Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

lundi 27 mars 2017

"Destiny" de Pierrette Fleutiaux



Destiny est une migrante, elle arrive du Nigéria via l'Italie où elle a déjà passé quelques années.
Anne est française, de classe moyenne, bientôt grand-mère.

Elles se rencontrent dans le métro, Destiny est enceinte et en difficulté ; Anne décide de l'aider, parce qu'elle parle anglais, la seule langue que Destiny comprenne, ici, à Paris.

Une relation compliquée va s'installer entre les deux femmes, entre compassion et culpabilité, entre reconnaissance et folie.

Destiny a vécu des choses difficiles dans son pays, mais aussi au cours de son "voyage migratoire" vers l'Europe où lorsqu'elle arrivera, sera déçue par les promesses qu'on lui a faites.
Elle laisse des enfants derrière elle, un mari ....
Anne ne peut pas sauver le monde, mais elle voudrait "sauver", aider, Destiny.

C'est un livre sur les migrants, sur les difficultés qu'ils rencontrent en arrivant, la misère et la pauvreté dans laquelle ils se trouvent, on entr'aperçoit aussi les douleurs d'où ils viennent, les violences.
Mais c'est aussi un livre sur ceux qui les "accueillent", comment agir, réagir, que faire ? La complexité du lien, de la rencontre, de la relation.
Ce n'est pas un livre politique, juste une vision des choses, regarder la vie telle qu'elle est parfois, "au premier degré".

J'ai beaucoup aimé ce livre dont le style, le rythme, sont rapides, efficaces. Pierrette Fleutiaux va droit au but avec des chapitres courts, des phrases courtes, parfois sans verbe. Du coup on avance vite, on suit, on tourne les pages.
"Avoir un destin, c'est jouir d'une existence reconnue, admise. C'est se regarder dans un miroir et pouvoir dire : "je suis moi". C'est ne pas être un grain de poussière foulé aux pieds, une miette balayée au gré des caprices d'autrui. Ne pas être un dommage collatéral des guerres, une chair vivante coincée dans les rouages d'obscurs conflits de gangs ou de non moins obscures raisons d'État. C'est échapper à c e qui était prévu pour vous, c'est faire un crochet, bondir sur une autre voie et aboutir loin, loin, sur une tout autre ligne d'arrivée. C'est marcher sans peur, ne pas guetter des bombes dans le ciel, des explosifs sur les passants. Travailler, faire les courses, conduire ses enfants à l'école. Aller au parc. L'ordinaire. Atteindre à l'ordinaire de la vie est justement un exploit extraordinaire pour Destiny, c'est un exploit extraordinaire pour des millions de personnes. Pour ces millions de personnes, c'est avoir un destin. Ce destin est là, quelque part dans l'avenir. Il faut arriver à le rejoindre. Pour des millions de personnes, cela se fait à pied, à bord de camions surchargés, de bateaux-poubelles, sous la menace de l'assassinat, de la noyade, de l'épuisement, du désespoir. Dans l'humiliation et la perte. Atteindre l'ordinaire de la vie passe par des risques extraordinaires, avec la mort comme compagne tout à fait banale."
"Des gens qui n'avaient jamais navigué auparavant on réussi à garder le bon cap sur la mer, sur l'horizon infini, beaucoup sont morts, mais certains ont réussi. Les migrants sont capables d'exploits qui relèvent du miracle. C'est dans le grand livre des migrants que se trouvent les miracles d'aujourd'hui." 
"Les barques arrivent de plus en plus nombreuses, on les voit à la télévision, chaque jour elle arrivent, chargées de vivants et de morts, personne ne les veut, ces rivages les attirent comme des aimants, mais lorsqu'ils y abordent les aimants s'inversent, les migrants sentent la force qui veut les repousser, vous n'êtes pas aimés ici, partez, disparaissez à nos regards, allez où diable vous voulez, mais qu'on ne vous voie plus, qu'on ne voie plus votre misère, votre fatigue, votre angoisse, vous nous faites peur, voilà ce que crient les rivages où enfin ils arrivent."

Lu via la "bibliothèque orange".

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