Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

samedi 22 décembre 2018

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire Delacourt




Antoine est expert en assurance, il évalue le prix des choses, des vies...
Il est marié avec Nathalie, ensemble ils ont deux enfants, Joséphine et Léon.
Alors c'est parti on y va : petit il a perdu une soeur, sa mère est partie et l'a complètement abandonnée, sa femme le trompe, son père est malade, et bien sur il est viré, ouah tout ça pour un seul homme, alors oui bien sur il pète un plomb, et fait une énorme bêtise.
Puis on le retrouve au Mexique où il essaie de se racheter une deuxième vie.
Enfin sa fille Joséphine donne son sentiment sur tout ça (j'essaie quand meme de ne pas trop en dévoiler pour ceux qui voudraient encore le lire).

Donc vous l'aurez compris je n'ai pas aimé ce livre.
Du pathos, en veux-tu ? en voilà !!
Je n'ai pas cru une demi-seconde au personnage d'Antoine qui pour moi est faux du début à la fin, il n'y a rien de crédible dans cette histoire.
Alors c'est sur il sait écrire, et c'est tant mieux ça permet d'avancer vite vite ; j'ai failli abandonner plusieurs fois mais je me disais que peut-être au bout... et alors ce n'est pas faux, dans la dernière partie il y a de jolies choses (ouf) sur le pardon.
Mais bon ensemble pour moi plus que médiocre, sur le même thème (encore une fois que je tais pour ...) lisez plutôt "Bord de mer" de Véronique Olmi qui pour le coup est poignant et magnifique.

JC Lattès, 360 pages.

"Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu

PRIX GONCOURT 2018

En 1992 Anthony a 14 ans, il est amoureux de Stéph, qui elle-même en pince pour Simon qui lui n'est jamais contre, que ça soit Stéph ou une autre.
Il y a aussi le cousin (d'Anthony), avec sa mère dépressive ; les parents d'Anthony - un père violent et alcoolique, une mère qui s'est trop longtemps tue.
Il y a Hacine, ses potes et son père.
Et tous les autres

Et puis il y a aussi la drogue, l'alcool, les fêtes, la violence, les flirts, l'amour, le chômage, l'ennui...

C'est l'Est, la région des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, des usines qui sont fermées....

De ce premier été en 1992 jusqu'à l'été de la première victoire de la France en coupe du monde, Nicolas Mathieu nous emmène à la suite d'Anthony et de ses comparses, on suit l'évolution de nos héros au fil du temps, de leurs expériences, de leurs rencontres. De la tendre adolescence au jeune adulte, les années charnières, les années de construction.

Des personnages qui nous ressemblent, des personnages que l'on a croisé, que l'on a fréquenté... d'autant plus que je suis de cette génération, de cette époque, alors forcément on s'y retrouve un peu, beaucoup.

Une magnifique chronique sociale d'une époque révolue, d'une époque où l'on parlait encore de "catégories socio-professionnelles", d'une époque sans tablettes, sans téléphone, sans internet, d'une époque où l'on se rencontrait au bal, dehors...

J'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel je me suis plongée sans retenu, dans lequel je suis restée bien longtemps après avoir refermé la dernière page.
L'écriture, sans être très littéraire, est belle et agréable, l'histoire est simple, mais prenante, il n'y a pas de doute. Un très très bon moment de lecture.

Actes Sud, 426 pages.

jeudi 20 décembre 2018

"La beauté des jours" de Claudie Gallay


Jeanne a tout pour être heureuse, un travail à la poste qui lui plait, un mari aimant et travailleur, deux filles étudiantes et épanouies, une maison, un jardin, une très bonne amie.... Elle aime son train-train quotidien, sa routine, cela la rassure et la rend heureuse, à priori.
Elle aime aussi passionnément l'artiste-performeuse Marina Abramović à qui elle écrit des lettres qu'elle n'envoie jamais.
Et pour mettre un peu de piment dans sa vie elle suit des inconnus dans la rue pendant sa pause déjeuner, jusqu'au jour où elle se retrouve à suivre un ancien amoureux du temps de son adolescence.

Une jolie histoire, facile et agréable à lire mais qui personnellement ne m'a pas apporté grand chose hormis un bon moment de lecture et tout de même la découverte de Marina Abramović !

Malheureusement après quelques jours il ne m'en reste pas grand chose.
Un peu comme la vie de Jeanne, c'est calme, à la limite de l'ennuie, charmant et puis ... ça passe.

Il manque un petit quelque chose pour en faire un roman inoubliable et pétillant.

Actes Sud, 404 pages.

mardi 18 décembre 2018

"La marcheuse" de Samar Yazbek



Dans ce roman Samar Yazbek nous raconte l'histoire d'une jeune syrienne née avec une étrange maladie, son cerveau ne contrôle pas ses jambes qui ne savent pas s'arrêter et si on ne l'attache pas elle marche, marche, marche.
Ainsi elle vit attachée tout le jour à son lit, ou au bras de sa mère, parfois de son frère.
Elle est considérée comme folle par la plupart des gens qui l'entourent car en plus de ne pas être capable de s'arrêter elle ne parle pas, jamais, elle chante simplement des cantilènes.

La guerre civile va bouleverser la vie de Rima, qui va se retrouver dépendante de son frère puis d'un de ses amis. Pour la protéger elle est enchainée dans différents endroits en sous-sol, des semblants d'hôpitaux où elle survit avec d'autres malheureux puis seule, totalement seule sous les bombardements de l'aviation civile.

Rima écrit un journal, une longue lettre par le biais de dessins, elle raconte ce qu'elle vit, ce qu'elle pense, elle parle des histoires qu'elle a lu et aimé, le Petit Prince mais aussi Alice au pays des merveilles.

C'est un livre difficile à lire, et pour lequel j'ai beaucoup de mal à avoir une opinion claire.
En effet l'auteur prend le parti de nous raconter l'horreur de la guerre en Syrie sur un ton un peu naïf, enfantin, ce qui accentue les abominations dont elle est témoin tout en rendant la lecture parfois ennuyeuse et du coup aussi peu crédible.
Ce qui est un peu dommage car je sais que cette auteur a vu et vécu le pire en Syrie, je suis sûre qu'elle n'exagère rien et que tout est vrai, cependant le côté puéril de Rima m'a gâché un peu trop mon plaisir de lecture.

Malgré tout un témoignage crucial et vrai surtout lorsque l'on a lu son récit de ses différents voyages en Syrie ("Les portes du néant") ou le témoignage de Delphine Minoui ("Les passeurs de livres de Daraya").

Stock, 291 pages.

lundi 17 décembre 2018

❤️ "Les huit montagnes" de Paolo Cognetti



Lorsque Pietro est encore enfant ses parents décident de louer une maison à Grana, un village perdu dans la montagne, pour passer l'été.
Chacun y trouve son compte, la mère aime la montagne des prairies et des forêts, tandis que le père aime partir à l'assaut de la montagne au cours de longues randonnées, et Pietro se fait un petit copain, Bruno.
Bruno est un enfant du village qui passe plus de temps dans les pâturages qu'à l'école, et chaque été il emmène Pietro à la découverte de la montagne.

Les années passent, Pietro grandit, quitte le nid familial et ne revient plus trop à Grana. Jusqu'à ce que  le coeur de son père lâche subitement et que Pietro se retrouve propriétaire d'une ruine en pierres en haut de la montagne. Il va alors retourner dans ce village, retrouver son ancien ami Bruno.

C'est une très belle histoire d'amitié mais surtout de montagne, la montagne qui est presque le personnage principal de ce roman. On traverse les forêts de pins, les prairies où paissent les vaches, les chèvres, et plus haut la rocaille, les névés, les glaciers.
On respire l'air pur, on sent le poids de la neige, son bruit délicat, on vit le printemps avec le lac qui dégel, les fleurs qui explosent, la vie qui renait.

J'ai énormément aimé ce livre, très simple et très beau. Il m'a fait voyager dans la nature, loin de la ville. L'histoire entre Bruno et Pietro et sa famille est aussi très belle, touchante.

Un livre parfait pour les amoureux de la nature et de la montagne en particulier, un livre qui fait rêver doucement.

Le Livre de Poche, 284 pages.

jeudi 13 décembre 2018

"Mille petits riens" de Jodi Picoult



Ruth est africaine-américaine, elle est sage-femme dans l'hôpital de sa ville depuis plus de 20 ans.
Elle a un garçon, brillant lycéen, qu'elle élève seule, son mari est décédé en mission en Afghanistan il y a déjà plusieurs années.
Ruth vient d'un milieu pauvre, sa mère est femme de ménage dans une riche famille (blanche) new-yorkaise, mais Ruth a voulu faire des études et à force de conviction et de persévérance elle a réussi à se hisser dans la classe moyenne, où elle n'est entourée que de blancs....

Un jour Ruth prend son service, un bébé est né peu de temps auparavant, elle va donc à sa rencontre pour s'en occuper. Le contact avec les parents lui semble étrange mais elle fait son travail sans se formaliser et plus tard sa chef vient l'informer qu'elle ne peut plus s'occuper de ce bébé car les parents ne souhaitent pas que des personnes africaines-américaines s'approchent de leur famille...

Trois jours après sa naissance le petit Davis décède et bientôt Ruth est mise à pied, puis en garde à vue et accusée de meurtre ....

Davis était un petit garçon né dans une famille de suprématistes blancs qui ont décidé d'attaquer Ruth pour le meurtre de leur enfant.

L'histoire nous est racontée à travers les voix de trois personnages ; Ruth, évidemment, qui est notre personnage principal, Turk qui est le père suprématiste et Kennedy qui sera l'avocate de Ruth.

On pourrait penser encore une histoire de racisme.... mais non, enfin si bien sûr, mais l'histoire est plutôt bien montée. L'auteur soulève des questions intéressantes, en particulier du côté des blancs qui se disent et se pensent non-racistes, elle met le doigt sur des phrases, des (fausses?) idées, qui peuvent sembler non-racistes mais sont finalement mal-perçues. Tout est une question de vécu, de quotidien, d'empathie.

L'auteur met en place le contexte, l'histoire qui va amener à l'arrestation de Ruth puis son procès.

Il y a encore du chemin a faire en terme de tolérance, d'acceptation de l'autre et de la différence, et pas seulement en ce qui concerne la couleur.

Un très bon roman, long, mais que l'on dévore.

Actes Sud, 581 pages.

lundi 10 décembre 2018

"Habemus piratam" de Pierre Raufast


Dans un village de campagne un curé se passionne pour les confessions d'un hacker informatique professionnel.

Ce curé ne supporte plus les petites mesquineries des "petites vieilles" du village qui pour se tenir occupées se font vacheries sur vacheries.
Alors lorsque cet homme mystérieux vient lui confesser ses péchés au travers de ses histoires incroyables de hacker il est tout ouï et chaque jour il attend impatiemment la nouvelle confession.

Dans la même veine que ses trois premiers romans (La fractale des raviolis, La variante chilienne, la baleine thébaïde) Pierre Raufast nous emmène dans des histoires qui tout en étant indépendantes les unes des autres construisent l'intrigue principale.

Il a beaucoup d'imagination et surtout beaucoup d'humour. On apprend des choses sur le milieu informatique, le net, le darknet, et même si parfois le sujet n'est pas toujours évident pour les non-initiés les explications, elles, sont toujours très claires.

Un moment de détente, de lecture sympa et facile.
Je reste une inconditionnelle de l'auteur qui à chaque fois me surprend avec son style si particulier et ses histoires un peu rocambolesques.

Alma Editeur, 220 pages.

mardi 27 novembre 2018

❤️ "Le lambeau" de Philippe Lançon"


Prix Femina 2018

Alors, bien sûr, tout le monde connait déjà un peu ce livre.
Philippe Lançon se trouvait à la conférence du mercredi de "Charlie Hebdo" ce fameux 7 janvier 2015 lorsque les frères K. ont fait irruption avec leurs kalachnikovs...
Il a été gravement blessé au bras, à la main et surtout au visage ce qui lui a valu de passer les neuf mois suivant en milieu hospitalier où il a subi de multiples chirurgies et tenté de se reconstruire.

C'est en effet une très belle oeuvre littéraire, pas toujours facile d'accès, les références sont nombreuses, on sent la maitrise de la langue, du sujet.
Mais c'est aussi (évidemment ?) un livre bouleversant d'humanité, d'introspection, de sincérité.

Philippe Lançon a eu ce qu'on appelle une blessure de guerre, il est une "gueule cassée", comme les soldats de la Première Guerre. Il nous raconte son parcours à l'hôpital, mais aussi les relations avec le personnel qui le soigne, qui l'entoure, les relations avec sa famille, ses amis, le nid qu'il crée et dont il ne veut plus sortir.
On rentre dans son intimité, son intimité hospitalière, son intimité de patient, on observe l'évolution de ses relations, notamment avec les soignants, ce qu'il inspire en tant que victime d'un acte où tous les français se sont sentis attaqués.
Il a une manière bien à lui de gérer son stress, ses émotions, une manière très "littéraire", il se plonge et se replonge dans certaines lectures, il a un rituel pré-opératoire, et rapidement il écrit à nouveau pour les deux journaux pour lesquels il travaille. Une manière de rester vivant, tout en étant éloigné de la folie du monde.

Un livre que j'ai beaucoup apprécié d'une part pour sa richesse littéraire mais aussi parce que l'auteur se livre sans pudeur et nous dit sa vérité.
Il ne parle pas beaucoup du problème des attentats, des islamistes même si il reconnaît qu'il a "peur", c'est vraiment une parole sur la reconstruction physique, psychique et émotionnelle.

De plus c'est une manière de nous rappeler que lors des attentats il n'y a pas que des morts mais aussi des blessés pour qui la vie change parfois du tout au tout, il y a ceux qui parlent (écrivent) mais également des dizaines (des centaines) d'autres qui ne peuvent pas et qui pourtant vivent l'horreur au quotidien, même des années après.

C'est un témoignage fort, et à mon avis indispensable car l'homme a tendance à tout oublier....
"La novlangue avait aussi un mot pour signifier un peu plus qu'éprouver ou ressentir, « sentventre », ce qui veut dire, explique Orwell, « sentir avec les entrailles ». Je l'ai peu à peu décliné, selon les heures de la journée et les points d'incommodité - « incommodité » est le mot que j'ai assez vite choisi pour définir devant les autres ce que mon corps subissait. Ce n'était pas une coquetterie, et pas seulement un euphémisme : en réduisant le mot, je réduisais la douleur et le pathétique qui l'accompagnait. L'incommodité, c'était tantôt « sentmâchoire », tantôt « sentnez », tantôt « sentgorge », tantôt « sentoeil », tantôt « sentmain » ou « sentbras », et, dans la nuit, comme un bouquet final, « senttout ». Quoi que ça sente, ça piquait, ça irritait, ça brûlait, ça inondait. J'ai pensé tous ces mots, et bien d'autres, mais je ne les ai pas écrits et nul n'en a rien su."
"Quatre dans un hôpital, une dans l'autre : ce sont les chambres où je suis resté à plein temps du 8 janvier 2015 au 17 octobre 2015, ce qui, si finalement je compte et si je ne me trompe pas, donne un total de 282 jours. Ce sont les prisonniers qui comptent, et souvent les malades, parce qu'ils voudraient s'enfuir et disparaître. Je n'étais ni prisonnier ni malade : j'étais une victime, un blessé, et j'aurais voulu rester dans les hôpitaux le plus longtemps possible. Ils me protégeaient et me sauvaient d'un mal que j'avais les plus grandes difficultés à comprendre et auquel je ne voulais surtout pas m'envoler comme, du bagne, l'avait fait Henri Charrière dit Papillon. Ce n'est que par le quotidien hospitalier que j'ai pu apprivoiser ce qui avait eu lieu."
"Si je le recopie ici, c'est parce qu'il indique comment l'attentat crée une chaîne de souffrances subites, communes et particulières, où chaque ami de la victime semble soudain marqué, comme du bétail, au fer rouge : le viol est collectif. C'est pourquoi, à partir du 7 janvier, ma vie ne m'a plus appartenu. Je suis devenu responsable de ceux qui, d'une façon ou d'une autre, m'aimaient. Mes blessures étaient aussi les leurs. Mon épreuve était en indivision."
"Ça n'est jamais arrivé ici, dans ce service, ce mélange de tendresse et de folie que vous inspirez, et c'est pourquoi vous allez devoir partir. Il faut vous protéger de tout le monde et de toutes les bêtises que vous disent les uns et les autres sur la suite, sur votre visage qui va devenir comme ci ou comme ça. C'était inévitable : vous sortez d'un évènement national qui a bouleversé la vie de tous, et, de plus, vous avez une personnalité très spéciale. Vous avez su trouver votre force ici, et c'est bien. Vous avez fait de ce service un nid accueillant et séduisant, tous sont entrés dans ce nid, et vous devez maintenant en sortir pour leur échapper."
Gallimard, 510 pages.

dimanche 18 novembre 2018

"Rue des voleurs" de Mathias Enard


Lakhdar est un jeune tangerois qui vit tranquillement son adolescence en lorgnant les formes de sa cousine Meryem, jusqu'au jour où les deux adolescents sont surpris, nus, ensemble...
Le jeune garçon est violemment mis à la porte par son père, il se retrouve dans la rue à errer et surtout à devoir se débrouiller seul.
C'est ainsi que va commencer pour lui un véritable voyage initiatique, entre Tanger et Barcelone, mais aussi dans son esprit et sa perception du monde qui l'entoure.

Il va vivre seul, dans la rue, puis dans une mosquée où il sera le "libraire" - car il adore lire, lire en français, surtout des polars ; il va aussi recopier des livres à mettre en ligne, des fiches de soldats de la première guerre mondiale ; il va travailler sur un bateau qui relie Tanger à Algésiras ; il sera le second d'un "croque-mort"; il sera professeur d'arabe...

Il rencontre Judith une jeune femme espagnole dont il va tomber amoureux, il va suivre de loin en loin son ami, Bassam, qu'il soupçonne d'avoir rejoint les Frères Musulmans...

Le monde autour de lui est en ébullition, c'est le Printemps Arabe, il y a des attentats, le mouvement des Indignés, et notre héros passe de l'adolescence à l'âge adulte en observateur, spectateur de cette société qui va trop vite pour lui. Sa conception de la vie sera bouleversé, sa Foi sera touché, il apprend et découvre chaque jour les turpitudes de l'Homme mais aussi son Amour.

C'est un roman dense, très riche, où se trouve beaucoup beaucoup de choses, beaucoup d'idées, d'informations. Mathis Énard n'est jamais avare dans son écriture et l'on apprend toujours beaucoup.
Il partage avec nous sa connaissance du monde arabe, son érudition est sans limite.

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas LU ce livre mais je l'ai ÉCOUTÉ. C'est un exercice tout à fait différent mais très intéressant. On ne peut pas relire les phrases et on suit le "ton" donné par le lecteur, j'imagine qu'en fonction du livre et du lecteur l'effet ne doit pas toujours être là. Pour ce livre ce fut pour moi une belle découverte et une très belle expérience. Le lecteur a su se mettre dans la peau de Lakhdar et m'emmener avec lui dans ses aventures.


Studio5sur5, 9h, Lu par Othmane Moumen.

"De nos frères blessés" de Joseph Andras


Goncourt du premier roman 2016

En février 1957, Fernand Iveton est guillotiné, il sera le seul européen à l'être au cours de la guerre d'Algérie.
Il a une trentaine d'année, est ouvrier dans une usine, est communiste et aime plus que tout son pays, l'Algérie, et s'est donc engagé comme anticolonialiste.

Il a été arrêté alors qu'il venait de déposer une bombe dans son usine, bombe qui n'a pas eu le temps d'exploser et qui n'était pas prévu pour toucher des êtres humains mais juste pour provoquer des dégâts matériels.
Cependant il sera l'exemple ; la grâce présidentielle lui sera refusée pour satisfaire "l'opinion publique" car on se refuse toujours à parler de guerre en Algérie, mais simplement d'évènements...

Dans ce très beau roman, Joseph Andras nous raconte l'histoire de Fernand l'engagé politique, mais aussi Fernand enfant dans son beau pays, sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme, Hélène. Il nous montre que celui dont on ne parla qu'en terme de terroriste était aussi un homme plein de sentiments, d'émotions, de convictions.

L'auteur nous dévoile sa passion pour cet homme qui fut probablement victime d'une certaine forme d'injustice.

Un premier roman très réussi !

Actes Sud, 140 pages.

mercredi 7 novembre 2018

"Jézabel" de Irène Némirovsky


Ce roman, écrit en 1936, démarre par le procès d'une femme, Gladys Eysenach, qui a tué un jeune homme supposé être son amant. Les témoins défilent, puis le jury se retire et plus tard rend son verdict.

Le livre se poursuit en nous racontant la vie de Gladys, son enfance, ses rencontres, ses amants, sa fille....
Petit à petit le caractère de cette femme nous est dévoilé sans que jamais on ne sente de jugement de la part de l'auteur. C'est une simple constatation de ce que fut sa vie. C'est une femme belle, très belle et qui vit dans et avec le regard des autres, surtout celui des hommes.
Plaire est un besoin physique, comme respirer ; alors inévitablement vieillir est une étape insoutenable.
Bien entendu si on lit ce livre au premier degré on voit une femme imbue d'elle-même et peu intéressée par son entourage, et en effet la relation à sa fille le prouve assez.
Mais on peut malgré tout lire aussi la fragilité féminine, le regard d'une femme sur elle-même, sur son vieillissement, la peau qui se fripe, qui perd de son éclat, le regard des hommes qui se tourne vers de plus jeunes demoiselles...

Ce livre a aussi un côté féministe, il reste très moderne et d'actualité.
Il y a une sorte d'injustice à ce que l'homme vieillissant est regardé avec plus de respect alors que la femme vieillissante est méprisée....
Gladys est une femme fragile, pleine d'angoisse et de contradiction, et même si son caractère est excessif elle exprime très bien, il me semble, ce que chacune d'entre nous peut avoir un jour pensé ou ressenti.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a touché. Il a parfois fait résonance en moi, sur la vie, la vieillesse, la féminité. Même si le plus souvent on peut trouver que Gladys est franchement très égoïste -voire même horrible- je me suis malgré tout attachée à elle.
Et bien entendu il est magnifiquement écrit par une auteur dont la prose ne nous déçoit jamais.

Le Livre de Poche, 218 pages.

lundi 5 novembre 2018

"Tous les hommes désirent naturellement savoir" de Nina Bouraoui



Ce livre est présenté comme un roman mais il s'agit plus d'un récit autobiographique.
Avec des chapitres aux titres répétitifs, Nina Bouraoui revient sur son enfance, son adolescence et les prémices de son homosexualité.

Il y a les chapitres nommés "Se souvenir" où l'auteur se souvient de son enfance de 4 à 14 ans, en Algérie mais aussi lors de ses séjours en France ; "Savoir" parlent de ce qu'on lui a raconté, les souvenirs de sa famille, c'est avant elle mais aussi sa petite enfance ; "Devenir" c'est lorsqu'elle a 18 ans, qu'elle étudie à ASSAS, elle est seule à Paris et découvre le milieu homosexuel féminin, elle est attirée mais a peur, elle a envie tout en étant dégoutée ; et enfin le dernier qui n'arrive qu'à la fin du livre, "Être" qui en peu de mots nous dit ce qu'elle est, aujourd'hui.

La lecture de ce livre est très facile car les chapitres sont courts, parfois même très courts, mais tout est mélangé, c'est un va-et-vient incessant dans les différentes époques de son passé, ce qui est parfois pénible (et pourtant j'aime bien ce style de narration, mais là poussé à l'extrême...).
Cependant je me suis assez vite lassée de ce récit intime qui au final ne m'a rien apporté. C'est une énième confession, tranche de vie, sans grand intérêt et que je vais vite oublier à mon avis.

Dommage parce que c'est plutôt bien écrit et pour une première rencontre avec Nina Bouraoui je ne suis pas très convaincue, pas sûr d'y revenir.

JC Lattès, 264 pages.

dimanche 4 novembre 2018

"My absolute darling" de Gabriel Tallent


Nous sommes en Californie, au bord de la mer, en lisière de forêt. Julia, surnommée Turtle, a 14 ans, elle vit seule avec son père Martin. Son grand-père paternel habite près de chez eux.
Turtle va à l'école, tous les matins elle prend le bus pour s'y rendre. Elle n'a pas d'amis et rencontre apparemment de grandes difficultés dans son apprentissage.
Une de ses enseignante, Anna, tente de l'aider, mais Turtle est sauvage et solitaire et n'en fait qu'à sa tête.
Dans cette maison où elle vit avec son père, plus rien n'est entretenu, la nature a repris ses droits, mais cela n'a pas l'air de gêner ses occupants.
Il y a des armes, des cibles partout dans la maison et dans la cave il y a de quoi s'auto-suffire pendant plusieurs années. Turtle ne connait peut-être pas correctement son vocabulaire mais elle sait manipuler toutes sortes d'armes à feu, les nettoyer, les démonter et remonter. Elle en connait aussi un rayon sur la nature qui l'entoure, elle n'a peur de rien.
Elle aime son papa et aussi son papy, mais elle n'a visiblement pas encore conscience que toutes les relations qu'elle connait/vit sont tordues. La relation avec son père est très ambiguë. Il lui répète sans cesse qu'il l'aime et qu'il a besoin d'elle pour se lever tous les matins, mais il lui fait vivre un enfer en étant manipulateur, violent. On perçoit que c'est un homme d'une grande intelligence tout en étant extrêmement torturé.
Mais Turtle grandit et à 14 ans elle entre pleinement dans l'adolescence, elle va aussi faire une rencontre qui va chambouler sa vision du monde et de sa vie et de fait chambouler la vie de son père...

C'est un livre absolument époustouflant dans la manière dont le récit est conduit.
L'auteur nous prend dans ses filets dès le départ, il installe la situation, et petit à petit nous dévoile ses personnages, et plus on avance plus on est estomaqué. Il pose le décor et puis doucement, tranquillement il fait évoluer l'histoire et met ses personnages à nu.
La description psychologique des protagonistes ainsi que leur progression est magistralement menée.
Je me suis attachée à cette jeune fille tout en étant bouleversée par sa manière de vivre son histoire, de réagir. J'ai haï le père mais j'ai compris comment elle n'arrivait pas à se détacher de son influence, comment elle a continué à l'aimer malgré tout et petit à petit on la voit ouvrir les yeux.

C'est dur, c'est violent, c'est extrême et puissant.
La fin du livre se lit d'une traite, on est happé et on ne peut plus s'arrêter de tourner les pages tout en ayant les mains qui tremblent, le coeur qui bat la chamade, le souffle coupé.

Quelques notions sont clairement bien exposées notamment sur les armes à feux, sur la nature et le monde dans lequel on vit et ce que l'on en fait.

On comprend aisément pourquoi il aura fallu 8 ans à Gabriel Tallent pour écrire ce premier roman. Il nous offre un moment de lecture incroyable et intense.
J'ai énormément aimé ce livre mais ne peux malgré tout pas le mettre en coup de coeur, impossible de mettre un joli coeur rouge à côté de ce texte d'une violence physique et psychologique parfois intolérable.

A lire absolument, mais attention tout de même, âme sensible s'abstenir !
"... Si tu n'es pas convaincu que le monde va mal, papa, c'est que tu ne regardes pas autour de toi. Les cerfs, les grizzlys, les loups ont disparu. Les saumons aussi, presque. Les séquoias, c'est terminé. Des pins morts, on en trouve par bosquets entiers sur des kilomètres carrés. Tes abeilles sont mortes. Comment on a pu faire naître Julia dans un monde aussi merdique ? Dans cette dépouille putride de ce qui aurait dû être, dans ces restes à l'agonie, violés ? Comment tu veux élever une enfant en compagnie de tous ces connards égocentriques qui ont détruit et gâché le monde dans lequel elle aurait dû grandir ? ..."
Gallmeister, 454 pages.

mercredi 24 octobre 2018

❤️ "Ça raconte Sarah" de Pauline Delabroy-Allard

Chanson, toi qui ne veux rien dire, toi qui me parles d'elle, et toi qui me dis tout." Indian Song, Jeanne Moreau

Ça raconte une passion amoureuse fulgurante et dévorante entre deux femmes.

La narratrice est une jeune femme sage, professeur dans un lycée, mère d'une enfant de 6 ans, sa vie est plutôt monotone et tranquille ; à l'occasion d'une soirée de nouvel an elle rencontre la pétillante et extravagante Sarah, violoncelliste. Les deux jeunes femmes vont très vite se lier d'amitié, se voir tout le temps, de plus en plus souvent, jusqu'à réaliser qu'elles sont très amoureuses.

Vient alors les brûler le feu de la passion, l'exaltation, l'ivresse de l'amour tous les jours renouvelée.

C'est un roman court mais très intense, en deux parties distinctes. 
Dans la première partie, la narratrice nous raconte Sarah, leur rencontre, leur amour, la découverte, la folie de la passion. 
Ce sont des chapitres courts qui donne un rythme au livre comme une partition de musique, il y a des langueurs, des accélérations, des crescendos... On se trouve parfois sans souffle, haletant, pantelant, exsangue, tellement tout va vite, très vite. 
La tête tourne.
La deuxième partie est plus calme, mais aussi plus mélancolique, plus triste. La narratrice est seule, partie pour un voyage en Italie, mais Sarah est malgré tout toujours là, tel un fantôme, une ombre, une présence.

Il y a des mots, des morceaux de phrase qui reviennent dans le texte, un peu comme une obsession, un leitmotiv. Cela donne une narration très vivante, dynamique, rapide.

C'est un premier roman franchement réussi et tout à fait surprenant, plein de poésie.
"Ça raconte ça, le silence tonitruant et les jours cotonneux dans lesquels on flotte, quand on offre la vérité."
"Ça raconte ça : le souffle, le soufre, la tempête."
"Ça raconte ça, qu'on ne peut pas aimer, boire et chanter en paix, que pour vivre heureuses, il faut vivre cachées."
"Elle ne comprend pas que je suis à bout de forces de cette vie qu'elle me propose, de cette vie qui va trop vite et dans laquelle elle ne veut pas s'engouffrer tout à fait, de son instabilité, de son incertitude, de ses abandons et de ses caprices, de ses toquades de princesse."
"Ça raconte Sarah, imprévisible, ondoyante, déroutante, versatile, terrifiante comme un papillon de nuit."  
Les Éditions de Minuit, 189 pages.

lundi 22 octobre 2018

❤️ "Dix-sept ans" de Éric Fottorino

C'est une histoire sur la quête des origines, la force et le poids des secrets de famille, des non-dits ; sur le temps qui passe et le manque de communication.

Tout commence lorsque Lina, 75 ans, convoque ses trois garçons pour leur révéler un secret trop longtemps enfoui dans son coeur et qui maintenant l'étouffe. Les deux plus jeunes, François et Jean, sont émus et soutiennent leur mère, tandis que Éric, 58 ans, est pétrifié et ne peut absolument pas réagir, dans un premier temps.

Mais cette révélation lui fait ouvrir les yeux sur sa mère et sur la relation qu'il entretient avec elle. Depuis de trop nombreuses années il ne la voit quasiment plus, il pense qu'il ne l'aime plus, ou pas assez, dans sa tête une petite phrase "Je ferai comme si tu étais morte."
Il se retrouve face à son histoire et commence un chemin initiatique à l'envers. Il doit retourner à sa naissance à lui pour enfin essayer de connaître et découvrir celle qui est sa mère.

Éric nous emmène de La Rochelle, à Bordeaux en passant par Nice, on quitte un océan pour une mer(e), un ciel bleu pour un autre, il recherche ses racines, il remonte dans le temps pour (re)connaître et comprendre sa mère, ses pères, ses oncles et sa grand-mère. Un chemin qui encore une fois en dit long sur les ressentis de chacun et l'interprétation des évènements.

Une magnifique histoire d'amour, touchante et émouvante dite comme une urgence, une pulsion.
De jolis mots, de belles images, on aime, on adore, ces phrases simples et sincères.
Finalement on se fiche de savoir quelle est la part de romanesque et de biographique, le tout est un plaisir littéraire et émotionnel.
"Je n'ai gardé de cette petite aucune image, rien qu'un vide immense. Irréparable et désespérant. Je pourrais douter que ce moment a vraiment existé. La seule chose qui m'est restée, c'est la violence."
"Petit garçon, lorsque Lina me disait : «Tu es né à Nice, je comprenais que j'étais né anis.» 
"Pourtant, sans le savoir, ma mère et mes pères, adoptif ou naturel, portaient en eux les germes de toutes les haines qui avaient ensanglanté le mois de juillet : les séquelles de la colonisation, l'intolérance religieuse, l'antisémitisme français, le rejet des basanés."  (Lorsque notre héros arrive à Nice c'est le mois de décembre, cinq mois après les attentats du 14 juillet...)
"Les secrets trop bien gardés sont comme des cartouches dans un stylo d'enfant. Quand ils éclatent, une encre sombre s'écoule et ça ressemble à du sang."
"Tu ne m'aimais jamais assez puisque je t'aimais toujours trop." 
Gallimard, 263 pages.

jeudi 18 octobre 2018

❤️❤️ "La vraie vie" de Adeline Dieudonné



"À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres."

La première phrase dit tout de ce roman !
C'est une jeune fille qui nous raconte.
On ne connait pas son prénom, ni celui de ses parents.

Le père est un homme violent, en colère, qui aime - dans cet ordre - la chasse, la télé et son whisky.
La mère est une amibe, une femme "retournée" sur elle-même, tellement violentée que son cerveau en parait déconnecté.
Gilles c'est le petit frère aimé, chéri, avec qui elle joue, rit et passe les bons moments de sa vie.

Mais voilà qu'un évènement tragique va tout bouleverser, et Gilles va perdre son sourire.
Dès lors notre héroïne n'aura de cesse de vouloir devenir la nouvelle Marie Curie afin d'inventer la machine à remonter le temps et redonner le sourire à son frère.

Véritable roman d'apprentissage de la vie, de la solitude, de la violence avec comme seul dessein jamais perdu de vue pour cette jeune fille, l'AMOUR.
D'abord celui de son frère, mais aussi celui d'un homme pour la femme en devenir qu'elle est, et puis celui de ses parents qu'elle cherchera toujours...

Un roman dur, violent, mais des mots doux et tendres.
Un récit original, drôle.
On ouvre ce livre et on ne peut pas le poser avant de l'avoir fini.

Un premier roman totalement réussi, une surprise littéraire, une surprise narrative.
J'ai été emporté dans cette folie douce, cette douce folie qu'est ce livre.

A lire absolument !
"La principale fonction de ma mère était de préparer les repas, ce qu'elle faisait comme une amibe, sans créativité, sans goût, avec beaucoup de mayonnaise."
"Elle nous a dit comme ça, avec sa voix de vieux klaxon et son parfum de plage : «Les têtards, vous savez, il y a des gens qu'il ne faut pas approcher. Vous apprendrez ça. Il y a des gens qui vont vous assombrir le ciel, qui vont vous voler la joie, qui vont s'asseoir sur vos épaules pour vous empêcher de voler. Ceux-là, vous les laissez loin de vous.»" 
"Chez nous, les repas familiaux ressemblaient à une punition, un grand verre de pisse qu'on devait boire quotidiennement."
"Je n'ai jamais ressenti grand-chose pour ma mère, si ce n'est une profonde compassion. À la seconde où mes yeux ont déchiffré ces cinq lettres, cette compassion s'est instantanément dissoute dans une flaque de mépris noir et puant."
"Je me suis rappelée que j'étais sur la branche ratée de ma vie. Un jour, je reviendrais dans le temps. Je pouvais tout essayer, je ne risquais rien. Je reviendrais à ce soir d'été des mes dix ans et rien de tout ça n'aurait jamais existé." 
L'Iconoclaste, 266 pages.

mercredi 17 octobre 2018

"Légende" de Sylvain Prudhomme


La plaine de la Crau, cette immense étendue aride, caillouteuse, balayée par le mistral ; Nell y vit depuis toujours, fils et petit-fils de berger, au gré des transhumances ; il est devenu photographe, et par dessus tout, il aime photographier cette plaine, ses cailloux, ses brebis et ses moutons.

Son ami, Matt, est anglais, il s'est établi depuis quelques années dans cette plaine, son métier à lui est d'installer des toilettes sèches publiques, mais ses passions sont la vidéo, les histoires, et c'est ainsi qu'il réalise des documentaires pour son plaisir personnel.

Une très forte amitié lie ses deux hommes. Mais voilà que Matt se prend d'intérêt pour une vieille boite de nuit qui fut le lieu de toutes les histoires dans les années 70 et 80, "La Chou" était L'ENDROIT où il fallait aller, être vu, s'amuser, sortir...
Mais en s'intéressant à ce lieu mythique Matt se trouve obligé de retracer l'histoire de deux frères, Christian et Fabien. Deux frères très différents, deux frères passionnés, deux frères jouisseurs, plein de vie, mais deux frères qui se trouvent être les cousins de Nell.

Leur amitié va-t-elle résister à la curiosité de Matt, à son intrusion dans la famille de Nell ?

Une histoire touchante, bouleversante, magnifique.
Je découvre ce jeune auteur qui sait manier la langue pour nous emmener avec pudeur dans le coeur de familles ébranlées par les aléas de la vie. On se trouve projeté dans le milieu de la fête des années 70 et 80, années encore insouciantes, où la drogue et le sexe n'étaient pas encore annonciateurs de mort.

L'arbalète gallimard, 292 pages.

"Une histoire des loups" de Emily Fridlund



C'est une histoire un peu étrange qui se passe dans le Minnesota, dans la région des lacs et des forêts. Une jeune fille, Madeline, a tout juste 14 ans lorsque, de l'autre côté du lac où elle vit, emménage une famille. Elle les observe à la jumelle puis se rapproche d'eux pour devenir la baby-sitter du petit Paul qui a 4 ans. Le père, Léo, est très absent et finalement Madeline passe la plupart de son temps avec le petit garçon et sa maman, Patra.
Dès le départ on comprend qu'un drame se noue et va se jouer sous nos yeux.

Madeline raconte l'histoire, elle est maintenant adulte et revient sur cette période trouble de sa vie.
On comprend qu'elle vit seule avec ses parents dans cette cabane au bord du lac, qu'ils étaient plus nombreux au départ, mais que tout le monde est parti -une secte ? des hippies ?
Madeline va au lycée, il ne s'y passe pas grand chose hormis une histoire avec un professeur d'histoire-géographie qui serait pédophile et cette autre fille, Lily, un peu étrange et paumée.
L'ambiance générale est assez glauque - bien représentative de cette maison d'édition - , mais le texte est trop foutrac pour moi, il n'a ni queue ni tête ; je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages qui sont pour moi peu crédules et surtout totalement inintéressants.

Le bandeau annonçait "coup d'essai, coup de maître", euh honnêtement pas pour moi, je me suis beaucoup trop ennuyée. Dommage le pitch de départ me plaisait bien et était plutôt vendeur et accrocheur mais beaucoup trop fade pour moi.

Bref un livre que je n'ai pas aimé, et que je ne peux malheureusement pas recommander.
Si quelqu'un a un autre avis je suis preneuse.

Gallmeister, 294 pages.

samedi 13 octobre 2018

❤️ "Les heures silencieuses" de Gaëlle Josse


Intérieur avec une femme jouant de l'épinette de Emmanuel de Witte
Dans ce texte très court, Gaëlle Josse imagine une vie à la femme qui se trouve sur ce tableau.
Nous sommes à Delft, en 1667 et Magdalena se confie à son journal intime. Elle nous raconte sa vie de fille d'administrateur de la Compagnie des Indes, puis son mariage. Elle évoque son enfance auprès de son père qu'elle chérit, la vie qu'elle aurait aimé avoir, celle qu'elle a eu, son époux, ses enfants, et puis aussi ses peurs et son secret.

C'est un roman lumineux, magnifiquement mené, dans la simplicité, dans l'étroitesse de la vie d'une femme de cette époque, d'une femme intelligente, presque féministe.
C'est beau, c'est bon, on en redemande. 
"Je ne suis ni plus sage, ni meilleure que beaucoup d'autres, mais avec le temps les peines du monde font leur chemin dans le coeur, et si l'on ne peut rien retirer des misères existantes, du moins efforçons-nous de n'en point ajouter."
"La vie ne ressemble pas à l'idée que nous en avions, et il nous appartient de savoir accepter notre sort. Je sais qu'il me reste un long chemin à parcourir pour trouver la paix, et ces propos que je m'efforce de tenir parlent à mon esprit, mais ils n'apaisent ni mon coeur, ni ma chair." 
Après la découverte cet été de cette auteur avec "une longue impatience", elle commence à rentrer dans la catégorie des valeurs sures !
J'ai lu, 89 pages.

lundi 1 octobre 2018

❤️❤️❤️ "Une longue impatience" de Gaëlle Josse


"Ce soir, Louis n'est pas rentré. Je viens d'allumer les lampes dans le séjour, dans la cuisine, dans le couloir."

Louis a 16 ans ; il est parti, il a fugué, il a quitté sa mère et sa famille.
Va commencer pour Anne, sa mère, une longue attente, l'attente du retour de ce fils tant aimé.
C'est juste après la seconde guerre mondiale, le début des années 1950, la Bretagne
Anne va chercher son fils, découvrir qu'il s'est embarqué sur un navire, il est devenu marin, comme feu son père.
Elle va attendre le retour de son bateau, le retour de son fils.

Une alternance de chapitre où l'on découvre la vie d'Anne, où l'on vit l'attente avec elle, et de lettres qu'elle écrit à Louis, lettres où elle lui raconte le festin qu'elle va lui préparer pour son retour, la fête qu'elle va organiser.

On vit la douleur d'Anne, on tremble avec elle, on est en équilibre sur ce fil de la raison où à chaque instant cette mère peut tomber dans la folie, tant le manque de son fils lui est cruel.
Elle fait de son mieux pour continuer à vivre une vie "normale" avec son mari et ses deux autres enfants, mais c'est dans sa chair, dans son âme, Louis n'est pas là, Louis lui manque, chaque jour un peu plus, comme une longue torture, un long cri de douleur.

C'est le premier roman que je découvre de Gaëlle Josse, une réussite absolue dans la description des émotions de cette mère à laquelle on ne peut pas manquer de s'identifier.
C'est une histoire dans laquelle on se glisse tout doucement, avec confiance, on se laisse porter par les mots et les phrases de Gaëlle Josse, toujours dans la simplicité et la beauté.
La beauté des moments, la beauté des sentiments.

J'ai terminé la lecture de ce livre les yeux baignés de larmes, larmes d'émotions de l'histoire, mais aussi larmes d'émotions des mots.

A LIRE ABSOLUMENT !
"Car toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout, d'un front chaud, d'un toussotement, d'une pâleur, d'une chute, d'un sommeil agité, d'une fatigue, d'une plainte, d'un chagrin. Elles s'inquiètent dans leur coeur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige, et ne cède jamais. Elles se hâtent et se démultiplient, présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant sorti un jour de leur flanc."
" Lorsque tu reviendras, mon fils, mon fils parti voyager sur la peau du monde, mon fils coureur de mer, ce sera une fête."
Les Editions Noir Sur Blanc, 190 pages.

dimanche 30 septembre 2018

"Babylone" de Yasmina Reza


Elisabeth, la soixantaine, organise chez elle une petite fête de printemps où elle invite ses amis, sa soeur et ses voisins du dessus.
Yasmina Reza tire de cette rencontre une petite satire de la société et en profite pour se moquer des marottes des uns et des autres. Chaque personnage étant une caricature de ce qu'il représente.
La soirée se termine, Elisabeth et son mari vont se coucher, mais voilà que leur voisin du dessus revient, il a commis l'irréparable et sollicite leur aide.
Il s'en suit toute une aventure entre Elisabeth et son voisin, Jean-Lino.

L'auteur en profite pour nous raconter des souvenirs sans intérêts de l'héroïne, elle nous parle de personnage dont on ne comprend pas vraiment la raison d'être.

Bref, je n'ai pas aimé ce roman qui n'a ni queue ni tête et est totalement insignifiant pour moi. Je n'ai éprouvé aucune sympathie pour les personnages ni pour ce qu'il se passe. Ce fut une lecture laborieuse car je n'avais pas l'envie d'avancer.
Ce qui sauve ce livre c'est l'écriture qui est bien travaillée, mais honnêtement j'ai du mal à comprendre le prix Renaudot de ce roman

Je ne comprends pas non plus le titre.... Il est fait référence une fois à Babylone dans le texte, est ce que cela en justifie le titre, je me pose la question. Mais peut-être suis-je tout simplement inculte ?!
"Dans un couple, a-t-elle dit, chacun doit s'efforcer de faire honneur à l'autre. Ce qu'on donne à voir de soi rejaillit sur ce que les gens vont penser de l'autre."
"N'avoir personne c'est n'avoir même pas soi-même. Quelqu'un qui vous aime vous délivre un certificat d'existence (ou de consistance). Quand on se sent seule on ne peut pas exister sans une petite fable sociale." 
Folio, 219 pages.

mercredi 26 septembre 2018

"Ne m'appelle pas Capitaine" de Lyonel Trouillot



Aude, une jeune fille issue d'une riche famille des beaux quartiers de Montagne Noire à Port-au-Prince, décide de prendre des cours de journalisme par correspondance.
Dans ce cours on lui demande de faire un reportage écrit sur un quartier de sa ville.
Elle choisit Morne Dédé, un quartier devenu pauvre après la fin de la dictature.
Grâce à son oncle Antoine elle part rencontrer le "Capitaine", un vieil homme qui vit seul dans une grande maison.
Tous les oppose, elle, la jeune femme, très blanche, très riche, qui ne connait rien à la vie et à ses difficultés, lui, le vieux, noir, pauvre, qui a vécu la pauvreté et la violence ; "une pimbêche et un vieux con".

Leurs rencontres deviennent rapidement un lieu de confidence pour lui, une ouverture sur la réalité pour elle, un rapprochement entre eux, une découverte ...
Petit à petit le "Capitaine" va se livrer, se raconter et elle va regarder sa famille et sa vie d'un autre oeil.

Il y a aussi autour du "Capitaine" beaucoup de petits jeunes qui gravitent et qui s'intéressent eux aussi à Aude.

C'est un livre court, intelligent, habile, qui nous emporte avec délice dans la vie haïtienne.
Des personnages beaux, attachants, une langue magnifique.

Je retrouve avec plaisir la chaleur des caraïbes et la plume de Lyonel Trouillot.

Actes Sud, 148 pages.

"En me garant, une pensée pour Nahoum. Peut-être, sans avoir la réponse à sa question, aurais-je dû au moins me poser la question : qu'avait-il dans ce que nous avions ? Moi, j'avais cette idée de moi qui me sortait de l'ordinaire. J'étais moi et une autre que je pouvais devenir. Peut-être un geste aurait-il suffi... Un adjectif de couleur."
"Si tu ne peux pas entendre ça, ne reviens pas. Avec ta boîte à lunch, ta petite voiture. Tes fausses vertus. La charité bien ordonnée que ta mère a dû t'enseigner. Ton Dieu, peut-être, avec lequel tu mènes une conversation personnelle qui ne t'engage à rien en ce qui concerne les autres. De là où tu viens, les autres n'existent que lorsque vous avez quelque chose à leur prendre."
"Pour la première fois entre le vieux con et la pimbêche, entre lui, bateau échoué et moi, feuille volante, le temps d'un café et de quelques phrases, il passait quelque chose de doux, un partage ou une bienveillance."  

jeudi 13 septembre 2018

"Impuretés" de Philippe Djian



Sur cette colline ne se trouvent que des villas luxueuses avec son contingent de starlettes, séducteurs, écrivains... mais surtout avec beaucoup de drogue, d'alcool et de sexe.
C'est dans ce milieu qu'évolue Evy un adolescent de 14 ans qui se remet à peine de la mort de sa soeur. Lisa, 18 ans, s'est noyée dans un lac suite à une soirée étrange et en présence de son frère. Celui-ci restant mutique sur le sujet est soupçonné du pire par une grande majorité de son entourage.
Cet ado, complètement paumé, doit essayer de continuer à grandir, entre une mère dépressive, ex-star de cinéma qui tente de faire son come-back et un père écrivain, ancien junkie et non moins paumé que son fils.
La mère est tour à tour méfiante, insensible, accusatrice mais jamais mère avec son propre fils, elle est beaucoup trop occupée à s'occuper de sa petite personne pour être capable de voir la détresse de son fils.
Le père, lui, est encore tellement jeune dans sa tête qu'il ne gère rien du tout et encore moins l'arrivée de son propre père, psychanalyste à la retraite, qui essaie de tout gérer....

Bref tout part à la dérive et les ados de son monde fou n'ont pas grand chose à quoi se raccrocher ; ils découvrent le sexe, l'alcool et la drogue à un âge beaucoup trop jeune et surtout de manière assez violente.

Philippe Djian nous jette dans ce milieu sordide, clinquant et brillant de l'exterieur, mais une fois que l'on est à l'intérieur on a juste la nausée en permanence....

Je ne suis pas sûre de pouvoir dire que j'ai aimé ce livre, je l'ai trouvé très dérangeant et glauque.

Gallimard, 352 pages.

lundi 10 septembre 2018

" 14 juillet " de Éric Vuillard



Le 14 juillet ! Cette fameuse date que nous connaissons tous, et pour cause c'est le jour de la Révolution Française ! Une belle date qui nous permet à nous aujourd'hui de vivre notre vie, et de fêter cette date aux sons des feux d'artifices et des bals populaires.
Mais ce jour-là, des hommes, et des femmes se sont sacrifiés, malgré leur peur, ils ont été au bout de leurs idées, au bout de leurs convictions pour que nous puissions avoir notre liberté.

Alors Éric Vuillard rend hommage à ces hommes et à ces femmes en racontant leur histoire, ce jour-là, il donne vie aux invisibles qui croulent sous les impôts, ceux à qui on veut encore baisser le salaire alors que le coût de la vie ne fait qu'augmenter. Oui la France est endettée mais le roi, la reine et la cour vivent dans le luxe et dépensent sans compter...

Il nomme donc ces gens du peuple, il leur donne vie, métier, famille, il nous montre la prise de la Bastille de leur point de vue, de leur vécue.
Tout en nous faisant un récit historique il ajoute du romanesque pour combler les trous, en racontant des histoires, les histoires de ces petites gens.

Dans ce court texte on retrouve le style d'Éric Vuillard de "L'ordre du jour", précis, net, incisif.

J'ai aimé le côté historique de l'historique, je me suis prise au jeu de cette pièce qui se jouait devant moi, je me suis prise à la ferveur populaire, au ras-le-bol général, et j'ai suivi pas à pas cette journée incroyable.
Et parce que finalement je ne connaissais pas si bien que ça l'enchaînement qui a mené à cette journée et son déroulé.

Actes Sud Éditions, 208 pages.

❤️ "Le livre que je ne voulais pas écrire" de Erwan Larher



"Le livre que je ne voulais pas écrire" se trouve être aussi le livre que JE ne voulais pas lire...
Par peur, par superstition...
Je ne voulais pas être poussée dans des scènes d'horreurs, poussée à larmoyer sur des émotions qu'on m'obligerait à ressentir, je voulais me protéger, faire comme si tout cela ne me concernait pas (et ne me concernerait jamais), alors non je ne voulais pas lire ce livre.

Et puis, retour de vacances, rentrée littéraire, je découvre le dernier Boualem Sansal, je ne sais pas du tout de quoi il s'agit et petit à petit, bien malgré moi il m'emmène autour du 13 novembre, alors une fois son livre refermé j'ai de nouveau posé les yeux sur "Le livre que je ne voulais pas écrire [lire]" qui trônait en bonne place sur ma table de nuit.

Courage, fuyons... euh non, lisons !

Erwan Lahrer est écrivain, il est aussi fan de musique et notamment de rock et le soir du 13 novembre il était au Bataclan pour écouter Eagles Of Death Metal en concert, et ce soir là il était seul, et ce soir là il a été blessé, et ce soir là sa vie a changé.
Il ne voulait pas écrire ce livre, il ne voulait pas témoigner, il ne voulais pas en rajouter, mais ses amis on réussit à le convaincre de poser des mots sur son histoire, cette histoire, de partager en tant qu'écrivain.

Alors Erwan nous raconte, à sa façon, ce que lui a vécu le soir du 13 novembre, parmi tant d'autres histoires. Il nous raconte simplement, librement, sans pudeur ni retenu. Il est honnête avec nous, avec lui-même, avec son entourage. Il ne se prend pas pour un héros, ni tellement pour une victime. Il était là au mauvais endroit au mauvais moment...

Le livre est un récit/témoignage où l'auteur se parle, il utilise la deuxième personne du singulier pour écrire son histoire et entre deux chapitres il y a une alternance avec des textes de ses proches qui racontent eux aussi comment ils ont vécu cette soirée, cette nuit. Cette alternance nous fait revivre la soirée heure par heure quasiment mais sans pathos. Cela nous permet aussi de voir le petit décalage qu'il peut y avoir entre les histoires, les ressentis des uns et des autres. Nous sommes tous tellement différents face à un évènement...

Je ne regrette pas cette lecture et bien au contraire je remercie l'auteur et l'amie qui m'a poussé à le lire. Malgré l'horreur absolue Erwan Larher m'a rassuré et m'a donné de l'espoir, deux choses que je croyais totalement impossible après un tel évènement.

J'ai aimé la reconnaissance qu'il a vis à vis du personnel médical et hospitalier, une reconnaissance malheureusement pas toujours assez appuyée.

Si vous êtes un peu frileux comme moi face à ce "sujet", n'hésitez plus, allez-y !
D'autant plus que le choix narratif est surprenant et tout à fait adapté.

Un coup de coeur pour cette manière si particulière de traiter ce sujet, sans grandiloquence et exagération.

"De la colère. Du courage. Des combats à mener. Contre ce qui asservit et désespère. Déshumanise. Est-il indispensable de le faire les armes à la main ou peut-on espérer gagner en montrant l'exemple, en semant, en partageant ? Comment faire vaciller les diviseurs, les affameurs, les spéculateurs ? C'est à eux qu'il faut t'attaquer, Iblis. À ceux qui nous montent les uns contre les autres. Attaque-toi à l'ignorance et à ceux qui nous maintiennent dedans. Aux écrans. À l'esprit de concurrence et de compétition. Au veau d'or. Attaque-toi aux ronds-points, aux zones commerciales, aux pesticides. Attaque-toi à l'égoïsme, à la pingrerie. Attaque toi aux pédophiles et aux conducteurs qui tournent sans clignotant. Fais-nous découvrir Ibn Khaldoun, Abd El-Kader et Oum Khalsoum. Parce que là, en tirant sur des humains à terre, en tirant dans le dos, tu n'as pas vengé tes frères tombés en Syrie, tu as servi les desseins de ceux qui font bénéfices des tensions communautaristes en Europe. Toujours chercher à qui profite le crime, qui se cache derrière Lee Harvey Oswald et Jack Ruby. Sinon, pour les décideurs de chaque camp, ceux qui alimentent dans nos villes la fabrique des monstres, tu n'es qu'un risque à prendre, une marge d'erreur, un dommage collatéral. Un pion qui ôte la vie à d'autres pions pendant que rois et reines de chaque côté de l'échiquier dorment en sécurité à l'abri de leurs tours."
Quidam éditeur, 260 pages.

mercredi 5 septembre 2018

"La mise à nu" de Jean-Philippe Blondel



Louis Claret, professeur d'anglais, est invité au vernissage d'un de ses anciens élèves.
Il est divorcé et ses deux filles sont parties depuis bien longtemps vivre leurs vies.
Cette rencontre sera l'occasion pour lui de faire un bilan sur la sienne, de vie, sur ce qu'il a fait ou plutôt n'a pas fait.
Une relation étrange va se nouer avec son élève peintre, une relation de plus en plus intime et qui va déranger son entourage.

Personnellement je n'ai pas du tout accroché avec ce roman qui m'a profondément ennuyé, pas vu ou pas compris ce que l'auteur voulait nous dire ou nous faire comprendre.
Si vous avez des avis différents je suis preneuse.

Buchet Chastel, 250 pages.

mardi 4 septembre 2018

" Le braconnier du lac perdu " de Peter May




Dans ce dernier opus de la trilogie irlandaise de Peter May, nous retrouvons notre héros, Fin Macleod, qui est revenu vivre sur son île natale de Lewis dans les Hébrides après avoir quitté sa femme et la police suite à un tragique accident.
Sur Lewis il a retrouvé son amour de jeunesse, Marsali.

Il est engagé pour faire la chasse aux braconniers qui pillent les eaux tranquilles des domaines de pêche. Le premier braconnier étant Whistler son ami d'enfance qui vit seul comme un ermite.

Une nuit, après un terrible orage, ils retrouvent ensemble au fond d'un loch, l'avion d'un autre ami d'enfance disparu depuis 17 ans et à son bord se trouve un cadavre.

Fin va replonger dans ses années de jeunesse et tenter de démêler l'écheveau de haine, amour et trahison qui lie ses anciens camarades. Il va se retrouver confronté à ses vieux démons et surtout à ses anciens amours.

Plus qu'une enquête c'est une plongée dans un univers où les paysages, comme les protagonistes, sont violents, rudes et beaux à la fois. C'est une terre déjà lointaine qui subit les assauts du temps et où l'homme doit encore faire avec la nature.

Comme pour les deux premiers, j'ai beaucoup aimé cette histoire qui mêle le policier mais aussi un peu de voyage, avec la découverte de l'Irlande et en particulier de ces îles qui me semblent fascinantes et tout à fait propices pour vivre des aventures mystérieuses.

voir aussi "L'île des chasseurs d'oiseaux", et "L'homme de Lewis"

Babel noir, 361 pages.

vendredi 13 juillet 2018

"Amsterdam" de Ian McEwan



Clive Linley et Vernon Halliday, deux amis, se retrouvent aux funérailles de Molly, photographe, critique culinaire et épouse de George Lan.
Leur ancienne maitresse est décédée rapidement suite à une maladie qui lui a fait perdre tout sens commun, ce qui amène les deux amis à se faire une promesse qui changera le cours de leur vie.

Un troisième amant, détesté par les deux premiers, se trouve être un homme politique de renom - Julian Harmony -  mais dont les idées déplaisent fortement à Clive et Vernon, ou serait-ce simplement de la jalousie ?

Clive Linley est un musicien compositeur qui a beaucoup d'estime pour sa personne et son oeuvre, Vernon, lui, est directeur de la rédaction dans un journal - "the Judge" - qui a des difficultés financières.
Clive est en train d'écrire "l'oeuvre du siècle", Vernon souhaite faire d'une pierre deux coups en faisant chuter son pire ennemi et en faisant remonter les ventes de son journal.

Nous suivons ces deux personnages principaux auto-centrés, sûr d'eux-même et que rien n'arrête jusqu'à un dénouement pathético-tragique.

Tout le cynisme de Ian McEwan ressort dans ce roman où il nous campe des personnages cyniques avec un humour crissant. Le déroulement fait froid dans le dos.

Ce roman, qui n'est pas mon préféré de cet auteur, m'a laissé un goût amer tant ce qu'il décrit et écrit donne une image d'une société nombriliste, d'un Homme égoïste, mais aussi un regard sur la maladie et la détérioration de l'être humain qui n'est pas très positif.

Bref un roman bien ficelé mais dérangeant !

Folio, 252 pages.

vendredi 29 juin 2018

"La ferme du bout du monde" de Sarah Vaughan



Sans le vouloir je me suis retrouvée plongée dans une autre histoire qui se passe dans une ferme anglaise, cette fois dans les Cornouailles.
C'est une ferme isolée, au bord des falaises, une ferme dans laquelle se sont succédées plusieurs générations de la même famille.

Tout débute en 2014, fin juin, avec Lucy, infirmière en néonatalogie dans un hôpital londonien, qui découvre que son mari Matt la trompe. Elle se met à douter de son mariage mais aussi de ses capacités professionnelles. Elle décide donc de rejoindre sa famille à Skylark, dans cette "ferme du bout du monde" où elle s'est toujours bien sentie.
Elle y retrouve sa mère, son frère mais aussi sa grand-mère Maggie.

En parallèle on suit aussi une partie de l'adolescence de Maggie, dans cette même ferme pendant la seconde guerre mondiale. Les difficultés d'être adolescent pendant la guerre, l'importance du "qu'en-dira-t-on" et du regard des autres.

Les chapitres se succèdent en glissant de 70 ans en avant ou en arrière et petit à petit on découvre les secrets de famille bien cachés, mais qui finissent toujours pas éclater au grand jour.

J'ai bien aimé ce roman qui est une lecture plutôt facile, on se laisse prendre par l'envie de découvrir les secrets même si pour être honnête on comprend assez vite de quoi il s'agit.
J'ai bien retrouvé l'ambiance de la ferme dans les années de guerre, avec les vaches qu'il faut traire, la difficulté de la vie à la ferme, et en même temps le plaisir du travail accompli.
Les premiers amours et la passion qu'ils inspirent sont aussi très bien décrits.

Un bon livre pour les vacances !

Preludes, 440 pages.

mardi 26 juin 2018

"Les filles de Hallows Farm" de Angela Huth



Nous sommes en 1941 et l'Angleterre manque cruellement d'hommes, en particulier dans ses campagnes où de nombreuses fermes ont vu partir les fils sur le front.
Pour pallier ce manque le gouvernement a lancé un programme afin que des jeunes femmes volontaires partent travailler dans ses fermes.

À Hallows Farm arrivent trois jeunes filles très différentes mais dévouées et pleines de bonne volonté.
Il y a Prue la coiffeuse à qui rien ne fait peur et que rien n'arrête, Stella la romantique éternellement amoureuse, et Ag l'étudiante qui rêve de Cambridge. Toutes les trois débarquent dans une ferme où vit une famille de 3 personnes, John et Faith Lawrence et leur fils Joe, asthmatique il a été réformé.
Joe est fiancé à Janet qui est parti travailler loin, et malheureusement elle ne peut revenir que très rarement.
Il y a aussi Ratty qui donne un coup de main à la ferme depuis 20 ans mais avec l'âge il est maintenant en semi-retraite et ne vient plus que de temps en temps à la ferme. Il est marié à Edith une vieille irascible qui lui pourrie la vie.

Je me suis laissée prendre dans ce roman très féminin. J'ai aimé les caractères des trois jeunes femmes très bien dépeints et dont l'évolution m'a semblé logique et très bien vue.
Le côté agricole aussi m'a beaucoup plus, le travail de la terre, l'effort physique, la nature, les bêtes. C'est sur un fond de seconde guerre mondiale mais cela reste assez anecdotique.
On retrouve très bien l'ambiance de la campagne anglaise et de toute cette époque.

Bref un moment vraiment très agréable de lecture et de détente.

Petit Quai Voltaire, 443 pages.

mercredi 20 juin 2018

❤️ "La salle de bal" de Anna Hope



1911,  près de Leeds, Yorkshire, l'asile de Sharston.
Un bâtiment magnifique, avec un immense parc, les bois à côté et les fermes.
L'asile fonctionne en autosuffisance grâce à son environnement et en faisant travailler ses patients.
C'est le début du siècle et à cette époque on enferme encore les gens pour le moindre trouble "psychiatrique" (anorexie, dépression, parfois juste un fort caractère ou quelqu'un qui dérange...).
Certains déficients vont pouvoir sortir au terme d'un séjour plus ou moins long et d'autres sont "poussés" dans le pavillon des "chroniques" dont ils ne sortiront que les pieds devant.

Dans ce roman nous suivons trois personnages principaux, tour à tour :
Ella, une jeune femme qui arrive tout juste dans l'asile et qui travaillait dans une filature depuis son plus jeune âge et qui, suite à un accès de colère, a brisé une vitre ce qui lui vaut l'internement...
John, cet irlandais taciturne qui traine toujours avec son ami Dan Riley - le marin -dont on découvrira petit à petit les raisons de son internement.
Charles, un des médecins de cette institution, passionné de musique et qui souhaite ardemment révolutionner la prise en charge des déficients mentaux.

Les relations de ces trois personnages vont évoluer au fur et à mesure et leurs interactions vont avoir des conséquences assez importantes pour chacun.

Ella comprend vite que si elle veut sortir il lui faudra se tenir tranquille. Elle se lie rapidement avec Clem une jeune femme qui dévore les livres et qui va lui donner les quelques clés pour survivre dans ce lieu à l'air faussement calme et paisible...
John travaille dur avec son ami Dan, ils ont la chance de pouvoir être dehors même si c'est pour creuser les tombes de leurs camarades.

Charles est très intéressé par l'eugénisme et il souhaite participer à un colloque où il voudrait démontrer que la stérilisation systématique des malades mentaux n'est pas nécessaire - souhait notamment de Winston Churchill de promulguer une loi dans ce sens - mais que l'on peut les aider à évoluer favorablement notamment grâce à la musique. C'est ainsi qu'il a institué tous les vendredis soirs un bal où les femmes et les hommes (qui ont été "sages") peuvent se retrouver pour danser. C'est au cours d'un de ces bals que Ella et John vont faire plus ample connaissance.
Malheureusement Charles, qui est peut être le plus "malade" des trois, va peu à peu modifier son point de vue et son comportement.

Anna Hope s'est inspirée du West Riding Asylum devenu ensuite le High Royds Hospital pour situer son roman, mais aussi de l'histoire de son arrière-arrière grand-père qui y fut interné.

C'est un roman bouleversant, magnifiquement conté, touchant d'émotion et en même temps glaçant de constater le traitement qui était fait pour les personnes "différentes". Les questions autour de la maladie mentale, de son traitement, de ses limites sont abordées, mais aussi l'évolution de l'homme et la croyance pour certain que pour perfectionner la race humaine il faut en éliminer les rebuts. C'est tout une époque mais je ne suis pas certaine que ces idées aient totalement disparu.
Il y a aussi de l'amour, de l'amitié, de la loyauté.
Bref une belle histoire, un beau roman, à lire !!

Flammarion, 383 pages.

lundi 18 juin 2018

"Un personnage de roman" de Philippe Besson



En août 2016, au cours d'un journal du soir, Emmanuel Macron apparaît et cette apparition provoque chez Philippe Besson "une illumination, une révélation". C'est ainsi qu'il décide d'écrire ce roman alors que Emmanuel M. ne s'est pas encore déclaré comme candidat à la présidence et que, bien sûr, personne n'imagine qu'il sera élu !

Philippe Besson propose donc à Emmanuel M. de le suivre et d'écrire un livre.
Dès le départ l'auteur nous le dit, ce sera un récit subjectif, il n'est pas un journaliste faisant un article mais bien un écrivain racontant ce qu'il observe, voit, entend, avec ses émotions et son ressenti.

Et cela aboutit à un livre plutôt intéressant, qui nous donne à voir un pan de la campagne présidentielle un peu différent, un côté politique moins repoussant, avec plus "d'humain".
Après on en fait ce qu'on veut, et cela ne veut pas forcément dire que l'on est avec ou pour mais la perspective non-objective d'un suivi de campagne nous permet aussi d'ouvrir notre esprit à autre chose.

Il y a tout de même quelques vérités ...
"...Si on met de côté que les Français clament leur foi en l'avenir mais ne cessent de se réfugier dans le « c'était mieux avant », réclament toujours des réformes mais s'y opposent systématiquement dès que quelqu'un s'efforce de les mettre en place, aspirent à la révolution mais élisent un roi, vomissent les partis mais votent pour eux, jouent au loto mais haïssent les individus liés à l'argent.
Et un peu d'humour ...
"Ce portrait au vitriol concentre le plus détestable : le désir de nuire ("je veux me faire confirmer"), la fausse information ("qui vient de parler à Closer"), la misogynie (qui n'est pas l'apanage des hommes), le crédit apporté aux ragots. Il est vrai qu'avoir été l'épouse de M.Strauss-Kahn pendant plus de vingt ans vous qualifie pour donner des leçons d'élégance." (à propos de propos tenus par Anne Sinclair sur Brigitte Macron) 

"Je dis : « Tu pourrais avoir la main qui tremble, ça se comprendrait...» Il me coupe : « Si tu as la main qui tremble, tu ne fais pas ce métier.»" 
 Juillard, 247 pages.

mercredi 13 juin 2018

"L'enfant-mouche" de Philippe Pollet-Villard


L'enfant-mouche c'est Marie, cette enfant de 12 ans sortie de son orphelinat par sa "tante" Anne-Angèle.
En effet, Anne-Angèle, infirmière au Maroc venue à Paris suite à l'accident qui a causé la mort de sa soeur, se retrouve, par un drôle d'effet domino, en charge de la petite Marie.

Nous sommes en 1944, la France est occupée par l'armée allemande, et ensemble, Marie et sa tante partent vivre en Champagne dans un village près de Reims où Anne-Angèle doit gérer et remettre sur pied l'infirmerie.
Mais Anne-Angèle tombe malade et Marie doit se débrouiller pour leur trouver de quoi se nourrir dans une campagne épuisée, vidée par la guerre et l'hiver.
Elle ne peut compter sur personne et doit toujours être sur ses gardes. Elle apprendra souvent à ses dépens que la lâcheté, la trahison et la méchanceté ne sont jamais loin des hommes et qu'il lui faut se méfier d'eux "surtout quand il leur prend des envies d'héroïsme".

Pourtant Marie saura retomber sur ses pieds et tirer le mieux de chaque situation.

Dans ce roman, largement inspiré de l'enfance de sa maman, Philippe Pollet-Villard nous présente trois forts personnages de femmes pendant la seconde guerre mondiale.
Il y a bien sûr Marie, cette enfant qui grandit au milieu de la guerre et qui doit tout faire par elle-même. Heureusement elle n'a pas les deux pieds dans le même sabot, elle a un caractère bien trempé qui lui permet certainement de tenir sans s'effondrer, elle n'a pas peur de tenir tête aux adultes, aux hommes, pas toujours bien intentionnés. On dirait qu'elle se fiche un peu de la guerre, de ses raisons, son souci principal étant sa propre survie. C'est d'ailleurs un peu le cas des deux autres femmes dont il est question dans le roman.
En effet Anne-Angèle a tout quitté pour se retrouver dans ce pays en guerre qui n'est plus vraiment le sien et qui plus est, elle est gravement malade. Et malgré l'hostilité flagrante des villageois couplée à sa maladie, elle continuera de se battre, de rester pour Marie.
La troisième femme est Toinette qui a des moeurs tout à fait questionnable et en particulier en tant de guerre. Mais c'est une belle femme, qui se fiche de ce que pensent les autres, qui ne veut manquer de rien, ni pour elle ni pour son mari ni pour son fils. Et elle fait ce qu'il faut pour permettre à sa famille de continuer à vivre correctement.

Un livre très fort, touchant. Des personnages ciselés, puissants et que l'on suit avec avidité. Rien ne leur fait peur et nous aimerions avoir ne serait-ce qu'un dixième de leur force mentale, de leur capacité de résistance.

Un auteur à découvrir et à suivre.

Ci-dessous une interview assez courte à propos de son roman.
https://www.youtube.com/watch?v=zH23vCu-Fm0

Flammarion, 421 pages.

dimanche 10 juin 2018

"Chanson de la ville silencieuse" de Olivier Adam


Une jeune femme, dont on ne connaitra pas le nom, part à Lisbonne à la recherche de son père. C'est un ancien chanteur ultra renommé qui, au sommet de sa carrière, a tout lâché pour s'enfermer chez lui dans sa maison de campagne et qui, un jour, a disparu.
Il est tenu pour mort, mais la photo d'un chanteur de rue vu à Lisbonne va pousser cette jeune femme à aller vérifier si il s'agit de son père ou pas.

Elle travaille dans une maison d'édition, s'est faite toute seule, ses parents ayant été magistralement absents de son enfance, de sa vie. Ils n'ont jamais vraiment formé un couple et ainsi notre héroïne a vécu sa jeune enfance à Paris avec sa mère, mannequin, brulant la vie par les deux bouts, puis chez son père dans le sud, à la campagne. Là-bas elle a trouvé un semblant de vie de famille grâce au couple qui gère la maison du père, mais à l'école elle reste "la fille du chanteur".

L'histoire nous plonge dans la solitude absolue de cette enfant qui malgré tout grandit et devient une jeune fille timide et réservée.

Avec Olivier Adam on est toujours un peu dans le glauque, dans le noir, dans la misère humaine.
Cette fois il s'attaque à une misère humaine un peu différente, une misère liée aux frasques des parents, à leur absence mais surtout à leur impossibilité de se poser dans leur vie. Ils sont toujours à la recherche d'autre chose.

On s'attache doucement à cette jeune femme qui finalement ne s'en sort pas si mal au cours de sa quête du père.
Un livre facile à lire et rapide, peut être un peu trop rapide.... et un peu trop facile... Je ne suis pas très sure de l'avis que j'ai, de ce qu'il me reste. J'ai passé un bon moment de lecture tout en étant peut être un peu deçue par cet auteur que j'affectionne particulièrement.


Flammarion, 217 pages.