Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

dimanche 29 janvier 2017

❤️❤️ "La baleine thébaïde" de Pierre Raufast



Pierre Raufast avec son style très particulier et son imagination débordante m'avait déjà conquise avec ses deux premiers romans ("la fractale des raviolis" et "la variante chilienne") ; ce troisième roman dans la même veine que les deux premiers n'est en rien décevant.

thébaïde : lieu isolé et sauvage, où l'on mène une vie austère, calme et solitaire.

Richeville est un jeune homme tout juste diplômé d'une école de commerce qui cherche sa voie. Dans un journal il trouve une annonce à laquelle il postule et c'est ainsi qu'il se retrouve sur un baleinier à la recherche de la baleine 52 surnommée ainsi en rapport avec sa fréquence d'émission....
Richeville va se retrouver embarqué dans une aventure à laquelle il ne s'attendait pas.
Où l'on va notamment croiser un chercheur fou qui crée une matière grasse génétiquement modifiée, comestible et qui, une fois absorbée, s'accumulerait dans la poitrine des femmes et non sur leurs hanches et leurs fesses !! 😆

C'est un texte drôle, enlevé, rythmé, parfois cynique et très très imaginatif qui n'est pas sans rappeler le style de Jean Echenoz.
C'est frais tout en étant corrosif, beaucoup d'humour parfois grinçant.
On adhère ou pas, moi j'adore !!
Et si on a lu ses deux premiers romans on rit et sourit des petits rappels qu'il fait sur certaines histoires (l'explication d'une pluie diluvienne de plusieurs années dans un petit village français, une mort par empoisonnement, un certain jeu de carte, un ramasseur/collectionneur de cailloux...)

Bref un petit plaisir qui fait du bien et qui change !

"On veut faire le bien mais parfois ça tourne mal. Personne n'y peut rien. Ne jamais oublier qu'un aimant, même le plus fin possible, a toujours deux faces : la positive et la négative..."
Alma Editeur, 218 pages.

vendredi 27 janvier 2017

❤️ "Celle qui fuit et celle qui reste" de Elena Ferrante


Et voilà le troisième opus de la très célèbre "saga" de l'amie prodigieuse.
Nous retrouvons les deux jeunes femmes, Elena la narratrice et Lina son amie.
Elles ont maintenant la trentaine, Elena a écrit son premier roman qui est un succès, elle est fiancée à Pietro ; Lina travaille toujours dans son usine de viande et élève son fils Gennaro avec Enzo, un "ami".

Sur fond de révolution ouvrière, de montée du fascisme, du communisme, d'attentats, de féminisme, la vie des deux jeunes femmes continue en dents de scie pour l'une comme pour l'autre.

Il y a celle qui fuit, c'est à dire Elena, qui va s'installer à Florence, qui fuit sa famille, Naples, son quartier, ses origines modestes, et celle qui reste, Lina, qui revient s'installer dans le quartier et retrouve tous les protagonistes de celui-ci et donc de leur enfance.

La deuxième partie est largement consacrée à Elena qui va découvrir les joies de la vie de famille (mère, épouse, ...) et la difficulté à rester concentrée sur son travail. Son coeur vibre toujours pour Nino, l'amoureux de toujours. Elle se pose toujours beaucoup de questions et notamment sur ses relations avec Lina, elle va s'intéresser à la condition des ouvrier(e)s, au féminisme...


Encore une fois Elena Ferrante nous emporte dans ce tourbillon de vies. Les caractères des deux protagonistes sont très puissants, la force de narration de l'auteur nous fait vibrer. On y va, on embarque et on dévore .... jusqu'au dernier tome à paraître en septembre et qui clôturera l'histoire.
Un beau roman d'apprentissage qui nous tient en haleine depuis plusieurs années.

Gallimard, 479 pages.

samedi 21 janvier 2017

❤️❤️❤️ "Continuer" de Laurent Mauvignier



Samuel est un adolescent en chute libre, tant au niveau scolaire que personnel.
Ses parents sont divorcés, il vit chez sa mère, Sybille, à Bordeaux.
Après "l'incident" de trop, Sybille décide d'agir pour son fils, pour le remettre sur le bon chemin.

C'est ainsi qu'ils partent tout les deux, 3 mois, à dos de cheval, parcourir le Kirghizistan.

Il y a la traversée d'un pays méconnu, dans des paysages magnifiques, quelques rencontres surprenantes, la vie des nomades dans les yourtes.
Il y a la vie, le passé de Sybille.
Il y a Samuel,
et cette relation mère-fils, tellement difficile, tellement compliquée, les non-dits, les secrets, les peurs, les haines...

Laurent Mauvignier, tout en simplicité nous emmène au coeur de cette relation, au coeur de la difficulté que cela peut être de communiquer avec un ado, son propre enfant, il nous emmène là où personne ne voudrait aller, au bord de la rupture relationnelle-communicante avec son propre enfant, lorsque ce petit que l'on aime tant, s'est éloigné et que l'on voudrait le rattraper, juste le toucher...

Un très beau roman, magnifiquement écrit, bouleversant, qui m'a ému avec une "force douce", que l'on souhaite déjà relire une fois terminé, pour ne pas quitter ce pays, ces mots...

Et malgré tout, de la tendresse, de l'amour...

"...comme si au fond, leurs discours racistes c'était juste l'incertitude sur soi, la peur de ne pas savoir être soi-même et d'être capable de le rester en face des autres. Comme s'il fallait toujours penser une relation dans la domination ou la soumission."
"- Si on a peur des autres, on est foutu. Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu'on peut en crever. Les gens,  mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu'on n'a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. Aller vers les autres, c'est pas renoncer à soi."

Minuit, 240 pages. 

vendredi 20 janvier 2017

"Golem" de Pierre Assouline



Gustave Meyer est hypermnésique et champion international d'échecs.
Son meilleur ami est aussi son neurochirurgien, car Gustave souffre d'épilepsie.

Après un rdv avec ce dernier - au cours duquel il découvre que son ami conserve son dossier médical sur papier dans les archives et non sur son ordinateur - Gustave Meyer se voit arrêté par la police.
En effet, il est suspecté d'avoir assassiné son ex-épouse. Par un jeu de circonstance et de hasard il réussit à échapper à la police et décide de comprendre ce qui a pu se passer, qui a tué sa femme et pourquoi il se retrouve accusé.
Il se faufile alors de nuit dans les archives du Grand Hôpital afin de récupérer son dossier ; il découvre avec stupéfaction que lorsqu'il a été opéré pour traiter son épilepsie, son soi-disant meilleur ami en a profité pour lui implanter une électrode dans la partie saine de son cerveau afin de "booster" sa mémoire et l'utilisation de son cerveau. Un grand questionnement commence pour Gustave, est-il un monstre ? Est-il encore homme ? Est-il devenu un golem ?

Le Golem est un "personnage" que l'on retrouve dans la mystique et la mythologie juive. Etre dépourvu d'âme, créé pour défendre son maitre, il apparait surtout dans le ghetto de Prague.

La première partie démarre comme un roman policier puis après cette découverte incroyable le personnage et le livre se transforme. Gustave part en voyage dans la vieille Europe en quête de ses origines, de vérité, afin de se libérer de ses obsessions et de les affronter. Ses pérégrinations prennent un sens mystico-philosophique, on se perd un peu, le style et le ton changent.

Mon avis reste assez mitigé sur ce roman, c'est très bien écrit, Pierre Assouline est un vrai écrivain qui a le sens des phrases et des mots, cependant dans la dernière partie il m'a parfois un peu perdue, et il a même fallu que je la relise une deuxième fois pour être sure de tout suivre....

"Sa mémoire oppressait son cerveau. Il croyait déjouer les pièges de la réminiscence parfaite ; mais au contact de ce passé-là, son inconscient dégorgeait ses traces les plus archaïques. Et qui n'est pas capable d'oubli se condamne à une existence de colère et de deuil."

mercredi 18 janvier 2017

❤️❤️ "Les portes du néant" de Samar Yazbek

"Pour les martyrs de la révolution syrienne. 
 J'écris d'une main tremblante.
 J'écris à l'aveugle.
 ...
 J'écris pour vous qui avez été trahis." 

Samar Yazbek est syrienne, alaouite, journaliste et écrivain reconnue. Après avoir pacifiquement manifesté contre le régime Assad et publié des articles la plaçant clairement dans l'opposition, elle a du fuir son pays et s'exiler en France avec sa fille quelques mois après le début de la révolution en 2011 - dont elle est une des plus célèbre porte-parole.
Ce livre est un documentaire qu'elle a écrit après être retourné plusieurs fois en Syrie entre 2012 et 2013, d'abord pour tenter de préparer "l'après-Assad", puis pour témoigner, donner une parole, une vie, un écho à toute cette souffrance.

Témoignage-essai publié en mars dernier, il est déjà ancien... l'Histoire a déjà avancé, changé...
Mais au moment des polémiques sur la médiatisation de la guerre à Alep - de sa destruction - il est bon de se replonger dans une certaine réalité.
Bien qu'il [me] soit impossible de juger de l'objectivité de l'auteur, il semble que sa connaissance du sujet soit suffisamment fine et approfondie pour se laisser entrainer à "écouter" ce qu'elle a à raconter, à nous dire. D'ailleurs une des femmes avec qui elle a passé beaucoup de temps lors de ces "retours" au pays lui a dit : "Ne meurs pas ici. Pars tant que tu le peux et demeure ce fil qui nous relie au monde."

Après quelques mois d'exil en France, à Paris, Samar Yazbek décide donc de retourner clandestinement en Syrie, son objectif est de préparer le futur, d'aider les femmes à s'organiser en montant de micro-projets, en s'assumant (beaucoup sont veuves et seules avec de nombreux enfants), de continuer l'éducation des enfants et d'alphabétiser les femmes des campagnes. Ces 3 voyages qu'elle fera, en s'infiltrant par une brèche de la frontière turque, seront pour elle 3 portes qui la rapprocheront à chaque fois un peu plus du néant. A chaque fois elle sera reçue et hébergée par une famille de Saraqeb dans la province rurale du nord-ouest de la Syrie - la région d'Idib.
Elle va observer l'évolution de son pays, comment "une révolte populaire pacifique contre un dictateur s'est muée en une mutinerie armée contre les militaires et l'État, avant que les islamistes ne s'emparent de la scène et ne transforment les syriens en pantins dans une guerre par procuration".

Avec les multiples témoignages qu'elle nous rapporte, on comprend un peu mieux comment l'Histoire s'est faite et tout s'est enchainé...
Après les différents "printemps arabes", le peuple syrien s'est pacifiquement révolté contre le gouvernement de Bachar Al-Assad qu'il voulait renverser; les buts revendiqués de cette révolution étant la justice, la liberté et la dignité. Cependant cette révolution s'est vite transformée en guerre civile puis religieuse avec l'arrivée des djihadistes.

Lecture forte, troublante, émouvante, avec Samar Yazbek on comprend que c'est tout le pays qui est bombardé, attaqué, violé, pillé, humilié, bafoué. Coincé entre l'armée d'Assad, l'armée de la Syrie Libre, les djihadistes, les mercenaires... le peuple est à terre, incapable de relever l'échine.

"Je regardais Shaher, né dans ce pays, qui le défendait avec une arme et son engagement. En face, des mercenaires étrangers coupaient des têtes au nom de la religion, réécrivaient la loi, se comportaient en colonisateur."
"Tout ce chaos alors que les rebelles se tuaient à la tache en défendant une révolution qui leur échappait et devaient lutter sur deux fronts, contre le régime d'Assad et contre les groupes djihadistes qui pourrissaient la vie."
"Tout ce que je voyais était à la limite du supportable. Je n'étais pas assez forte pour ces tueries incessantes, pour ce mal qui se répétait à chaque seconde, enflait, se multipliait et finissait par avaler tout le pays."
"...les brigades djihadistes s'imposaient par la force des armes et de l'argent."
"...les raisons qui avaient donné l'avantage aux djihadistes takfiris. Je devinais sa réponse : les sources de financement et les hommes qui affluaient tous les jours des quatre coins du monde pour combattre sous le prétexte de défendre l'islam.

Stock, 306 pages.

mardi 10 janvier 2017

❤️❤️ "Une constellation de phénomènes vitaux" de Anthony Marra



Vie : une constellation de phénomènes vitaux - organisation, irritabilité, mouvement, croissance, reproduction, adaptation.

Entre 1994 et 2004,
entre deux guerres,
entre Sonja et Natasha,
Dokka et Havaa,
Akhmed et Khassan,
une (des) histoire(s) d'amour dans une Tchétchénie en proie à la violence, au froid, aux Russes, à la délation, au soutien, au courage, à la lâcheté...

2004, Akhmed, impuissant assiste à l'arrestation de Dokka, son voisin et ami, père de Havaa, à la destruction par le feu de leur maison, mais où se trouve la petite fille ? Il sait que les militaires russes reviendront la chercher et décide donc de l'emmener, de la cacher, de la sauver.
Khassan aussi assiste à cette arrestation, la douzième, la treizième... il faut arrêter le "délateur", mais en aura-t-il le courage.
Sonja, seule chirurgien rescapée de l'hôpital no 6, est en manque de sa soeur disparue, pourra-t-elle la retrouver, connaitre son histoire...

Tous ces destins parallèles se croisent, se sont croisés ; les secrets, les non-dits sont nombreux et peu à peu seuls nous les lecteurs pourront les découvrir, les détricoter et finalement comprendre.

Très beau roman,
dur, fort, puissant.
Découverte d'une partie du monde que je ne connaissais pas, à laquelle je ne m'étais jamais tellement intéressée. La guerre a toujours été là, plus ou moins proche de nous (plutôt loin jusque là...), mais comme on dit "loin des yeux, loin du coeur"... tout cela n'est pas si vieux, je n'en ai pourtant aucun souvenir, ai-je déjà oublié ? Et eux ...

Découvrir cette vie terrible, cette guerre, ces atrocités

Les personnages se croisent, s'entrecroisent, se cherchent, jamais ne se (re)trouvent ?, et malgré toute la violence, un fond d'humanité, et beaucoup, beaucoup d'amour.
On a froid dans les villages couverts de neige, sans électricité, sans eau courante depuis si longtemps, on a peur dans la forêt, aux points de contrôle (rebelles, russes, mercenaires...), on est perplexe dans Grozny détruite, à l'hôpital, éventré, vide.

Brillamment, l'auteur nous fait traverser cette décennie, sans pudeur, sans filtre
âmes sensibles....

Le Livre de Poche, 544 pages.

dimanche 1 janvier 2017

"Crépuscule du tourment" de Léonora Miano




En Afrique subsaharienne (au Cameroun ? d'où vient l'auteur), quatre femmes s'adressent à un homme dans quatre longs monologues où elles se livrent à lui ; lui racontant leurs tourments, leurs espoirs et désespoirs, ce qu'elles n'attendent plus de la vie.

Dans l'ordre d'apparition il y a tout d'abord "Madame", la mère de l'homme, puis vient Amandla son ex-compagne, Ixora sa compagne actuelle, et enfin Tiki sa jeune soeur.

Les quatre parties sont très inégales et l'auteur a failli me perdre - après m'avoir beaucoup beaucoup ennuyé dans la seconde partie - mais j'ai persisté.

Madame, sans nous livrer ses secrets, nous donne à voir la condition des femmes, ce qu'elles doivent accepter, leurs sacrifices, la colonisation par les blancs, la difficulté de maintenir son statut, de vivre avec un homme violent ; on percoit qu'un lourd secret l'oblige à garder la tête haute, à cacher sa honte. Elle est dure, froide, intransigeante, et refuse l'union de son fils avec les deux seules femmes qu'il ait ramené à la maison, pour cause de basse extraction (elles sont à priori descendantes d'esclaves). Le fils qui avait quitté la maison pour le "Nord" est revenu, mais ce retour est difficile après tant d'années passées loin de l'Afrique.

Amandla est en colère, elle hait le blanc, la colonisation, elle recherche la vengeance, elle bannit le terme "noir" pour le remplacer par "kemit" mot d'origine égyptienne. Elle est pleine de rancoeur et obsédée par les "blancs" qui ont tout pris, tout imposé.

Ixora a eu une vie difficile, elle vivait au "Nord" et a décidé de revenir en Afrique avec l'homme. Elle cherche sa voix et finira par la trouver. Elle est beaucoup moins revendicative qu'Amandla, et a un regard dur et acéré sur les nouveaux bourgeois de l'Afrique, ceux qui ont profité du colonialisme, ceux qui se revendiquaient d'un seul peuple et qui maintenant oeuvre en solitaire, en égoïste, sans hésiter à piétiner leurs semblables.

Tiki quand à elle vit aussi au "Nord", elle est la plus "moderne", la moins féministe et la moins revancharde vis à vis des blancs. Elle a décidé de vivre sa vie à sa façon même si ce n'est pas toujours simple. Elle a tenté de percer le(s) secret(s) de sa mère, de ses parents, pour vivre mieux...

Roman difficile à lire, car beaucoup de revendications, de colères, de rancoeurs, vis à vis des blancs mais aussi des hommes. Certaines analyses sont intéressantes mais d'autres beaucoup trop lourdes, répétitives.

Bref, pas super méga emballé, ce roman assez court (280 pages) a été très long à lire pour cause de fêtes de fin d'année mais pas seulement, il ne me manquait pas et je n'avais pas particulièrement envie de me replonger dedans. Soulagement de l'avoir fini, ça a été tout de même une petite épreuve.

A bon entendeur !

"[...] j'avais assez vu ces gens, les rares fois où tu m'avais tolérées à tes côtés quand tu les rencontrais, une fois au cours d'un cocktail d'entreprise, une autre fois pendant un brunch dominical, peu avant une partie de golf, sport prisé de ces bourgeois patauds et inconscients de leur vulgarité, ne vivant que pour éventrer, piller cette société, on dit que ce sont les Nordistes qui font cela, on aime bien dire que ce sont les autres, les auteurs de nos actes, les responsables de nos choix, on aime bien refuser d'être libres."

"[...] de la seule arme à ma disposition, ma langue acérée, je t'ai insulté comme il fallait, comme tu le méritais, t'ai injurié de haut en bas, un nettoyage en règle, je t'ai traité d'homme en toc, toi qui avais quitté le Nord pour ne pas demeurer dans une société de plus en plus raciste, tout ça pour venir te plonger jusqu'au cou dans la poubelle où vivent les bourgeois subsahariens, cette benne à ordures où l'hypocrisie côtoie l'avidité, la violence, la dépravation, avec quels délices tu semblais te vautrer dans tout cela et, de plus en plus, prêter l'oreille aux paroles de Madame qui voulait pas d'une bru sans généalogie...."