"Car la lecture est un singulier dialogue qui ne rêve que de pluriel, celui du désir incandescent d'échanger, de partager et de confronter ses impressions de lecture, de les dire aux autres et au monde, un désir puissant de faire circuler les oeuvres et de donner aux mots aimés l'écho le plus long et le plus lointain possible" Manuel Hirbec pour "Page"
Je me suis beaucoup interrogée sur les articles que je souhaite écrire, les livres dont je veux parler.
Dois-je faire un article pour chaque livre ? Ou uniquement ceux qui m'ont vraiment plu ?
La réponse je l'ai trouvé en pensant à mon club de lecture ; nous y sommes pour parler de tous les livres que nous lisons, pour échanger, discuter, alors comme l'idée est de faire un peu pareil ici, j'ai décidé de tout mettre. Il y aura donc des articles courts, des plus longs, des passionnés et des plus ternes. Certains vous donneront peut-être envie de lire le livre concerné, d'autres vous donneront peut-être envie de me convaincre...
Alors soyez indulgents, et surtout n'hésitez plus à faire un commentaire !
Au plaisir de (vous) lire.
mercredi 20 juin 2018
❤️ "La salle de bal" de Anna Hope
1911, près de Leeds, Yorkshire, l'asile de Sharston.
Un bâtiment magnifique, avec un immense parc, les bois à côté et les fermes.
L'asile fonctionne en autosuffisance grâce à son environnement et en faisant travailler ses patients.
C'est le début du siècle et à cette époque on enferme encore les gens pour le moindre trouble "psychiatrique" (anorexie, dépression, parfois juste un fort caractère ou quelqu'un qui dérange...).
Certains déficients vont pouvoir sortir au terme d'un séjour plus ou moins long et d'autres sont "poussés" dans le pavillon des "chroniques" dont ils ne sortiront que les pieds devant.
Dans ce roman nous suivons trois personnages principaux, tour à tour :
Ella, une jeune femme qui arrive tout juste dans l'asile et qui travaillait dans une filature depuis son plus jeune âge et qui, suite à un accès de colère, a brisé une vitre ce qui lui vaut l'internement...
John, cet irlandais taciturne qui traine toujours avec son ami Dan Riley - le marin -dont on découvrira petit à petit les raisons de son internement.
Charles, un des médecins de cette institution, passionné de musique et qui souhaite ardemment révolutionner la prise en charge des déficients mentaux.
Les relations de ces trois personnages vont évoluer au fur et à mesure et leurs interactions vont avoir des conséquences assez importantes pour chacun.
Ella comprend vite que si elle veut sortir il lui faudra se tenir tranquille. Elle se lie rapidement avec Clem une jeune femme qui dévore les livres et qui va lui donner les quelques clés pour survivre dans ce lieu à l'air faussement calme et paisible...
John travaille dur avec son ami Dan, ils ont la chance de pouvoir être dehors même si c'est pour creuser les tombes de leurs camarades.
Charles est très intéressé par l'eugénisme et il souhaite participer à un colloque où il voudrait démontrer que la stérilisation systématique des malades mentaux n'est pas nécessaire - souhait notamment de Winston Churchill de promulguer une loi dans ce sens - mais que l'on peut les aider à évoluer favorablement notamment grâce à la musique. C'est ainsi qu'il a institué tous les vendredis soirs un bal où les femmes et les hommes (qui ont été "sages") peuvent se retrouver pour danser. C'est au cours d'un de ces bals que Ella et John vont faire plus ample connaissance.
Malheureusement Charles, qui est peut être le plus "malade" des trois, va peu à peu modifier son point de vue et son comportement.
Anna Hope s'est inspirée du West Riding Asylum devenu ensuite le High Royds Hospital pour situer son roman, mais aussi de l'histoire de son arrière-arrière grand-père qui y fut interné.
C'est un roman bouleversant, magnifiquement conté, touchant d'émotion et en même temps glaçant de constater le traitement qui était fait pour les personnes "différentes". Les questions autour de la maladie mentale, de son traitement, de ses limites sont abordées, mais aussi l'évolution de l'homme et la croyance pour certain que pour perfectionner la race humaine il faut en éliminer les rebuts. C'est tout une époque mais je ne suis pas certaine que ces idées aient totalement disparu.
Il y a aussi de l'amour, de l'amitié, de la loyauté.
Bref une belle histoire, un beau roman, à lire !!
Flammarion, 383 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire