Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

mercredi 1 février 2017

❤️ "L'oubli que nous serons" de Hector Abad


Hector Abad Gomez était un important docteur en médecine, professeur d'université et leader dans la défense des droits de l'Homme à Medellin en Colombie ; il fut assassiné à l'âge de 66 ans en raison de ses idées et de son activisme, pourtant pacifiste, dans la défense des droits de l'Homme et des pauvres. Il révélait la misère et leurs droits aux pauvres et c'est ainsi qu'on disait de lui qu'il "inoculait dans l'esprit simple des pauvres le venin de la haine, de la rancoeur et de l'envie" là où lui voulait donner la connaissance, la liberté, la dignité.
"Il luttait contre l'ignorance en la concevant, de façon socratique, comme la source de tous les maux qui accablent le monde."
Il était vu comme un gauchiste par les conservateurs, trop libre-penseur par rapport à la religion, nocif pour les étudiants ; et comme un bourgeois tiède et incorrigible par les gauchistes parce qu'en désaccord avec la lutte armée.

Son fils Hector Abad nous raconte son histoire.

Il raconte le père attentionné, doux, aimant, tendre, bienveillant.
"...si je suis resté encore pacifique, je crois que c'est simplement parce que mon père m'aima tel que j'étais, un paquet amorphe de bons et mauvais sentiments, et il me montra le chemin pour tirer le meilleur parti de ce mauvais naturel humain que nous partageons peut-être tous."
Il raconte l'étudiant en médecine qui déjà se battait contre l'administration de sa ville et obtint la construction d'aqueducs, d'égouts, et la "chlorisation" de l'eau afin d'éviter toutes les maladies liées à l'insalubrité, l'étudiant qui obtient aussi la pasteurisation systématique du lait avant sa mise en vente, les campagnes de vaccination...
"L'épidémiologie a sauvé plus de vies que toutes les thérapeutiques."
Il raconte le médecin qui pour enseigner à ses étudiants les emmenait dans les quartiers pauvres voir où et pourquoi les gens étaient malades, le médecin qui passait dans les services de pédiatrie et se fâchait de voir des enfants non pas malades mais qui avaient FAIM.
"La connaissance pure n'est pas la sagesse. La sagesse seule ne suffit pas non plus. La connaissance, la sagesse et la bonté sont nécessaires pour enseigner aux autres hommes."
Il fut représentant des étudiants au Conseil d'université, ouvrit le département de médecine préventive, fonda l'école nationale de santé publique et à la fin de sa vie il était ardent défenseur des droits de l'Homme, publiant de nombreux articles dans les journaux, dénonçant les enlèvements, tortures, assassinats....
"...il disait qu'il était idéologiquement hybride : chrétien en religion, pour la figure aimable de Jésus et son inclination évidente vers les plus faibles ; marxiste en économie, parce qu'il détestait l'exploitation économique et les abus infâmes des capitalistes ; et libéral en politique, parce qu'il ne supportait pas le manque de liberté non plus que les dictatures, pas même celle du prolétariat, car les pauvres, n'étaient pas moins despotes et impitoyables que les riches au pouvoir."
"Au nom de cette même croix pour laquelle ils avaient subi le martyre, les conquistadors chrétiens martyrisèrent d'autres êtres humains, et rasèrent temples, pyramides et religions, tuèrent des dieux vénérés, des langues et des peuples entiers disparurent, dans le seul but d'extirper ce mal représenté par les communautés dont les croyances, généralement polythéistes, étaient différentes. Et tout cela pour leur imposer avec haine la prétendue religion de l'amour du prochain, ce Dieu miséricordieux et la fraternité entre tous les hommes."
"Nous allons devoir faire un socialisme à la latino-américaine, parce que celui qui se pratique là-bas est épouvantable disait mon père, bien que chagriné de devoir le reconnaître." 
Pourquoi ce titre ? Parce que l'auteur, lorsqu'il a trouvé son père assassiné, a retiré de sa poche deux papiers dont un sur lequel il venait de copier le poème oublié de Jorge Luis Borges "Ici et maintenant", poème sur l'oubli dont la première phrase est : Nous voilà devenus l'oubli que nous serons.

Apparemment à l'époque de la sortie du livre une polémique enfla sur le soi-disant poème de Jorge Luis Borges, qui poussa notre auteur à partir à la quête de l'origine de ce poème, ce que nous pouvons lire ici ou .

J'ai beaucoup aimé ce livre, l'amour qui en ressort, l'histoire de cet homme simple mais qui s'est toujours battu simplement pour la justice, l'égalité, la dignité ; à la fin il y a de très belles pages sur la mort, l'oubli, ce qu'il ne restera pas de nous, de notre passage...

À priori à lire aussi du même auteur "La secrète" et "Trahison de la mémoire"

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