Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

vendredi 29 décembre 2017

"Les Rois maudits 1 - Le Roi de fer" de Maurice Druon



Beaucoup doivent déjà connaître cette saga ; pour moi il s'agit d'une découverte grâce à une amie qui m'a offert la série.
Bien entendu je n'ai pas résisté longtemps avant d'attaquer ce premier tome.

Nous sommes au début du XIVème siècle, Philippe IV dit Le Bel règne sur la France.
Sa fille Isabelle est Reine d'Angleterre, épouse du Roi Edouard II plus occupé à ses mignons qu'à son épouse ; il a aussi 3 fils, Louis de Navarre, dit le Hutin, Philippe Comte de Poitier et Charles de France. Ils ont épousé Marguerite, Jeanne et Blanche de Bourgogne, soeurs et cousines.
Philippe Le Bel est secondé par Enguerrand de Martigny et Guillaume de Nogaret son garde des Sceaux.

Il est question d'une rencontre entre Isabelle et son cousin Robert III d'Artois qui l'informe de l'infidélité de ses belles-soeurs, ainsi ensemble ils organisent un complot afin de les compromettre.

En même temps après de longues années de procès le Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay est condamné à être brulé vif sur un bûcher. Avant de pousser son dernier soupir il maudit le Pape Clément V (1er des papes d'Avignon installé par Philippe Le Bel), Guillaume de Nogaret et le Roi Philippe sur 13 générations.
Et en quelques mois ces trois là vont disparaître, malédiction ou manigances et sorcellerie....

Afin de renflouer les caisses de l'État, le coadjuteur Marigny décide de lancer une nouvelle ordonnance à l'encontre des lombards qui feront tout pour l'en empêcher en la personne de Tolomei un de leur meilleur représentant qui se fera lui-même aider de son neveu Gucci Baglioni.

Les chapitres se succèdent comme les épisodes d'une série, une action principale à chaque fois et qui fait avancer l'histoire d'un bon petit pas. Il y a beaucoup de personnages mais on suit très bien malgré tout.
Une façon drôle et ludique de (re)découvrir une partie de l'Histoire de France. Les notes historiques sont très utiles et apportent un vrai plus ainsi que la petite biographie des différents personnages.
Ce n'est bien sûr pas de la grande littérature mais un vrai moment sympa de loisir, comme un bon polar. Je me suis beaucoup amusée et suis impatiente de lire la suite.

Merci Nathalie 😊

Le Livre de Poche, 292 pages.

mardi 26 décembre 2017

"Le grand marin" de Catherine Poulain



Lili quitte Manosque-les-Couteaux pour l'Alaska. Elle veut pêcher !
Après avoir traversé en bus les État-Unis elle arrive enfin sur l'île de Kodiak où elle trouve un bateau, le "Rebel", pour partir pêcher, avec son skipper Ian.

C'est un véritable livre d'apprentissage du monde de la pêche, en passant de la morue noire au flétan et aux crabes. La violence de la mer, des vagues, du froid, de l'humidité. Il faut tout apprendre, comment appâter, attraper les poissons, les vider, dormir sur le sol dur, humide, dans le roulis et tout ça pour pas grand chose.
Travailler 24h sur 24, rentrer au port et boire, fumer, boire, manger des popcorn et encore boire et fumer, c'est une ambiance humaine glauquissime, noire, dans un théâtre naturel magnifique.

Lili va se dépasser pour apprendre et rester sur le bateau, pour se faire une place dans ce monde d'homme. Il y a les blessures physiques, dangereuses, les blessures de l'âme, et un peu d'amour.

Mais quel monde, où règnent la violence, l'alcool, la drogue, la tristesse.

Chaque homme a son histoire qui l'a amené jusque là... y compris Lili.

Dans l'ensemble le livre m'a plu, j'ai aimé les grands espaces, partir en mer, affronter les dangers de la pêche, ses règles... J'ai même aimé la façon dont la ville, le port, la vie sur terre est racontée.

Cependant il y a quelques longueurs qui m'ont ralenti dans la lecture et m'ont dérangé sans que je puisse vraiment dire pourquoi.
C'est un très beau livre, un poil dérangeant, plutôt bien écrit et une histoire touchante, où l'on perçoit de la douleur, et un très grand mal-être.
"Embarquer, c'est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T'as plus de vie, t'as plus rien à toi. Tu dois obéissance au skipper. Même si c'est un con - il soupire. Je ne sais pas pourquoi j'y suis venu, il dit encore en hochant la tête, je ne sais pas ce qui fait que l'on veuille tant souffrir, pour rien au fond. Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d'amour aussi, il ajoute à mi-voix, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à haïr le métier, et que malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. Qu'on finit par ne plus pouvoir se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui ! "
"Je pensais aux hommes qui travaillaient à cette heure, [...] Et aux autres, qui travaillaient encore et toujours. Ils étaient vivants eux, et le sentaient à chaque instant. Ils étaient dans la vie magnifique, luttant au corps à corps avec l'épuisement, avec leur propre fatigue et la violence de l'au-dehors."
"Je suis une tueuse comme les autres, j'ai éventré mon premier flétan. J'ai même mangé son coeur encore vivant. C'est moi qui tue à présent. Le sel me brûle le visage, le sang a durci mes cheveux, collé mes mèches entre elles. Je m'endors sous mon casque baroque, le feu aux joues, au coin de mes lèvres un peu de sang séché." 
Éditions de l'Olivier, 368 pages.

mardi 19 décembre 2017

❤️❤️ "Neverland" de Timothée de Fombelle


Une petite douceur, un petit bonbon sucré qui se dévore en quelques heures, et on se lèche les doigts pendant un petit moment de tout le sucre qui reste !

Timothée de Fombelle est l'auteur connu et reconnu de roman-jeunesse (Tobie Lolness, Vango...), pour la première fois ici il s'adresse aux adultes.

Il est difficile de "raconter" ce livre.
C'est un récit sur une tentative de retour en enfance, il y a des souvenirs mais pas seulement, il y a aussi ce petit quelque chose qui est plus de l'ordre du ressenti que de la mémoire, quelque chose qui vit dans notre chair et dans notre corps.
Timothée de Fombelle regarde le petit garçon qu'il a été, il se laisse conter son enfance, ce pays perdu dans lequel on se propulse grâce à une odeur, une image, une voix...

C'est beau et tendre, plein de poésie et de douceur.
On comprend finalement très bien pourquoi il écrit des romans pour les "enfants", cet enfant en lui qu'il a du mal à quitter, à laisser pour se tourner vers le monde des adultes.
Une jolie petite histoire qui fait du bien.
"Et quand, en découvrant un hiver une lettre de fiancé qu'il lui avait écrite au retour de captivité, je lus ces mots : « Je vous ai dit que toute ma vie serait consacrée à assurer votre bonheur et que je serais très difficile en cette matière, je ne veux pas pour vous d'un petit bonheur médiocre, à quatre sous, je veux un bonheur total, rayonnant, incommensurable. Je veux que vous viviez dans la gaité, dans la confiance, je veux que vous n'en croyiez pas vos yeux », quand j'ouvris, alors qu'ils avaient déjà tous les deux disparu depuis longtemps, cette lettre écrite à vingt ans, je ressentis le tremblement de terre que provoque en nous la parole tenue toute une vie."
"L'enfant est une île. Il ne sait et ne possède rien. Il devine des forces immenses sous les bandelettes qui serrent son corps. Pour lui, le lendemain n'existe pas. Le passé a déjà disparu. L'enfant commence par être cet instant suspendu, désarmé, qui jaillit comme un bouchon au milieu de la mer et regarde autour de lui." " - Oui. J'étais dans les rochers. Ils m'avaient l'air plus grands l'année dernière. Elle sourit sans me regarder.  -  C'est toi qui grandis. Aujourd'hui je me souviens exactement de ces mots. Et c'est vrai qu'en grimpant sur mon rocher, je me suis senti soudain différent. Une autre ligne à ajouter peut-être dans le cahier des jours où l'enfance m'a quitté."
"Mais au début, il n'y a que la sensation. Le monde vient cogner contre lui et l'enfant le laisse entrer."
"Je n'ai pratiquement pas de mémoire, et pourtant il y a un endroit où tout cela reste vivant. L'enfance n'habite pas la mémoire. Elle habite notre chair et nos os. [...] Elle est tout ce qui reste à ceux dont on dit qu'ils n'en ont pas eu. Je sens encore bouger en moi le corps de l'enfant."
 Il est des souvenirs que parfois on partage d'une certaine manière, et celui qui vient en particulier pour moi, j'ai la chance de pouvoir toujours en parler avec ma grand-mère. J'ai pu lui expliquer l'importance de ce vieux meuble en bois qu'elle a relégué ailleurs dans la maison mais qui pour toujours, pour moi, sera "le meuble à cadeaux" !
"Mais alors que la magie du tiroir sud reposait sur des objets tous anciens, périmés ou dépareillés, le tiroir supérieur, lui, encore plus large et plus fragile, n'était plein  que d'objets extraordinairement neufs. Une paire de chaussons dans son sachet, une valisette écossaise sous film transparent, une souris mécanique dans sa boîte. Le ravitaillement se fait sûrement par une trappe au fond du tiroir à l'aide de minuscules fourgons postaux tirés par des hannetons."
L'ICONOCLASTE, 117 pages.

lundi 18 décembre 2017

"Repose-toi sur moi" de Serge Joncour


PRIX INTERALLIÉ 2016


Aurore est styliste et possède, avec Fabian son meilleur ami, une entreprise de création de mode. Son mari est franco-américain, un vrai businessman à qui tout réussit. Ensemble ils ont des jumeaux, un garçon et une fille.
Mais depuis quelques mois plus rien ne va dans la vie d'Aurore, elle se pose beaucoup de questions, et puis il y a ces deux corbeaux qui se sont installés dans la cour de son immeuble, ils la terrorisent, la tétanisent.

Dans le même immeuble parisien où vivent Aurore et sa famille, de l'autre côté de la cour, dans l'escalier C, vit Ludovic, un géant, célibataire, à Paris depuis seulement 3 ans.
Il vient de la campagne, c'est un ancien agriculteur, mais il a tout lâché pour venir faire sa vie ici, il travaille pour une entreprise de recouvrement de dettes. Il n'en est pas toujours fier mais c'est son travail. 
Régulièrement il retourne chez lui, dans la ferme de ses parents, que sa soeur et son beau-frère ont reprise. Il ne s'y sent plus tout à fait "comme à la maison", une gêne s'est installée, et puis il a du mal à supporter de voir sa mère dans son fauteuil, assise à ne rien faire, à oublier, à tenter de se souvenir.

Bien entendu Aurore et Ludovic vont se croiser, dans le local des boîtes aux lettres, dans la cour...
Tout les oppose, et pourtant une relation va naître. Petit à petit ces deux êtres blessés vont s'amadouer, se connaître, se reconnaître, jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre.

Une histoire qui commence je dirais de façon tout à fait banale et puis petit à petit on rentre dans un scénario plutôt inattendu, on a parfois envie de dire -stop- mais où va-t-on ?, cependant ce couple improbable continue d'avancer, de manière surprenante.

J'ai plutôt bien aimé cette lecture, assez facile dans l'ensemble, on se laisse prendre par l'histoire - même si parfois il y a pour moi un poil d'exagération - et on suit, une jolie histoire d'amour. Peut être un peu de caricature ? Un bon livre de détente, où l'on voit une femme se battre pour sa société, pour son indépendance mais aussi pour son amour, un homme seul essayer de se reconstruire. 
Toutefois mon petit bémol est que la fin m'a semblé un peu négligée, comme si l'auteur ne savait plus trop quoi faire de ces héros, et les personnages secondaires sont finalement très peu existants bien qu'assez nombreux.
"Cette femme, il ne savait plus s'il avait vraiment voulu l'aider ou simplement la défier. Ce dont il était certain par contre, c'est qu'il prenait le risque de déstabiliser son couple, alors qu'ils étaient mille fois plus armés que lui, mille fois plus solides. [...] Alors il fixa cet appartement qu'il le dominait dans la nuit, avec ses fenêtres clignotantes, on aurait dit qu'il venait vers lui, il avait eu tort de s'approcher de ce couple, en se frottant à eux il avait tout à perdre, ce milieu n'était pas le sien, il n'aurait jamais dû s'approcher d'eux, ils finiraient par le broyer."
J'AI LU, 503 pages.

mardi 12 décembre 2017

❤️ "Une fille dans la jungle" de Delphine Coulin



 "Elle s'était réveillée la première, la faim au ventre. Les autres dormaient encore dans la tente bleue, roulés en boule pour se tenir chaud, une portée de chiots sans mère."

Ils ont fui leur pays avec un seul objectif l'Angleterre ; bloqués depuis quelques mois à Calais dans cette jungle terrible qu'est le camp de réfugiés à, à peine, 33 km de leur ultime but, ils feront tout pour tenter d'y parvenir.

Mais les autorités françaises ferment le camp une bonne fois pour toute et nos six héros refusent de se laisser emmener loin de ces derniers 33 km. Ensemble ils vont braver le froid, la peur, la faim, la violence pour essayer encore et encore de passer de l'autre côté.

Hawa, Elira, les 2 filles - dont l'une vient d'Éthiopie et l'autre d'Albanie -, Milad, Jawad - son frère -, Ali et Ibrahim sont afghans ; tous sont des ado-enfants ils ont entre 8 et 18 ans. Le périple qui les a amené jusque là est d'une violence inouïe, ils ont été abusés, volés, violés, frappés... mais il garde espoir et malgré toutes les injustices leur force et leur volonté sont sans faille.

Une fois le camp démantelé il faut s'organiser pour ne pas mourir de froid, ne pas se faire attraper, et là, à côté de chez nous, pendant que nous sommes bien au chaud dans nos salons, ces enfants sont dans la boue, dans la rue...

Delphine Coulin a passé beaucoup de temps à Calais dans le camp, elle a rencontré des jeunes, a pu discuter avec certains. De ces échanges elle a tiré ce livre, un roman certes, mais un roman proche du récit, un roman proche de la réalité.
Elle dénonce une vérité qui fait mal, sans critique, sans pointer du doigt qui que ce soit, simplement une vie, des vies, d'enfants. Elle met aussi en lumière, un peu, le travail des bénévoles, de médecins sans frontière.

J'ai aimé ce livre, son écriture simple qui nous pousse à l'imagination, à la réflexion.
C'est tellement difficile d'imaginer cette vie pour des jeunes, c'est tellement difficile d'imaginer cette vie là en France.
Un simple constat, pas de solution, pas de jugement.

"Les habitants à qui elle avait pu parler l'avaient tous regardée avec une sorte de méfiance. Quand il n'y avait pas de grillages, il y avait des barrières, visibles ou non, entre elles et les gens, alors qu'ici dans la jungle, elle avait ses repères."
"À force de les considérer comme des bêtes, ceux qui les détestaient les forçaient à devenir des bêtes pour pouvoir les détester encore plus."
"Il disait que chacun avait son Angleterre, et pas seulement les migrants. Chacun avait besoin d'un espoir de changement."
"Son voyage, depuis l'aube où elle avait quitté la maison de son père pour aller rejoindre la femme de la téléboutique jusqu'à ce trottoir de Calais où le regard de Chef ou de ses hommes ne la lâchait jamais longtemps, lui a semble être une longue chaîne d'esclavages successifs." 
Grasset, 238 pages.

lundi 11 décembre 2017

"En vrille" de Deon Meyer



Le corps d'Ernst Richter est retrouvé par le plus grand hasard enfoui dans le sable ; il était porté disparu depuis près de 3 semaines.
Étant le fondateur d'un site internet peu reluisant, Alibi.co.za - qui propose toutes sortes d'alibis - il a de nombreux "ennemis".

L'équipe de police des Hawks va tenter de découvrir l'assassin avant les fêtes de Noël qui approchent.

Nous sommes en Afrique du Sud, à Stellenbosch, à l'est du Cap dans la région viticole. Il y a comme dans tout bon policier une bonne équipe de détectives-lieutenants-colonels. L'alcoolique qui n'arrive pas à s'en sortir, le bon copain, le délateur, la femme, le noir, le métis... bref tous les ingrédients du polar sud-af.

Comme nous sommes dans la région viticole nous retrouvons effectivement le vin, il y a bien sur un peu de rugby aussi, et les nouvelles technologies avec ce fameux site internet.

C'est un bon polar qui nous fait passer un bon moment. Mais rien d'extraordinaire non plus, j'avoue ne pas avoir "accroché" à l'intrigue comme parfois dans de très bon polar.

mercredi 6 décembre 2017

"Ils vont tuer Robert Kennedy" de Marc Dugain


Mark O'Dugain est professeur d'histoire à l'université de Vancouver, spécialiste des frères Kennedy et notamment de toutes les conspirations qui tournent autour de leurs assassinats.
Ce thème est devenu une véritable obsession pour lui, et après en avoir fait sa thèse, il a décidé de mener une enquête sur la mort de chacun de ses parents décédés de manière violente et brutale à une année d'intervalle lorsqu'il était adolescent. Décès qu'il pense être liés au meurtre de Robert Kennedy.

Beaucoup de théorie complotiste, de mégalomanie derrière ce professeur en recherche permanente de ses origines, de l'amour de ses parents et dans la peur et la fuite de l'abandon.

L'histoire débute avec l'assassinat de "Jack", et à partir de là on déroule le fil qui amènera son petit frère Bobby à se présenter au poste suprême en 1968, tout ceci entrelacé avec la recherche du professeur sur le passé de ses parents et notamment de son père ancien résistant français, thérapeute hypnotiseur et très vraisemblablement lié à des services secrets...

On y retrouve mêlés le FBI, la CIA - avec le professeur Godlove et son travail sur la manipulation psychologique - Hoover, Bush père, la mafia, les syndicats, etc.

Au départ j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, à y "croire", puis, finalement, à la moitié du bouquin j'ai été embarquée, happée et me suis laissée prendre au piège du complot et de la manipulation.

Toutes ces théories sont glaçantes et pourtant probablement avérées pour la plupart d'entre elles,  l'image des chefs d'État américain n'en ressort pas tellement glorifiée même si nous n'avions pas vraiment besoin de ce livre pour nous en apercevoir...

Lecture très intéressante d'un point de vue historique, petit rafraîchissement sur la guerre froide et toute cette période post seconde guerre mondiale un peu trouble.

Marc Dugain ne mâche pas ses mots et ses idées, n'a-t-il pas peur de finir avec une balle dans la tête ?! 😉
"De longs mois et de nombreux entretiens avec des chercheurs travaillant sur la question m'ont été nécessaires pour comprendre que Timothy Leary était sous la discrète influence de la CIA. Je l'ai dit précédemment, la CIA et Leary travaillaient, chacun de leur côté, sur le même produit, le LSD, avec des objectifs contradictoires, du moins en apparence, Leary voulait libérer l'humanité. La CIA, de sont côté, avait offert une manne considérable à des universitaires et à des chercheurs en psychiatrie pour prendre le contrôle des individus sans violence, sans intervention militaire."
"Cette femme autoritaire avait opéré son propre diagnostic. Pour elle, son fils souffrait probablement d'un déficit hormonal et d'un déséquilibre psychique qu'elle me proposait de soigner moyennant une somme considérable. J'ai refusé en lui expliquant sans prononcer le mot honni que son fils ne souffrait d'aucune névrose mais qu'il appartenait seulement à une communauté d'individus dont l'objet sexuel n'est pas obligatoirement le sexe opposé. Je lui expliquai aussi que les souffrances auxquelles elle se référait ne tenaient pas à son état mais à la perception de celui-ci par la société et à l'image profondément blessante que celle-ci lui renvoyait." 
"Cet ennemi commun doit ensuite permettre de justifier la démence des moyens alloués pour le détruire. Il doit être assez menaçant pour qu'on puisse envisager d'aller jusqu'au coup d'État pour l'anéantir. Je remarque que cet ennemi est toujours défini au regard des risques qu'il fait penser sur la liberté, prétexte, pour lutter contre lui, à anéantir cette liberté."
"[...], l'inoubliable pourfendeur du mal, George W. Bush, le fils prodigue à qui il a manqué certainement un quart d'heure de cuisson à la naissance et dont le seul héritage est le cancer islamiste." 😂😂
Gallimard, 399 pages.

lundi 4 décembre 2017

"L'ordre du jour" de Eric Vuillard


GONCOURT 2017

Où il est question d'une réunion en février 1933 au cours de laquelle 24 grands noms représentants le monde de la finance et de l'industrie allemande - des noms d'entreprises aujourd'hui toujours connues et renommées - approuvent Hitler et sa politique nazi en participant financièrement à sa campagne électorale ;

Où Hitler reçoit le chancelier autrichien Schuschnigg, et obtient de sa part - sous la menace d'une invasion militaire - de faire entrer des éléments du parti nazi dans le gouvernement ;

Où Ribbentrop est reçu à diner au 10 downing street chez Chamberlain le premier ministre britannique et le fait tourner en bourrique alors que ce dernier vient d'apprendre l'invasion de l'Autriche par les troupes militaires allemandes ;

Où 4 dirigeants de 4 pays européens - Chamberlain, Daladier, Mussolini, Hitler - se retrouvent à Munich pour signer des "accords" ;

Où finalement Hitler envahira l'Autriche avec son armée bringuebalante, lourde, lente dans un pays déjà conquis ;

Où finalement avec un gros coup de bluff, un très bon coup de poker, Hitler a provoqué une guerre qui a mis l'Europe puis le monde entier à feu et à sang....

Nous découvrons les coulisses, les fondements de la seconde guerre mondiale, dans un récit court avec un style concis, précis. En peu de mots mais avec minutie Eric Vuillard nous montre tout l'absurde de l'enchainement des évènements.
Lecture très agréable et intéressante, un prix bien mérité !

Actes Sud, 150 pages.