la politique, les migrants venus de pays en guerre mais aussi plus loin dans le temps venus de Chine. Chacun chercher à tirer l'épingle de ce jeu de dupe.

Et le plus gros de l'affaire tout de même, les réseaux sociaux, on y revient encore et encore, mais cette donnée a changé toutes les règles du jeu depuis plusieurs années, et ce à tous les niveaux. 


J’ai adoré ce roman, j’ai encore du mal à sortir les personnages de ma tête, et pourtant certains sont lâches, d’autres sont écœurants, mais beaucoup sont tout simplement humains.

Un roman à mettre dans toutes les mains, à lire absolument. 



Liana Levi, 426 pages. 2020 

 


mardi 9 février 2021

"Le Passeur" de Stéphanie Coste

 



Ce premier roman est une plongée folle dans la vie d’un passeur, un passeur d’hommes et de femmes qui fuient leur quotidien pour un monde meilleur, sans savoir qu’ils se jettent dans la gueule du loup et surtout de tous ceux qui veulent profiter de cette manne.

 

 

Seyoum est passeur à Zouara en Libye, juste en face de l’île de Lampedusa, il fait commerce du malheur des autres pour s’enrichir outrageusement au péril de la vie de ses hommes et de ses femmes.

Après une traversée du désert difficile où ils ont dû subir la chaleur, la soif, l’enfermement, la promiscuité et parfois l’enlèvement et la torture, ces hommes et ces femmes doivent affronter la mer, dans des petits rafiots surchargés, sans certitude d’arriver de l’autre côté et d’y trouver une vie meilleure. 

 

 

Mais qui est Seyoum ? D’où vient-il ? Pourquoi son cœur est-il si dur qu’il puisse faire autant de mal, car il sait, il sait d’où viennent ces gens et par quoi ils sont passés, il sait leur vulnérabilité et leur désespoir, il sait l’état des bateaux et les risques encourus…

 

 

Ce roman court est intense, percutant, d’une grande intelligence. On observe, on assiste, il n’y a pas de jugement. 

Lorsque l’on ferme ce livre, les questions affluent, et encore une fois on constate que le monde n’est pas binaire, mais plein de nuances, rien n’est simple. 

 

 

Une autrice à découvrir et à suivre, j’ai été conquise par son style, on oublie que derrière ce texte une femme blanche écrit.

 

 

Gallimard, 129 pages. Janvier 2021



jeudi 21 janvier 2021

"Le mal-épris" de Bénédicte Soymier




 Il n’est pas sans me rappeler le roman d’Alma Brami « Qui ne dit mot consent », j’ai ressenti par moment la même nausée devant la psychologie de ce personnage instable, malheureux mais violent et malfaisant pour son entourage.

Une fois n’est pas coutume ce roman nous plonge dans la tête et dans la vie d’un homme mal-heureux, mal-mené et donc mal-épris. Il n’est pas question de s’attacher ou de pardonner ce que son mal-être lui fait faire ou le pousse à être, mais peut-être essayer de voir la douleur derrière tout ça, sans pour autant comprendre ou accepter, en tout cas pas pour moi. Peut-être qu’un homme ne nait pas avec le mal, qu’en grandissant mal-aimé, mal-traité il devient le mal tout court. 

 

Paul est laid, il a un travail ennuyeux et routinier à la poste, il est seul, blessé et malheureux. Paul aime le beau, il est envieux et jaloux et veut par-dessus tout se faire aimer. 

Après une violente déception il jette son dévolu sur Angélique, une jeune femme qui élève seule son enfant, elle est joyeuse, vivante et plutôt de nature heureuse malgré les difficultés que la vie a mis sur sa route.

Pourtant Paul va se laisser déborder par ses vieux démons, il ne comprend rien et voit le mal partout, il ira loin, trop loin. 

 

C’est une lecture sous haute tension, un huis clos avec cet homme qui dégoute ; c’est écœurant, nauséabond, mais mené d’une main de maitre. L’écriture est nerveuse, profonde, elle nous englue dans le système de cet homme, dans son quotidien sordide dont on voudrait vite sortir. 

Mon petit bémol est que j’ai trouvé la première partie un peu trop longue, je crois que je n’en pouvais plus du nombrilisme de Paul, cela dit c’est peut-être aussi ce qui caractérise tellement ce personnage, en revanche une fois que Paul rencontre Angélique le récit s’accélère et notre empathie étant enfin stimulée, on se jette à corps perdu.

Un premier roman réussit, qui ne lâche rien, nous pousse au bout de nos retranchements., C’est fort, violent, intense. 

Calmann-Levy, 336 pages. Janvier 2021

jeudi 14 janvier 2021

"La familia grande" de Camille Kouchner

 



Je ne voulais pas lire ce livre, j’ai honte, mais je me suis dit ENCORE, 

et puis finalement ça veut dire quoi ENCORE, 

ça veut dire qu’il y a combien de voix qui se taisent ENCORE,

combien d’adultes qui profitent de leur ascendance ENCORE, 

combien d’enfants que l’on détruit ENCORE, 

combien d’autres qui savent et se taisent, acceptent et font avec ENCORE, 

quand va-t-on pouvoir enfin ne plus dire, ENCORE ?

 

 

Camille se raconte, la relation avec sa mère d’abord, cette vie dissolue, ces fêtes, ces amis, cette mère qu’elle aime tant, et ce beau-père aussi, elle l’aime, il est un père pour elle, Camille raconte cette hydre, ce serpent qui la mord, 

Camille raconte cette famille de suicidés, cette famille où le mot Liberté prend un sens si différent, qu’on n’en voudrait presque pas, de cette liberté. C’est une liberté qui empêche, une liberté qui emprisonne. 

Camille raconte le secret de son frère, l’emprise du beau-père sur lui, mais sur elle aussi, cette emprise qui bouleverse toute sa vie. 

Il n’y a ni misérabilisme ni voyeurisme, simplement des faits, des ressentis, des émotions.

 

 

Ce texte est essentiel pour ce qu’il raconte ENCORE, essentiel car il est bourré de sincérité, essentiel car il n’est pas sale, essentiel pour que les paroles se libèrent, essentiel pour que tout ça s’arrête ENFIN.

 

 

J’écris, ma lecture à peine terminée, à chaud, je le fais si rarement, quand un texte m’a profondément bouleversé par son sujet, par ses mots, par sa simplicité, sa franchise, son courage.

 

 

Alors oui il faut lire ce texte, il faut le partager, il faut soutenir ces enfants devenus grands, les regarder droit dans les yeux sans les stigmatiser, car ils sont avant tout des hommes et des femmes, avec une blessure, mais la honte doit être sur les autres, ceux qui attaquent et ceux qui se taisent, ce sont eux que plus personne ne devrait regarder.

 

 

« Ce livre m’a permise d’être en colère contre ma mère et de l’aimer immensément », les mots de Camille Kouchner sont d’une telle puissance et d’une telle simplicité.


Seuil, 204 pages. Janvier 2021

samedi 9 janvier 2021

"Darling #Automne" de Charlotte Erlih et Julien Dufresne-Lamy


Roman Jeunesse/adolescent.

May a été élue reine du lycée, elle fait partie des jeunes les plus populaires, quant à son frère jumeau, Néo, c’est un geek, un gros qui passe son temps derrière ses écrans avec son meilleur copain.

Le frère et la sœur s’ignorent royalement, et tentent de faire bonne figure en famille.

 

 

Puis Y entre dans la danse en envoyant de mystérieux messages à May ; une vraie séance de drague 2.0.

Tous les paramètres vont voler en éclats et la vie de ces adolescents va être complètement chamboulée, les cartes redistribuées.

 

 

Nous sommes tour à tour dans la tête de May, de Néo et de Y, tout en lisant les échanges sur les réseaux sociaux. 

 

 

Un roman écrit à quatre mains qui nous plonge directement dans la vie de nos adolescents. 

C’est doux et cruel à la fois, les jeunes ne se font aucun cadeau, pas de pitié

 

 

On se rappelle qu’être adolescent n’est pas une simple affaire, que même si les parents sont toujours là, présents pour nous, il y a toute cette vie en dehors de la famille, une vie où l’on découvre les trahisons, l’amour, l’amitié, le sexe. Une vie où l’on apprend aussi la différence, différence qui n’est pas toujours acceptée ; il faut apprendre à sortir du moule, à ne pas suivre la meute, à oser penser par soi-même, à ne pas toujours compter sur le regard de l’autre… 

C’est une période difficile, une épreuve, un test ; il n’y a qu’une fois arrivé à l’âge adulte que l’on peut parfois prendre la juste mesure des choses.

 

 

Je découvre la plume de Charlotte Erlih, et Julien Dufresne-Lamy est une nouvelle fois au rendez-vous du plaisir de la lecture, je suis impatiente de lire les 3 tomes suivants.


Actes Sud Junior, 350 pages. Septembre 2020.

 

mardi 3 novembre 2020

❤️❤️ "Histoires de la nuit" de Laurent Mauvignier

 


Ce petit hameau, qui se nomme « les trois filles seules », abrite trois maisons, l’une est vide, Patrick vit dans la deuxième avec Marion son épouse et leur fille de dix ans Ida, dans la troisième on trouve Christine, peintre, femme de la ville installée ici après son divorce.

 

 

Patrick est fermier, il vit ici depuis toujours ; Marion travaille dans une imprimerie, c’est une forte tête ; leur relation de couple est terne, triste.

Christine reçoit de mystérieuses lettres de menace, elle a un chien Radjah, elle aussi a du caractère, et n’apprécie pas franchement Marion. 

 

 

Dans ce hameau perdu, a 50 km de la ville, on se prépare à une petite soirée festive, c’est l’anniversaire de Marion, elle a 40 ans.

Voilà le décor est planté, et ce qui débute comme un roman social, une chronique familiale va se transformer petit à petit car des visiteurs surprises, pas vraiment bienvenus, vont s’inviter à la fête.

 

 

Je n’en dis pas plus pour ne rien dévoiler. 

Sachez seulement que même si le démarrage peut sembler un peu lent ensuite on ne peut plus poser le livre et les 630 pages se dévorent avec tension.

L’histoire en elle-même est originale sans être incroyable, ce qui l’est en revanche c’est la prouesse d’écriture, la construction narrative. 

Entre le début et la fin du livre il se passe à peine 24 heures, mais Laurent Mauvignier réussit le tour de force de nous faire languir en décomposant chaque scène, c’est comme un film en slow motion, on a tous les détails, on arrête de respirer et on regarde l’image. Même les temps de silence et de calme sont dépecés, c’est une peinture en éternel mouvement. Chaque image est épluchée, chaque émotion, chaque mouvement. 

C’est terriblement bien fait, le suspense est amené graduellement, l’air s’épaissit pour devenir tout à fait irrespirable. 

On s’attache à cette forme d’écriture, à cette lenteur haletante qui nous prend à la gorge. 

 

 

Bref un livre qui ne vous lâchera pas et que vous ne lâcherez pas !


Les Éditions de Minuit, 635 pages. Septembre 2020


mardi 22 septembre 2020

"Vladivostok Circus" de Elisa Shua Dusapin

 



Nathalie, jeune costumière, part travailler à Vladivostok avec un trio qui pratique la barre russe. 

Deux hommes portent et soutiennent une barre souple et d’une grande élasticité sur laquelle une jeune femme saute et rebondit tout en faisant des figures.

 

 

Ce trio, composé d’Anna, Nino et Anton, se prépare à participer à un concours à Oulon-Onde, ils ont 6 semaines pour définir la chorégraphie, choisir la musique et les costumes. 

 

 

C’est l’occasion de découvrir un peu le milieu du cirque, en particulier en Russie, découvrir aussi un peu plus la vie des personnages qui accompagnent Nathalie.

 

 

Si l’écriture d’Elisa Shua Dusapin est toujours aussi belle et douce je n’ai malheureusement pas accroché ni avec l’histoire ni avec les personnages. Je dois reconnaître que je me suis un peu ennuyée. 

Bon ca ne peut pas fonctionner à chaque fois.

 

 

En revanche je recommande les yeux fermés son premier roman « Hiver à Sokcho ». 

 

ZOE, 174 pages. Août 2020

jeudi 17 septembre 2020

❤️❤️❤️ "Les déviantes" de Capucine Delattre

 



Un premier roman époustouflant de par sa maturité, sa force et la puissance qu’il dégage. 

Un roman très féminin sans tomber dans l'ultra-féminisme. 

 

 

Trois jeunes femmes bousculées par la vie ne vont pas réagir comme elles le « devraient », c’est à dire comme la société s’attend à ce qu’elles le fassent.

Chacune d’elle va vivre SA vie, et surtout décider de choisir ce qu’ELLE veut pour elle, et non pas ce qu’on attend d’elle.

Des choix pas toujours faciles car elles vont devoir aller à l’encontre de leur entourage, elles vont devoir se battre plus fort mais pour une finalité qui peut-être se rapprochera de leur bonheur.

 

 

Tout va démarrer avec Anastasia, une jeune femme de 29 ans, brillante et carriériste, son cancer du sein sera le détonateur de son changement de vie, de sa déviation ; puis son amie Iris prendra le relais car finalement le carcan de son couple l’étouffe trop. Et enfin Lolita qui ne veut pas faire les études qu’on veut lui imposer mais mener sa vie, avec ses envies, ses décisions.

 

 

Non seulement le récit est bien monté, mais la plume est très belle avec un vocabulaire riche, un rythme dynamique, vivant. Il n’y a pas de pause, on veut dévorer les chapitres les uns après les autres. 

C’est un texte d’une justesse impressionnante quand on sait que l’autrice n’a que 19 ans, les personnages sont tout à fait crédibles et attachants. 

En tant que femme je crois que l’on peut facilement se sentir proche de l’une ou l’autre, et partager leurs questionnements. 

 

 

Pour moi un très grand premier roman, une jeune écrivain à suivre !

 

 

« Sa bague.
C’est sa pénitence, sa marque, son signe d’asservissement, son âme vendue au diable.
C’est le corset miniature enserré autour de ses rêves de sauvagerie et de spontanéité. »

 

« Je veux pouvoir vous donner des réponses, moi aussi. Et c’est pour ça que j’ai besoin de partir. Pour voir des choses que vous ne connaissez pas, pour échapper à votre regard, pour avoir le temps de devenir quelqu’un que vous ne pourrez pas calibrer. »


Belfond, 270 pages. Août 2020

mercredi 9 septembre 2020

❤️❤️❤️ "La petite dernière" de Fatima Daas

 



Un récit court, incisif, rythmé comme une litanie où l’autrice se livre par petite touche. 

C’est comme un dessin qui apparaît trait après trait, une sculpture que l’on voit naitre sous les coups de burin, 

A chaque phrase, à chaque chapitre on découvre un peu plus la jeune femme. 

 

 

Fatima Daas vit une double voire une triple intégration.

Intégration avec sa famille algérienne en France

Intégration dans sa famille car elle est la seule à être née en France, son pays à elle c’est la France

Intégration dans son propre corps, car elle a toujours été ce qu’on appelle « un garcon manqué », elle se sent musulmane, mais sa foi, sa religion n’accepte pas ce qu’elle est. 

 

 

Comment faire face à sa propre vie, à sa famille, à son pays ? 

Comment se construire lorsque sa foi ne rencontre pas la personne que l’on est ? Lorsque son prénom, Fatima, est celui d’une femme symbolique de l’islam, lorsque ce prénom porte toute la puissance de Dieu.

 

C’est délicat et féroce à la fois, touchant et bouleversant. 

J’ai aimé la sincérité de ce texte, j’ai aimé la forme avec la petite rengaine de chaque début de chapitre, j’ai aimé cette voix féminine si particulière.

 

N’attendez plus et lisez ce texte brillant !!


Les Éditions Noir sur Blanc, 190 pages. Août 2020

dimanche 6 septembre 2020

"La fièvre" de Sébastien Spitzer

 


Memphis, 1878, une violente épidémie de fièvre jaune frappe la ville, un mal qui tue, vite et beaucoup. 

Très rapidement une partie des habitants fuient la ville, c’est un peu la débandade, quelques-uns restent pour soigner, d’autres pour surveiller et défendre. 

 

 

Memphis est une des capitales du coton, au bord du Mississipi ; la guerre de Sécession est passée par là, les esclaves ont été affranchis, le Ku Klux Klan est né, le racisme est puissant.

 

 

Tout au long de l’histoire on suit principalement 3 personnages dont les trajectoires vont se recouper. 

Anne Cook, la tenancière d’une maison close ; Keathing qui tient le journal local et fait partie du KKK, et puis la jeune Emmy, une métisse de 13 ans qui attend le retour de son père. 

 

 

C’est un livre intéressant, distrayant, une lecture agréable, mais mon petit bémol est que j’aurais aimé un peu plus de densité dans l’histoire, plus de consistance dans les personnages, j’aurais aimé aller plus loin plus en profondeur, ça m’a manqué, j’aurais facilement pu lire 100 ou 200 pages de plus, je suis un peu restée sur ma faim. 


A lire absolument son premier roman qui reste pour moi son plus réussi jusque là, "Ces rêves qu'on piétine" 

 

 

« La vérité ? Quelle drôle d’idée, répète-t-elle. J’ai appris à mes filles à dire oui, jamais non. J’ai appris à mes filles à voir la vie en mieux, pas telle qu’elle est. Je voudrais qu’elles sachent rêver leur vie. Les geignardes, les pleurnichardes, toutes celles qui s’encombrent de vérités trop lourdes, qu’elles aillent donc voir ailleurs, au couvent ou dans le lit d’un bon petit mari. La vérité, Keathing, c’est comme une lune de mie ou une épiphanie. Faut pas s’y attacher, sinon, c’est une chute assurée, le grand désenchantement. Combien de fois a-t-il fallu que je lui torde le coup à cette putain sordide, Keathing ? »

 

Albin Michel, 320 pages. Août 2020