Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

vendredi 12 janvier 2018

"Monsieur le Consul" de Lucien Bodard




Lucien Bodard est le fils d'Albert Bodard, le fameux consul, et d'Anne-Marie Greffier son épouse. Lorsqu'il écrit ce roman ses deux parents sont décédés, je le précise parce qu'à sa lecture je me suis posée la question.
Comme le titre le dit bien, c'est un bout de l'histoire du père de Lucien en tant que Consul de France et notamment à Chengdu, capitale de la province du Sichuan en Chine.
Lucien Bodard est lui-même né en Chine en 1914, il raconte ici surtout la période de son enfance où son père était consul à Chengdu à la fin des années 1910, début des années 1920.

Le roman se découpe en 5 parties pour moi assez inégales dans l'intérêt mais toutes très bien écrites.

La première partie relate l'installation à Chengdu et la vie quotidienne du consulat et de Lucien petit garçon avec son mafou et sa ahma, les voisins du consulat anglais, le pasteur et sa femme, les français de la ville... bref un quotidien pas toujours facile en ce début de siècle dans une Chine très pauvre et misérable où l'on récupère encore les excréments humains qui sont revendus pour de l'engrais,  où l'on fait des caresses intimes aux petits garçons pour les aider à s'endormir, où chaque enfant à un chien derrière ses fesses pour les lui essuyer d'un coup de langue (!), où l'on coud les yeux des grues, hérons et flamants afin qu'ils ne s'envolent pas ! Une Chine où les Seigneurs de guerre ont encore beaucoup de pouvoir et en particulier dans les provinces, et se font la guerre régulièrement. Les guerres de l'Opium ont eu lieu et cette "boue noire" circule à tout va.

La deuxième partie est plus courte et nous raconte rapidement la naissance de Shangaï, les deux premières guerres de l'Opium, la révolte des Taiping, l'installation des différents consulats et communautés (notamment les anglais et les français). Partie très intéressante d'un point de vue historique.

La troisième partie raconte la longue discussion au cours d'une nuit entre Albert et Mr Dumont un français à la solde de Mr Tu un gangster chinois maitre du marché de l'opium et de la mafia. Dumont fait un chantage à Bodard pour qu'il l'aide dans son commerce de l'opium, en échange de quoi lui-même l'aiderait pour exécuter son vieux rêve, une ligne de train reliant Hanoi à Chengdu.

La quatrième partie, la moins intéressante pour moi et que j'avoue avoir survolé, dépeint le reste de la nuit qui suit le départ de Dumont. Le consul très tendu et stressé par sa discussion s'installe pour fumer de l'opium et son délire commence....

La cinquième et dernière partie est une longue discussion qu'il a le lendemain matin à propos des négociations qu'il a entamé avec Dumont. Bien entendu son épouse, qui le méprise, n'est pas du tout en accord avec lui.

Lucien Bodard est loin d'être tendre avec son père sur lequel il a un regard très critique, même moqueur ; visiblement sa mère fait meilleure figure mais n'a malgré tout pas toujours le beau rôle.
J'ai aimé ce roman pour le côté historique de la Chine et d'une certaine époque malgré quelques passages un peu longuets.
"Et surtout, pour la première fois de ma vie, j'avais jugé mes parents. J'avais discerné la vanité bête de mon père, l'orgueil détraqué de ma mère. Tous deux étaient comme des fétus face à un destin qui allait les écraser."
Éditions Grasset et Fasquelle, 541 pages.

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