Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

dimanche 1 janvier 2017

"Crépuscule du tourment" de Léonora Miano




En Afrique subsaharienne (au Cameroun ? d'où vient l'auteur), quatre femmes s'adressent à un homme dans quatre longs monologues où elles se livrent à lui ; lui racontant leurs tourments, leurs espoirs et désespoirs, ce qu'elles n'attendent plus de la vie.

Dans l'ordre d'apparition il y a tout d'abord "Madame", la mère de l'homme, puis vient Amandla son ex-compagne, Ixora sa compagne actuelle, et enfin Tiki sa jeune soeur.

Les quatre parties sont très inégales et l'auteur a failli me perdre - après m'avoir beaucoup beaucoup ennuyé dans la seconde partie - mais j'ai persisté.

Madame, sans nous livrer ses secrets, nous donne à voir la condition des femmes, ce qu'elles doivent accepter, leurs sacrifices, la colonisation par les blancs, la difficulté de maintenir son statut, de vivre avec un homme violent ; on percoit qu'un lourd secret l'oblige à garder la tête haute, à cacher sa honte. Elle est dure, froide, intransigeante, et refuse l'union de son fils avec les deux seules femmes qu'il ait ramené à la maison, pour cause de basse extraction (elles sont à priori descendantes d'esclaves). Le fils qui avait quitté la maison pour le "Nord" est revenu, mais ce retour est difficile après tant d'années passées loin de l'Afrique.

Amandla est en colère, elle hait le blanc, la colonisation, elle recherche la vengeance, elle bannit le terme "noir" pour le remplacer par "kemit" mot d'origine égyptienne. Elle est pleine de rancoeur et obsédée par les "blancs" qui ont tout pris, tout imposé.

Ixora a eu une vie difficile, elle vivait au "Nord" et a décidé de revenir en Afrique avec l'homme. Elle cherche sa voix et finira par la trouver. Elle est beaucoup moins revendicative qu'Amandla, et a un regard dur et acéré sur les nouveaux bourgeois de l'Afrique, ceux qui ont profité du colonialisme, ceux qui se revendiquaient d'un seul peuple et qui maintenant oeuvre en solitaire, en égoïste, sans hésiter à piétiner leurs semblables.

Tiki quand à elle vit aussi au "Nord", elle est la plus "moderne", la moins féministe et la moins revancharde vis à vis des blancs. Elle a décidé de vivre sa vie à sa façon même si ce n'est pas toujours simple. Elle a tenté de percer le(s) secret(s) de sa mère, de ses parents, pour vivre mieux...

Roman difficile à lire, car beaucoup de revendications, de colères, de rancoeurs, vis à vis des blancs mais aussi des hommes. Certaines analyses sont intéressantes mais d'autres beaucoup trop lourdes, répétitives.

Bref, pas super méga emballé, ce roman assez court (280 pages) a été très long à lire pour cause de fêtes de fin d'année mais pas seulement, il ne me manquait pas et je n'avais pas particulièrement envie de me replonger dedans. Soulagement de l'avoir fini, ça a été tout de même une petite épreuve.

A bon entendeur !

"[...] j'avais assez vu ces gens, les rares fois où tu m'avais tolérées à tes côtés quand tu les rencontrais, une fois au cours d'un cocktail d'entreprise, une autre fois pendant un brunch dominical, peu avant une partie de golf, sport prisé de ces bourgeois patauds et inconscients de leur vulgarité, ne vivant que pour éventrer, piller cette société, on dit que ce sont les Nordistes qui font cela, on aime bien dire que ce sont les autres, les auteurs de nos actes, les responsables de nos choix, on aime bien refuser d'être libres."

"[...] de la seule arme à ma disposition, ma langue acérée, je t'ai insulté comme il fallait, comme tu le méritais, t'ai injurié de haut en bas, un nettoyage en règle, je t'ai traité d'homme en toc, toi qui avais quitté le Nord pour ne pas demeurer dans une société de plus en plus raciste, tout ça pour venir te plonger jusqu'au cou dans la poubelle où vivent les bourgeois subsahariens, cette benne à ordures où l'hypocrisie côtoie l'avidité, la violence, la dépravation, avec quels délices tu semblais te vautrer dans tout cela et, de plus en plus, prêter l'oreille aux paroles de Madame qui voulait pas d'une bru sans généalogie...."

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