Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

vendredi 22 avril 2016

❤️❤️❤️ " Je vous écris de Téhéran " de Delphine Minoui




Delphine Minoui, née de père iranien et de mère française, n'a connu de l'Iran que les vacances téhéranaises de son enfance, vacances qui se sont interrompues au moment de la chute du Chah et de la guerre Iran-Irak.

En 1997 son grand-père vient en France pour une intervention cardiaque et sur son lit d'hôpital il lui fait sa première leçon de persan en lui citant des vers de Hafez, célèbre poète persan du XIVème siècle. Delphine n'a plus qu'une idée en tête, partir vivre en Iran, découvrir, rencontrer son pays d'origine.

Elle y vivra 10 ans, et après un départ "en fuite", il lui faudra plusieurs années pour mettre en mots ce qu'elle a vécu, ressenti, durant ce séjour iranien. Le plus facile pour elle sera d'écrire une lettre à son grand-père, parti trop tôt, pour lui parler de son pays.

Ainsi, elle nous retrace l'Histoire de l'Iran depuis la chute et la fuite du Chah, en passant par la création de la république islamique d'Iran, la guerre contre l'Irak, les protestations, les interdictions, les restrictions, les espoirs et déceptions d'un peuple à bout.
Elle vivra dans la maison de ses grands-parents avec sa grand-mère et travaillera comme journaliste.

Elle tombe amoureuse de ce pays bourrés de paradoxes, de contradictions et d'imprévus. Jusqu'au bout elle essaiera de le comprendre, de l'apprendre et de s'en faire accepter.

En 2000 elle rencontrera par hasard le fils de l'Ayatollah Montazéri qui a fait parti des pères fondateurs de la République islamique en 1979 en travaillant sur la constitution avec l'Ayatollah Khomeini lors de son exil français à Neauphle-le-chateau.
Ahmed le petit-fils lui dira :
" Mon père pense qu'il faut évoluer avec son temps. La modernité est un défi intellectuel. Ce n'est pas une épreuve de force. Pour lui, on ne peut continuer à utiliser une interprétation historique de la religion dans le monde actuel. En politisant la religion, on en détruit le sens originel... la seule solution pour sauver la réputation des religieux, c'est de sortir de la politique"
Pour ses pensées, cette évolution, il est assigné à résidence sans autorisation de visite.

L'évolution de pensée est donc possible, réelle, mais malheureusement le fossé qui sépare la société de la classe intellectuelle iranienne est immense, et l'action violente et propagandiste des bassidjis, ainsi que les slogans populistes et les promesses aux déshérités faites par Ahmadinejad lui permettront d'accéder au pouvoir. Les réformateurs sont restés trop concentrés sur des notions abstraites comme la démocratie et la liberté.

C'est un livre d'une grande sincérité, d'un amour débordant pour un pays et un peuple coupé en deux ; Delphine Minoui nous fait voyager dans le temps et dans cette immense pays qu'elle nous donne envie de découvrir. C'est une jeune femme courageuse et intelligente qui nous livre ses émotions, son désarroi.

" Très vite, ils avaient fait l'amer constat que la république islamique trahissait l'Islam plus qu'elle ne le servait".

A lire !!!!

Points, 360 pages.

vendredi 15 avril 2016

❤️ " Otages intimes " de Jeanne Benameur



Etienne est grand reporter de guerre, il fait des photos, des images de la guerre, des visages, des corps.
Il est enlevé, de longs mois. Puis enfin libéré, il retrouve "sa vie", sa maman, son village, Enzo et Jofrenka ses amis d'enfance.
Mais qu'est ce que la liberté lorsqu'on a connu l'enfermement, le confinement ? Comment réintégrer sa vie, se sentir libre, vivant lorsqu'on a connu l'horreur ? Peut-on reprendre les choses là où on les a laissé ? Retourner faire des images ? Comment ré-apprendre à profiter de chaque instant, chaque belle petite chose de la vie ?

Avec beaucoup de douceur et d'émotion, Jeanne Benameur nous glisse dans la tête d'Etienne, dans ses difficultés à renouer avec la vie, à se sentir libre.
Et puis il y a les voix de sa maman, qui a déjà vécu son lot de douleurs, mais qui veut ramener son fils à la vie, doucement, tranquillement, en musique ; Enzo, son ami d'enfance, le taiseux, ébéniste qui joue du violon ; Jofrenka l'avocate à La Haye qui a décidé de faire entendre les voix des femmes, les femmes battues, violées, humiliées, attaquées dans leur chair, par une écoute attentive et active, par les mots ; et Emma l'ex-petite amie qui n'en pouvait plus d'être "otage" de l'attente, de la peur....

Ce roman m'a énormément plu, par son écriture, son style. On ne tombe pas dans les évidences habituelles, pas de misérabilisme. On se perd dans la forêt en admirant le vert des arbres, la lumière qui filtre au travers des branches et des feuilles, on profite de la douce musique du petit filet d'eau, on partage un moment d'amitié, sans parole, en musique.

Un très très bon moment, agréable et plein de réflexions.


jeudi 14 avril 2016

" Le violoniste " de Mechtild Borrmann


GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE

Mai 1948, Moscou, la fin d'un magnifique concert, le violoniste virtuose, Ilia Vassilievitch Grenko, a enflammé la salle. Mais au retour dans sa loge, deux hommes sombres l'attendent et l'emmènent de force à la Loubianka siège du KGB.
Juillet 2008, Cologne, Sacha reçoit un appel, Viktoria, cela fait si longtemps qu'il n'avait pas entendu sa voix "Sacha, j'ai des ennuis. Une histoire liée à notre passé... J'ai besoin de ton aide."

Ainsi commence ce roman policier ; trois voix, celle d'Ilia qui se retrouve enfermé, perd la notion du temps et son stradivarius, c'est la descente aux enfers jusqu'au goulag.
Celle de Galina, son épouse, qui veut retrouver son mari, ne veut pas croire qu'il les a abandonné, elle et leurs deux garçons Pavel et Ossip. Elle aussi sera exilée, loin, au Kazakhstan.
Et celle de Sacha, le fils d'Ossip, qui part tenter de retrouver le violon de son grand-père, sur son chemin il découvrira toute l'horreur qu'a subit sa famille dans cette Russie post seconde guerre mondiale.

Ce stradivarius qui avait été offert par le tsar Alexandre II à l'arrière-arrrière-grand-père de Ilia en 1862, ce stradivarius qui demeure introuvable des années plus tard, ce stradivarius sera-t-il la réponse à toutes les questions que se pose Sacha ?

Plus qu'un roman policier, "le violoniste" nous emmène dans l'enfer de la Russie communiste, les interrogatoires, les disparitions mystérieuses, les défections, les trahisons, la déportation, le climat rude de cet immense pays.

J'ai beaucoup aimé particulièrement les voix de Ilia et Galina, suivre leurs parcours chaotique et fou.
Le côté "policier" de la voix de Sacha est un peu moins entrainant et passionnant, un peu rapide cette "enquête" parait surréaliste et on n'a un peu du mal à y croire.


mercredi 13 avril 2016

" Prince d'orchestre " de Metin Arditi




Le maestro Alexis Kandilis, chef d'orchestre, est au sommet de sa gloire, il s'apprête à recevoir une proposition incroyable, diriger l'enregistrement des 16 sonates de Beethoven.
Mais cet homme, imbu de lui-même, pensant "être la musique", va trébucher et dégringoler tout en bas de l'échelle. Son besoin d'être aimé, exclusivement aimé, va le conduire à sa perte.

Encore une fois, Metin Arditi nous livre un très beau roman se déroulant à Genève, dans le milieu de la très grande musique classique. Il reste un conteur incroyable avec une écriture qui coule et se laisse lire tellement facilement.
Un bon livre de détente, sur la plage, au coin du feu, dans une salle d'attente.



dimanche 3 avril 2016

" Un aller simple " de Didier van Cauwerlaert


GONCOURT 1994

Aziz est arrêté par la police, avec de faux papiers... Le gouvernement veut faire de lui un exemple, le renvoyer dans son pays d'origine avec un "attaché humanitaire" qui doit l'aider à se réinsérer dans son pays, dans son village.

Sous ce prétexte, Didier van Cauwelaert, nous propose un voyage initiatique dans l'Atlas avec ce jeune Aziz (19 ans) et son "attaché" ainsi que Valérie, une guide trouvée sur place.
Une drôle d'amitié va se nouer entre Aziz, le jeune arabe encore au début de sa vie et Jean-Pierre, un brillant haut fonctionnaire, sous le regard de Valérie que plus rien ne touche.

L'histoire est brillamment menée et l'interaction entre les 3 personnages très surprenantes. La rencontre se fait pour chacun d'entre eux à un moment particulier de leur vie, où finalement chacun n'a plus rien à perdre et est prêt à aider l'autre. Mais qui sont-ils réellement ?

C'est joli et doux, un petit conte qui fait du bien. On voyage dans l'Atlas, le sable du désert, la neige des hautes montagnes, et les fonderies de Lorraine... avec toujours une très belle écriture, émouvante et touchante.

A lire !


" Le rêve du village des Ding" de Lianke Yan



Dans les années 1990, dans la province du Henan en Chine, un énorme commerce se met en place dans les villages de campagne : la vente du sang afin d'alimenter les banques du sang.
Malheureusement, l'appât du gain étant plus important, les conditions d'hygiène sont déplorables et c'est ainsi que des milliers de chinois sont contaminés par le virus du SIDA. L'histoire se base donc sur ce fait réel.

Le narrateur est un petit garçon de 12 ans, décédé suite à un empoisonnement ; il observe et raconte ce qui se passe dans son village, le village des Ding.

Son grand-père, instituteur, est le gardien de l'école du village. Il revient de la ville où il a appris que la "fièvre" dont souffrent tous les vendeurs de sang depuis quelques années est en fait le SIDA et que ce sont ces ventes de sang qui en sont responsables.
Le père du petit garçon avait très vite compris qu'il pourrait tirer d'énormes bénéfices du commerce du sang, sans vergogne il l'a développé dans son village. Lorsque la population a enfin compris d'où venaient tout ces malades ils ont empoisonnés son fils ; mais l'homme s'est vu confié par le gouvernement l'organisation de la distribution de cercueils gratuits pour les familles avec des malades du SIDA et, rien ne l'arrêtant, il a vendu ces cercueils aux plus offrants et continuer à s'enrichir.
En parallèle, le grand-père a décidé d'accueillir tous les malades du village dans l'école afin de limiter les risques de contamination pour leurs familles. Il en veut beaucoup à son fils ainé d'avoir amené le malheur dans leur village et leurs relations sont plus que chaotiques.

L'histoire au départ m'a attiré, je trouvais le thème intéressant et ne connaissais pas ce scandale chinois sur la vente du sang. Bien qu'ayant lu le livre jusqu'au bout j'ai tout de même une grosse retenue de manière générale sur le livre. Je n'ai pas du tout accroché avec le style d'écriture sans savoir si cela est lié à la traduction ou au style chinois de l'auteur. Un peu le même sentiment qu'avec un livre lu récemment "Liberté conditionnelle".

Il faut noter que ce livre est, bien entendu, interdit en Chine et que l'auteur n'y a pas droit à la parole...