Ce petit hameau, qui se nomme « les trois filles seules », abrite trois maisons, l’une est vide, Patrick vit dans la deuxième avec Marion son épouse et leur fille de dix ans Ida, dans la troisième on trouve Christine, peintre, femme de la ville installée ici après son divorce.
Patrick est fermier, il vit ici depuis toujours ; Marion travaille dans une imprimerie, c’est une forte tête ; leur relation de couple est terne, triste.
Christine reçoit de mystérieuses lettres de menace, elle a un chien Radjah, elle aussi a du caractère, et n’apprécie pas franchement Marion.
Dans ce hameau perdu, a 50 km de la ville, on se prépare à une petite soirée festive, c’est l’anniversaire de Marion, elle a 40 ans.
Voilà le décor est planté, et ce qui débute comme un roman social, une chronique familiale va se transformer petit à petit car des visiteurs surprises, pas vraiment bienvenus, vont s’inviter à la fête.
Je n’en dis pas plus pour ne rien dévoiler.
Sachez seulement que même si le démarrage peut sembler un peu lent ensuite on ne peut plus poser le livre et les 630 pages se dévorent avec tension.
L’histoire en elle-même est originale sans être incroyable, ce qui l’est en revanche c’est la prouesse d’écriture, la construction narrative.
Entre le début et la fin du livre il se passe à peine 24 heures, mais Laurent Mauvignier réussit le tour de force de nous faire languir en décomposant chaque scène, c’est comme un film en slow motion, on a tous les détails, on arrête de respirer et on regarde l’image. Même les temps de silence et de calme sont dépecés, c’est une peinture en éternel mouvement. Chaque image est épluchée, chaque émotion, chaque mouvement.
C’est terriblement bien fait, le suspense est amené graduellement, l’air s’épaissit pour devenir tout à fait irrespirable.
On s’attache à cette forme d’écriture, à cette lenteur haletante qui nous prend à la gorge.
Bref un livre qui ne vous lâchera pas et que vous ne lâcherez pas !
Les Éditions de Minuit, 635 pages. Septembre 2020
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