Un classique que je découvre.
J'avais déjà lu "La promesse de l'aube" que j'avais beaucoup aimé ; dans un tout autre style, Romain Gary nous livre ici une histoire touchante, attachante, drôle.
Mohammed, dit "Momo", vit chez Madame Rosa, une juive polonaise qui fut enfermée à Auschwitz.
Après avoir raccroché de son métier de prostitué, elle s'occupe dorénavant des enfants de ses anciennes collègues.
Momo raconte sa vie chez Madame Rosa, avec ses doutes, ses questions, mais aussi et surtout avec sa tendre et fidèle amitié pour celle qu'il considère comme une mère.
Romain Gary a choisi d'écrire son livre en se mettant complètement dans la peau de son personnage, un gosse de 10 ans (en fait 14 ans) sans éducation, pensant être arabe et musulman, un gosse plein de bonté et d'humour, qui déforme la langue française à sa guise, à son envie, à sa compréhension, ce qui donne un langage d'une drôlerie absurde et totalement cocasse et charmant à la fois. L'auteur crée une langue parlée familière sans être argotique où Momo modifie les mots, la grammaire, la langue française. On accroche totalement, on suit Momo pas à pas, en vivant ses émotions, sa tendresse.
A lire et à faire lire à nos ados !!
Quelques extraits :
"Bien sûr elle n'était jamais tout à fait tranquille la dessus car pour ça il faut être mort. Dans la vie c'est toujours la panique. "
"Lorsqu'on s'occupe des enfants il faut beaucoup d'anxiété, docteur, sans ça ils deviennent des voyous."
"[...] - c'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo - ça, j'ai jamais oublié parce que c'est la chose la plus vraie que j'ai jamais entendue."
"Quand on lui amenait un nouveau pour quelques jours ou à la petite semaine, Madame Rosa l'examinait sous tous rapports, mais surtout pour voir s'il n'était pas consterné. [...] c'est comme s'ils étaient pas de ce monde [les enfants consternés] et c'est pour ça qu'on les appelle les antiques."
"Je ne sais pas du tout de quoi Madame Rosa pouvait bien rêver en général. Je ne vois pas à quoi ça sert de rêver en arrière et à son âge elle ne pouvait plus rêver en avant."
"Elle n'avait pas de taille et les fesses chez elle allaient directement aux épaules, sans s'arrêter. Quand elle marchait, c'était un déménagement."
"Le moins que j'ai compris, c'est lorsqu'il m'a dit que Madame Rosa était trop tendue et qu'elle pouvait être attaquée d'un moment à l'autre."
"Monsieur Soko a lui-même des enfants qu'il a laissé en Ivoire, parce qu'il a là-bas plus de femmes qu'ici. Je savais bien que je n'avais pas le droit de trainer dans un débit d'ivresse publique sans mes parents..."
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