Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

mardi 28 novembre 2017

❤️❤️❤️ "Les Passeurs de livres de Daraya, une bibliothèque secrète en Syrie" de Delphine Minoui

"Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive."
"Notre révolution s'est faite pour construire, pas pour détruire." 
Delphine Minoui est une journaliste franco-iranienne basée aujourd'hui à Istanbul, elle est grand reporter pour le Figaro et a remporté le Prix Albert Londres en 2006. Elle est une écrivain hors pair qui sait conter une réalité sans tomber dans le mélodrame.

Tout est parti d'une photo trouvée sur internet, sur la page Facebook de "humans of Syria", une photo représentant deux jeunes syriens entourés de murs de livres, un cliché qui évoque une bibliothèque secrète au coeur de Daraya.
Un cliché dont Delphine Minoui va tout faire pour retrouver l'auteur, pour comprendre cette image, ces jeunes, une bibliothèque au milieu de l'enfer syrien ?!

Daraya est un des berceaux du soulèvement pacifique de 2011, Daraya encerclée et bombardée depuis 2012, Daraya où il n'y a plus que quelques milliers d'habitants en octobre 2015 lorsque Delphine Minoui entre en contact avec Ahmad Moudjahed, l'auteur de la photo et l'un des fondateurs de cette bibliothèque secrète.

Pendant près d'un an elle va tenter d'établir un contact quasi quotidien avec ces jeunes syriens qui continuent de se battre pour la liberté. Via skype, whatsapp, Facebook, dès qu'un accès internet fonctionne les jeunes de Daraya lui envoient des messages, des vidéos, des photos et ils échangent de longues conversations.
Au départ Delphine Minoui a voulu se rendre dans cette banlieue de Damas mais cela s'est avéré totalement impossible, pour autant elle n'a pas voulu baisser les bras et souhaitait coûte que coûte pouvoir rendre hommage à ses jeunes et leur bibliothèque en écrivant un livre sur eux, elle souhaitait que ce livre puisse finir sur les étagères de cette bibliothèque improbable.

En parcourant les maisons éclatées par les obus, les jeunes révolutionnaires ont découvert des livres et décidé de les sauver, ils les ont rassemblés dans le sous-sol d'un immeuble abandonné ainsi transformé en librairie, chaque livre a été réparé, soigné, annoté (afin qu'il retrouve son propriétaire) et placé sur une étagère. On y retrouve des livres de littérature arabe, occidentale, des livres de psychologie, de connaissance de soi, de développement personnel, des livres de sciences, de la poésie, une ouverture sur le monde qui n'est pas Assad et son enfermement.
"Les livres, c'est notre façon de rattraper le temps perdu, d'effacer à jamais l'ignorance. [...] Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit."
Ce livre est le récit de ses jeunes qui se battent pour leurs livres, pour leur liberté de penser, mais c'est aussi un témoignage vibrant du siège de Daraya,  de cette population poussée à bout, bombardée tous les jours, et n'ayant plus rien à manger, jusqu'au bout, jusqu'à la fin...
"Dans ce sas de liberté qu'ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s'instruire. Pour éviter la démence. Pour s'évader [...]"
"Les livres nous ont sauvés. C'est notre meilleur bouclier contre l'obscurantisme."
"Je réalise à quel point la guerre est plus pénible à vivre pour la personne qui en est éloignée. Pour moi, la guerre fait partie de mon quotidien. Elle est mon quotidien. Je l'ai choisie et acceptée. À vrai dire, j'ai perdu la notion de peur."
 "Ils [les livres] me donnent l'impression de redevenir cet étudiant que j'étais, de ressembler à n'importe quel jeune homme du monde entier. Ils m'arrachent, l'espace d'un instant, à cette vie déformée qui est devenue mienne."
Pour retrouver l'interview de Delphine Minoui dans "La Grande Librairie" ICI
Vous pouvez lire l'article de son livre "Je vous écris de Téhéran"que j'avais énormément aimé.

Le Seuil, 160 pages.

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