Nous ne sommes pas en 2084 mais à une date ultérieure, cette date est celle du début, celle au-delà de laquelle on ne sait rien.
Nous sommes en Abistan, nouveau pays, nouveau monde ?, le dieu vénéré est Yölah et son unique prophète et représentant est Abi, immortel...
Le pays/monde est sec, pauvre, lugubre, il n'y a apparemment plus grand chose après de multiples guerres de religion, des guerres parfois atomiques.
Nous suivons Ati, un simple employé de mairie qui vient de passer une année complète dans un sanatorium pour soigner sa tuberculose. Il s'en est miraculeusement sorti et va donc retourner chez lui, où personne ne l'attend. En chemin il va faire des rencontres qui vont attiser sa curiosité, il avait commencé à se poser des questions lors de son séjour au sanatorium, sur une frontière qui existerait, sur un autre monde, un autre pays, sur cette religion qu'il observe. Il va donc retourner dans sa ville et continuer à se poser des questions jusqu'à ce qu'il rencontre Koa avec qui ils vont partir à l'aventure pour essayer d'en découvrir un peu plus sur le "monde" dans lequel ils vivent et surtout sur cette religion un peu mystérieuse...
Nous avons ici une dystopie qui nous met en garde sur une certaine religion...
Alors pour être tout à fait honnête ce genre littéraire n'est pas du tout ma tasse de thé, et en principe je ne me tourne pas vers cette littérature. J'avais d'ailleurs déjà décidé que je ne lirai pas ce livre (Fontaine, ....) , mais c'était sans compter sur notre super librairie française ici à HK qui nous organise très souvent de belles rencontres. Et voilà, Boualem Sansal invité ! J'ai donc acheté et lu le livre...
J'ai énormément aimé écouter Boualem Sansal, il a un vrai talent de conteur, son écriture est aussi très belle, on sent un homme intelligent et érudit, qui sait écrire. Mais (et oui....) ce livre là ne m'a pas beaucoup plu.
Je n'aime pas lire ce genre parce que je n'aime pas trop me faire peur, et là je n'ai pas eu peur, je n'y ai pas vraiment cru, parce qu'il ne va pas tellement en profondeur, le personnage est un peu fade, on ne sait pas trop ce qu'il ressent vraiment, ses émotions. Malgré sa curiosité de découvrir la Vérité il semble un peu simplet. En fait j'aurais voulu plus de pages, plus de ressenti, plus de descriptions. En fait je crois que pour moi il manquait du réalisme mais ce n'est peut être pas ce que l'auteur voulait...
Il nous a raconté son histoire, un petit bout de sa vie, et on retrouve des choses qu'il a vécu dans ce roman, on comprend mieux certain passage, c'est évidemment ce qui rend toujours passionnant la rencontre avec les auteurs !
"Le mot le dérangeait plus que cela. Mécroire, c'est refuser une croyance dans laquelle on est inscrit d'office mais, et c'est là que le bât blesse, l'homme ne peut se libérer d'une croyance qu'en s'appuyant sur une autre, comme on soigne une addiction avec des drogues, en l'adoptant plus avant, en l'inventant si besoin. Mais quoi et comment puisque dans le monde idéal d'Abi il n'y a rien qui permette de le faire, aucune opinion en compétition, pas un soupçon de postulat pour accrocher la queue d'une idée rebelle, imaginer une suite, construire une histoire opposable à la vulgate? [...] Sous l'empire de la Pensée unique, mécroire est donc impensable. Mais alors pourquoi le Système interdit-il de mécroire quand il sait la chose impossible et fait tout pour qu'elle le demeure ? ... Il eut soudain une intuition, le plan était si clair : le Système ne veut pas que les gens croient ! [...], car quand on croit à une idée on peut croire à une autre, son opposée par exemple [...]"
"Dans son ultime connaissance de l'artifice, le Système a tôt compris que c'était de l'hypocrisie qui faisait le parfait croyant, pas la foi qui par sa nature oppressante traîne le doute dans son sillage, voire la révolte et la folie. Il a aussi compris que la vraie religion ne peut rien être d'autre que la bigoterie bien réglée, érigée en monopole et maintenue par la terreur omniprésente. « Le détail étant l'essentiel dans la pratique », tout a été codifié, de la naissance à la mort, du lever au coucher du soleil, la vie du parfait croyant est une suite ininterrompue de gestes et de paroles à répéter, elle ne lui laisse aucune latitude pour rêver, hésiter, réfléchir, mécroire éventuellement, croire peut-être. [...] croire n'est pas croire mais tromper; ne pas croire est croire à l'idée opposée et donc se tromper soi-même et se trouver à faire de son idée un dogme pour l'autre. Cela était vrai dans la Pensée unique... l'était-ce aussi dans le monde libre ?"
"C'est son regard qui attira celui d'At, c'était le regard d'un homme qui, comme lui, avait fait la perturbante découverte que la religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du mensonge originel."
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