Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.

Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?

La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...

Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !

Au plaisir de (vous) lire.

dimanche 28 février 2021

❤️❤️❤️ "Arène" de Négar Djavadi

  


Benjamin Grossman vient des quartiers de l’est parisien, il a grandi seul avec sa maman mais aujourd’hui il compte parmi les têtes pensantes de la très grande firme BeCurrent qui diffuse des séries par centaines et touche des millions d’abonnés. Sa vie est régie par ce monstre imposant.

 

 

Un soir où il rend visite à sa mère, dans ce quartier populaire, il perd son portable…

Le lendemain circule sur tous les réseaux sociaux une vidéo montrant une flic bourrant de coups de pied le cadavre d’un adolescent sur le quai, près d’un camp de migrants.

De là toute une série d’actions s’enchainent et c’est le buzz, la révolte gronde, on ne cherche plus à savoir comment et pourquoi ce jeune garçon est mort mais comment punir la policière et tout ce qu’elle représente.

 

On suit plusieurs personnages comme des atomes qui virevoltent dans tous les sens et finissent par se télescoper. On ne peut s’empêcher de penser aux battements d’ailes du papillon qui provoquent un cyclone de l’autre côté de la planète, ici les agissements des uns et des autres sont très bien représentés dans ce qu’ils provoquent, dans leurs conséquences. 

 

 

L’analyse des caractères est très fine, intelligemment construite. Les séquences s’enchainent de manière fluides, judicieuses ; on est happé, pris dans les filets de cette histoire. 

 

 

C’est un roman percutant, dense, hyper intéressant ; il y a beaucoup de références, beaucoup d’avis et d'allusions. Plusieurs sujets sont abordés, parfois juste sur quelques lignes, mais c’est là, et c’est bien dit.

J'ai notamment aimé le passage sur les médicaments, l'alcool et les joints, j'ai aimé les passages sur la ville de Paris avec un peu d'histoire et de découverte, j'ai aimé la plongée dans ce milieu ultra moderne et hypocrite de la grande entreprise américaine où il y a beaucoup de paraitre, on y parle de flics, de voyous, mais aussi de gens simples qui voudraient juste vivre leur vie, et bien sur il y a l'islam, la politique, les migrants venus de pays en guerre mais aussi plus loin dans le temps venus de Chine. Chacun chercher à tirer l'épingle de ce jeu de dupe.

Et le plus gros de l'affaire tout de même, les réseaux sociaux, on y revient encore et encore, mais cette donnée a changé toutes les règles du jeu depuis plusieurs années, et ce à tous les niveaux. 


J’ai adoré ce roman, j’ai encore du mal à sortir les personnages de ma tête, et pourtant certains sont lâches, d’autres sont écœurants, mais beaucoup sont tout simplement humains.

Un roman à mettre dans toutes les mains, à lire absolument. 



Liana Levi, 426 pages. 2020 

 


mardi 9 février 2021

"Le Passeur" de Stéphanie Coste

 



Ce premier roman est une plongée folle dans la vie d’un passeur, un passeur d’hommes et de femmes qui fuient leur quotidien pour un monde meilleur, sans savoir qu’ils se jettent dans la gueule du loup et surtout de tous ceux qui veulent profiter de cette manne.

 

 

Seyoum est passeur à Zouara en Libye, juste en face de l’île de Lampedusa, il fait commerce du malheur des autres pour s’enrichir outrageusement au péril de la vie de ses hommes et de ses femmes.

Après une traversée du désert difficile où ils ont dû subir la chaleur, la soif, l’enfermement, la promiscuité et parfois l’enlèvement et la torture, ces hommes et ces femmes doivent affronter la mer, dans des petits rafiots surchargés, sans certitude d’arriver de l’autre côté et d’y trouver une vie meilleure. 

 

 

Mais qui est Seyoum ? D’où vient-il ? Pourquoi son cœur est-il si dur qu’il puisse faire autant de mal, car il sait, il sait d’où viennent ces gens et par quoi ils sont passés, il sait leur vulnérabilité et leur désespoir, il sait l’état des bateaux et les risques encourus…

 

 

Ce roman court est intense, percutant, d’une grande intelligence. On observe, on assiste, il n’y a pas de jugement. 

Lorsque l’on ferme ce livre, les questions affluent, et encore une fois on constate que le monde n’est pas binaire, mais plein de nuances, rien n’est simple. 

 

 

Une autrice à découvrir et à suivre, j’ai été conquise par son style, on oublie que derrière ce texte une femme blanche écrit.

 

 

Gallimard, 129 pages. Janvier 2021