Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

dimanche 15 octobre 2017

"La chambre des époux" de Éric Reinhardt



Bon alors celui-là ne va vraiment pas être simple à commenter...
Il est très difficile d'expliquer ce qu'est ce livre, je pense qu'il risque de beaucoup diviser.

Dans un premier chapitre, Éric Reinhardt reprend un texte qu'il avait écrit il y a une dizaine d'années pour "Les Inrockuptibles" ; texte dans lequel il explique et raconte de manière succincte et rapide le cancer du sein de sa femme. Il écrit à ce moment là son roman "Cendrillon", il veut tout arrêter pour s'occuper de Margot mais elle lui demande au contraire l'impossible, qu'il finisse son roman pendant qu'elle guérit.

A la suite de cela, en 2008, il rencontre au cours d'un diner une jeune femme, Marie, une miraculée du cancer elle aussi (le pancréas en ce qui la concerne), il est ému, touché par cette femme qu'il veut "sauver", il ne veut pas qu'elle rechute, il ne veut pas qu'elle meure.

Et le roman gigogne commence, l'auteur nous livre les notes qu'il écrit à ce moment pour son nouveau roman. Finalement par petits morceaux, le livre apparaît sous nos yeux, ou ce qu'il aurait pu être. Et c'est dans ce pseudo-roman que l'on retrouve Nicolas, compositeur de musique, marié à Mathilde qui a survécu à un cancer du sein et qui rencontre au cours d'un dîner Marie une autre survivante.... jusque là c'est un peu comme relire la même histoire en changeant simplement les prénoms ; Nicolas a composé une musique merveilleuse au cours de la maladie de sa femme et il est bien sûr internationalement reconnu...
Et puis on passe à la suite du roman, Nicolas apprend que Marie a rechuté et décide de la retrouver pour l'aider à guérir ou à mourir. Il laisse donc son épouse pour rejoindre cette jeune femme qu'il n'a rencontré qu'une fois... bon bon bon....

Alors, alors... ce livre ne m'a pas laissé indifférente, c'est le moins que l'on puisse dire... maintenant je crois que je suis totalement incapable de dire si j'ai aimé ou pas, en réalité plus j'y pense et plus mon avis change, varie. Je vais donc essayer de dire ce que j'ai aimé et ce que j'ai détesté (je crois).

Éric Reinhardt choisit une manière plutôt singulière pour nous parler de la maladie, de ce qu'elle peut faire dans un couple, comment elle est vécue, les changements qu'elle apporte, le regard d'un homme sur sa femme qu'il aime malgré tout, le besoin du "beau" et donc de l'Art pour avancer, rester vivant et ne pas sombrer.
Il y a de très beaux passages sur l'amour, sur le corps, sur le sexe dans un couple et le désir.
Il semble qu'il ait eu besoin de cette rencontre avec Marie pour se libérer dans une projection, et enfin laisser aller son émotion.

Il y a tout de même un moment où je me suis demandée si tout n'était pas un roman, si tout était une biographie, si il n'y avait pas quelque chose de l'ordre du fantasme.
Et c'est là où je dois dire qu'il y a des passages entiers où j'ai été terriblement mal à l'aise, gênée, embarrassée, je crois même avoir rougi, toute seule. (et pourtant je suis loin d'être bégueule...).
J'ai trouvé les réactions de Nicolas (Éric ?) totalement surprenante, une manière de faire, de penser incompréhensible pour moi. Et des scènes de sexe qui m'ont dégoutées, pas le sexe, mais la manière je crois. Le pourquoi et le avec qui. En fait une impression qu'il ne ressent ses émotions et ne peut les transmettre que par son sexe... ce qui est assez réducteur.

En revanche l'auteur sait manier le verbe et la phrase, et certains passages sont vraiment magnifiques, alors pourquoi parfois nous donner des phrases longues, ampoulées, ennuyeuses voire incompréhensibles ? Se regarde-t-il écrire ?

Je suis passée sans cesse tout au long de ma lecture de j'aime à je déteste et ainsi de suite.

Reinhardt est extrêmement présent, est-ce voulu ? ou juste une petite crise narcissique ?
En fait en fonction des réponses que l'on veut bien donner à beaucoup de questions on passe du chef-d'oeuvre à quelque chose de totalement ratée, vide, inutile.

Je ne pourrais donc pas recommander ce livre car certains passages qui m'ont choqué sont beaucoup trop forts et présents ...
En revanche si certains se lancent quand même je serais très intéressée d'avoir vos avis !!!!

Après avoir lu le livre j'ai écouté une interview de l'auteur à propos de son livre, j'ai trouvé qu'il s'écoutait parler, qu'il avait l'air d'être assez imbu de lui-même, pas très agréable... heureusement que j'ai regardé cette interview après la lecture du livre.
Ah et je trouve que la 4ème de couverture ne se rapproche que de très loin de ce qu'est le livre.
"Mais surtout, et il est capital pour moi de le préciser, et c'est pourquoi je peux raconter ici ce dîner, c'était la peur de perdre Margot que répercutait en moi la précarité supposée de Marie, c'était Margot que je désirais et avec qui j'avais envie de faire l'amour quand ce soir-là je désirais Marie, c'était le souvenir de l'amour que nous nous étions donné, physiquement, sexuellement, elle et moi, afin que la vie ne s'éteigne pas, quand elle avait été malade et dégradée par la chimio, que faisait remonter en moi la présence irradiante de cette femme. C'était la vie que je voulais maintenir en vie en voulant aimer Marie. C'était toutes les femmes malades du monde et qui luttaient pour ne pas mourir que je voulais aimer et aider à vivre. Que la maladie n'existe plus et qu'aucun être aimé ne succombe plus d'aucune maladie grave et incurable. C'est depuis l'intérieur de cette puissante émotion que je regardais et désirais Marie."
"Et c'est un an et demi plus tard, le 29 mai 2008 en début d'après-midi, sur les hauteurs de Lyon, à quelques heures de mon apparition aux Assises internationales du roman qu'aura enfin été percée cette bulle de protection et d'inconscience où je m'étais réfugié non pas pour fuir lâchement la maladie, mais au contraire pour l'affronter efficacement, ce qui s'était révélé être le meilleur calcul possible, en définitive, certes, n'était la question de ce que j'avais mis de côté comme terreur, comme tristesse, comme lucidité non vécues, écartées de mon champ de conscience si je puis dire." 

Gallimard, 176 pages.

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