Après avoir lu "Je me promets d'éclatantes revanches" de Valentine Goby, j'avais commencé à lire et découvrir Charlotte Delbo avec "Auschwitz et après - I - Aucun de nous ne reviendra" qui est le premier tome d'une série de documents qu'elle écrivit plusieurs années après son retour des camps de la mort.
"Une connaissance inutile" est le deuxième livre de cette série.
Charlotte Delbo nous y parle d’amour, d’amitié, de peurs, de soutien, d’entraide jusqu’à la libération.
L'amour avec son mari qui fut arrêté avec elle mais tué peu de temps après son arrestation. Elle lui écrit des poèmes magnifiques.
L'amitié car dans les camps on ne survit pas seul, on survit en groupe. Souvent les groupes se font par pays d'origine, parfois lorsque l'on est arrivé dans le même convoi, parfois simplement aussi parce qu'on ne se comprend pas avec les autres femmes. Des liens forts de solidarité, pour partager, se soutenir, parfois même s'amuser.
Alors Charlotte nous parle de ses compagnes, comment elles se partagent une cigarette (échangée contre un quignon de pain), comment certaines disparaissent....
Lorsqu'elle se meurt de soif, une chaîne d'amitié s'organise pour qu'elle puisse boire dans la rivière.
Charlotte réussit même à récupérer un exemplaire du Misanthrope, elle l'apprend par coeur, et avec ses compagnes elles vont, pour elles-même, mettre en scène la pièce.
Elles vont aussi partir "en voyage" à Berlin dans le camp de Ravensbruck où elles devront travailler dans un atelier à coudre des vestes pour l'armée allemande.
Et jusqu'à la fin de la guerre, et surtout la libération, le départ enfin !
Encore une fois Charlotte Delbo nous touche par ses récits, la simplicité de son écriture, la beauté de ses mots.
Il y a des textes plus ou moins longs et des poèmes, toujours.
On ne peut rester indifférent à un tel témoignage, si vrai, sans fausse-pudeur.
"Je l'aimais
parce qu'il était beau
c'est une raison futile
Je l'aimais
parce qu'il m'aimait
c'est une raison égoïste
Mais
c'est pour vous
que je cherche des raisons
pour moi je n'en avais pas
Je l'aimais comme une femme aime un homme
sans mots pour le dire"
Les Éditions de Minuit, Documents, 187 pages.
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