Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

mardi 26 décembre 2017

"Le grand marin" de Catherine Poulain



Lili quitte Manosque-les-Couteaux pour l'Alaska. Elle veut pêcher !
Après avoir traversé en bus les État-Unis elle arrive enfin sur l'île de Kodiak où elle trouve un bateau, le "Rebel", pour partir pêcher, avec son skipper Ian.

C'est un véritable livre d'apprentissage du monde de la pêche, en passant de la morue noire au flétan et aux crabes. La violence de la mer, des vagues, du froid, de l'humidité. Il faut tout apprendre, comment appâter, attraper les poissons, les vider, dormir sur le sol dur, humide, dans le roulis et tout ça pour pas grand chose.
Travailler 24h sur 24, rentrer au port et boire, fumer, boire, manger des popcorn et encore boire et fumer, c'est une ambiance humaine glauquissime, noire, dans un théâtre naturel magnifique.

Lili va se dépasser pour apprendre et rester sur le bateau, pour se faire une place dans ce monde d'homme. Il y a les blessures physiques, dangereuses, les blessures de l'âme, et un peu d'amour.

Mais quel monde, où règnent la violence, l'alcool, la drogue, la tristesse.

Chaque homme a son histoire qui l'a amené jusque là... y compris Lili.

Dans l'ensemble le livre m'a plu, j'ai aimé les grands espaces, partir en mer, affronter les dangers de la pêche, ses règles... J'ai même aimé la façon dont la ville, le port, la vie sur terre est racontée.

Cependant il y a quelques longueurs qui m'ont ralenti dans la lecture et m'ont dérangé sans que je puisse vraiment dire pourquoi.
C'est un très beau livre, un poil dérangeant, plutôt bien écrit et une histoire touchante, où l'on perçoit de la douleur, et un très grand mal-être.
"Embarquer, c'est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T'as plus de vie, t'as plus rien à toi. Tu dois obéissance au skipper. Même si c'est un con - il soupire. Je ne sais pas pourquoi j'y suis venu, il dit encore en hochant la tête, je ne sais pas ce qui fait que l'on veuille tant souffrir, pour rien au fond. Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d'amour aussi, il ajoute à mi-voix, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à haïr le métier, et que malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. Qu'on finit par ne plus pouvoir se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui ! "
"Je pensais aux hommes qui travaillaient à cette heure, [...] Et aux autres, qui travaillaient encore et toujours. Ils étaient vivants eux, et le sentaient à chaque instant. Ils étaient dans la vie magnifique, luttant au corps à corps avec l'épuisement, avec leur propre fatigue et la violence de l'au-dehors."
"Je suis une tueuse comme les autres, j'ai éventré mon premier flétan. J'ai même mangé son coeur encore vivant. C'est moi qui tue à présent. Le sel me brûle le visage, le sang a durci mes cheveux, collé mes mèches entre elles. Je m'endors sous mon casque baroque, le feu aux joues, au coin de mes lèvres un peu de sang séché." 
Éditions de l'Olivier, 368 pages.

2 commentaires:

  1. Pourquoi glauque? Pourquoi sale? (cf tes coups de coeur 2017)
    Une histoire vraie de femme cassée, torturée, qui se cherche dans un milieu super difficile et super macho.
    J’ai adoré ce bouquin malgré ses p’tits défauts. Qqs longueurs, une écriture saccadée qui donne l’impression d’être à bord de ces fafiots rouillés. On tangue, et c’est fascinant!
    ... mais certes au café-bouquins tout le monde n’a pas aimé, tout comme Vernon Subutex, dont il se rapproche à mon sens.

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    1. Coucou, merci pour ton message ! ☺️
      Je suis totalement d'accord avec toi en fait, simplement dans mon bilan j'ai juste essayé de mettre quelques mots sur mon ressenti durant la lecture. C'est le milieu qu'elle nous décrit que je trouve glauque et sale, toutes ces cigarettes, l'alcool, les popcorns, la solitude, mais c'est aussi ce qui m'a fait aimé ce livre car malgré une écriture parfois difficile elle réussit à nous emmener sur son bateau et pêcher, on ressent la houle, le vent, le froid, le contact des poissons, les blessures....
      C'est un livre qui ne laisse vraiment pas indifférent, c'est pourquoi j'ai voulu en reparler, je pense qu'il mérite vraiment qu'on s'y attarde.
      Vernon Subutex est dans ma pile à lire..... j'ai hâte !

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